Psaume 110 (109)Le psaume 110 (109 selon la numérotation grecque) est un psaume royal attribué à David. Il est appelé en latin Dixit Dominus. C'est l'un des psaumes les plus populaires dans la liturgie chrétienne et dans le Nouveau Testament. Il est parfois considéré comme le fil conducteur de l'épître aux Hébreux. Texte
Le verset 3 du texte hébreu diffère des traductions grecque (Septante) et latine (Vulgate) réalisées dans l'Antiquité. La Bible de Jérusalem parle à cet égard de "vocalisation fautive" du texte hébreu reçu actuellement alors que selon la Bible Osty "le texte hébreu a peut-être mieux conservé le sens originel". Ce verset a été traduit dans la Bible de Jérusalem ainsi : "À toi le principat au jour de ta naissance, les honneurs sacrés dès le sein, dès l’aurore de ta jeunesse". La Traduction Œcuménique de la Bible (TOB) reprend le texte hébreu en soulignant en note les difficultés et signale des variantes de certains manuscrits hébreux et syriaques qui indiquent, comme le grec, "je t'ai engendré" et non "ta jeunesse". Thème du psaumeLe psaume comprend deux parties sur le thème du roi à la structure très proches : les versets 1 à 3, puis les versets 4 à 7. Chaque partie commence par un oracle de l'Éternel, qui est ensuite commenté par le psalmiste. En plus d'être un psaume royal, le psaume 110 peut être vu comme un psaume d'intronisation, avec quatre étapes qui apparaissent : le roi prend place sur le trône, reçoit le sceptre de même que l'adoption divine, avant d'être assuré de vaincre l'ennemi. Le roi siégeant à la droite de Dieu est une situation que l'on retrouve chez les Égyptiens. Cela exprime que le roi agit comme lieutenant terrestre de Dieu. L'escabeau est un élément important de la deuxième étape de l'intronisation. C'est un emblème du pouvoir royal, et il apparaît aussi dans des représentations égyptiennes et mésopotamiennes, exprimant la victoire sur l'ennemi et sa domination. Le texte hébreu du verset 3 est obscur. La filiation divine peut exprimer une relation privilégiée du roi à l'Éternel[4]. La mention de Melchisédech est étonnante, car les fonctions royale et sacerdotale sont distinctes dans le peuple juif. Toutefois, Melchisédech[5] et parfois David[6] sont deux exceptions à cette règle. L'association des deux fonctions conduit le christianisme à donner un sens d'annonce messianique au Psaume 110. Référence au psaumeDans le judaïsmeLes versets 6 et 7 du psaume 110 sont les deux versets finaux de l’élégie Av HaRahamim, pour glorifier les martyrs juifs[7]. Le psaume est passé relativement inaperçu dans la tradition juive[8] Dans le christianismeDans le Nouveau TestamentCe psaume est le texte de l'Ancien Testament qui est le plus cité dans le Nouveau. Tout d'abord, Jésus dit dans son enseignement dans le Temple:" Comment les scribes peuvent-ils dire que le Christ est fils de David? C'est David lui-même qui a dit dans l'Esprit Saint : Le Seigneur a dit à mon Seigneur, siège à ma droite jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis sous tes pieds. David en personne l'appelle Seigneur; comment alors peut-il être son fils?"(Marc 12, 35-37). Jésus, en rappelant que David appelle le Christ son Seigneur, il implique que le Messie existait avant David, comme l'indique la suite du psaume dans la version grecque " Avant l'étoile du matin, je t'ai engendré, écho direct de l'engendrement du Messie dans le psaume 2, 7[9]. Par ailleurs, Pierre cite le psaume dans son discours de Pentecôte (Actes des Apôtres 2, 34-35) qui est un morceau de prédication apostolique, et la première Épitre de Pierre s'y reporte. En outre l'Épitre aux Hébreux s'y réfère (Hébreux 1, 3; 1, 13 et 8, 3), de même que différentes épitres (Romains 1, 4; Ephésiens (1, 20); Philippiens (2, 9) et Colossiens 3, 1)[10]. Premiers chrétiensLe psaume, synthèse du messianisme royal et sacerdotal est cité presque tout entier à titre de Testimonia dans la catéchèse primitive. Pour le second siècle, on pourrait citer la Démonstration de la prédication apostolique (48) d'Irénée de Lyon[11], la Lettre de Polycarpe de Smyrne aux Philippiens (2, 3), celle de Barnabé (12, 10-11), et certains apocryphes comme les Oracles sibyllins (2, 241-245), l'Apocalypse de Pierre (6) et l'Ascension d'Isaïe (10, 14)[8] Chez les catholiquesDans la règle de saint Benoît fixée vers 530, saint Benoît de Nursie attribua les psaumes à partir du 109e/110e jusqu'au 147e aux vêpres, à l'exception de ceux qui étaient réservés pour d'autres Heures. Par conséquent, depuis le haut Moyen Âge, le psaume 109 selon lui était traditionnellement chanté au début de l'office solennel de vêpres du dimanche[12]. Le rite romain conserve cette tradition : ce psaume est récité aux deuxièmes vêpres de chaque dimanche. Avant la réforme liturgique de 1969 on prévoyait sa récitation aussi aux premières vêpres des dimanches et aux vêpres des fêtes de première ou seconde classe[13]. Depuis 1970 on lit des versets de ce psaume à la messe pour la fête du Saint-Sacrement l’année C[14] et le lundi et le mercredi de la seconde semaine ordinaire et le mercredi de la troisième semaine ordinaires des années impaires. Mise en musiqueLe texte latin a été mis en musique par de nombreux compositeurs, comme Tomás Luis de Victoria au XVIe siècle. Au XVIIe siècle, Claudio Monteverdi avait intégré ce psaume 109 dans ses fameuses Vêpres de la Vierge et dans son recueil intitulé Selva morale e spirituale. Toujours au XVIIe siècle, Marc-Antoine Charpentier l'a mis en musique à 6 reprises (H.153, H.190, H.197, H.197 a, H.202, H.202a, H.204, H.226). Il l'a été, également, par Jean-Baptiste Lully, Michel-Richard de Lalande, Charles Levens, Isabella Leonarda[15] et Louis Grénon, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Au XVIIIe siècle encore, ce sont par exemple Alessandro Scarlatti, Antonio Vivaldi, Baldassare Galuppi, Michael Haydn, et en particulier Georg Friedrich Haendel qui composa à 22 ans (1707) un Dixit Dominus resté célèbre. Notes et références
Voir aussiBibliographieNombreux sont les auteurs qui ont commenté les psaumes. Voici quelques ouvrages parmi les plus connus, classés par ordre chronologique :
Article connexe
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