10 mars : Gallieni signe à Nango un traité avec Ahmadou qui accorde à la France le droit de faire du commerce sur le haut Niger ; le traité n’est pas ratifié par la France[5]. Ahmadou laisse partir Gallieni le 21 mars. Il rejoint à Kita la colonne commandée par le lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes, commandant militaire du Haut-Fleuve, qui soumettra par la suite la région située entre le Sénégal et le Niger[6].
29 mars : promulgation du Code des 305 articles à Madagascar[7]. Il crée huit ministères (Intérieur, affaires Étrangères, armée, Lois, Justice, Industrie, Finances et Instruction publique), institue la scolarisation obligatoire, réorganise l’armée et l’administration.
Mars : Samori Touré prend Kankan après neuf mois de siège[8]. Il rencontre pour la première fois les troupes françaises sur la rive gauche du Niger. Après la chute de Kankan, l’État de Samori Touré évolue vers une théocratie islamique (1880-1886).
Avril[10] : le Fouta-Toro passe sous le protectorat français : le colonel Brière de l'Isle, gouverneur du Sénégal, obtient la soumission de l’almani Siré-Baba-Lih, qui règne sur le littoral de l’actuel Sénégal[11].
Mai ou juin : le Français Pierre Arnoux s’installe à Obock (il est tué le )[12] ; le 30 juin, Paul Soleillet signe un engagement avec l’entrepreneur havrais Albert Godin qui vient de fonder la Société française d’Obock. Soleillet arrive à Obock le [13].
1er février : mutinerie parmi les officiers de la garnison du Caire, qui interviennent pour secourir trois colonels dont le nationaliste Arabi Pacha, traduit devant la cour martiale pour des actes de désobéissance. Le khédive doit congédier son ministre de la guerre. Début du soulèvement nationaliste en Égypte[25].
18 juin, Tunisie[28] : une canonnière française, le Chacal, fait son apparition devant Sfax, mais est accueillie par des coups de fusil[29]. L'intervention française provoque une insurrection musulmane, encouragée par les maraboutssanoussi qui proclament le djihad à Sfax, Gabès et Kairouan, réprimée de juillet à octobre par un corps expéditionnaire français de 50 000 hommes. Les dissidents se soumettent sans grande résistance fin novembre. Seule, dans l’extrême sud, quelques tribus restent en guerre jusqu’en 1883.
29 juin : au Soudan, Mohamed Ahmed ibn Abd Allah, originaire de Dongola, se proclame le Mahdi (le sauveur) et prêche contre les Turcs[30]. Il dispose au début de quelques partisans et d’armes de jet, mais le succès qu’il remporte auprès des garnisons égyptiennes abandonnées au Soudan renforce ses troupes et ses armements. Il conquiert tout le pays de 1881 à 1884. Sa révolte éveille pour la première fois une conscience nationale au Soudan.
9 septembre, Égypte : soulèvement nationaliste conduit au Caire par Arabi Pacha contre le khédive Tawfiq, soumis aux européens (fin en 1882)[31]. Regroupés dans le Parti patriotique, les officiers égyptiens réclament la fin du monopole des turco-circassiens sur les hautes fonctions de l’État. Après l’arrestation du leader nationaliste Arabi Pacha, des régiments se mutinent et contraignent Tawfiq à former un nouveau gouvernement. Les puissances, à l’exception de la France qui craint des répercussions en Tunisie, demandent une intervention militaire ottomane.
26 novembre : Louis Tirman est nommé gouverneur général de l’Algérie (fin en 1891). Il inaugure le système du « rattachement » (décret du 26 août 1881), une expérience tendant à l’assimilation administrative de l’Algérie, qui échoue[27].
Aníbal Pinto, vainqueur de la guerre du Pacifique, ne peut se représenter car la réélection n’est plus permise au Chili depuis 1871. Leurs succès militaires profitent aux libéraux qui gardent le pouvoir jusqu’en 1890.
24 janvier ( du calendrier julien) : la forteresse de Gökdepe (région de Merv) est le dernier territoire du Turkestan à passer sous domination russe[38], en faisant 15 000 victimes turkmènes.
Mai, Yokohama : une mission d’observation coréenne (Sinsa yuramdan) arrive au Japon pour étudier les moyens de moderniser le pays (fin en août)[42]. Des officiers nippons sont chargés d’instruire sur place l’armée coréenne.
27-29 juin : Midhat Pacha, nommé en Syrie sur la pression des Britanniques après sa démission en 1878, est condamné à mort, puis gracié par le sultan ottoman qui l’accuse d’être mêlé à l’assassinat d’Abdülaziz en 1876. Il est exilé à Taef (28 juillet)[44].
