décret portant publication de l'accord entre la France et le Luxembourg relatif à la rectification de la frontière du 16 juillet 1963. Il concerne l'échange de zone de 2 233 m2[3].
8 janvier : le ministre de la Jeunesse et des Sports François Missoffe est pris à partie par les étudiants lors de l’inauguration de la piscine du campus de Nanterre[4]. Daniel Cohn-Bendit l'interpelle au sujet des silences de son Livre blanc sur les problèmes sexuels de la jeunesse[5].
10 janvier : par les premières « classes de neige » de masse, 50 000 enfants des écoles partent aux sports d'hiver[6].
11 janvier : grève au Lycée Condorcet pour protester contre la décision de la direction de faire rattraper deux jours de classe non-travaillés du 21 et 22 décembre[7].
20 et 27 janvier : premiers affrontements violents entre lycéens et policiers. « Affaire Condorcet ». Le 20, première manifestation des CAL (comités d’action lycéens). Après avoir comparu devant le conseil de discipline Romain Goupil, militant trotskiste actif dans les lycées parisiens est exclu du Lycée Condorcet. Le 27, 400 lycéens se battent avec la police pour demander la réintégration de Goupil. Cet évènement donne l’impulsion aux Comités d’action lycéens (CAL) créés fin 1967[11].
25 janvier : journée nationale d’action revendicative dans la métallurgie à l’appel des fédérations CGT et CFDT[12].
Nanterre vit sa première grande journée d’émeutes. Une rumeur court la faculté. Il existerait des « listes noires » d’étudiants révolutionnaires, promis à d’éventuelles sanctions. Un cortège se forme, pour protester contre le « flicage de l’université » et un éventuel renvoi de Daniel Cohn-Bendit. Le doyen fait appel à la police, qui arrive en force sur le campus. Naissance du groupe des « enragés »[11].
5 février : grèves des cheminots à Grenoble pour l'ouverture des jeux olympiques, des employés de banque à Paris et du personnel navigant d’Air Inter[4].
9 février : le fondateur et délégué général de la Cinémathèque française, Henri Langlois, est démis de ses fonctions sur demande du gouvernement. Ce renvoi suscite une énorme émotion non seulement dans les milieux du cinéma, français et internationaux, mais dans tout le monde culturel[21].
manifestation et affrontements avec la police devant la Cinémathèque[11]. Jeunes réalisateurs de la Nouvelle Vague, grandes vedettes et activistes politiques, dont Cohn-Bendit, s'y retrouvent côte à côte[21].
le jour de la Saint-Valentin, les résidents des cités universitaires se mettent en grève contre les règlements intérieurs[4].
24 février : plateforme commune entre le PCF et la FGDS qui constatent leur large convergence sur les institutions et la politique économique et sociale[4].
20 mars : une manifestation organisée le CVN devant le siège de l'American Express, près de l'Opéra. Six manifestants sont arrêtés à la suite des bris de vitrines, parmi lesquels Nicolas Boulte et Xavier Langlade[4].
24 mars : discours de Lyon du général de Gaulle pour annoncer le projet gaulliste de réforme régionale ; « L'effort multiséculaire de centralisation qui fut longtemps nécessaire à notre pays pour réaliser et maintenir son unité, malgré les divergences des provinces qui lui étaient successivement rattachées ne s'impose plus désormais. »[28].
21 avril : plusieurs étudiants sont blessés lors d'incidents à Nanterre. Assemblée générale extraordinaire de l'UNEF ; Jacques Sauvageot assure l'intérim de la présidence après la démission de Michel Perraud[4].
26 avril : les « enragés » de Nanterre empêchent une conférence de Pierre Juquin, membre du comité central du parti communiste, sur « les solutions des communistes à la crise de l'Université »[4].
28 avril : le Conseil national prochinois détruit une exposition de soutien au gouvernement sudvietnamien, 44, rue de Rennes, organisée par Occident, mouvement d'extrême-droite[4].
29 avril : début de la diffusion en noir et blanc de la série animée, Les Shadoks, sur la première chaîne de l'ORTF à 20h30, créé par Jacques Rouxel avec la voix du comédien Claude Piéplu. Le dessin animé bouscule le conformisme de la télévision française et divise les français, pour ou contre l'humour absurde des Shadoks[35].
Mai
Contestation estudiantine et sociale de « mai 68 » en France. Manifestation de la gauche de la République à Denfert-Rochereau le 13 mai (800 000 à 170 000 participants). La Sorbonne et la fac de Nanterre sont occupées par les étudiants.
