Antoine Chanzy, en conflit avec les représentants des Européens, doit céder la place. Albert Grévy, peu au fait des affaires coloniales, se laisse dominer par les colons membres de l’Assemblée nationale qui cherchent à étendre le pouvoir civil au détriment des militaires responsables de l’administration depuis la conquête. Il se bat pour l’assimilation, mais, taxés d’imprévoyance, il est remplacé par Tirman[3].
8 juin : arrivée à Benghazi de Ali Kiemali Pacha, nommé par Istanbul gouverneur de Cyrénaïque[4]. La Cyrénaïque retrouve son autonomie : la régence de Libye, réunifiée en 1871, est à nouveau divisée en deux administrations distinctes[5]. Le gouverneur entreprend des réformes de l’éducation et de l’armée.
25 juin : par un firman du sultan, le khédive d’ÉgypteIsmaïl Pacha est déposé au profit de son fils Tawfiq Pacha (fin en 1892). Ismaïl, qui a nommé le 27 avril un gouvernement sans ministres européens, est obligé de démissionner cinq jours après à la suite des pressions occidentales sur le sultan[6].
Jean Jauréguiberry, ancien gouverneur du Sénégal nommé ministre de la marine en février, fait adopter en septembre le projet de chemin de fer Sénégal-Niger. La Chambre des députés vote les crédits destinés à financer les études préliminaires relatives au Transsaharien. Le nouveau président du Conseil français Freycinet, nommé en décembre, est partisan de la construction du Transsaharien et de la « conquête pacifique » de l’Afrique par les chemins de fer et autres moyens de transport modernes[14].
Septembre-octobre : Muteesa Ier, kabaka (roi) du Bouganda demande successivement aux Protestants de la Church Mission Society et aux Pères blancs de le baptiser, ce qui lui est refusé en raison de sa polygamie. Un mois plus tard, il fait des ouvertures aux musulmans, puis finalement revient à la religion traditionnelle[16].
23 décembre : Muteesa Ier interdit les religions étrangères au Bouganda[18]. L’année suivante, il proclame l’islam religion officielle (), tout en reconnaissant aux Ganda la liberté religieuse. En 1885-1886, les chrétiens seront persécutés, ce qui dégénérera en guerre civile (1888-1890).
Au Bouganda, la religion traditionnelle jouit de la faveur du plus grand nombre : composée de médiums, de prêtres et de guérisseurs, la classe religieuse (Semakula Kiwanuka) est puissante et riche et contrôle d’immense domaines que le roi n’a pas le droit de confisquer. Pour le pouvoir, les religions étrangères apparaissent comme la promesse de ressources politique accrues et d’alliance diplomatiques multiples, ce qui explique les nombreux revirements du roi et de ses successeurs.
Décembre à avril 1881 : campagnes victorieuse de Samori Touré pour étendre son empire (Guinée actuelle) jusqu’à la mer. Les puissants Cissé défaits, seule la ville de Kankan semble s’opposer à l’expansion irrésistible de Samori Touré jusqu’en 1881[19].
1er juin : mort du Prince impérial, fils de Napoléon III, officier dans l'armée anglaise en guerre contre les Zoulous.
4 juillet : bataille d’Ulundi. Aidés par les dissensions internes et la trahison de certains chefs, les 20 000 soldats anglais de Sir Wolseley entrent dans Ulundi, la capitale zoulou. La ville est incendiée, le roi Chettiwayo emmené en captivité et l’État zoulou morcelé en plusieurs petites chefferies, dirigées par des hommes nommés et payés par les Britanniques, dont le Sud-africain John Robert Dunn[20].
16 février : le Chili prend le centre minier de Caracoles[24].
5 avril : le Chili déclare la guerre au Pérou ; la Bolivie déclare la guerre au Chili le lendemain[23]. Début de la guerre du Pacifique pour le contrôle des gisements de nitrate du désert d’Atacama. La Bolivie et le Pérou, liés par un pacte secret signé le , et croyant s’imposer facilement par les armes, refusent l’arbitrage international. Elle se termine en 1883 par la victoire du Chili qui conquiert les provinces d’Antofagasta sur la Bolivie et de Tarapacá sur le Pérou et devient la principale puissance de la côte Pacifique.
29 avril, Carhué : début de la conquête du Désert[26]. L’Argentine conquiert le sud de la Pampa. Victorieux des Indiens et de leurs alliés gauchos, le général Julio Argentino Roca s’empare de leurs terres. La vente de ces dernières aux officiers et aux riches propriétaires fait reculer la frontière des estancieros jusqu’à la Patagonie.
24 août : Cuba connaît une nouvelle insurrection, la « Guerra Chiquita »[27]. Elle ruine un peu plus une économie déjà exsangue qui tombe aux mains des Nord-Américains.
8 octobre : victoire chilienne décisive au combat naval de Angamos ; le monitor Huáscar est capturé par la marine chilienne[23].
11 décembre : constitution au Guatemala[28] instituée par le président de la République Justo Rufino Barrios, qui réaffirme le principe fédéral, ligne directrice du parti libéral.
28 février, Arabie : le sultan d’Oman lance une expédition maritime qui annexe le Dhofar[32]. Le pouvoir ibadite, rapatrié de Zanzibar depuis 1856, fonde sa nouvelle capitale à Salalah, ville portuaire du Dhofar de population sunnite. L’arrière pays, le désert de Rub al-Khali, est en partie contrôlé par les Omanais et constitue une frontière naturelle avec le Yémen ottoman.
Février : le député britannique Laurence Oliphant quitte l’Angleterre pour un voyage en Transjordanie. Il se rend à Constantinople en mai, et cherche à persuader le Sultan d’accorder des terres aux Juifs sous une charte de colonisation[33].
