Il suit ses études au collège de Pontlevoy, y remporte tous les premiers prix de cours préparatoires à l'École polytechnique, qu'il souhaite intégrer mais que son père lui refuse. Il débute alors dans la banque familiale Goüin frères dans sa ville natale en 1810, fondée par son arrière-grand-père en 1714, où il succède à son père comme codirecteur en 1819, conjointement avec son cousin Henry Goüin. Il avait également des bureaux de banque parisiens situés au no 5 rue Tronchet.
Une place d'envergure dans la finance et la politique sous la monarchie de Juillet
Alexandre Goüin venait d'être nommé président du tribunal de commerce de Tours lorsqu'il est élu député, le , par le 1er collège électoral d'Indre-et-Loire (Tours)[3].
D'opinions conservatrices, Goüin prend place au centre-droit dans la majorité gouvernementale. Il se prononce pour l'ordre du jour Ganneron relatif à la situation extérieure, pour l'État de siège en 1832, pour la condamnation du journal La Tribune (1833), etc.
Il se voit confier les questions de l'intérieur et des finances au sein du conseil municipal de Tours.
Il est membre de la Commission extraparlementaire, présidée par le comte Jean Bérenger et « chargée de réviser la législation sur les pensions, d'apprécier le mérite des projets qui avaient été publiés sur la matière, et de proposer des modifications conciliables avec les intérêts du Trésor et le respect des droits acquis ».
Il prend part à la création de la Banque de Lyon et à celle de la Banque de Rouen.
Rapporteur de la commission du budget en 1833, il montre de réelles compétences financières et est chargé du même rapport les deux années suivantes. Il avait entretemps été réélu député le [7]. Il vote pour les lois de septembre 1835, rapporte divers projets de loi relatifs à des questions économiques ou financières, et approuve les lois de dotation et d'apanage.
À la fin de , à la suite de l'incident provoqué à la Chambre par l'affaire de la conversion des rentes 5 %, proposée par le ministre des Finances, Georges Humann, sans l'aveu du ministère, et de l'explication, jugée arrogante, donnée à la tribune par le duc de Broglie (V. Gouvernement Victor de Broglie), Goüin, pour embarrasser le gouvernement, dépose une proposition tendant à la conversion des rentes. On a soupçonné, mais sans preuve, la main de Louis-Philippe derrière cette manœuvre. La proposition suivit son cours parlementaire normal : elle est renvoyée dans les bureaux qui, à l'unanimité, se prononcèrent en faveur de la lecture publique le 1er février. Celle-ci eut lieu du 4 au 6 février. Au nom du gouvernement, Adolphe Thiers combat vivement la conversion des rentes. Au terme d'un débat long et houleux, la Chambre, au scrutin secret, repousse l'ajournement de la proposition Goüin par 194 boules noires contre 192 boules blanches. Le cabinet remet immédiatement sa démission au roi. Ce fut la première fois depuis 1830 qu'un gouvernement démissionna après avoir été mis en minorité devant la Chambre, et ce fut donc une étape importante dans l'installation du régime parlementaire en France. La proposition sur la conversion des rentes, devenue un des chevaux de bataille de l'opposition parlementaire, est reprise deux fois et deux fois repoussée.
En , à l'occasion de la loi de disjonction, Goüin manifeste quelques désirs d'opposition. Réélu le 4 novembre[8], il combat le ministère Molé et entre dans la coalition formée pour le renverser. Il relance alors la bataille de la conversion des rentes le , contre le gouvernement, avec un avis favorable de la commission de la Chambre des députés (ayant pour rapporteur Hippolyte Passy) et l'hostilité de Louis-Philippe. La discussion dure six jours, du au .
Il est réélu le [9] et entre dans le deuxième ministère Thiers le comme ministre de l'Agriculture et du Commerce ; le portefeuille des Finances lui avait été offert, mais il le refusa, attendu la profession de banquier qu'il exerçait. De ce fait, il doit se représenter devant ses électeurs qui confirment son mandat le 4 avril[10]. Il est chargé de soutenir, au nom du gouvernement, la discussion parlementaire de la célèbre loi sur le travail des enfants dans les manufactures qu'il présente et fait adopter. Il appuie et encourage également le développement de l'industrie de la soie[11]. Le Bureau de statistique générale devient la Statistique générale de la France et est placé sous son autorité directe de ministre[12].
