La saison 1974-1975 de la Juventus Football Club est la soixante-douzième de l'histoire du club, créé soixante dix-huit ans plus tôt en 1897.
Le club turinois prend part ici lors de cette saison à la 73e édition du championnat d'Italie (44e de Serie A), à la 27e édition de la Coupe d'Italie (en italien Coppa Italia), ainsi qu'à la 4e édition de la Coupe UEFA.
Historique
La Juventus FC, à deux doigts d'un nouveau titre lors de la saison précédente, espère plus de réussite au cours de cette nouvelle saison.
Le président du club Giampiero Boniperti fait confiance cette saison à un de ses amis et anciens coéquipiers, une ancienne gloire du club en provenance de Novare, Carlo Parola[1] (qui avait déjà entraîné le club bianconero durant une saison en 1961-62). Il remplace donc à ce poste le sicilo-tchécoslovaque Čestmír Vycpálek qui lui, devient alors observateur pour le club[2].
Cette saison commence par le départ à la retraite à 34 ans du capitaine emblématique du club depuis 1970, Sandro Salvadore, remplacé par Pietro Anastasi qui porte désormais le brassard[3].
Pour remplacer Salvadore, le recruteur de jeunes de la Juve, Luciano Moggi, repère un jeune talent en la personne du libéro Gaetano Scirea, qui finit par rejoindre le club à l'âge de 21 ans (il deviendra l'un des plus grands joueurs de l'histoire du club).
C'est donc avec un effectif peu modifié que Parola, toujours avec le même noyau de joueurs, peut débuter cette saison avec son club de cœur qui commence comme depuis maintenant plusieurs années par la Coppa Italia à la fin du mois d'août.
La Vieille Dame démarre en trombe avec une victoire écrasante 4-0 contre Varese le mercredi (buts de Anastasi, Damiani (doublé) et Bettega), avant d'ensuite remporter facilement ses trois matchs suivants, lui permettant de terminer haut la main première de son groupe de qualification.
Le second tour n'a lui lieu que plusieurs mois plus tard au mois de mai, ce qui n'empêche pas la Juventus de ne pas perdre la main, en infligeant à l'extérieur une sévère correction à Bologne 5 buts à 0 (triplé d'Anastasi et buts de Cresci contre son camp et de Viola), avant de subir ensuite deux revers consécutifs contre les deux clubs milanais (l'Inter puis le Milan). Le 4 juin, Bettega donne l'unique but de la victoire du match retour contre les bolonais, avant que quatre jours plus tard, les bianconeri ne se vengent de l'Inter avec un succès 6 à 2 au Stadio San Siro (avec deux doublés de Anastasi et Viola puis des buts de Scirea et Cuccureddu). Le dernier match de la compétition voit également la Juve laver l'affront de l'aller en s'imposant 2-1 sur le Milan (avec des buts de Scirea et Damiani) le 22 juin. Mais avec finalement quatre victoires pour deux défaites, les turinois ne terminent que seconds à un seul point du Milan, à donc deux doigts de la finale.
Au niveau continental, le club juventino retrouve pour cette année la Coupe de l'UEFA.
Lors de cette édition 1974-75 débutant au mois de septembre, l'équipe du Piémont se rend en Allemagne lors de sa première rencontre pour affronter le Vorwärts Francfort (avec à la clé une défaite 2-1 avec un but juventino de Capello). Au pied du mur, l'équipe du Piémont a l'avantage du terrain au retour et en profite à la suite de son succès 3 buts à rien (à la suite des buts d'Anastasi, Hause contre son camp et Altafini). Qualifiés pour les 16e-de-finale, la Juventus s'impose lors du match aller sur le score de 4 à 2 à l'Easter Road, l'antre de l'Hibernian (grâce à un but de Capello, Altafini (doublé) et Cuccureddu) puis écrase les écossais au retour sur le large score de 4 buts à rien (grâce aux buts de Bettega, Anastasi sur doublé et Altafini). Au tour suivant, les zèbres se retrouvent confrontés à leur premier vrai gros morceau, à savoir l'Ajax Amsterdam (tombeurs de la Juve deux saisons auparavant en finale de la C1), mais prennent l'avantage à domicile sur le plus petit des scores le 27 novembre grâce à Damiani. Après avoir éliminés le club néerlandais (à la suite d'une défaite au retour 2-1 au Stadion De Meer (but de Capello) suffisante pour passer), une nouvelle équipe allemande se voit barrer la route des piémontais, le Hambourg SV, qui se fait dominer deux buts à zéro au Stadio Comunale (réalisations de Capello et Viola) avant de réaliser un score vierge en Allemagne. Une fois dans le dernier carré, c'est au tour des néerlandais de Twente de se retrouver sur le chemin de la Vecchia Signora. Et le jeu tourne à l'avantage des bataves, surprenant chez eux la Juventus 3 à 1 (malgré un but bianconero d'Altafini), prenant une sérieuse option pour la qualification en finale. Le retour en Italie ne fut pas plus concluant puisque la Juve fut à nouveau battue 1 but à rien, l'aventure européenne s'arrêtant donc ici au stade de la demi-finale.