14 mai : arrivée à Levuka de 463 Indiens sous contrat d’indenture aux Fidji[35]. Les Britanniques introduisent dans les plantations de canne à sucre des journaliers indiens pour pallier le manque de main-d’œuvre. Ils seront nombreux à s’installer de façon permanente en marge des populations indigènes.
7 juillet : arrivée au Tibet du panditSarat Chandra Das, envoyé comme espion par les Britanniques (fin en 1881)[38]. Il rédige un dictionnaire tibétain-anglais qui reste une référence.
21 juillet, Hyderabad : échec en Inde d’une tentative de soulèvement contre les Britanniques organisé par le révolutionnaire maratheVasudev Balwant Phadke. Fait prisonnier, il sera condamné à la prison à vie[39].
3 septembre : assassinat de l’envoyé britannique en Afghanistan, Louis Cavagnari, qui remet en cause le traité de Gandamak[40].
2 octobre : signature du traité sino-russe du Livadia, qui fixe la frontière sino-russe en Asie centrale. La Russie occupe une partie de la vallée de l’Ili. L’ambassadeur Chonghou sera désavoué à son retour à Pékin et condamné à mort. La Chine dénonce le traité le . Un nouvel accord est conclu à Saint-Pétersbourg le [42].
victoire britannique à Charasiab. Kaboul est occupée le 9 par les forces anglo-indiennes[43]. Yakoub Khan, fils de Shir Ali Khan, qui avait pris la succession, est contraint d’abdiquer le 28 octobre[29].
ouverture du premier congrès des syndicats ouvriers en Australie ( Intercolonial Trade Union Congress, Sydney)[44]. Les syndicats, qui existent depuis plusieurs années, avait déjà réclamé l’établissement de la journée de travail de huit heures.
15 - 23 décembre : échec du siège du cantonnement britannique de Sherpur par les afghans[43].
Inde : une ordonnance exige qu’une proportion de moins de 1/6e des emplois de l’administration soit réservée aux Indiens[45].
21 février ( du calendrier julien), Russie : assassinat du gouverneur général de Kharkov, le prince Kropotkine[47]. Développement systématique du terrorisme par certains membres de Zemlia i Volia
2 mai : Pablo Iglesias fonde clandestinement à Madrid le parti socialiste ouvrier (PSOE) et son organe, El Socialista, issu de la Nouvelle Fédération[52].
22 mai : modification de la loi de 1868 sur l’instruction publique en Hongrie : l’enseignement du hongrois devient obligatoire dans toutes les écoles primaires et les écoles normales[53].
15 juillet : vote d’un tarif douanier protectionniste en Allemagne (droits d’entrée sur les produits céréaliers et industriels)[56]. Aggravé en 1885 et 1887 pour les céréales, il sert les intérêts de l’aristocratie terrienne et de la grande bourgeoisie industrielle qui s’unissent pour défendre l’ordre social et politique contre les socialistes et les libéraux de gauche (alliance du seigle et de l’acier). La production industrielle retrouve son niveau de 1873.
7 octobre : Duplice[43]. Confirmation de l’alliance austro-allemande, alliance défensive contre la Russie. Ce traité d’assistance militaire consacre la fin de la ligue des trois empereurs à la suite de la guerre russo-turque dans les Balkans, qui a démontré que les intérêts stratégiques de la Russie s’opposaient à ceux de Vienne. Deux axes émergent, l’un franco-russe, l’autre austro-allemand.
21 octobre : fondation de la Ligue agraire irlandaise, dirigée par le fenian Michael Davitt, elle est destinée à protéger les paysans contre les huissiers et les percepteurs de loyers[60]. Charles Parnell dirige le groupe des députés nationalistes irlandais aux Communes.
25 octobre ( du calendrier julien) : devant la pression des puissances occidentales, le ministère roumain de Bratianu accepte de réviser l’article 7 de la constitution qui écarte les Juifs de la citoyenneté. Les Juifs peuvent devenir citoyens roumains, mais restent exclus de la possession de terre[61].
23 juin : Angelina Beloff, peintre pleinairiste, graveuse, illustratrice de livres et auteure pour le théâtre de marionnettes mexicaine d'origine russe († ).
↑Jean Pirotte, Les Conditions matérielles de la mission : contraintes, dépassements et imaginaires, XVIIe – XXe siècles : actes du colloque conjoint du CREDIC, de l'AFOM et du centre Vincent Lebbe, Belley, Ain, du 31 août au 3 septembre 2004, KARTHALA Éditions, , 511 p. (ISBN978-2-84586-682-9, présentation en ligne)
↑Jean-Marie Mayeur, Alain Corbin et Arlette Schweitz, Les immortels du Sénat, 1875-1918 : les cent seize inamovibles de la Troisième République, Publications de la Sorbonne, , 512 p. (ISBN978-2-85944-273-6, présentation en ligne)
↑Jean-Louis Triaud, La légende noire de la Sanûsiyya : une confrérie musulmane saharienne sous le regard français (1840-1930), Les Éditions de la MSH, , 1151 p. (ISBN978-2-7351-0584-7, présentation en ligne)
↑Te Miringa Hohaia, Gregory O'Brien et Lara Strongman, Parihaka : The Art of Passive Resistance, Victoria University Press, , 232 p. (ISBN978-0-86473-520-1, présentation en ligne)
↑(nl-BE) J. de Bruijn, De sabel van Colijn : biografische opstellen over religie en politiek in Nederland, Hilversum, Uitgeverij Verloren, , 370 p. (ISBN978-90-8704-256-1, présentation en ligne)
↑Valérie Peyronel, Les relations communautaires en Irlande du Nord : une nouvelle dynamique, Presses Sorbonne Nouvelle, , 250 p. (ISBN978-2-87854-278-3, présentation en ligne)