Le psaume 139 (138 selon la numérotation grecque) est attribué à David. Il est caractérisé par des images poétiques très expressives de la relation du psalmiste à Dieu, qui lui donnent un ton unique dans tout le livre des psaumes. Les aramaïsmes et la théologie élaborée inclinent à le situer tardivement dans l'histoire d'Israël.
Texte
N.B. S’il y a conflit de numérotation des versets entre l’hébreu et le latin, c’est l’original hébreu qui prévaut et la traduction française le suit. Par contre, le latin ne se plie pas à la numérotation affichée. Les numéros de versets s'appliquent au texte latin, mais la traduction est décalée par endroits.
Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux existât.
Inperfectum meum viderunt oculi tui et in libro tuo omnes scribentur die formabuntur et nemo in eis
Regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis-moi sur la voie de l’éternité !
Et vide si via iniquitatis in me est et deduc me in via aeterna
Thème du psaume
Le thème général est celui de l'émerveillement de l'homme face à Dieu, mêlé même d'une crainte révérente. Le psaume 139 est souvent classé parmi les psaumes de sagesse, mais les versets 19 à 24 peuvent conduire à le situer parmi les supplications individuelles, à cause du thème récurrent de l'extermination des impies. On retrouve quatre thèmes : l'omniscience de Dieu, son omniprésence, sa préscience, et le jugement de Dieu. Le psaume est constitué de deux parties inégales : versets 1 à 18 pour la relation du psalmiste à Dieu, et versets 19 à 24 où le psalmiste dénonce les impies.
Dans la première partie, les versets 17 et 18 répondent aux versets 1 à 3 : tandis que Dieu pénètre les pensées du psalmiste, celui-ci ne peut faire le compte des pensées de Dieu. De même entre les versets 4 - 5 et le verset 16, toute la vie du psalmiste est embrassée de son passé prénatal à son âge adulte. Les versets 6 à 10 et 13 à 15 mettent en balance la préconnaissance du psalmiste par Dieu avec sa connaissance limitée des œuvres de Dieu pour lui. Les versets 7 à 10 montrent qu'il n'y a pas de sensation d'infériorité du psalmiste, mais une douce familiarité. Les versets 11 et 12 constituent l'acmé du psaume : l'opposition s'accentue avec les ténèbres qui deviennent lumière. De même dans la seconde partie, le jugement du méchant par Dieu versets 19 et 20 a son pendant avec la justification du psalmiste après enquête approfondie, aux versets 23 et 24. Au milieu, le psalmiste clame sa haine des ennemis de Dieu.
Depuis le haut Moyen Âge, ce psaume était récité ou chanté lors de l'office de vêpres du jeudi, d'après la règle de saint Benoît, fixée vers 530. En raison de nombre de versets, il était divisé en deux, et à partir d’Et dixi : Forsitan tenebræ conculcabunt me était exécuté en tant que division. Donc, la célébration de vêpres du jeudi ne comptait que trois psaumes au lieu de quatre[5],[6].
Au regard de la liturgie des Heures actuelle, le psaume 139 est récité aux vêpres, mais du mercredi de la quatrième semaine[7]. Dans la liturgie de la messe, il est lu ou chanté pour la fête de la saint Jean-Baptiste.
Mise en musique
La cantate am achten Sonntage nach Trinitatis (BWV 136), de Jean-Sébastien Bach, qui reprend le verset 23,
Psaume 139, de Paul Blumenthal, avec les versets 23 et 24,