Pelham Grenville WodehouseP. G. Wodehouse
P. G. Wodehouse en 1904, à 23 ans.
Pelham Grenville Wodehouse (/ˈwʊd.ˌhaʊs/), né à Guildford, Surrey, le , mort à New York le , est un auteur humoriste britannique naturalisé citoyen des États-Unis d'Amérique en 1955. Prolifique, il a écrit plus de 90 livres de récits (70 romans et 20 recueils de 200 nouvelles), plus de 100 autres récits en magazines, 400 articles, 19 pièces de théâtre, et 250 chansons pour 33 comédies musicales (pour Jerome Kern, Cole Porter, Ira Gershwin, etc.). Son personnage du valet de chambre Jeeves est devenu internationalement célèbre. Sa série Jeeves and Wooster fut adaptée pour la chaine de télévision ITV en 1990, et a été très bien reçue[2]. BiographieJeunesseIl naît prématurément en 1881 dans le Surrey, où sa mère, née Eleanor Deane, est de passage alors que son père, Henry Ernest Wodehouse (1845-1929), se trouve à Hong-Kong où il travaille dans l'administration coloniale[3]. Grenville Pelham, baptisé du nom de son parrain mais que la famille appelle Plum (prune), passe les deux premières années de sa vie outre-mer avant de quitter ses parents pour vivre en Angleterre avec ses deux frères aînés, Philip Peveril et Ernest Armine, sous la tutelle exigeante d'une demoiselle Roper[4]. En 1886, les enfants sont placés avec leur frère Armine dans une petite école privée de Croydon (Surrey), tenue par deux demoiselles Prince. Pendant les vacances, les enfants font des séjours chez leur grand-mère et rencontrent leurs oncles et tantes qui plus tard serviront de modèles pour des personnages de romans[5]. Lorsque Peveril développe des problèmes pulmonaires, les enfants sont envoyés à Guernesey dont le climat est réputé bénéfique[6]. Ils sont scolarisés à Elizabeth College, petite institution d'une centaine d'élèves[6]. Deux ans plus tard, Plum est inscrit à Malvern House, où il est supposé préparer les examens d'entrée dans la marine[6]. Mais il ne s'y plaît pas et en 1894 son père accepte qu'il rejoigne son frère Armine au collège de Dulwich[7]. Wodehouse entre dans la section classique où il étudie le latin et le grec. En 1896, ses parents, Eleanor et Ernest, accompagnés de leur dernier-né, reviennent s'installer en Angleterre, à Dulwich, et de pensionnaire Wodehouse devient externe[8], puis redevient pensionnaire lorsque ses parents décident de louer une maison dans le Shropshire. Son frère et lui obtiennent une bourse d'études pour Oxford, mais la famille n'a pas les moyens de payer les frais de scolarité pour deux étudiants et Wodehouse doit renoncer à l'université[8]. Il garde un excellent souvenir de ses années de collège qui deviendront plus tard une source d'inspiration[8]. Il lit beaucoup, pratique la boxe, le cricket et le football, chante dans la chorale de l'école et travaille comme rédacteur en chef du magazine The Alleynian[9].
