Le mémorial du Mont-Valérien est un monument d'hommage aux Français combattants, résistants déportés et exécutés par l'occupant allemand. Situé à Suresnes (Hauts-de-Seine), il comprend le mémorial de la France combattante, sur les flancs du mont Valérien, au pied de la forteresse du même nom, ainsi que le sentier mémoriel qui poursuit dans l'enceinte militaire, vers la clairière qui fut le lieu d'exécution.
Le nombre de 4 500 fusillés gravé près du site d'exécution n'a pas été corrigé[1]
Dès le , le général de Gaulle rend à cet endroit un hommage aux « massacrés et aux fusillés »[2],[4]. Chaque 18 juin, la chancellerie de l'ordre de la Libération y organise une cérémonie de commémoration de l'appel du général de Gaulle, ce qui est prescrit depuis 2006 par le décret no 2006-313 du instituant le 18 juin de chaque année une « Journée nationale commémorative de l'appel historique du général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi »[2],[5].
Le , sous la direction d'Henri Frenay, alors ministre des Prisonniers, déportés et réfugiés du Gouvernement provisoire, quinze corps de combattants originaires de France et des colonies, dont deux femmes (Berty Albrecht et Renée Lévy), sont inhumés dans une crypte provisoire.
Crypte provisoire dans l'enceinte de la forteresse.
Inscription sur la façade de la crypte provisoire : « Nous sommes ici pour témoigner devant l'Histoire que de 1939 à 1945 ses fils ont lutté pour que la France vive libre »[6].
Frenay s'est inspiré du symbole du Soldat inconnu de la Grande Guerre, et l’a adapté aux spécificités de la Seconde Guerre mondiale. Les différentes catégories de combattants (combattants de 1940, FFL, résistants, déportés, prisonniers, hommes de la France d’Outre-Mer) sont représentées par la dépouille de l’un des leurs.
En 1952, on y place également le corps d'Edmond Grethen, un Français résistant d'Indochine fusillé par les Japonais[7].
Le , le monument est vandalisé par des manifestants anti-pass sanitaire. Un texte « Anti-pass » est écrit sur une des faces, avec deux « S » imitant le symbole de la Schutzstaffel (SS). Plusieurs personnalités politiques, dont le président de la République française en exercice, Emmanuel Macron, ont fait part de leur indignation[8].
Description du monument
L'esplanade du monument fait plus de 1 000 m2. Un mur de 150 m de long[2], en grès rose des Vosges, est accolé au rempart en meulière de la forteresse. Au milieu de ce mur, une grande croix de Lorraine de 12 m de haut[2] marque l'entrée de la crypte où reposent dix-sept combattants, dont le dernier compagnon de la LibérationHubert Germain, inhumé le [9]. Les 17 caveaux y sont disposés en arc de cercle, avec au centre une urne contenant des cendres recueillies dans des camps de concentration, ornée d'une sculpture en métal représentant une flamme[10].
Sur le pied de la croix est gravée l'inscription extraite de l'appel du 18 Juin :
« QUOI QU'IL ARRIVE LA FLAMME DE LA RESISTANCE NE S'ETEINDRA PAS. 18 juin 1940 Charles DE GAULLE »
Devant la croix de Lorraine, une flamme jaillit en permanence d'un brûloir en bronze. Le long du mur, seize sculptures différentes, équivalentes des métopes grecques, en bronze, symbolisent les différentes formes des combats pour la Libération.
Construit à partir de 2008[11], un centre d'information et d'accueil est ouvert depuis 2009 (au fond de l'allée à gauche du monument). Il propose notamment des visites du parcours mémoriel au sein de la forteresse.
Longtemps ouvert uniquement pour les commémorations, le site est visité en 2023 par 33 000 personnes, pour moitié dans le cadre de visites scolaires[1].
Renée Lévy (1906-1943), résistante, décapitée le à la prison de Cologne (Allemagne).
Le quatrième caveau était d'abord destiné à un certain Robert B., dont il fut découvert par un journaliste peu avant l’inauguration officielle le par Charles de Gaulle qu'il avait dénoncé des résistants. L'emplacement est d'abord resté vide avant que le caporal Maboulkede ne soit choisi peu après[12],[13].
Avant son entrée au Panthéon le , le corps de Missak Manouchian repose la veille dans la crypte du Mont-Valérien[1].
Les seize sculptures
Les hauts-reliefs, réalisés par seize sculpteurs différents[2], sont disposées en deux groupes de huit de part et d'autre de la croix de Lorraine, soit vues de gauche à droite[14] :
Casabianca (sculpteur : Georges Saupique) : le , le sous-marin Casabianca parvient à s'échapper du port de Toulon investi par les Allemands et rejoint les Forces françaises d'Afrique du Nord. La lutte dans l'élément marin est figurée par un combat contre une pieuvre[14].
Maquis (sculpteur : Raymond Corbin) : en hommage à l'action des résistants maquisards. La sculpture représente les groupes armés dans les forêts, attentifs, prêts à jaillir[14].
Alençon (sculpteur : René Leleu) : débarquée en Normandie, la 2e division blindée du général Leclerc est la première grande unité française engagée sur le sol national, elle libère Alençon le . La sculpture représente le phénix renaissant de ses cendres[14].
Saumur (sculpteur : Pierre Duroux) : rappelle le combat de Saumur, du au , lors de la Bataille de France. Le sacrifice des combattants est représenté par un soldat percé d'une épée[14].
Fusillés (sculpteur : Maurice Calka) : entre 1940 et 1944, de nombreux Français et étrangers, résistants ou otages, sont fusillés. La composition complexe de la sculpture laisse entrevoir les corps transpercés par les balles[14].
Sienne (sculpteur : René Andrei) : le corps expéditionnaire français, commandé par le général Juin puis par de Lattre, achève glorieusement sa campagne en Italie après la libération de Sienne, le . La sculpture du cheval est une évocation du Palio de Sienne[14].
↑L. N., « Mort d'Hubert Germain : une cérémonie aux Invalides vendredi puis le 11 novembre à l'Arc de Triomphe avant l'inhumation au Mont Valérien », LCI, (lire en ligne).