La chronologie des banques en Europe montre une évolution progressive du système de banques familiales privées assurant des opérations de change ou de marché, vers de grandes banques mieux capitalisées assurant des activités plus risquées telles que le crédit aux entreprises et aux particuliers.
Les ordres religieux et militaires (templiers, hospitaliers, teutoniques, calatrava, alcantara, santiago, aviz...) couvrent la route des pèlerinages d'un réseau de prieurés. Les voyageurs, pèlerins puis commerçants peuvent y déposer du numéraire et font valoir auprès des autres prieurés leurs reçus ou lettres de change. Ce système contribue par exemple à la prospérité du Temple et conduit à sa dissolution en 1312.
1265 : fabrication des florins dirigée par deux signori della zecca élus tous les six mois par les capitudini des arts, l'un de la corporation des changeurs, l'autre des lainiers
1270 : les exportateurs de laine anglaise demandent à être payés en florins, via la banque de la famille Peruzzi.
1298 : Sienne, la banque des Buonsignori (connue aussi sous l'appellation de Gran Tavola) subit une banqueroute retentissante, peut-être à l'instigation du pape comme punition de son soutien au parti gibelin[2]
1299 : la banque florentine de la famille Frescobaldi signe un contrat avec Londres permettant d’acheter le minerai d'argent de Cornouaille.
1343 : faillite des banquiers de la famille Peruzzi, après le défaut de remboursement des prêts octroyés à Édouard III d'Angleterre. Suivit la même année par la banqueroute des Acciaiuoli, puis trois ans plus tard par celle des Bardi.
1358 : Charles V confisque les biens des Pisdoe qui ont financé la révolte de Paris menée par Étienne Marcel et les contraint à l'exil.
1400 : à Venise, le banquier Pietro Benedetto fait faillite à la suite d'un épisode de panique à l'annonce de sa maladie (peste) qui s'avère n'être qu'une rumeur[1].
1477 : faillite de la branche vénitienne de la banque des Médicis suivit l'année suivante par celle de Milan, puis en 1481 par celle d'Avignon et an 1481 par celle de Bruges[4].
1490 : Jacob Fugger acquiert des mines d'argent de Schwaz, où travaillaient jusqu'à 11 000 ouvriers, produisant 85 % de l'argent mondial et frappant le thaler. Il devient le banquier du Saint Empire.
1494 : banqueroute définitive de la banque des Médicis à Florence. La même année Jacob Fugger et Jan Thurzo transforment leur créances à Špania Dolina pour creuser une mine mieux équipée.
1499 : à Venise, Banqueroute de la banque Garzoni[5].
1528 : alliance de Gênes avec l'empereur, suivant cet accord les banquiers de la ville vont dominer les marchés financiers européens jusqu'aux années 1620. C'est le siècle des Génois.
années 1540 : la couronne d'Angleterre confisque les biens du clergé catholique, fonde l'anglicanisme.
1543 : Great Debasement, ou « grande dévaluation », la proportion d'argent pur dans la composition des espèces est progressivement divisée par quatre en huit ans, pour tomber à un quart en 1551.
1604 : Sully, ministre d'Henri IV de France, effectue une vérification générale des dettes de l'État et décide une conversion forcée des créances restantes, avec un taux d'intérêt ramené à 4 % et une amputation de 40 % du capital.
1770 : Nicolas Beaujon, receveur des finances de Rouen, enrichi dans des spéculations sur les céréales, devient banquier de la cour, fermier général et conseiller d'État.
1791 : le gouvernement américain crée la First Bank of the United States chargée de l'émission de la nouvelle monnaie américaine et de la régulation du crédit.
1791 : la Banque Monneron (Paris) est autorisée à émettre des pièces en cuivre pour contrer la pénurie d'espèces.
1797 : le Bank Restriction Act rend les billets de banque britannique inconvertibles en métal précieux, c'est le cours forcé qui va durer presque 20 ans. Début de pénurie monétaire.
