La saison 1923-1924 du Foot-Ball Club Juventus est la vingt-deuxième de l'histoire du club, créé vingt-sept ans plus tôt en 1897.
Le club piémontais prend part ici à la 24e édition du championnat d'Italie (appelé à l'époque la Première division, ancêtre de la Serie A), premier championnat juventino de l'ère Agnelli.
Historique
Au cours de cette nouvelle saison, le Foot-Ball Club Juventus franchit un nouveau cap avec les Agnelli[1], celui d'une ère nouvelle, avec de nouveaux objectifs, comme se réimposer dans le haut du football italien, pour enfin obtenir un scudetto qui lui fait défaut depuis la saison 1905.
En effet, le , le club est acheté par Edoardo Agnelli[2],[3], industrielpiémontais passionné de football, et héritier de l'empire de l'automobile FIAT (On raconte qu'à l'époque où jouait à la Juventus le défenseur Antonio Bruna, il avait du mal à la fois à concilier son statut de joueur au club et celui d'employé à l'usine FIAT[4], son patron ne l'autorisant pas à partir s'entraîner[5]. Sandro Zambelli, alors à l'époque un des trois coprésidents bianconeri, serait partit voir directement le fondateur et président de la FIAT Giovanni Agnelli[6]. Après l'approbation d'Agnelli à laisser s'entraîner le joueur, on dit que ce fut entre autres cet événement qui donna l'idée au fils de Giovanni, Edoardo, de racheter le Foot-Ball Club Juventus quelques années plus tard[6]).
« Je suis reconnaissant d'avoir accepté comme un honneur la présidence, mais j'espère ne pas vous décevoir en vous confessant que je n'ai aucunement l'intention de juste l'accepter en tant que titre honorifique […]. Nous devons nous efforcer de bien faire, mais en nous rappelant qu'une chose bien faite peut toujours être mieux faite. »
— Extrait du discours d'investiture d'Edoardo Agnelli au moment d'être élu président du Foot-Ball Club Juventus. Turin, le [7].
L'industriel s'investit beaucoup, aide financièrement la société en y injectant dès le départ beaucoup d'argent (Il assure les joueurs du club d'être régulièrement payés, avec en prime, une automobile offerte aux joueurs), et entreprend tout de suite de profonds changements au niveau de l'administration du club, s'installant à sa tête à la place de Gino Olivetti, président du club depuis 3 ans[8]. Souhaitant une équipe professionnelle et mieux structurée, il dote pour la première fois de l'histoire bianconera le club d'un entraîneur professionnel, avec l'arrivée du hongrois Jenő Károly, ancienne gloire du championnat hongrois en tant que joueur (Károly avait signé un contrat de 2500 lires, ainsi qu'une semaine de congé payé, et éventuellement une prime de 10 000 lires en cas de victoire du championnat).
L'arrivée d'Edoardo au sommet du club fut commenté dans une édition du magazine consacré à la société, Hurrà Juventus :
« Doté d'une fervente intelligence, d'une grande affabilité et de beaucoup d'expérience, du monde, de la vie, du travail qu'il a pu acquérir en collaborant activement à la direction des grandes entreprises avec son illustre père, le sénateur Giovanni Agnelli ; expert passionné de toutes sortes de sports, grand pilote automobile, directeur de la Società Torinese per la Corse dei Cavalli, président honoraire du Groupe Sportif FIAT, il apporte à notre société, avec son travail précieux, un nom qui illuminera une des plus hautes gloires sportives italiennes, une des plus merveilleuses créations de l'intelligence et du travail humain, gloire du sport, gloire du travail. »
Avec l'arrivée de ce nouveau projet sportif, l'équipe voit donc quelques grands noms du football italien rejoindre le club piémontais. De nombreux joueurs viennent étoffer l'effectif bianconero, avec le gardien de but Romolo Sartoris, ainsi que les défenseurs Giorgio Bigatto, Angelo Ferrara, la vedette internationale Virginio Rosetta (un des premiers joueurs professionnels d'Italie, qui signa un contrat de 6000 lires mensuelles avec le club) puis Eugenio Venditti. Au milieu de terrain, on note les arrivées de Giovanni Albera, Cusari, Silvio Perotti et Steffanoni (ces deux derniers faisant leur retour au club), puis en attaque de Francesco Audisio, Giorgio Gambino, Mazza III et enfin de Pietro Pastore.
