7 janvier : révolte de huit cents marchands de Paris contre le rachat[3].
11 janvier : agitations antifiscales à Paris, les contribuables refusent et se rendent en famille au Palais de Justice[4]. Ils crient : « « Main-levée, main-levée » Parfois aussi, « Naples ! » ». Le fils d’Emery, le président de Thoré (Particelli d’Émery, sieur de Thoré), est injurié et molesté.
15 janvier : lit de justice du gouvernement instituant de nouvelles taxes et créant douze nouveaux offices de maîtres des requêtes. Le Parlement de Paris riposte par des remontrances prudentes[5]. L’avocat général Omer Talon, c’est d’ailleurs lui qui le dit, « prononce des paroles dont on remarque la hardiesse » : « vous êtes, Sire, notre souverain seigneur ; la puissance de Votre Majesté vient d’en haut, laquelle ne doit compte de ses actions, après Dieu, qu’à sa conscience ; mais, il importe à sa gloire que nous soyons des hommes libres et non pas des esclaves ; la grandeur de son État et la dignité de sa couronne se mesurent par la qualité de ceux qui obéissent » […] « Le roi a le commandement sur des hommes de cœur, sur des âmes libres et non pas sur des forçats qui obéissent par contrainte, qui craignent la main du comite [nom de l’officier des galères qui surveille les forçats], et maudissent tous les jours l’autorité qu’ils respectent… »[6].
25 janvier : Bossuet soutient sa première thèse, dite « tentative », en présence de Condé, ami de sa famille, à qui il l’avait dédiée[7].
Février
10 février : La Rochefoucauld lève un régiment d’infanterie de son nom, son régiment de cavalerie ayant été licencié[8]. Dans son gouvernement du Poitou, où il réside par ordre de la reine, La Rochefoucauld soutient la cause de la cour et de Mazarin.
15 février : la reine Anne d’Autriche somme le Parlement de Paris de réponde à la question « le Parlement se croit-il en droit de limiter l’autorité du roi ? ». Celui-ci s’est arrogé le droit d’examiner à nouveau les lois enregistrées en lit de justice, empiétant ainsi sur le pouvoir législatif de la Couronne[9].
Anne d’Autriche et Mazarin, irrités par les remontrances, mettent en vigueur des mesures vexatoires telles que la suppression des gages d’officiers ou celui de la Paulette[5]. Début de l'affaire de la Paulette.
rappel du comte d’Avaux[10]. Abel Servien est seul négociateur à Münster pour la France, il a pour l’aider à Osnabrück Henri Groulart de la Court.
30 avril : Anne d’Autriche fait paraître la déclaration du droit annuel. Cette loi accorde aux officiers le renouvellement du droit annuel ou Paulette, la taxe qui autorise l’hérédité des offices, à des conditions. Celles-ci portent sur le rachat de quatre années de gages. Le Parlement de Paris est exempté de ce rachat dans l’espoir de dissocier les Cours souveraines[15].
18 mai : le Conseil décide la suppression du droit annuel. Autrement dit, Mazarin, premier ministre, prive les parlementaires du bénéfice de la Paulette, mesure très mal accueillie par tous les intéressés[20].
15 juin : les Cours souveraines répondent par la Déclaration de la Chambre Saint-Louis, ébauche d’une constitution en vingt-sept articles, demandant, en particulier, des garanties de la liberté individuelle, la vérification par le Parlement des levées d’impôts, l’abolition des monopoles, la suppression des intendants[24].
30 juin : trente-deux députés des cours souveraines parisiennes se réunissent dans la chambre Saint-Louis du palais de la Cité pour travailler à la réforme de l’État jusqu’au 10 juillet[24] Les magistrats mécontents publient un programme politique articulé en vingt-sept articles : abolition des intendances, des commissions extraordinaires et de l’évocation des affaires judiciaires par-devant les maîtres des requêtes, consentement à l’impôt des quatre cours souveraines, pas de créations d’offices nouveaux, pas d’atteinte au gages des officiers, réduction d’un quart des tailles, abolition des nouvelles redevances domaniales ou citadines comme le toisé, baisse des taux d’intérêts, création d’une Chambre de justice pour contrôler les financiers, etc.[20]
Juillet
1er juillet : deuxième séance pour la mise en œuvre du programme de la Fronde Parlementaire. Article 3 à 6 : entre autres, il est décidé l’interdiction des arrestations non suivies de jugement au-delà de vingt-quatre heures[24].