: première ouverture d'une Caisse d'Épargne, à Paris, mais faible capacité d'épargne des classes populaires, et médiocre confiance envers l'institution.
1826 : la 1re version du Bank Charter Act accorde à la Banque d’Angleterre un monopole partiel d'émission des billets, par de nouvelles succursales régionales, et facilite les banques par actions.
1833 : deuxième version du Bank Charter Act encourageant en Angleterre la création de banques par actions, assez capitalisées pour faire du crédit à grande échelle[14].
1833 : le Bank Charter Act permet 30 introductions en bourse de banques capitalisées sous forme de sociétés par action dans les trois années qui suivent. Les billets de la Banque d'Angleterre deviennent monnaie légale[15].
: la loi française reconnaît les Caisses d'épargne comme établissements privés d'utilité publique. Le succès s'amorce, avec des dépôts d'un montant total estimé à 147 millions de francs.
1839 : les Caisses d'épargne françaises sont au nombre de 284 (364 en 1847, puis 546 en 1895).
1841 : New York compte 43 banques privées, capitalisées à hauteur de 10,7 millions de dollars. Elles sont 274 en 1859 avec 100,6 millions de dollars[19]
1847 : le mouvement mutualiste naît en Rhénanie sous l’impulsion de Raiffeisen. Confronté à la misère agricole de l’époque, il crée une association pour le pain puis une autre pour le crédit.
1848 : décret créant les comptoirs nationaux d'escompte. L'État français et les municipalités nomment les dirigeants et apportent leur garantie en fournissant les deux tiers du capital.
1848 : la ruée vers l'or en Californie puis en 1851 en Australie consolident la confiance dans les billets de banque. Augmentation de la masse d'or circulante, au détriment de l'argent métal.
1860 : traité de libre-échange entre l'Angleterre et la France : le Comptoir national d'escompte de Paris ouvre des agences à Londres, Shanghai, Calcutta, Yokohama ou Sydney, pour « combattre la Grande-Bretagne à armes égales »[22].
1868 : la Caisse des dépôts créé la Caisse nationale d’assurances en cas de décès (CNAD) et la Caisse nationale d’assurances en cas d’accidents (CNAA).
1880 : 4 millions de français au « Grand livre » de la dette publique (50 % du PIB), doublée par l'indemnité de guerre de 1870, contre 1,5 million avant[23].
octobre 1880 : lancement par Lesseps d'un emprunt d'un montant de 475 millions de francs, record mondial, pour la construction du canal de Panama.
1896 : plusieurs petites banques londoniennes s’associent pour former la Barclays, première banque anglaise avec 182 agences, dans l’est et le sud-est du pays.
1959 : Suez crée la Banque de la Compagnie financière de Suez, rebaptisée Banque de Suez et de l'Union des mines en 1966.
1964 : ABN Amro naît d'une fusion entre l'Amsterdamsche Bank et la Rotterdamsche Bank, portant le nom des deux plus grandes villes du pays, Amsterdam et Rotterdam.
1986 : la néerlandaise Rijkspostspaarbank est privatisée et rebaptisée Postbank, fusionne en 1989 avec NMB Bank puis en 1991 avec l'assureur Nationale Nederlanden et devient ING.
1993 : quasi-faillite du Crédit lyonnais, entraîné par sa filiale aux Pays-Bas, la Metro-Goldwyn-Mayer et les prêts à risques faits aux spéculateurs immobiliers, selon un rapport parlementaire.
: le Crédit lyonnais, bien qu'en faillite, est renfloué par l'État français.
: la banque irlandaise Allied Irish Banks, révèle qu'un courtier, John Rusnak, a dissimulé 691 millions de dollars de pertes sur des opérations de change. Il est condamné à 7 ans de prison.
: crise du marché des obligations d'entreprises en Europe et aux États-Unis.
: première d'une série de 74 alertes concernant le traderJérôme Kerviel, selon le rapport d'étape de l'Inspection générale de la Société générale.