Il quitte le gouvernement en même temps que le ministère le et rentre alors dans l'opposition, prenant place au centre-gauche. Il est réélu à toutes les échéances électorales jusqu'en 1848 : les , avec 337 voix sur 489 votants contre 76 à Étienne Giraudeau et 22 à Lamartine, et , avec 337 voix sur 506 votants contre 61 Luzarche et 54 à Giraudeau.
À la mort de Jacques Laffitte, Goüin reprend la gestion de la Caisse générale du commerce et de l'industrie (1844), sous la raison social Caisse générale du commerce et de l'industrie A. Goüin et Cie, dont les bureaux étaient à l'hôtel Laffitte, et la dirige jusqu'en 1848 sans pouvoir en empêcher la faillite après la crise économique et la révolution de 1848. Les deux autres associés était alors Adolphe Lebaudy (qui avait empiré la situation de 4,2 millions de francs pour avances à lui faites par la société' sur des garanties qui ne représentaient pas plus d'un million et demi de franc) et Jean-Philippe Roussac (neveu de Laffitte)[13]. Goüin y perd à titre personnel 500 000 francs dans la liquidation.
Il se présente aux élections à l'Assemblée constituante du sous l'étiquette de la « coalition des anciens partis » et est élu représentant d'Indre-et-Loire[15]. Il vote avec la droite conservatrice : pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière, pour l'impôt proportionnel préféré à l'impôt progressif, contre l'amendement Grévy, contre le droit au travail, pour l'ordre du jour en l'honneur du général Cavaignac, contre la réduction de l'impôt du sel, pour la proposition Rateau, contre l'amnistie, pour l'interdiction des clubs, pour les crédits de l'expédition de Rome en soutien au pape Pie IX, contre l'abolition de l'impôt des boissons, etc. Il préside la comité des finances de la Constituante.
Toujours avec l'appui du gouvernement, il est réélu les [18] et [19]. Il prend fréquemment la parole dans les discussions budgétaires et, lors de la discussion de l'adresse de , attaqua l'optimisme de la commission du budget. Dans la législature qui commence en 1863, il devient vice-président du Corps législatif.
Il est membre de la commission de la Caisse des retraites pour la vieillesse.
Député constamment réélu de 1831 à 1867, il fut un des spécialistes des questions financières et avait acquis une grande autorité sur celles-ci ; il fut constamment membre des commissions de finances et du budget, qu'il présida souvent. Pendant de nombreuses années, il fut rapporteur des commissions du budget et des finances et chargé du rapport du budget des recettes. Il proposa entre autres, avant la loi 1853, un projet de retraite par capitalisation (parfois nommé sous le nom de système Goüin). Il s'opposa au recours à la dette flottante et s'opposa aux manœuvres visant à s'emparer de la partie disponible de l'amortissement[23]. Raincelin de Sergy écrivait de lui au lendemain des élections de 1848 : « Dans toutes ses positions, son désintéressement n'a jamais été mis en doute, et aucune question d'intérêt personnelle ne put lui être reprochée[24]. »
Le système de retraite de Goüin
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À partir de 1833, Alexandre Goüin défend l'instauration en France d'un nouveau système de pensions de retraite, reposant sur un capital et non plus une rente viagère. Dans son rapport présenté à la Chambre le , il demande que le législateur règle l'ensemble des droits à retraite, et non pas la seule caisse des employés des finances ; le rejet du projet du ministre Humann ; un nouveau système de tontine fondé sur la capitalisation, le titre de rente perpétuelle et le compte individuel, permettant de garantir le Trésor de toute subvention à l'avenir (son système de capitalisation doit fonctionner de manière autonome).
Il cherche pour la première fois à préciser clairement les conditions réelles du droit à la retraite. Il cherche pour cela à définir la durée probable de vie, le taux d'élimination qui fonde le principe même de la tontine (le fonds commun) et une forte différence entre le service actif et le service sédentaire.
