Jean-Pierre Soisson, né le à Auxerre (Yonne), où il est mort le , est un homme politiquefrançais. Figure de la droite, il est notamment plusieurs fois ministre, député de l'Yonne et maire d'Auxerre.
Biographie
Jeunesse et études
Jean-Pierre Soisson est le fils de Jacques Soisson (1909-1991) et de Denise Silve (1916-2001). Marié à Catherine Lacaisse, ils ont eu deux fils : Julien et David-Aurélien.
Jean-Pierre Soisson intègre ensuite la Cour des comptes[4], puis il devient conseiller d'Edgar Faure dans ses différents cabinets ministériels[6]. Il est un collaborateur d'Yvon Bourges lorsque celui-ci est secrétaire d'État à la Coopération[4].
Il enseigne alors à l'IEP de Paris comme maître de conférences, de 1962 à 1968[7].
Jean-Pierre Soisson devient un « ministre d'ouverture » dans le gouvernement de Michel Rocard de 1988 à 1991 en acceptant le poste de ministre du Travail. Il reste en place dans les gouvernements d'Édith Cresson (1991-1992) et de Pierre Bérégovoy (1992-1993). Il crée l'association France unie en .
Pendant cette période, le 25 février 1993, alors ministre de l'Agriculture, il valide la décision du sous-directeur de la protection des végétaux qui autorise l'ensemble des planteurs de bananiers à utiliser le reliquat de Curlone, à base de chlordécone, pour lutter contre le charançon du bananier, et ce jusqu'au 30 septembre 1993[9].
Après 1993
Député de la 1re circonscription de l'Yonne de 1968 à 2012, maire d'Auxerre de 1971 à 1998, Jean-Pierre Soisson abandonne son mandat de maire en 1998 lorsqu'il choisit de présider la région Bourgogne[5]. Après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, qu'il a soutenu, il bat son adversaire socialiste aux législatives du 17 juin 2007 par 54,5 % des voix.
En 1992, il est élu au poste de président du conseil régional de Bourgogne par le PS, les Verts et le FN, face à Dominique Perben, le candidat de la droite. Jean-Pierre Soisson démissionne de son poste en 1993. Il est réélu en 1998 grâce aux voix du RPR, des centristes, des chasseurs et d'une partie de celles du FN, bien que l'élection se fasse en deux fois[10],[11]. Il perd alors l'étiquette UDF à la suite de cette alliance avec le Front national, et s'apparente à Démocratie libérale. Aux régionales de 2004, dans un contexte favorable à la gauche, sa liste a été battue par celle de François Patriat (PS-PC-Verts).
Auteur de livres politiques, il a écrit avec Bernard Stasi et Olivier StirnLe Piège, une critique du programme commun, La Victoire sur l'hiver et ses Mémoires d'ouverture. Il a publié des biographies de personnalités bourguignonnes : Charles Quint, Charles le Téméraire, Marguerite, princesse de Bourgogne et Philibert de Chalon (éditions Grasset) ; une biographie de Paul Bert (éditions de Bourgogne) ; ainsi qu'un Saint Germain d'Auxerre et une Sainte Geneviève (éditions du Rocher/DDB)[5].
La responsabilité indirecte de Jean-Pierre Soisson est parfois évoquée par la presse et les médias quant au contexte local de l'affaire dite des disparues de l'Yonne et des affaires connexes ou concomitantes (affaire Pierre Charrier et affaire Claude Dunand), qui ont marqué l'histoire du département de l'Yonne et de la ville d'Auxerre, des années 1970 jusqu'au début des années 2000.
S'agissant de l'affaire des disparues de l'Yonne, devenue l'affaire Émile Louis, du nom du tueur en série condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2004 pour sept viols et assassinats, la classe politique locale a été associée à l'inaction des acteurs publics et au climat d'indifférence qui ont pu contribuer à retarder l'ouverture d'une enquête et l'action de la justice[15]. En tant que maire d'Auxerre, Jean-Pierre Soisson était membre de droit du conseil d'administration de l'Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) de l'Yonne[16], au sein de laquelle plusieurs des victimes d’Émile Louis étaient prises en charge. Son fondateur et secrétaire général, Pierre Charrier, est condamné en 1992 à 6 ans de prison, dont 3 avec sursis, pour attouchements sexuels avec violence sur une résidente handicapée[17],[18]. L'APAJH de l'Yonne est par ailleurs mise en cause par l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dans le volet administratif de l'affaire des disparues de l'Yonne[19],[20].
Jean-Pierre Soisson conteste toute passivité ou inaction et affirme avoir parlé au procureur de la République d'Auxerre, lorsqu'il a eu connaissance des rumeurs de disparitions et ce avant l'ouverture du volet judiciaire de l'affaire[18].