3 mai : les étudiants se réunissent à la Sorbonne, que la police fait évacuer[9]. Le SNE-Sup pour les enseignants et l'UNEF pour les étudiants dénoncent l’atteinte aux franchises universitaires et décident une grève illimitée[4].
premières barricades à Paris. Violent affrontement au quartier latin[9]. 600 étudiants et plus de 300 policiers sont blessés. Le mouvement s'étend en province, notamment à Grenoble, Lyon, Strasbourg et Toulouse[37]. Début des grèves dans les lycées[4].
10 au 11 mai : nuit de barricades au Quartier latin de Paris[9]. Les affrontements avec la police font plus de mille blessés des deux côtés. La FEN appelle à une grève générale[38].
les centrales syndicales et les partis de gauche commencent à soutenir le mouvement estudiantin : des manifestations unitaires sont organisées à Paris et en province. La manifestation de la Gauche à Paris rassemble 800 000 personnes selon les syndicats contre 171 000 selon la police. À la fin de la journée, la Sorbonne rouverte est occupée par les étudiants[9].
ouverture de la Conférence de Paris entre les représentants américains et nord-vietnamiens[39].
14 mai : grève à Sud-Aviation, près de Nantes. 2 000 ouvriers occupent l'usine et séquestrent leur directeur[9]. Deux usines sont occupées à Woippy en Lorraine[4].
une motion de censure déposée par la gauche est repoussée à l'Assemblée avec seulement 11 voix de majorité. La crise ne peut se dénouer par un changement de gouvernement[4].
23-24 mai : deuxième nuit des barricades. Le ministre de l'Intérieur Christian Fouchet évoque « la pègre chaque jour plus nombreuse qui rampe, enragée, depuis les bas-fonds de Paris, qui se cache derrière les étudiants et se bat avec une folie meurtrière[40]. »
de Gaulle annonce à la télévision un référendum sur la participation dans les entreprises et les universités, mal accueilli par l’opinion. De nouvelles barricades sont dressées dans la nuit du 24 au 25 mai[4]. Dans les incidents de la nuit, deux morts : un commissaire de police à Lyon, renversé par un camion, et un jeune homme à Paris (éclat de grenade dans le cœur).
manifestations d'agriculteurs organisées par la FNSEA contre la baisse des prix de la viande et du lait[4].
« déclaration de Villeurbanne » rédigée par le philosophe Francis Jeanson et signée par les vingt-trois directeurs de maisons de la culture et de théâtres populaires dénonçant la culture « bourgeoise »[40].
signature des accords de Grenelle, protocole d’accord entre le gouvernement et les syndicats (relèvement du SMIG, augmentation des salaires, réduction du ticket modérateur en matière de Sécurité sociale…). Les grévistes de Renault-Billancourt refusent les accords[40].
30 mai : allocution radiotélévisée du général Charles de Gaulle sur la « Chienlit ». Il annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et l’ajournement du référendum. Manifestation gaulliste sur les Champs-Élysées de même ampleur que la manifestation contestatrice du 13 mai[9].
31 mai : remaniement ministériel. Raymond Marcellin est nommé au ministère de l'intérieur, replaçant Christian Fouchet. Il reçoit la difficile mission de lutter contre les nombreux troubles à l'ordre public créés par mai 68[45]. Sous son mandat, les effectifs des forces de l'ordre passent de 140 000 à 180 000 hommes.
violent affrontements à Flins entre les grévistes et la Régie Renault, épaulés par les étudiants et les forces de l’ordre. Décès de Gilles Tautin (17 ans), lycéen venu soutenir les grévistes[46].
11 juin : marche silencieuse de lycéens, compagnons de Gilles Tautin. Après 22 jours de grève, la police investit les usines Peugeot à Sochaux ; les affrontements font deux morts et des blessés graves. Manifestations à la gare de l'Est à l'appel de l'UNEF, de la plupart des organisations d'extrême-gauche et de la CFDT, qui se termine par des affrontements avec la police au quartier latin[46].
17 juin : reprise du travail dans les usines Renault à Billancourt[49]. Reprise chez Peugeot et Berliet le 19 juin, à la Saviem et Citroën le 21 juin, à Usinor-Dunkerque et Caterpilar Grenoble le 26 juin[47]…
17 juillet : dans sa déclaration de politique générale qu’il fait devant le parlement, Couve de Murville se donne dix-huit mois pour rétablir l’équilibre de l’économie française et précise « les grandes réformes » qui seront engagées avant la fin de l’année[58].
23 juillet : ratification des ordonnances sur la sécurité sociale par l'Assemblée nationale[4].
29 juillet : premières restrictions de l’émigration vers la France[59].
31 juillet : le secrétaire d'État chargé de l'Information Joël Le Theule annonce la suppression d'un tiers des postes de journalistes de la radio et de la télévision[60].