Publications
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Développements d'une proposition pour un projet de loi sur l'amortissement (1832)
Opinion sur le projet de loi des pensions de retraites (1837)
Rapport au roi sur le quatrième volume de "la Statistique de la France". Partie agriculture (1841)
Quelques réflexions à l'occasion de la question relative à l'établissement d'un nouvel impôt sur les valeurs mobilières (1857)
Une Biographie par moi-même
Notes et références
↑Louis Bergeron, Guy Chaussinand-Nogaret, Alain Maureau, Germaine Peyron-Montagnon, André Palluel-Guillard, Grands notables du Premier Empire: notices de biographie sociale, Volume 8, Centre national de la recherche scientifique, 1982
↑Assemblée générale des actionnaires de la Banque de France, 1848
↑318 voix sur 414 votants et 537 inscrits contre 51 à M. Delamardelle et 26 à M. César Bacot
↑La Caisse d'épargne de Tours et la famille Goüin, rapport sur les opérations de l'année 1927
↑Louis Roucheron, Historique de la Caisse d'épargne et de prévoyance de la ville de Tours (1833-1933). Suivi de notices biographiques, par Louis de Grandmaison, 1933
↑Louis Bergeron, Les Capitalistes en France: 1780-1914, Gallimard, 1978
↑Annales de la Société séricicole: pour l'amélioration et la propagation de l'industrie de la soie en France (1842)
↑Alp Yücel Kaya, Le bureau de la statistique générale de France et l’institutionnalisation des statistiques agricoles : l’Enquête agricole de 1836, 2013
↑"Laffitte (Jacques), in Les ministres des Finances de la Révolution française au Second Empire, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 2007, 624 p, (ISBN978-2-11-094807-6).
↑Rang-Ri Park-Barjot, La société de construction des Batignolles: Des origines à la première guerre mondiale, 1846-1914'’, Presses Paris Sorbonne, 2005
↑Jacques-Xavier Carré de Busserolle,
Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine, Volume 1, Rouillé-Ladevèze, 1878
↑Alya Aglan, Michel Margairaz, Philippe Verheyde, 1816 ou la genèse de la foi publique: la fondation de la Caisse des dépôts et consignations, Librairie Droz, 2006
↑Raincelin de Sergy, Véritable physiologie de l'Assemblée nationale constituante de 1848, ou les hommes et leurs œuvres
A. Vincent, Gouin (Alexandre-Henri), ancien ministre de l'agriculture et du commerce, membre et président du Conseil général du département d'Indre-et-Loire..., A. Guyot et Scribe, 1854
« Gouin (Alexandre) », dans Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du grand dictionnaire universel, 15 vol., 1863-1890 [détail des éditions].
Victor de Nouvion, Histoire du règne de Louis-Philippe Ier, roi des Français. 1830-1840. Tome 4, 1879
Guy Thuillier, Les pensions de retraite des fonctionnaires au XIXe siècle, 1994
Les retraites par capitalisation : le système d'Alexandre Goüin en 1835, Bulletin d'histoire de la Sécurité sociale, Comité d'histoire de la Sécurité sociale ; Association pour l'étude de l'histoire de la Sécurité sociale, 1991
Les critiques des finances contre le système Goüin (1838-1841), Bulletin d'histoire de la Sécurité sociale, Comité d'histoire de la Sécurité sociale ; Association pour l'étude de l'histoire de la Sécurité sociale, 1991
Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains: contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers..., Hachette, 1870
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Alfred de Giry, La Touraine dans l'histoire (1800-1940), 1981
F. Raynaud, Une banque de province au XIXe siècle, la Banque Goüin à Tours de 1845 à 1884, Tours, Université François-Rabelais, , 105 p. ;
[Anonyme], La Caisse d'épargne de Tours et la famille Goüin, 1927.
Christophe Aubouin, La banque Goüin frères : clientèle et fonctionnement d'un établissement de Touraine de 1884 à 1914, Tours, Université François-Rabelais, , 126 p.
Louis Boucheron et Arthur Dubois, Historique de la Caisse d'Épargne et de Prévoyance de la ville de Tours (1833-1933). Suivi de notices biographiques, par Louis de Grandmaison, Tours, Deslis, .
Yves Lemoine et Cédric Plont, Christian Dumais-Lvowski (dir.), Les Goüin : destin d'une famille française (XVIIe- XXe siècles), éditions Michel de Maule, 2014 ;