Dans l'affaire Claude Dunand, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1991 pour commerce, proxénétisme, sadomasochisme et actes de barbaries[21], Jean-Pierre Soisson a joué un rôle dans la demande de remise en liberté du prévenu, pendant sa période de détention provisoire. Tout en précisant qu'il ne savait pas qui était Claude Dunand, il confirme lui-même avoir transmis à Pierre Arpaillange, alors ministre de la Justice, une lettre rédigée par Georges Fritsch, visiteur de prison, dans laquelle ce dernier se prévaut de ses « vieilles et excellentes relations avec Jean-Pierre Soisson » pour plaider la cause de Claude Dunand[22]. Celui-ci est remis en liberté, dans l'attente de son procès, trois semaines après la transmission de cette lettre.
Mandats électifs et fonctions
Mandats électifs
Mairie d'Auxerre
14/03/1971 - 13/03/1977 : maire d'Auxerre
13/03/1977 - 06/03/1983 : maire d'Auxerre
14/03/1983 - 12/03/1989 : maire d'Auxerre
17/03/1989 - 18/06/1995 : maire d'Auxerre
25/06/1995 - 05/04/1998 : maire d'Auxerre
Conseil général de l'Yonne
01/01/1983 - 27/06/1988 : vice-président du conseil général de l'Yonne
Conseil régional de Bourgogne
17/03/1986 - 22/03/1992 : vice-président du conseil régional de Bourgogne
27/03/1992 - 17/04/1993 : président du conseil régional de Bourgogne
16/03/1998 - 28/03/2004 : président du conseil régional de Bourgogne
28/03/2004 - 28/03/2010 : conseiller régional de Bourgogne
Assemblée nationale - 1re circonscription de l'Yonne
11/07/1968 - 01/04/1973 : député de l'Yonne
02/04/1973 - 08/07/1974 : député de l'Yonne
03/04/1978 - 05/05/1978 : député de l'Yonne
02/07/1981 - 01/04/1986 : député de l'Yonne
02/04/1986 - 14/05/1988 : député de l'Yonne
13/06/1988 - 28/07/1988 : député de l'Yonne
02/04/1993 - 21/04/1997 : député de l'Yonne
01/06/1997 - 18/06/2002 : député de l'Yonne
19/06/2002 - 19/06/2007 : député de l'Yonne
20/06/2007 - 19/06/2012 : député de l'Yonne
Fonctions gouvernementales
27/05/1974 - 12/01/1976 : secrétaire d'État aux Universités
12/01/1976 - 25/08/1976 : secrétaire d'État auprès du premier ministre, chargé de la Formation professionnelle
27/08/1976 - 29/03/1977 : secrétaire d'État auprès du ministre de la Qualité de la vie, chargé de la Jeunesse et des Sports
Depuis le 2 juillet 2022, le groupe scolaire du hameau de Laborde (commune d'Auxerre) porte le nom de Jean-Pierre Soisson. La cérémonie de dévoilement de la plaque s'est tenue en présence de l'intéressé.
La dénomination avait été choisie par les habitants du hameau, et validée en conseil municipal d'Auxerre lors de sa séance du 19 mai 2022[26].
↑Jean-Michel Blanquer et Pierre Cordelier, E.N.A. 1959 : histoire d'une promotion, Perrin (réédition numérique FeniXX), (ISBN978-2-262-05836-4, lire en ligne)
↑Olivier Bertrand, « Cette Bourgogne qui s'accomode de la sauce FN : L'alliance conclue par Soisson, le président de région, a banalisé les lepénistes. », Libération, (lire en ligne).
↑Le Livre noir : Droite, extrême droite, les amitiés particulières.
↑Françoise-Marie Santucci, « Vingt ans d'indifférences : Sept handicapées ont disparu sans faire de vagues », Libération, (lire en ligne)
↑S1 E7 : La loi du silence [Production de télévision], Thierry Fournet et Vincent Hérissé (réalisateurs), dans La conspiration du silence (, 34:11 minutes), France 3 Bourgogne-Franche-Comté / AMDA Production, consulté le , la scène se produit à 18:01
↑« Disparues de l'Yonne : l'APAJH en accusation », Le Nouvel Observateur, (lire en ligne)
↑ a et bHenri Haget, « Qui protège Émile Louis? », L'Express, (lire en ligne)
↑Jean-Luc Rongé, « Yonne : de la disparition des jeunes : Les rapports de l'Inspection générale des affaires sociales », Journal du droit des jeunes, no 209, , p. 35-37 (ISSN2114-2068, lire en ligne)
↑Françoise-Marie Santucci, « Un sinistre pavillon à Appoigny », Libération, (lire en ligne)
↑S1 E5 : Où sont passés les tortionnaires ? [Production de télévision], Thierry Fournet et Vincent Hérissé (réalisateurs), dans La conspiration du silence (, 33:04 minutes), France 3 Bourgogne-Franche-Comté / AMDA Production, consulté le , la scène se produit à 18:08 : « Il s'agit d'un visiteur de prison, qui demande que soit examiné le dossier de Dunand, celui qui était en prison et qui a commis toutes ces erreurs (sic) à Appoigny. J'ai transmis, pour instruction, au garde des sceaux la lettre du visiteur de prison. »