Août
4 août : 102 journalistes de radio et télévision sont licenciés[61].
5 août : un navire minéralier transportant de la bauxite, le Siglion, innaugure le port de Fos-sur-Mer[62].
7 août : manifestations des agriculteurs du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône contre la mévente des fruits et légumes. Des tomates et des pêches sont déversés devant la sous-préfecture de Carpentras, des poires devant la sous-préfecture d'Apt et des pêches devant la préfecture d'Avignon[63].
9 septembre : lors de sa dernière conférence de presse au palais de l'Élysée, Charles de Gaulle condame les événements en Tchécoslovaquie et affirme « Depuis 1958, nous, Français, n'avons pas cessé de travailler à mettre un terme au régime des deux blocs[66]. ». Il livre une définition du gaullisme : « Aucun système de pensée, de volonté et d’action ne sauraient inspirer la France, comme il faut pour qu’elle soit la France, sinon celui que les événements ont suscité depuis juin 1940 [...] On voit donc quel est, pour longtemps, le devoir de cohésion et de résolution de ceux qui, à mesure du temps, ont adhérer, adhèrent ou adhéreront à l’entreprise de rénovation nationale qui a le service de la France pour raison d’être, pour loi et pour ressort. Cette entreprise, si on l’appelle « Gaullisme » depuis 1940, n’est que la forme contemporaine de l’élan de notre pays, une fois de plus ranimé, vers le degré de rayonnement, de puissance et d’influence répondant à sa vocation humaine au milieu de l’Humanité. »[67], fait l'éloge de Georges Pompidou, mis « en réserve de la République » et évoque les grandes réformes en préparation (Sénat, régionalisation, participation, Université)[68]. Une reconnaissance du Biafra n’est pas exclue[69].
le vol 1611 Air France, une Caravelle SE-210, en provenance d'Ajaccio et à destination de Nice, s'abîme en mer, tuant les 95 personnes présentes à bord. Officiellement la cause de l'accident est un incendie, mais certains témoins estiment que l'accident aurait été causé par un tir de missile, occulté par le gouvernement français[71].
18 septembre : sortie du premier numéro de Rouge, organe de l’ancienne JCR, devenue la Ligue communiste en avril 1969[74] ; « En Mai nous avons pris la parole : c’est la dernière arme qu’on nous fera déposer[75]. »
Le Front de libération de la Bretagne annonce qu’il suspendra ses actions de commandos avant, pendant, et après la visite du général de Gaulle en Bretagne[78].
4 octobre : début de l’ « affaire Marković » ; Stefan Marković, garde du corps d’Alain et Nathalie Delon, a laissé une lettre accusant du crime Alain Delon et « un truand retiré des affaires », Marcantoni. Le couple Pompidou est bientôt impliqué sur la base de faux documents. Un jeune Yougoslave, Akow, détenu à la prison de Fresnes, a adressé des lettres à Delon. Elles ont été saisies. Il y déclare avoir participé à une soirée organisée dans une villa des Yvelines. « Soirée particulière, fort gaie. » Akow affirme que Markovic possédait des photographies compromettantes pour l’épouse de l’ancien Premier ministre, Claude Pompidou. Akow, interrogé, aurait affirmé avoir vu Claude Pompidou, lors de cette « soirée particulière ». Georges Pompidou lui-même serait mis en cause par ce témoignage[82].
20 octobre : à 80 ans, Maurice Chevalier, le plus international des chanteurs français fait ses adieux définitifs à la scène au théâtre des Champs-Élysées, après plus de 50 ans de carrière. Maurice Chevalier s'éteindra 4 ans plus tard, le [88].
25 octobre : le groupuscule Occident provoque des incidents et agresse les enseignants aux lycées Voltaire, Louis-le-Grand, Condorcet et Buffon à Paris[57].
26 octobre : à la suite d’incidents provoqués par Occident, début de manifestation au Quartier latin[57].
27 octobre : un groupe commun pro-chinois et anarchistes investissent le café Relais-Odéon, lieu de rendez-vous habituel des militants d’Occident, et y lance des cocktails Molotov entraînant un incendie[92]. Le soir même, la librairie maoïste de la rue Gît-le-Cœur est plastiquée[93].
des maoïstes de l’UJCML dissoute créent la Gauche prolétarienne (GP)[94] (ou dès septembre 1968[95]) qui regroupe une quarantaine de personnes issues d’une minorité de l’ancienne UJCML[96], renforcée quelques mois plus tard par l’adhésion de certains militants du « » nanterrois, d’intellectuels réfractaires au discours « marxiste-léniniste » (André Glucksmann, Serge July)[97], ainsi que ceux qui appartenaient au cercle normalien très fermé des Cahiers pour l’analyse, jusque-là connu surtout pour sa distance très lacanienne devant le politique.
dissolution du mouvement Occident (extrême droite)[57]. Devant le risque d’engrenage après les incendies du 28 octobre, Maurice Grimaud choisit l’interdiction du groupe d’extrême droite.
