La saison 1976-1977 de la Juventus Football Club est la soixante-quatorzième de l'histoire du club, créé quatre-vingt ans plus tôt en 1897.
L'équipe du Piémont prend part ici au cours de cette saison à la 75e édition du championnat d'Italie (46e de Serie A), à la 29e édition de la Coupe d'Italie (en italien Coppa Italia), ainsi qu'à la 6e édition de la Coupe UEFA.
Historique
Ayant laissé filer le scudetto de deux points à son rival du Torino, la Juventus entend bien cette fois récupérer son titre et part cette fois avec de nouvelles ambitions.
Et c'est tout d'abord l'entraîneur au club depuis deux saisons Carlo Parola (en proie à quelques problèmes en interne du club[1] et n'ayant pas su calmer les rivalités de vestiaires entre joueurs) qui en paie les frais, en étant remplacé par l'ex jeune entraîneur du Milan (peu expérimenté mais fortement désiré par le président du club Giampiero Boniperti), Giovanni Trapattoni (qui s'avèrera par la suite être le plus grand entraîneur de l'histoire de la Juve), qui conserve comme assistant Romolo Bizzotto (tout comme ses prédécesseurs Parola et Vycpálek).
C'est également aux alentours de cette période qu'apparaissent pour la première fois à Turin les premiers véritables groupes structurés de supporters du club (les deux premiers groupes qui furent fondés étant les Venceremos (nous vaincrons) et Autonomia Bianconera (autonomie blanche et noirs), tous deux politiquement affiliés à gauche[2]). Mais ce fut durant cette année 1976 qu'apparurent les premiers groupes d'ultras, à savoir les Fossa dei Campioni (fosse des champions) ainsi que les Panthères.
C'est donc cette Vieille Dame toute neuve qui débute à la fin du mois d'août sa nouvelle saison avec la Coppa Italia, où « Trap » décida durant la compétition de lancer ses jeunes du centre de formation.
La première partie pour la Juve a lieu le dimanche sur le terrain de Monza (score final de un but partout avec un but juventino de Boninsegna), qui se rattrape lors de ses deux matchs suivants avec deux succès d'affilée (2-0 et 4-0). À égalité de points avec leur dernier adversaire, le Genoa, les bianconeri ne parviennent pas à l'emporter dans ce match au score vierge, mais passent tout de même le groupe devant les génois à la différence de buts.
Au second tour, plus corsé et joué neuf mois plus tard, la Juventus perd son premier match un but à zéro contre l'Inter le 12 juin, et, à la suite d'un nul et d'une nouvelle défaite, ne parvient à remporter son premier succès qu'au bout de la 4e journée en allant s'imposer par 4 à 2 sur le terrain du Lanerossi Vicence (buts de Gori et Francisca et doublé de Boninsegna pour la Juve). Cinq jours plus tard, la Juventus enregistre un nouveau nul contre Lecce (1-1), puis gagne enfin son dernier match contre Vicence le 29 juin, sur le score de 2-1 (buts de Della Monica et Cascella). La Madama termine finalement seconde à 3 points de son rival milanais de l'Inter, ne parvenant pas à se qualifier pour la finale.
Comme il y a deux ans, les bianconeri retrouve l'Europe, mais cette fois avec la Coupe de l'UEFA, qu'ils sont bien décidés à jouer à fond.
Le mercredi15 septembre, la Juventus, pour son premier match européen de l'année, se rend à Maine Road en Angleterre pour y affronter les mancuniens de Manchester City, mais perd le match sur le plus petit des scores, avant de se venger deux semaines plus tard au match retour sur le score de 2-0 au Stadio Comunale (grâce aux buts de Scirea et Boninsegna). Au tour suivant, les piémontais se rendent à nouveau à Manchester, mais cette fois ci pour se défaire de l'autre grand club de la ville, Manchester United. Et comme contre les Citizens, la Juve est défaite sur le même score à Old Trafford, mais reste imprenable chez elle, éliminant les Red Devils à domicile sur le score sans appel de 3 buts à 0 (doublé de Boninsegna et but de Benetti). Après ces deux gros morceaux anglais, c'est cette fois la Vecchia Signora qui reçoit d'abord chez elle pour la première rencontre les soviétiques du Chakhtar Donetsk, et s'impose facilement à Turin sur le score sans appel de 3 à 0, grâce aux buts de Bettega, Tardelli et Boninsegna, suffisant pour s'économiser au retour en URSS (défaite finale 1-0). En quarts-de-finale a lieu une confrontation contre les est-allemands du 1. FC Magdebourg que la Juve bat d'abord en RDA sur le score de 3 buts à 1 (Cuccureddu, Benetti et Boninsegna comme buteurs juventini), avant d'ensuite gérer tranquillement au match retour en s'imposant 1-0 à Turin (avec Cuccureddu comme unique buteur). Le 6 avril, c'est au tour des grecs de l'AEK Athènes de subir la loi juventina pour ce dernier carré (victoire 4-1 à l'aller avec des buts de Cuccureddu, Bettega sur doublé et Causio). Pour le match retour, l'équipe du Piémont s'impose finalement en Grèce grâce à un but de Bettega, envoyant la Vieille Dame déjà qualifiée pour la finale de la compétition (devenant le premier club italien à atteindre une finale de C3).