Le FBC Juventus commence donc cette saison du championnat d'Italie 1923-1924 (en italien Prima Divisione 1923-1924) en commençant dans le groupe A des éliminatoires (en italien Eliminatorie Girone A) de la Ligue nord lors des phases régionales.
Les piémontais de la Juve commencent leur premier match avec de nombreuses ambitions, et s'imposent lors de leur premier match sous la période Agnelli lors d'un derby contre l'Inter Milan à domicile sur le score de 2-0 (buts de Grabbi et Munerati) le dimanche . Les bianconeri enchaînent ensuite avec une série de deux défaites avant de battre lors de la 4e journée Casale par 3 à 2 (avec des buts de Pastore et Grabbi ainsi qu'un penalty de Gianfardoni). Les turinois poursuivent ensuite leur chemin, malgré une décision judiciaire comportant sur 3 matchs (tous trois remportés par les juventini sur le terrain) comptant pour les 8, 9 et 10e journée ou les adversaires (Modène, Genoa et Padoue) furent tous désignés vainqueurs sur tapis vert par 2 à 0, à la suite d'un problème avec un des joueurs de la Juve, Virginio Rosetta (problème qui fut surnommé l'Affaire Rosetta[10]). Malgré ce désagrément, la Juve ne perdra ensuite plus un seul match de la saison, démarrant l'année 1924 à domicile avec un nul un but partout contre Livourne (but de Munerati) le 27 janvier. L'équipe enchaîne ensuite deux victoires consécutives puis une défaite 1 but à 0 contre Novare lors de la 15e journée. C'est le dimanche2 mars que la Juventus remporte sa plus grosse victoire avec un 4 buts à 1 à Turin contre le Sampierdarenese (grâce à deux doublés de Grabbi et Munerati), avant d'enchaîner avec 2 nuls puis 2 succès. Le dernier match de la saison, comptant pour la 22e journée à Milan, voit la Juve et l'Inter se séparer, quant à eux, sur le score de 2-2 (buts bianconeri de Perotti et de Gilli).
Les bianconeri terminent leur première saison avec un vrai entraîneur, avec un total de 26 points, remportés grâce à 11 victoires, 4 matchs nuls et 7 défaites, insuffisants pour dépasser ce stade, la Juventus finissant à la 5e place, à égalité de points avec Alexandrie.
Bien que sur le plan purement sportif au niveau des résultats, cette première saison sous l'égide de la puissante famille Agnelli reste une déception, elle n'en reste néanmoins pas en réalité un semi-échec, car sans la pénalité de 9 points en moins infligée au club, l'effectif aurait terminé à la première place du classement, signe de bon augure pour les suivantes.
Socialement, ce fut désormais à partir de cette période charnière de l'histoire du club, que l'équipe resta traditionnellement dirigée par des aristocrates du nord-italien[11], mais soutenue entre autres par des classes plus populaires (comme les ouvriers des usines FIAT par exemple), devenant ainsi un des symboles de l'italianité[12]. Cette fusion fut à l'origine du désormais Style Juventus: « élégance, professionnalisme, et mentalité de vainqueur ».
↑À partir de l'acquisition du club par les Agnelli, ce furent désormais le plus souvent les différents membres de la famille ainsi que leurs proches qui assurèrent la présidence du club.
↑Résultat officiel par décision judiciaire à la suite de problèmes avec le joueur juventinoVirginio Rosetta, alors que la Juventus avait gagné le match sur le score de 1-0 grâce à un but de Pietro Pastore.
↑Résultat officiel par décision judiciaire à la suite de problèmes avec le joueur juventinoVirginio Rosetta, alors que la Juventus avait gagné le match sur le score de 2-1 grâce à des buts de Giuseppe Grabbi (15e) et de Rosetta lui-même (55e).
↑Résultat officiel par décision judiciaire à la suite de problèmes avec le joueur juventinoVirginio Rosetta, alors que la Juventus avait gagné le match sur le score de 2-1 grâce à des buts de Federico Munerati et de Pietro Pastore.
↑50e « derby turinois » de l'histoire toutes compétitions confondues (matchs amicaux également).