Novembre
1er novembre : parution du premier numéro de La Cause du peuple, journal de la Gauche prolétarienne. Jean-Pierre Le Dantec en devient le directeur. Quatre à huit pages imprimés en rouge et noir sur du mauvais papier. En sous-titre « Journal communiste révolutionnaire prolétarien». À droite : une effigie de Mao, un marteau et une faucille[98].
2-3 novembre : réunie à Clichy en conseil national, la SFIO demande le remplacement de la FGDS par un parti « résolument socialiste »[4].
crise des changes ; le gouvernement doit choisir entre une dévaluation et le rétablissement du contrôle des changes ; il décide de rétablir le contrôle des changes le 25 novembre avec des modalités plus strictes[65].
14 novembre : décret portant règlement d'administration publique sur le régime des stations de sports d'hiver et d'alpinisme ; il institue une taxe sur les activités bénéficiant de la prospérité des stations de sport d'hiver, qui préfigure la taxe sur les remontées mécaniques instituée en 1985[102].
5 décembre : la loi sur l’exercice du droit syndical dans l’entreprise est votée à l’Assemblée[50].
5 - 6 décembre : le comité central du parti communiste se prononce pour une « démocratie avancée »[4].
Nuits des 6-7 décembre et 7-8 décembre : série de six attentats à Paris, contre le Pub Renault des Champs-Élysées, trois banques, une permanence UDR et un café[104]. Retrouvé blessée sur le lieu d’une des explosions, une étudiante toulousaine, Mlle Andrée Destouet, reconnaîtra sa participation à l’attaque des banques[105].
20-22 décembre : congrès national extraordinaire de la SFIO à Puteaux, qui décide la création d’un nouveau « parti socialiste » en 1969[4]. Guy Mollet annonce qu'il ne sera pas candidat au poste de secrétaire général du nouveau parti[114].
loi sur la section syndicale d'entreprise. Les syndicats peuvent constituer des sections syndicales et désigner des délégués syndicaux au sein des entreprises[115]. Jusqu'à présent, les dispositions conventionnelles aménageant les activités du syndicat sur les lieux de travail restaient rares. Cette loi consacre non seulement une liberté d'expression et d'action du syndicat dans l'entreprise, mais aussi une institution proprement syndicale (le délégué syndical) aux côtés des institutions élues (délégués du personnel et comité d'entreprise). Elle est enfin le socle de la promotion future de la négociation collective d'entreprise.
le CDR (Comité de défense de la République) de Dijon attaque violemment le ministre de l’Éducation nationale et qualifie la loi d’orientation universitaire de « bluff » et de « fiasco »[105].
↑Philippe Artières, Eric de Chassey, Anne-Marie Garcia, Pascale Le Thorel, Elodie Antoine, Images en lutte, Beaux-Arts de Paris Éditions, , 833 p. (ISBN978-2-84056-608-3, présentation en ligne)
↑ a et bDidier Leschi, « Mai 68 et le mouvement lycéen », Matériaux pour l'histoire de notre temps, vol. 11, no 13, , p. 260-264 (présentation en ligne)
↑Bernard Lachaise, Sabrina Tricaud , op. cit., p. 57.
↑Le Mong Nguyen, La Constitution de la Ve République théorie et pratique : des origines à nos jours, Editions des Sciences et techniques humaines, , 396 p. (ISBN978-2-903463-10-6, présentation en ligne)
↑Benedikt Schoenborn, La mésentente apprivoisée : De Gaulle et les Allemands, 1963-1969, Paris, Presses universitaires de France, , 431 p. (ISBN978-2-13-056038-8, présentation en ligne)
↑Virginie Linhart, Volontaires pour l'usine. Vies d'établis (1967-1977) : Vies d'établis (1967-1977), Média Diffusion, , 256 p. (ISBN978-2-02-134760-9, présentation en ligne)
↑Jean-Claude Vimont, « « Les emprisonnements des maoïstes et la détention politique en France (1970-1971) » », Criminocorpus, Justice et détention politique, Le régime spécifique de la détention politique, (présentation en ligne)
↑Articles et documents, Numéros 1937 à 1949, La Documentation française, Secretariat générale de gouvernement, Direction de la documentation, (présentation en ligne)