En finale (se jouant sur un système de match aller-retour), le club turinois, aux portes du titre, doit se défaire des espagnols de l'Athletic Bilbao. Le match aller a lieu en Italie le devant 75 000 spectateurs, et voit Tardelli donner grâce à son but (l'unique de la rencontre) l'avantage à la Juventus FC sur le club du Pays basque. Le retour qui s'annonce explosif, a donc lieu un peu moins de deux semaines plus tard au San Mamés de Bilbao, et c'est cette fois l'effectif 100 % basque qui l'emporte sur les bianconeri par 2-1, mais le but de Bettega inscrit à l'extérieur permet à la Juve de remporter la finale et donc le titre de champion de cette coupe UEFA (devenant le premier club italien de l'histoire à remporter la C3)[3].
« Dans la capitale de la Biscaye, la Juventus représentait l'Italie, aussi en tribune de presse nous nous sentions tous bianconeri. »
Après une première finale européenne quatre ans auparavant (en C1) et cette difficile double finale, la formation piémontaise gagne ici le premier titre international de son histoire[5],[6].
Le club devient alors le premier (et le reste jusqu'à l'édition 1981-82 et la victoire des suédois de l'IFK Göteborg) à remporter une C3 en étant composé exclusivement de joueurs locaux, et devient également par la même occasion le premier club italien (et le seul encore aujourd'hui) à remporter une coupe d'Europe en étant composé uniquement de joueurs italiens[7],[8] (furent utilisés en finale Zoff, Cuccureddu, Gentile; Furino, F. Morini, Scirea; Causio, Tardelli, Boninsegna, Spinosi, Benetti et Bettega).
Ayant raté de peu le titre de champion national la saison précédente, les juventini ont cette fois bien l'intention de rapporter le trophée dans le Piémont, avec la Serie A qui débute à l'automne (et dont la plupart des observateurs prédisent un doublé du Torino, archi favori, étant moins persuadés d'un succès bianconero amputé de Capello et d'Anastasi).
Les deux frères ennemis turinois commencent donc leur duel à distance le dimanche3 octobre, la Juve s'imposant à l'extérieur 3-2 sur la Lazio (à la suite d'un doublé de Bettega et un but de Boninsegna). Après déjà deux journées, le Toro et les zèbres se retrouvent seuls en tête, ces derniers entamant le championnat avec une série de sept succès consécutifs (la série s'arrêtant le 12 décembre avec un nul à domicile sans buts contre la Fiorentina).
Pour la 4e année de suite, la Juve est représentée par au moins un joueur dans le classement final du ballon d'or, ayant cette année lieu le 28 décembre[9]. Durant cette édition 1976, trois juventini figurent au classement, avec le milieu de terrain Franco Causio qui termine 12e avec 7 points, l'attaquant Roberto Bettega qui termine 15e avec 4 points et enfin le gardien de but Dino Zoff qui termine 26e au classement avec un seul vote.
Une semaine plus tard lors de la 11e journée, la Juventus gagne par 1 à 0 le club de Pérouse pour la première rencontre de la nouvelle année 1977 (avec un but contre son camp de Berni). Deux journées plus tard, elle remporte 2 buts à 0 son derby d'Italia contre l'Inter (grâce au doublé de l'ancien interiste Boninsegna), puis subit sa première défaite de l'année la semaine suivante (3-1 contre la Roma malgré un but bianconero de Bettega). Le Torino et la Juve, toujours au coude à coude devant, terminent cette phase aller avec un nombre identique de points. Cette lutte mémorable tourne pourtant à l'avantage de la Goeba à partir du 27 février et sa victoire un but à rien sur Foggia grâce à Bettega (profitant de la défaite des Granata sur le terrain de la Roma), début d'une série de trois succès de suite. Le 3 avril, le tête-à-tête tant attendu entre les deux protagonistes a enfin lieu, et se solde sur un match nul 1-1 (avec un but de Causio pour la Juve), avant le début du sprint final. Il s'ensuit après deux succès et deux matchs nuls avant une nouvelle victoire sur l'Inter à San Siro (réalisations de Gori et de Tardelli), puis frappe un grand coup en terminant la saison avec deux victoires, dont la dernière le 22 mai et un succès 2-0 sur la Sampdoria (à la suite des buts de Bettega et Boninsegna), donnant le titre de champion d'Italie au club, quatre jours seulement après son sacre européen en Coupe UEFA.
Dans une des saisons les plus combattues et spectaculaires de l'histoire du calcio, la Juventus termine première (fruit de 23 victoires, 5 nuls et seulement 2 défaites) avec ses 51 points (record pour la Serie A à 16 clubs) contre 50 pour le Torino (avec un fort écart sur le troisième, la Fiorentina et ses 35 points), et s'adjuge alors son 17escudetto (qualifié d'enthousiasmant et d'inoubliable[10]).
L'attaquant phare de l'équipe, Roberto Bettega, termine meilleur buteur du club avec à la fin de la ses 23 buts toutes compétitions confondues.
Durant la saison, l'entraîneur des bianconeriGiovanni Trapattoni remporte le trophée de Seminatore d'oro, récompensant le meilleur entraîneur de l'année en Italie (devenant le second second entraîneur de la Juve à remporter le trophée après Čestmír Vycpálek et 1972).
Ces titres furent enfin l'affirmation internationale de la Juventus (et plus généralement du football italien) avec un noyau composé de joueurs du pays[11]. « Il Trap » a réussi son pari, remportant là deux titres dès sa première saison au club.
↑Résultat sur tapis vert par décision judiciaire à la suite de l'invasion du terrain par les supporters de Naples, alors que le match venait de se terminer à la suite du succès 2-0 de la Juve (avec un but de Roberto Boninsegna à la 70e puis un but de Gaetano Scirea à la 76e)
↑Plus grand nombre de victoires en une saison pour la Juve en Serie A avec 76,67 % de succès (également un record en Serie A).
↑Qualifiée grâce à sa meilleure différence de buts sur le second.