: les faillites dans l'immobilier américain à risques se multiplient, les banques européennes poursuivent leurs investissements dans les subprimes.
: l'initiative de la succursale new-yorkaise de Calyon, filiale du Crédit agricole, provoque un trou de 250 millions d'euros, sur les marchés du crédit.
: début de l'affaire Jérôme Kerviel, la Société générale découvre qu'il a accumulé des positions « cachées » de près de 50 milliards d'euros.
: dix jours après l'annonce des pertes de la Société générale, la ministre de l'Économie Christine Lagarde remet au Premier ministre François Fillon un rapport sur les « enseignements à tirer ».
: nationalisation de la Northern Rock par l’État britannique.
: faillite de la Washington Mutual, la plus grosse de l'histoire bancaire américaine, et qui affecte le marché financier européen.
: affectées par de considérables moins-values dues à leurs erreurs de gestion, les réseaux Banques populaires et Caisses d'épargne affichent des pertes record, conduisant à leur fusion en 2009[26].
: le gouvernement néerlandais nationalise en partie ABN AMRO.
: création forcée du groupe BPCE, sous l'effet des pertes massives des groupes Banques populaires et Caisses d'épargne, notamment au sein de Natixis. L’État avance plus de 7 milliards d'euros de prêt pour amorcer l'assainissement des erreurs de gestion passées.
: des rumeurs de faillite courent sur deux grandes banques françaises, Société générale et BNP, qui sont déclarées « systémiques » et nécessitent une recapitalisation d'urgence.
: faillite de Dexia, l'un des « records » historiques, dans le secteur bancaire : près de 3 milliards d'euros de pertes[27].
: les banques chypriotes rouvrent le 29 mars après 12 jours de fermeture. La Bank of Cyprus et la Laiki Bank fusionnent.
: BNP Paribas se voit infliger une amende de 6,6 milliards d'euros par les Autorités nord-américaine de contrôle bancaire, pour des transactions illégales en dollars avec l'Iran, le Soudan et Cuba, ce qui confère à cette banque française et européenne le record mondial d'amende pénale, dans ce secteur d'activité[28].
2015 : la Banca Privada d'Andorra placée sous contrôle judiciaire américain entraîne la faillite de sa filiale, Banco Madrid.
novembre 2015 : le gouvernement italien décide de sauver quatre banques régionales avec l'argent des grandes banques italiennes et des actionnaires qui, pour les plus pauvres, auront tout perdu.
8 février2016 : Le gouvernement allemand liquide une filiale d'un grand groupe bancaire canadien du nom de maple bank.
7 juin2017 : la banque espagnole Banco Popular est sauvée de la faillite par sa concurrente Santander pour 1 euro symbolique.
24 février2018: la troisième banque lettone ABLV Bank est déclaré en faillite par la BCE après que les États-Unis l'ont accusée de blanchiment d'argent[29]
Notes et références
↑ a et bSeurot, François (2002) « Banking Crashes of the Middle Age » in : A Minsky-Kindleberger Theory Case?, Journal des économistes et des études humaines, Vol. 12 : No. 4, article 3.
↑Hackett Fischer, David (1999) The Great Wave: Price Revolutions and the Rhythm of History, Oxford University Press.
↑Frye, E.B. (2003) Studies in Medieval Trade and Finance, Hambedon, London.
↑ abcd et eGoldthwaite, Richard A. (2009) The Economy of Renaissance Florence, Baltimore, Johns Hopkins University Press.
↑ a et bLE DESTIN MOUVEMENTE DE LA BNP, par Félix Torres - 20/01/1994 - L'Expansion
↑Histoire de la Bourse, par Paul Lagneau-Ymonet et Angelo Riva, p. 47, Éditions La Découverte, 2011
↑Mars 1889, Paris se réveille avec l'annonce de la mort soudaine du directeur du Comptoir d'escompte, Eugène Denfert-Rochereau, par Pierre-Cyrille Hautcœur[3]