10 juillet : la Chambre Saint-Louis présente sa charte réformiste[26]. Mazarin et ses ministres, isolés (la force armée est aux frontières), se résignent à ratifier le renversement politique exigé, qui met fin au ministériat et à l’État absolutiste moderne, construit sur l’impôt.
13 juillet : les intendants sont supprimés à l’exception de ceux des provinces frontières, où leur compétence sera strictement militaire[24]. Broussel apparaît désormais comme « le chef de l’opposition parlementaire ».
par ordonnance royale, les 17 intendants provinciaux sont rappelés, les innovations fiscales révoquées, les fermes d’impôts suspendues[27]. Les recouvrements s’interrompent et le pouvoir dans les provinces passe aux mains des gouverneurs et magistrats locaux.
le Parlement enregistre deux déclarations. La première sur la révocation des intendants. La seconde décide la création d’une chambre de justice habilitée à rechercher et à punir les abus commis par les intendants et les partisans dans le domaine fiscal[28].
31 juillet : la reine interdit toute réunion du Parlement avec d’autres cours souveraines, mais lui accorde le renouvellement du droit annuel. Enregistrement, le même jour, en lit de justice, d’une déclaration royale qui entérine presque toutes les réformes voulues par la Chambre Saint-Louis[18],[30]. Dès le 1er août, la reine veut sévir et emprisonner les conseillers rebelles. Gaston d’Orléans la dissuade en l’assurant qu’il mettra au pas Broussel et les jeunes conseillers. Le vieux parlementaire, les présidents à mortier essaient de leur côté de gagner du temps jusqu’aux vacances parlementaires.
18 août : le Parlement prétend faire établir le Tarif ou la Pancarte (droit frappant les marchandises livrées à Paris) en exécution de son arrêt du 20 juillet par deux de ses conseillers. Le 20 août, Broussel et Ferrand, conseillers au Parlement, prétendent examiner les baux de la gabelle et des différentes fermes[32],[33].
22 août : le Parlement, sur le conseil de Broussel, décide des poursuites contre les principaux traitants ou partisans : Catelan, Tabouret, Lefebvre et autres[32].
25 août : jour de la Saint-Louis. Le Conseil d’en haut (la régente, Monsieur, Mazarin, Séguier, Chavigny) décide l’arrestation de Broussel et de plusieurs autres magistrats[35]. Dans le climat tendu des débuts de la Fronde, Gondi, le futur cardinal de Retz, prononce le même jour, à l’église Saint-Paul, un sermon politique[36], très emporté et très séditieux », selon son secrétaire, Guy Joly. C’est le seul sermon qu’il publiera.
26 août : Te Deum à Notre-Dame de Paris en l’honneur de la victoire de Lens. Arrestation du président de Blancmesnil et du conseiller Broussel, opposants notoires à Mazarin. Agitation populaire dans la capitale[34]. Dans la nuit du 26 au 27, Gondi tient conseil avec le duc de Longueville et ses amis et décide de tout faire pour chasser le cardinal Mazarin du pouvoir[37].
27 août : journée des barricades à Paris[34]. Début de la Fronde parlementaire (Gondi, Beaufort, Châteauneuf, Charton, Broussel…), soulèvement contre Anne d’Autriche et Mazarin. Conduit par le premier président Molé, le Parlement se rend au Palais-Royal pour réclamer la libération de Broussel, "le père du peuple". Comme il n’a rien obtenu, la population le contraint, sous la menace, à une nouvelle démarche. L’insurrection gagne la rive gauche. Blancmesnil est libéré le 27 au soir, Broussel le lendemain matin[38].
