La saison 1964-1965 de la Juventus Football Club est la soixante-deuxième de l'histoire du club, créé soixante-huit ans plus tôt en 1897.
L'équipe de la ville de Turin prend part ici lors de cette saison à la 63e édition du championnat d'Italie (34e de Serie A), à la 17e édition de la Coupe d'Italie (en italien Coppa Italia), ainsi qu'à la 7e édition de la Coupe des villes de foires.
Historique
Auteurs d'une saison en demi-teinte, les piémontais, présidés par Vittore Catella, entendent cette bien se faire justice et enfin remporter un nouveau titre.
Tout d'abord, l'entraîneur par intérim lors de la dernière partie de saison précédente, Eraldo Monzeglio, laisse le relais au paraguayen Heriberto Herrera, qui remporta quelques succès en Espagne. Réputé pour son fort caractère, son obstination et son inflexibilité, Herrera dit HH2 change totalement les méthodes d'entraînement, désormais beaucoup plus physiques et fatigants, quitte à se faire peu aimer des joueurs.
Pour son mercato, la Juventus fait l'acquisition de seulement deux joueurs pour se renforcer, comme le défenseur Alberto Coramini, ainsi que l'attaquant franco-argentin Néstor Combín (pour sa première expérience en Italie après avoir fait les beaux jours de l'Olympique lyonnais).
Heriberto Herrera fait donc confiance à l'effectif déjà en place, et débute avec son nouveau club la compétition avec la Coppa Italia au début du mois de septembre.
Le premier tour de la coupe est un déplacement pour la Juve, qui se rend sur le terrain d'Alexandrie le dimanche , avec à la clé une victoire 2 buts à 1 (Menichelli et Stacchini comme buteurs juventini). Le tour suivant voit ensuite le club du Piémont s'imposer sur le plus petit des scores à domicile contre Brescia grâce à Del Sol. Le 8e-de-finale voit la Juventus et le modeste club de Lecco ne se séparer qu'à la suite des prolongations avec finalement un succès 2 buts à rien (grâce aux buts sur la fin de Sívori et Del Sol). Pour le quatrième match du tournoi, le club et Bologne ne parviennent pas à se départager, et c'est finalement après un score vierge que la Vieille Dame qui parvient à remporter la rencontre aux tirs au but (4 buts à 3). En demi-finale, la Juve continue son parcours difficile en se retrouvant opposée à son rival historique, le Torino, dans un derby della Mole qui finit à l'avantage de la Madama qui s'impose de justesse un but à zéro à la suite d'une réalisation de Menichelli. La Juve, qui n'a pour l'instant jamais perdue une finale de coupe, se voit être à nouveau opposée à un rival, l'Inter, et c'est à l'image de son parcours, très compliqué, qu'elle réussit à remporter la partie grâce à l'unique but de Menichelli (qui finit avec 3 buts meilleur buteur de la compétition[1]) au Stadio Olimpico de Rome.
La Juventus FC remporte donc là la 5eCoupe d'Italie de son histoire, symbolique cette fois car il s'agit du premier titre du club de l'ère post-Trio magique, et du premier trophée d'Heriberto Herrera[2].
Mais le principal rendez-vous de la Vecchia Signora reste cette année la Serie A, qui joue sa première partie le 13 septembre contre Messine (score final 1-1 avec une réalisation juventina de Menichelli), mais ne gagne son premier match qu'au bout de la 4e journée à la suite d'un succès 1 à 0 contre Mantoue toujours grâce à Menichelli. La Juventus se retrouve ensuite en difficulté, alternant succès et désillusions, avec rarement plus d'un but par match. Le 22 novembre a lieu notamment le derby della Mole qui voit le Torino se faire battre par 3 buts à rien (buts de Stacchini, Da Costa et Menichelli pour la Juve).
Cette année a lieu le l'élection du Ballon d'or 1964[3], dans lequel figure au classement final tous les ans depuis 7 ans au moins un joueur bianconero. Au cours de cette édition, le franco-argentin Néstor Combín et Omar Sívori finissent 19e avec un vote chacun.
