Marie-France Marchand, qu'il a épousée en 1985[1], dirige le comité financier du groupe La Dépêche[2], ainsi que l'hebdomadaire d'annonces légales La Gazette[3] et dirige la Fondation La Dépêche[4]. Marie-France a repris la direction des magazines d'Hima Média, après la destitution de Jean-Christophe Tortora, considéré trop proche de Dominique Baudis, « le plus grand adversaire de La Dépêche »[5].
Jean-Michel Baylet a trois enfants[1] : Victoria, chargée de mission à la Fondation « La Dépêche »[6], Jean-Nicolas, nommé directeur délégué de La Dépêche du Midi en auprès de la direction générale du groupe[7] puis directeur général adjoint et directeur de la publication en [8] et Jean-Benoît, qui copossède l’entreprise Viking Investissement SA, avec sa mère[9].
En 2000, Jean-Michel Baylet divorce de son épouse Marie-France. Cette dernière se remarie en 2002 avec Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel depuis 2016.
Débuts à la Dépêche du Midi
Après avoir entrepris des études de droit à l’université de Toulouse, Jean-Michel Baylet devient journaliste dans le journal de sa mère La Dépêche du Midi en 1971[10].
Jean-Michel Baylet accède au poste de directeur général adjoint de La Dépêche, journal de sa mère, en 1975 et devient directeur général deux ans plus tard. En 1981, il devient également le gérant du journal bi-hebdomadaire Midi olympique et de l'imprimerie Salingardes (Le Villefranchois et La Nouvelle République des Pyrénées)[11].
Élu de Tarn-et-Garonne et ministre sous Mitterrand
Fidèle aux traditions radicales de sa famille, Jean-Michel Baylet se lance en politique en 1973 en fondant avec Robert Fabre le Mouvement des radicaux de gauche (MRG)[12]. En 1977, il devient le secrétaire national du mouvement, chargé des fédérations. Il le préside de 1983 à 1985.
Jean-Michel Baylet est élu maire de Valence-d'Agen en 1977 à la suite de son père et de sa mère. Il est élu député de Tarn-et-Garonne en 1978 et entre au conseil général de Tarn-et-Garonne en 1985 en remplaçant sa mère comme représentant du canton de Valence et comme président de l'assemblée départementale.
Fort des liens d'amitiés entre François Mitterrand et Evelyne Baylet, soutien du candidat socialiste à travers son journal depuis 1965, Jean-Michel Baylet est appelé au sein du gouvernement Laurent Fabius en , comme secrétaire d'État auprès du ministre des Relations extérieures en 1984. La forte présence d'Évelyne Baylet dans sa carrière lui vaut à ses débuts les surnoms de « veau sous la mère » et « fistonné »[13],[14].
À sa sortie du gouvernement, il devient sénateur de Tarn-et-Garonne (1986) jusqu'à sa réélection comme député aux législatives de 1988. Il ne siège pas, étant nommé dans le deuxième gouvernement Rocard de , en tant que secrétaire d'État chargé des collectivités locales en 1988, plus en adéquation avec son profil d'élu de terrain[15]. Il est d’ailleurs à l’origine de la loi Joxe-Baylet sur l’administration territoriale adoptée le créant les communautés de communes[16]. Dans ce même gouvernement, il succède à Olivier Stirn, contraint à la démission, comme ministre délégué au Tourisme le .
Par tradition familiale et politique, Jean-Michel Baylet entre dans la franc-maçonnerie en 1991, au sein de la loge Demain du Grand Orient de France fondée par Roger Leray et réunissant des personnalités du monde économique et politique[17].
L'alternance de ses candidatures à l'Assemblée et au Sénat semble l'avoir affaibli auprès de son électorat quand il échoue aux législatives de 1993, à retrouver son siège de député, face à Jacques Briat. Il retrouve le Sénat en 1995, laissant son ancien suppléant, Jean-Paul Nunzi, reprendre la circonscription lors des législatives de 1997[18].
En il est, en sa qualité de président du conseil général, renvoyé devant le tribunal correctionnel par le juge Jean-Michel Gentil pour « non-respect des dispositions du code des marchés publics » lors de la réalisation d'un magazine interne confiée à une entreprise dont son épouse et son fils sont actionnaires[19]. Il est relaxé en , les faits étant prescrits[20].
PDG du groupe La Dépêche
Jean-Michel Baylet est nommé président-directeur général du groupe La Dépêche en 1995 à la suite de sa mère[21].
Propriétaire de la majorité du capital du groupe avec sa sœur Martine Laffont-Baylet, à travers la holding familiale EMB, il prend également 10 % du capital en son nom lors de la refonte du capital en 1999 consécutif à la vente des parts de sa sœur et de la famille Caujolle[22].
