Né au Mans d'un père breton inspecteur des chemins de fer de l'Ouest, Maurice Le Scouëzec fréquente au début du XXe siècle l’univers créatif des peintres de Montparnasse, où il côtoie des artistes comme Pablo Picasso ou Amedeo Modigliani. Embarqué sur de grands voiliers, il effectue de nombreux voyages autour du monde avant de rentrer en France et de mourir à Douarnenez. Maurice Le Scouëzec fut tour à tour pilotin sur les grands voiliers, soldat, globe-trotter, aventurier et artiste peintre[3].
On l'a dit anarchiste, mauvais soldat, contradicteur forcené ou matelot blackballeur (forte tête), jugements auxquels il aurait souscrit sans réserves. Mais le peintre, qui avait acquis les premiers rudiments de son métier en 1900 à bord d'un voilier en route pour les mines de nickel de Nouvelle-Calédonie, ne saurait être évalué à l'aune de ces seuls traits[3].
Son œuvre
Son œuvre compte 3 717 numéros recensés en 2010[1],[4]. De ses séjours au Soudan et à Madagascar, il réalise un grand nombre de tableaux dépeignant la vie des villages africains avec réalisme. Il expose ses toiles au Salon d'automne. Il transmet sa passion de la Bretagne dans ses paysages tourmentés et ses portraits réalistes et âpres[5].
Peintre voyageur, amateur de lointains, il est aussi chroniqueur des parages du boulevard du Montparnasse. À Paris, au Cap Sizun ou à Madagascar, une même recherche guide sa pratique artistique : fixer, dans leur fugacité, des instants dérobés, savanes africaines torrides, visages ravagés des filles de Montparnasse, corps suppliciés sur la croix ou au fond des tranchées. Il étend son inspiration aux îles du Pacifique et de l'Océan Indien, escales parfois marquées par l'ennui qu'engendrent certaines navigations au long cours (c'était à l'époque, de grands voiliers soumis au caprice des vents), parfois riches de parfums (Zanzibar, Mohéli) ou de couleurs (Madagascar)[6].
« L'œuvre de Maurice Le Scouëzec est marquée par une constante recherche de la vérité. Il prenait toujours un peu de recul sur son sujet pour en retranscrire sa vision du réel. On le voit bien à travers son choix des couleurs, la force et l'économie de son trait. Sa vie suit également ce cheminement. Malgré un début de carrière militaire, c'est un insoumis, condamné pour désertion. Dans son métier de peintre aussi il déserte. Tournant le dos au monde de l'art, alors qu'il expose dans les mêmes galeries que Lautrec, Picasso, est l'ami de Modigliani et tant d'autres. Il fuit les marchands de tableaux et part pour de longs séjours en Afrique. Son œuvre passera d'ailleurs un peu inaperçue jusqu'au milieu de la décennie 1980, lorsque son fils exhuma de la maison familiale un grand nombre de ses tableaux. Après une hémorragie cérébrale à Landivisiau en 1935, arrive la dernière phase de sa vie qu'il passera à Douarnenez, 1, rue du Centre. Sa peinture change, devient plus sensible, mais reprend toujours les mêmes obsessions. Sa manière de reconstruire des bâtiments, comme des blocs sans fenêtres, ses paysages minimalistes, ses corps tout en postures, où les couleurs remplacent les ombres[7]. »
À Saint-Marc-d'Ouilly, en 1932, dans la chapelle Saint-Roch alors rénovée, il peint une fresque de 70 m2. Il raconte la vie du saint en huit tableaux :
Chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle (Douarnenez) (après juillet 1934)[1].
Œuvres non localisées
La Visite des filles à hôpital Broca, huile sur toile[12]. Cette œuvre fut mal accueillie au Salon d'automne de 1920[13].
Œuvres non répertoriées
Collection privée
Mahamas, huile sur toile, de 54 × 83 cm titrée, datée et signée (Mahamas November 1930). Cette œuvre, probablement la première réalisée à Madagascar, a été offerte par l'artiste à son ami André Lazarus, tailleur à Tananarive qui l'avait hébergé lui et sa famille pendant son séjour dans la capitale (« son ami André », dont le nom de famille écrit par l'artiste figure au dos de la toile, est cité dans son livre ''Le voyage de Madagascar''). Cette œuvre très caractéristique de la peinture de Le Scouëzec qui représente des femmes déambulant sur fond du marché couvert de Mahamasina à Tananarive est toujours la propriété de cette famille.[réf. nécessaire]
Publications
Le Horn, Brasparts : Beltan, 1987.
Le Voyage de Madagascar, Brasparts : Beltan, 1988 (ISBN2-905939-13-3). — Maurice Le Scouëzec se voit décerner, en 1930, le grand prix de Madagascar de la Société des artistes français. Il l'accepte, non sans embarras, et se voit offrir un voyage à Madagascar où il sera reçu par l'administration coloniale. Le Voyage à Madagascar relate et illustre le lent voyage en vapeur de Marseille à Tamatave. Le Scouëzec y exprime très directement son rejet de la société. Avant même l'appareillage, il s'en prend à la population bigarrée de Marseille, mais c'est aux passagers privilégiés de la première classe, le gros ponte colonial, l'évêque, l'épicier, le notaire, qu'il réserve les traits les plus violents.
Sur les grands voiliers, Brasparts : Beltan, 1992.
L'Afrique (L'œuvre écrite du peintre Le Scouëzec, vol. 3), Brasparts : Beltan, 1993.
L'Insoumis, Brasparts, Beltan, sd. — Compilation de textes consacrés par l’artiste à sa vie de marin entre 1896 et 1901.
Notes et références
↑ abcdefg et hGwenc'hlan Le Scouëzec et Henry Le Bal, Maurice Le Scouëzec 1881-1940, Beltan, Brasparts, 2005 (ISBN2-9516454-5-7).
↑Maï-Sous Dantec et Gwenc'hlan Le Scouëzec, Enez Eusa, Ouessant mystérieux : petit guide de l'île d'Ouessant, Quimper : Elisart, 2001.
↑Henry Le Bal, Mathyeu Le Bal, David Raynal, Le Scouëzec - Montparnasse, Quimper, Éditions Palantines, 2014.
↑Gwenc'hlan Le Scouëzec, Le Scouëzec 1881-1940 Montparnasse La Bretagne L'Afrique, Le Mans, Cénomane, , 159 p. (ISBN2-905596-59-7), p. 102-103.
↑Deux photographies en noir et blanc de l'époque de l'artiste sont conservées dans la collection Gwenc'hlan Le Scouëzec, sous le no 3557 du catalogue raisonné.