24 septembre : le marquis Tseng, représentant du gouvernement chinois en Europe, informe le ministre français des Affaires étrangères Barthélemy Saint-Hilaire, que la Chine ne peut pas reconnaître le traité conclu avec l'Annam le ; Gambetta, ministre des Affaires Étrangères depuis le 14 novembre, répond à Tseng le , que le gouvernement français n’hésiterait pas à revendiquer l’entière liberté de ses actes en ce qui concerne l’exécution de ses conventions avec l’Annam. Des opérations de lutte contre le brigandage dans la vallée du fleuve Rouge en 1882 provoquent la guerre entre la Chine et la France pour le contrôle de l’Annam[47].
29 octobre : l’homme d’État japonais Itagaki Taisuke fonde le Jiyūtō, parti libéral[48], qui réclame l’extension des droits civiques, l’égalité de tous devant la loi et un régime constitutionnel.
20 décembre : création d’une commission de la dette publique ottomane. L’administration de la dette va contrôler près de 30 % des revenus de l’État[50]. Elle garantit les emprunts ottomans sur les places boursières européennes.
Opposition nationaliste arabe aux Ottomans : des placards nationalistes appellent les populations arabes à la révolte contre l’autorité ottomane à Beyrouth ([52]), Bagdad, Damas, Alep. Des intellectuels des provinces arabes de l’empire dénoncent dans des publications diffusées à partir de Londres (al-Khilafa de Louis Sabundji, 1881[53]) l’usurpation du titre de calife par les Turcs ottomans et réclament sa restitution à un souverain arabe, qui doit appartenir, selon certains, à la descendance du prophète. Au même moment, leurs idées sur le califat arabe sont reprises par Wilfrid Scawen Blunt qui publie The Future of Islam (1882).
14 février[55] : le gouvernement hongrois prend le contrôle de la force publique en remplaçant les pandours des départements, devenus obsolètes, par des gendarmes dotés de pouvoirs étendus dans les campagnes[56].
7 avril : le premier ministre britannique William Gladstone accorde le Land Act à l'Irlande, qui prend force de loi le 22 août[58]. Après avoir fait adopter des lois de coercition, Gladstone obtient le vote d’une loi agraire qui répond aux attentes de la Land League : loyer correct, maintien du bail tant que le loyer est payé, liberté de vendre son droit d’occupation à un tiers.
12 mai-14 mai : les Roumains de Transylvanie, du Banat, du Maramureş et de la Crişana fondent un Parti national roumain à la Conférence de Sibiu qui réclame l’autonomie de la Transylvanie, l'égalité des droits et le libre emploi de la langue[60].
28 juin : alliance austro-serbe à Milan (fin en 1895). Accord secret signé entre l’empereur d’Autriche et le prince de Serbie[63], qui s’engage à interdire toute propagande serbe dans l’Empire contre la promesse autrichienne de reconnaître ses droits sur la vallée du Vardar.
15 juillet : la Croatie militaire et de la Krajina de Slavonie sont réintégrées au royaume de Croatie-Slavonie[65]. Face à la politique hongroise de magyarisation, les nationalistes croates proposent de transformer la monarchie en une triple monarchie unitaire, autrichienne-hongroise-croate, mais sans rencontrer aucun écho.
27 octobre : recul des conservateurs aux législatives en Allemagne[66]. Les trois partis conservateurs perdent 10 % au profit des progressistes et des libéraux. Le Centre devient le premier parti tandis que la social-démocratie gagne des sièges. Affaiblissement du parti national-libéral (17 % des voix au Reichstag). Le parti progressiste (Fortschristtspartei), adversaire de Bismarck, obtient le même score.
17 novembre : l’empereur Guillaume Ier d’Allemagne annonce au Reichstag la triple loi d’assurance ouvrière : assurance maladie (), accident du travail () et assurance invalidité et vieillesse ()[67].
Création en Hongrie du Parti d’opposition modérée composé de conservateurs[56].
Russie
9 février ( du calendrier julien) : projet de réforme de Loris-Melikov[69] ; association limitée de représentants élus des zemstvos et des Doumas à l’examen des projets de loi.
11 mai ( du calendrier julien) : Alexandre III affirme son attachement à l’autocratie. Démission des ministres libéraux Loris-Melikov et Milioutine[72].
26 août ( du calendrier julien) : loi permettant d’imposer un état de siège de sévérité variable[73]. Création d’une nouvelle police secrète, les « sections de protection de l’ordre et de la sécurité » (Okhrana).
: ( du calendrier julien) : loi rendant le rachat obligatoire pour le million de feux paysans restés sous le statut de la dépendance temporaire. Diminution des annuités de rachat[74].
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