Conseil national de la RésistanceConseil national de la Résistance Membres du Conseil National de la Résistance autour de son président Georges Bidault (septembre 1944).
Le Conseil national de la Résistance (CNR), constitué le 27 mai 1943, est l'organisme qui dirige et coordonne les différents mouvements de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes tendances politiques comprises. Composé de représentants des mouvements de résistances, des syndicats et de partis politiques opposés au gouvernement de Vichy, il est mis en place par Jean Moulin à la demande du général de Gaulle, alors chef du gouvernement de la France libre à Londres. Sa première réunion clandestine se tient le dans un appartement à Paris, sous la présidence de Jean Moulin. Son programme, adopté en mars 1944, prévoit un « plan d'action immédiat » (c'est-à-dire des actions de résistance), mais aussi des « mesures à appliquer dès la libération du territoire », une liste de réformes sociales et économiques. Le contexte et la mission de Jean MoulinAu début de l'année 1943, des conflits et des rivalités de personnes ainsi que des divergences politiques au sein de différents mouvements de résistance risquent de diviser la Résistance, aussi l'idée de constituer un organisme qui réunirait les forces syndicales et les mouvements politiques aux côtés des mouvements de Résistance circule dès août 1942 lors d'une réunion de militants syndicalistes organisée à Toulouse par le Mouvement ouvrier français de Morandat[1]. Jean Moulin, d'abord peu favorable à l'idée qui lui avait été soumise (craignant que cela limite ses attributions), reproche à Morandat d'avoir envoyé un rapport dans ce sens à Londres, mais constatant que plusieurs dirigeants reprennent le projet à leur compte, il décide de le proposer au général de Gaulle[1]. Ce projet a aussi pour avantage de cautionner l'action du général de Gaulle et de renforcer et légitimer son autorité aux yeux des Alliés et des Français, de déjouer la tentative américaine de mettre en avant le général Henri Giraud et la tentative de mainmise communiste sur la Résistance intérieure[1]. Les premiers pas de Jean MoulinDès ses débuts, Moulin conjugue travail de court terme (unification des mouvements de résistance intérieure) et de long terme : dès juin 1942, il installe un « Comité des experts » chargé de penser la synthèse des projets politiques pour l'après-guerre. La création du CNRLe tour de force qu'est l'unification se produit dix sept mois plus tard, le , lors de la première réunion du CNR qui se tient à Paris dans l'appartement de René Corbin, au premier étage du 48 rue du Four[2]. Un odonyme rappelle cet événement : « Avenue du 27-Mai-1943 » à Elne dans les Pyrénées-Orientales, à l'initiative d'historiens et politiques locaux[3]. Cette réunion aura une importance politique considérable, ainsi que l'expose Robert Chambeiron[4] :
Outre Jean Moulin et ses deux collaborateurs, Pierre Meunier et Robert Chambeiron, participent à la réunion constitutive du 27 mai 1943 et deviennent membres du CNR[citation nécessaire] :
Jean Moulin devient le premier président du CNR. Après Jean MoulinÀ peine quelques jours après la création du CNR, Jean Moulin est dénoncé et capturé à Caluire par les SS. Il est torturé pendant trois jours par Klaus Barbie et meurt le pendant son transfert vers l'Allemagne, sans avoir rien révélé à ses tortionnaires. Son mutisme empêche les nazis de démanteler le CNR, lequel décide cependant par sécurité de mettre fin aux séances plénières. Il constitue alors un bureau exécutif de cinq membres, chaque membre représentant son propre courant et deux autres courants, sous la direction d'Émile Bollaert, délégué général depuis le , et de Georges Bidault, nouveau président depuis le [7]. Le CNR charge un Comité général d'étude de prendre la suite du Comité d'experts créé par Jean Moulin et de préparer une plate-forme politique pour la France d'après la Libération. En à Alger, le général de Gaulle entérine les points essentiels du Rapport Courtin élaborés au sein du « Comité général d'étude » et adoptés par l'« Assemblée consultative », points qui deviendront le noyau du programme du Conseil national de la Résistance appliqué à la Libération :
Émile Bollaert, ayant été arrêté le , est remplacé en mars 1944 par Alexandre Parodi. Le , Louis Saillant succède à Georges Bidault à la tête du CNR[8]. Au cours de l'existence du CNR, les membres suivants seront remplacés[9],[10] :
Programme politiqueAdopté le après plusieurs mois de négociations, le programme du Conseil national de la Résistance est très empreint de rénovation sociale et suit des principes communistes (économie planifiée), notamment sous l'impulsion de Pierre Villon, représentant le Front national français de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Ce document comprend deux parties, un « plan d'action immédiate » qui concerne l'action de la Résistance intérieure française à mener dans l'immédiat dans la perspective de la Libération et les « mesures à appliquer dès la Libération du territoire », sorte de programme de gouvernement qui comprend à la fois des mesures visant à réduire la mainmise des collaborationnistes sur le pays et des mesures à beaucoup plus long terme comme le rétablissement du suffrage universel, les nationalisations ou la sécurité sociale[11]. Parmi les mesures appliquées à la Libération, citons la nationalisation de l'énergie (création d’Électricité de France en 1946), des assurances (AGF en 1945) et des banques (Crédit lyonnais en 1945, Société générale en 1946), la création du régime général de la Sécurité sociale[11]. Ces actions ont constitué jusqu'à aujourd'hui une grande partie des acquis sociaux de la seconde partie du XXe siècle[réf. nécessaire]. Dans les premiers mois de la Libération, onze des Comités départementaux de la Libération (institutions provisoires mises en place pour remplacer l'administration départementale vichyste) ne veulent pas être remplacés devant la nouvelle administration préfectorale, nommée par le Gouvernement provisoire. Souhaitant appliquer le programme du CNR, ces institutions composées de résistants finissent par s'effacer lors des premières élections, les Français souhaitant dans l'ensemble un retour aux structures habituelles (centralisme, conseils généraux)[réf. nécessaire]. À partir de 1946-1947, plus aucun Comité départemental de la Libération n'a de rôle effectif[réf. nécessaire]. Postérité
Présidents
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Ressource radiophonique
Article connexeLiens externes
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