Les débuts littérairesGrâce aux contacts que son père a gardés, il trouve un emploi dans les bureaux londoniens de la banque de Hong-Kong et de Shanghai, avec un salaire de 80 livres auquel s'ajoute une pension du même montant de son père[10]. Peu fait pour la banque, il se met à écrire des nouvelles et des articles sur les public schools avant de devenir journaliste en 1903. Il collabore au Globe et au Strand. En 1909, il part pour les États-Unis où il s'installe. Il est d'abord critique théâtral, puis auteur de pièces de boulevard et de comédies musicales (en collaboration avec Guy Bolton et Jerome Kern). En 1914, il fait la connaissance d’Ethel Wayman, qui a une fille de neuf ans, Leonora[11]. Il l'épouse dans le courant de la même année. Guerre mondialeWodehouse ne se soucie guère de politique. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939, il reste dans sa villa du Touquet en France, méconnaissant l’ampleur du conflit. Le , il est arrêté par les Allemands et retenu prisonnier d'abord à la prison de Loos-lès-Lille (Nord, France) puis à la citadelle de Liège (Belgique) et dans le fort de Huy en Belgique en . Il est transféré à Tost en Haute-Silésie, province de l'actuelle Pologne en et reçoit le matricule 796 [10]. À Tost, il amuse ses compagnons avec des sketches comiques qu'il utilise, une fois sorti du camp, peu avant ses 60 ans en , comme base d'une série d'émissions de radio que les Allemands le persuadent de réaliser à Berlin à l'intention des Américains (et non pas des Britanniques). Au Royaume-Uni, Wodehouse est accusé de collaboration avec les Nazis et même de trahison. Ses livres disparaissent de certaines librairies. Parmi ses rares soutiens figurent Evelyn Waugh et George Orwell qui en 1945 écrit In Defence of P. G. Wodehouse[12]. Nationalité américaineUlcéré par ces accusations, il part vivre à New York avec sa femme Ethel, en 1947. Sa belle-fille Leonora, sa confidente et conseillère, était morte en . Les Wodehouse n'ont pas eu d'autres enfants. En 1955, il devient citoyen américain et passe le reste de sa vie à Remsenburg, Long Island. Il ne reviendra jamais au Royaume-Uni. Il fut tardivement élevé au grade de Chevalier de l'Empire Britannique en 1975 et mourut peu après, à 93 ans d'une crise cardiaque au Southampton Hospital (Long Island), le de la même année. Son épouse Ethel est décédée en 1984 à 99 ans. HommageEn 2024, en présence du maire du Touquet-Paris-Plage, de membres néerlandais de la « P.G. Wodehouse Society », le propriétaire de la villa Low Wood sise avenue Allen-Stoneham, Philippe Cotrel, ancien maire de la commune, rend hommage à l'écrivain Pelham Grenville Wodehouse en apposant une plaque commémorative sur le pilier du portail de la villa, villa dont Wodehouse est propriétaire de 1935 jusqu'à 1940[13]. ŒuvreProlifique, Wodehouse a écrit plus de 90 livres de récits (70 romans et 20 recueils de 200 nouvelles), plus de 100 autres récits en magazines, 400 articles, 19 pièces de théâtre, et 250 chansons pour 33 comédies musicales (pour Jerome Kern, Cole Porter, Ira Gershwin, etc.). Parmi ceux-ci, les plus célèbres sont ses romans et nouvelles, pour la plupart situés dans le milieu de la gentry britannique de l'entre-deux-guerres (1918-1940). Ils sont caractérisés en surface par des intrigues emberlificotées et loufoques à la manière du vaudeville et du théâtre de boulevard, mais soutenus en profondeur par des personnages excentriques, des dialogues bondissants, et un humour idiosyncratiquement British. Mêlant l'argot édouardien délicieusement suranné de l'aristocratie à une grammaire impeccable, Wodehouse est aussi un magicien du langage, dont les images sont aussi insolites que drôles.
La bibliographie partielle ci-dessous reprend les principaux « cycles » (des regroupements devenus habituels d'ouvrages indépendants mais ayant un personnage ou un thème récurrent), avec quelques croisements qui font lister certains ouvrages dans plusieurs cycles. Les titres originaux sont systématiquement donnés dans l'édition parue au Royaume-Uni, même dans les cas où l'ouvrage a paru quelques mois plus tôt aux États-Unis sous un titre différent. En général, l'indication d'une date de première parution signale un ouvrage ancien non encore réédité (la première vague de traductions des années 1930 et 1940) ; pour ceux réédités sous un nouveau titre, les anciens titres sont consignés dans l'annexe Compilations et raretés. Depuis le début des années 1980, la majorité des traductions françaises sont publiées en livre de poche dans la collection « Domaine étranger » de 10/18 créée par Jean-Claude Zylberstein, avec de rares exceptions comme Hello, Plum ! dans la collection « Points » du Seuil, ainsi que depuis les années 2000 des parutions dans la collection « Culte fictions » de La Découverte et la collection « Arcanes » de Losfeld. Depuis 2010 Zylberstein a repris sa collection « Domaine étranger » aux Belles Lettres et il y a publié une douzaine de romans , la plupart inédits de Wodehouse. Jeeves et BertieJeeves et Bertie sont aussi connus au Royaume-Uni que Sherlock Holmes et le docteur Watson. Jeeves est le valet de chambre plein de style qui sauve toujours son jeune maître, l'inepte Bertram Wooster (dit « Bertie »), de situations invraisemblables. Le cycle comporte 36 nouvelles et 11 romans :