Il s'ensuit quatre matchs nuls d'affilée, série arrêtée par un succès bianconero sur le plus petit des scores face à Foggia (but de Combín sur penalty) pour la première rencontre de l'année 1965, le premier d'une nouvelle série, mais cette fois de 4 victoires consécutives. Le 7 février, l'équipe piémontaise s'impose facilement sur un large score de 4-1 contre Catane (but de Da Costa et triplé de Menichelli), puis un mois plus tard écrase chez elle 7 buts à zéro le Genoa pour sa plus grosse victoire depuis la saison 1960-61[4] (avec des buts de Dell'Omodarme, Stacchini (doublé), Leoncini, Menichelli sur penalty, Del Sol et Da Costa). Mais à la suite de ce large succès, la Vieille Dame ne parvient pas à concrétiser et à inscrire une série de succès dans la durée, enchaînant victoires puis défaites, et ce jusqu'à la fin de la saison. Pour le dernier match comptant pour la 34e journée, les turinois finissent tout de même joliment bien leur saison en s'imposant 3 buts à 1 contre le Lanerossi Vicence (réalisations de Combín, Da Costa et Salvadore), le 6 juin.
Sa saison en demi-teinte ne fait finalement terminer le club qu'à la 4e place du classement, avec 41 points (15 victoires pour 11 nuls et 8 défaites), à 13 points de l'Inter (alors dans une des plus formidables périodes victorieuses de son histoire, surnommée la période de la Grande Inter[5]).
Cette saison est également l'occasion pour les zèbres de prouver ce qu'ils valent en Europe avec la Coupe des villes de foires 1964-1965, où en 32e-de-finale, ils se retrouvent face aux Belges de la Royale Union Saint-Gilloise qu'ils éliminent 1-0 à l'aller puis le même score au retour (avec respectivement Combín et Menichelli comme buteurs). Au tour suivant, la Juve se retrouve opposée aux parisiens du Stade français, et parvient, à la suite du score vierge de l'aller, à remporter le match au Stadio Comunale au retour, un but à rien grâce à Da Costa. Les 17 février et 10 mars ont lieu les matchs contre le club bulgare du Lokomotiv Plovdiv (1-1 à l'aller et au retour avec des buts de Menichelli et Mazzia pour la Juventus). Le match d'appui voit finalement le club bianconero s'imposer après le temps réglementaire 2-0 avec un doublé de Sívori. Le tour suivant voit les italiens se retrouver comme la saison précédente aux madrilènes de l'Atlético Madrid qui les battent tout d'abord par 3 buts à 1 (malgré un but de Sívori). À Turin, la Juventus leur fait au retour subir le même sort (buts de Menichelli, de Glaría contre son camp et de Bercellino) au retour, puis au match de barrage (buts de Stacchini, Calleja contre son camp et de Salvadore). Atteignant donc pour la première fois de son histoire ce stade de la compétition, la Juventus retrouve en finale les Hongrois de Ferencváros le 23 juin. Ils finissent par perdre la partie par 1 à 0 devant 30 000 spectateurs, échouant aux portes d'un premier vrai titre continental.
Cette saison ayant vu naître un nouveau buteur en la personne de Giampaolo Menichelli (17 buts toutes compétitions confondues) vit également le départ pour Naples d'une des plus grandes légendes juventine, Omar Sívori, quittant le club après 174 buts inscrits en 8 saisons (qui était resté le dernier survivant de la période dorée du « Trio magique »). Il quitte le club pour cause d'incompréhensions avec Heriberto Herrera, ayant dû faire trop de concessions sur le terrain, tandis que le travail d'Herrera (surnommé HH2), lui, porta ses fruits. Son système tactique appelé le movimiento[6] basé sur un jeu toujours en mouvement fut un des précurseurs du futur « football total » pratiqué dans les années 1970 par les néerlandais de l'Ajax.
Avec un titre remporté (le premier depuis 4 saisons), la Juventus Football Club peut espérer de jours meilleurs mais dispose désormais d'une bonne base solide pour la suite.