Ayant perdu leur titre lors de la saison précédente, les bianconeri ont cette saison à cœur de se racheter avec un nouveau trophée national.
Et c'est pourtant de la plus mauvaise des manières que débute leur saison avec une défaite dès le premier match le dimanche6 octobre, un revers 2-1 sur le terrain de Bologne (but juventino de Anastasi), insuffisant pour ternir la confiance des turinois, se lançant ensuite à partir de la 3e journée dans une série de cinq victoires consécutives. Lors de la 10e journée, la Juventus marque les esprits en étrillant Naples chez elle sur le score fleuve de 6 buts à 2 (avec des réalisations d'Altafini, Damiani (doublé), Bettega, Causio et Viola).
Cette année, l'élection du Ballon d'or 1974 a lieu le 31 décembre[4], avec dans le classement final un seul joueur de la Juve, l'attaquant oriundoJose Altafini, qui termine à la 15e place finale avec un seul vote à son actif.
Le , pour la première partie de la nouvelle année, l'équipe juventina s'incline pour la seconde fois de la saison 1-0 contre le tenant du titre de la Lazio, puis moins d'un mois plus tard ne peut faire mieux qu'un triste 0-0 contre les bolonais lors du premier match de la phase des matchs retours. Ensuite sur une bonne série de résultats positifs, la Vieille Dame ne perdra plus un seul match jusqu'au 16 mars et une défaite 1 buts à 0 au Stadio Olimpico contre la Roma. Les trois journée d'après sont très importante pour la Juventus, qui s'impose tout d'abord sur l'Inter un but à rien grâce à Cuccureddu lors de l'attendu Derby d'Italia de la 23e journée, mais perd ensuite le Derby della Mole 3-2 contre le Torino (buts de Bettega et de Capello pour la Juve), avant de frapper un grand coup dans la course au titre en se défaisant de Naples 2 buts à 1 à domicile (grâce aux réalisations de Causio et d'Altafini). Le 27 avril, elle écrase facilement 4-0 la Lazio (avec un but d'Altafini et un triplé d'Anastasi), avant de parfaitement réussir son sprint final avec quatre succès en autant de matchs (mettant en déroute à Turin 5-0 le Lanerossi Vicence lors du dernier match avec un doublé de Damiani puis des buts de Bettega, de Anastasi et de Cuccureddu).
Avec à la fin de la saison un total de 43 points pris sur 60 possibles (deux de plus que Naples), la Juventus FC termine de la meilleure des manières sa saison en s'adjugeant là son 16e titre de champion d'Italie
« [...] La Juventus joue bien, gagne toujours et n'est ni lombarde, ni émilienne, ni vénétienne, ni toscane: elle appartient à une région [Piémont] ayant renforcée l'armée et la bureaucratie nationale: dans cette région, la capitale fut également capitale d'Italie [...] Aucune ville périphérique n'avait de haine envers eux [Turin] à l'époque des Communes [Italie non-unifiée]. Elle combattait désormais les équipes décadentes du Quadrilatère [quatre régions citées plus haut] et offraient aux autres italiens la satisfaction d'humilier les principales villes qui régnaient depuis le Moyen Âge : les romagnoles étaient ravis lorsque Bologne était battue par la Juventus tout comme certains lombards étaient ravis lorsque les milanais venaient battre Bergame, Brescia ou Crémone, ces mêmes lombards ayant leur propres équipes, et qui se voyaient être régulièrement vengés par la Juventus. »
C'est cette saison le jeune attaquant Pietro Anastasi qui termine à nouveau avec le titre de meilleur buteur du club toutes compétitions confondues avec 21 buts (il devient également le 4e joueur juventino de l'histoire à terminer meilleur buteur de la Coppa Italia avec ses 9 buts, ce qui n'était plus arrivé depuis la saison 1964-65).
Carlo Parola, ayant pris les rênes d'une équipe au point déjà mise en place, se réinstalle donc au sommet de la hiérarchie du football italien. La Juventus est donc plus que jamais inscrite dans un nouveau cycle victorieux, ne lui manquant plus qu'un succès continental.
↑Carlo F. Chiesa. Il grande romanzo dello scudetto. Ventitreesima puntata: regno sabaudo tricolore, de Calcio 2000, février 2004, pages 91-107
↑Résultat sur tapis vert par décision judiciaire à la suite de graves incidents provoqués par les supporters milanais alors que la Juventus menait 2-1 (Anastasi fut notamment touché par l'explosion d'un pétard).