19 septembre : expérience réalisée en répétition de celle de 1646, par Florin Périer, beau-frère de Blaise Pascal, au sommet du Puy-de-Dôme mettant en évidence la pression atmosphérique[42].
le Parlement somme la reine de ramener le roi à Paris, et les Princes de reprendre place à la Grand Chambre du Parlement[44].
23 septembre : le Parlement ordonne la mise en état de la défense de Paris[45].
25 septembre - 4 octobre : conférences de Saint-Germain entre les représentants de la Cour et une délégation parlementaire ; elles parviennent à un accommodement entre les parties[44].
Septembre : Bossuet est ordonné sous-diacre à Langres. Au cours de sa retraite, il écrit la Méditation sur la brièveté de la vie. Il commence à prêcher, à Metz et à Paris, en particulier pour la Confrérie du Rosaire dont il a été nommé directeur par Nicolas Cornet.
Octobre
14 octobre : émeute des cabaretiers et des marchands de vin parisiens qui envahissent le Palais pour réclamer aux parlementaires l’abaissement des droits sur les vins[44].
22 octobre : la reine signe une déclaration rejoignant de façon atténuée le texte des vingt-sept articles[46]. Elle est enregistrée . Elle vise à donner le pouvoir d’un Parlement de régime parlementaire à un Parlement qui n’est pas élu. Les ordonnances du sont, entre autres très protectionnistes puisqu’elles prohibent l’entrée en France de marchandises étrangères[47].
enregistrement de la déclaration royale qui confirme celle du 31 juillet[46]. Le Parlement devient le pouvoir prépondérant dans l’État.
31 octobre : le roi revient à Paris avec la reine[45]. Après le retour de la cour à Paris et la capitulation de Mazarin devant la Fronde (déclaration du ), le Coadjuteur ne cesse d’ourdir des intrigues complexes tendant toutes au même but : renverser Mazarin.
↑Jean B. Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume, et des maisons princières de l'Europe, vol. 8, Paris, Atrthus Bertrand, (présentation en ligne)
↑Louis Clair Beaupoil Sainte-Aulaire, Histoire de la Fronde, Ducrocq, (présentation en ligne)
↑ a et bJean Pinson de La Martinière, Estat et gouvernement de France : comme il est depuis la majorité du roy Louis XIV à présent régnant, vol. 1, Jean Ravestein, (présentation en ligne)
↑Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi, Histoire des Français, vol. 6, Dumont, (présentation en ligne)
↑Encyclopédie théologique : Dictionnaire de statistique religieuse et de l’art de vérifier les dates, vol. 59, Jacques-Paul Migne, (présentation en ligne)
↑Françoise de Motteville, Mémoires de Mme de Motteville sur Anne d’Autriche et sa cour : d’après le manuscrit de Conrart, vol. 2, Charpentier, (présentation en ligne)
↑Annales de la société académique de Nantes, vol. 24, Camille Mellinet, (présentation en ligne)
↑Jérôme Janczukiewick, « Le renouvellement de la Paulette en 1648 », Dix-septième siècle, vol. 1, no 214, (présentation en ligne)
↑ abcd et eDecrusy, Recueil général des anciennes lois françaises depuis l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789, Belin-Le Prieur, (présentation en ligne)
↑Michel Biard, Les lilliputiens de la centralisation : des intendants aux préfets, les hésitations d'un modèle français, Seyssel, Éditions Champ Vallon, , 410 p. (ISBN978-2-87673-462-3, présentation en ligne)
↑Alfred de Bonneau-Avenant, Marie de Beauharnais de Miramion, Madame de Beauharnais de Miramion, sa vie et ses œuvres charitables, 1629-1696, Paris, Poussielgue, (présentation en ligne)
↑Roger Duchêne, Wolfgang Leiner et Pierre Ronzeaud, Correspondances : mélanges offerts à Roger Duchêne : études, Gunter Narr Verlag, , 545 p. (ISBN978-3-8233-4603-6, présentation en ligne)