Blandings Castle et lord EmsworthBlandings Castle, dans le comté rural du Shropshire, est le théâtre des aventures aristocratiquement champêtres de lord Emsworth, un débonnaire seigneur campagnard, de son adoré cochon de concours, l'Impératrice de Blandings, de sa tyrannique sœur Connie, et de son imprévisible frère Galahad. Le cycle (qui recoupe une fois celui de Psmith, et deux fois celui d'Oncle Fred) comporte 11 romans et 9 nouvelles :
Oncle Fred et PongoLe sémillant comte Ickenham, Oncle Fred pour son neveu benêt Pongo Twistleton, est un charmant importun qui aime s'inviter sous de fausses identités pour arranger les affaires de cœur et d'argent des autres, et qui y parvient après de catastrophiques péripéties durant lesquelles son flegme n'égale que son aplomb à mentir. Le cycle (qui recoupe deux fois celui de Blandings, et recoupe celui de Bertie et Jeeves au sens où Pongo Twistleton est un ami de Bertie qui apparaît quelquefois dans ses aventures) comporte 1 nouvelle (qui relate les fameux incidents de la course de lévriers et du perroquet) et 4 romans (qui font toujours allusion en passant à ces incidents) :
Mr. Mulliner et sa familleMister Mulliner (alias Monsieur Mulliner) est un intarissable pilier de bar. À l'instar du Doyen des histoires de golf, il peut détourner n'importe quelle conversation pour raconter une histoire rocambolesque ou extravagante, toujours censément arrivée à un quelconque membre de son immense famille. Ce cycle de 42 nouvelles s'étale sur 10 recueils — 3 recueils complets à son nom, 6 recueils partiels (qui recoupent parfois le cycle du Drones Club, ou comportent aussi des nouvelles indépendantes des cycles de Blandings, Oncle Fred, Jeeves, le Doyen, ou Ukridge), et 1 omnibus (qui les reprend toutes plus deux inédites) — :
Histoires de golf et du DoyenLe golf, à l'instar du cricket, et de la boxe, était l'un des sports préférés de Wodehouse. Il y met en scène des golfeurs maladroits ou champions que le golf plonge dans des histoires rocambolesques mais sort toujours finalement du pétrin. La majorité de ces histoires (24 sur 32) sont racontées par le personnage anonyme du Doyen (the Oldest Member), qui ne joue plus au golf mais hante le club-house avec la solide habitude, à l'instar de Mr. Mulliner, de s'injecter dans la conversation des autres pour narrer une de ses histoires. Ce cycle de 32 nouvelles s'étale sur huit recueils — 6 recueils partiels (qui comportent parfois aussi des nouvelles indépendantes des cycles de Mr. Mulliner, de Jeeves, ou de Blandings) et 2 recueils complets :
Autres cycles et récitsIl existe beaucoup d'autres ouvrages, faisant partie de cycles moins connus (le Drones Club et ses membres, Psmith et Mike, écoles et écoliers, Ukridge et ses amis) ou indépendants. Parmi eux ont été traduits :
Compilations et raretésEn plus ou en parallèle des traductions complètes des ouvrages originaux :
AdaptationsAu regard de son succès, l'œuvre de l'auteur a fait l'objet de peu d'adaptations. Wodehouse était réticent quant aux adaptations par d'autres personnes que lui.
— Pelham Grenville Wodehouse, The World of Jeeves, 1967 Travailler à ses propres adaptations ne l'enchantait guère. Il fut employé par la MGM en 1930 mais peu utilisé : « Ils me payaient 2 000$ par semaine… Et ils semblaient avoir les plus grandes difficultés à me faire faire autre chose[15]. » Il retourna à la MGM en 1937 pour travailler au scénario de Rosalie, mais même si on lui attribuait à présent 2 500 $ par semaine et une villa luxueuse d'Hollywood, il déclara : « Je n'aime pas tellement cette vie. Je n'aime pas faire des films[16]. » Il fit malgré tout équipe avec Ian Hay, qui avait adapté Une demoiselle en détresse pour la scène en 1928, avec ses propres fonds et ceux de Wodehouse et A. A. Milne[17]. Ils partirent ensemble en vacances en Écosse, se trouvant « un tas d'intérêts communs ». Wodehouse aida son ami à adapter l'histoire de Baa Baa Black Sheep en 1929, puis ils cosignèrent la version pour la scène de Leave it to Psmith l'année suivante[18].
Liens externes
Notes et références
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