Le journal, hégémonique en Tarn-et-Garonne et à Toulouse, est accusé d'être un instrument politique aux mains de Jean-Michel Baylet, moyen de valoriser les actions du président du conseil général, d’ostraciser ses adversaires, et de faire pression sur les acteurs régionaux[23]. À la suite de l'affaire Alègre, Dominique Baudis met en cause LaDépêche, et son PDG, considérant que la couverture de l'enquête par le journal a été volontairement à charge pour le salir[24],[25].
En 2007, Challenges classe au 480e rang des fortunes professionnelles françaises, Jean-Michel Baylet et sa famille, avec un patrimoine estimé à 61 millions d'euros, soit une baisse de 54 places par rapport au classement de 2006[26].
Une mise en examen le visant ainsi que sa sœur, sa mère et sa femme dans le cadre de la direction de LaDépêche du Midi[27], empêche Jean-Michel Baylet d'intégrer le gouvernement Lionel Jospin en 1997[5]. Dans ce dossier, il est condamné le à six mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende pour abus de biens sociaux, recel d'abus de biens sociaux, faux et usage de faux[28].
Jean-Michel Baylet est candidat à la primaire présidentielle socialiste de 2011. Seul candidat non socialiste, il insiste dans son programme sur son engagement européen. Face à la crise, il prône une « Europe fédérale », avec l'instauration d'un gouvernement économique européen, commun aux 17 pays membres de la zone euro[32].
Jean-Michel Baylet s’est également engagé pour la dépénalisation du cannabis estimant qu’il faudrait le vendre en pharmacie [33], pour l'euthanasie[34], ainsi que pour le mariage homosexuel[35]. La forte médiatisation des primaires lui permet d'accroître sa notoriété[réf. nécessaire] et celle de son parti[36]. Au soir du premier tour, le , Jean-Michel Baylet réalise un score de 0,64 % et est ainsi éliminé au premier tour de la primaire socialiste. Il rallie ensuite François Hollande pour le second tour. Pressenti pour entrer au gouvernement Ayrault, il privilégie la nomination de Sylvia Pinel et d'Anne-Marie Escoffier, donnant à son parti une représentation équivalente à celle des écologistes au sein du gouvernement[37].
Réélu à la présidence du PRG le [38], il accentue le pouvoir de son parti au sein de la majorité présidentielle au printemps 2014 en soutenant la politique de François Hollande, alors que les autres alliés de gauche s'en détachent, obtenant un ministère de plein exercice pour Sylvia Pinel et deux secrétariats d'État, confiés à Annick Girardin et Thierry Braillard au sein du gouvernement Manuel Valls. À l'occasion de la formation du deuxième gouvernement Valls, il négocie le soutien des onze députés radicaux pour l'abandon de la suppression des conseils généraux en zone rurale[39].
En mars 2015, il est élu conseiller départemental dans le canton de Valence[40] en tandem avec Christiane Le Corre[41],[42]. Malgré la conservation d'une majorité de gauche, il fait de nouveau face à la dissidence d'une partie de son camp et est contraint de ne pas se représenter à la présidence du conseil départemental. C'est le divers gauche Christian Astruc qui est élu, avec les voix de la droite, face à Marie-Claude Nègre, candidate du PRG[43].
Ministre sous la présidence Hollande
Le , il est nommé ministre de l'Aménagement du Territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales dans le gouvernement Manuel Valls (2).
Le , la députée écologiste Isabelle Attard interpelle le ministre à l'Assemblée nationale sur des accusations de violences qui auraient eu lieu en sur son assistante parlementaire, Bernadette Bergon. Dominique Baudis s'était notamment fait l'écho de ces accusations dans son ouvrage Face à la calomnie, publié en 2005[44]. Jean-Michel Baylet répond que l'affaire a été classée sans suite[45],[46] et porte plainte pour diffamation avant de retirer sa plainte[47],[48]. Selon BuzzFeed, Bernadette Bergon a retiré sa plainte pour violences avant le classement de l'affaire et une transaction financière a eu lieu entre les deux parties. En 2006, Bernadette Bergon a assigné en référé Dominique Baudis pour avoir révélé de manière implicite cette transaction secrète avec Baylet[49].
Candidat aux élections municipales de 2020 à Valence d’Agen, Jean-Michel Baylet l’emporte avec 54,5 % des suffrages exprimés face à une liste divers droite, ce qui lui permet de retrouver son mandat de maire, qu’il avait déjà exercé de 1977 à 2001[52],[53].
Lors des élections départementales de 2021, il est réélu dans son canton de Valence d’Agen face au Rassemblement national. Alors que la gauche retrouve la majorité au conseil départemental, Jean-Michel Baylet renonce à en briguer à nouveau la présidence, qui revient à Michel Weill (PRG). Pour expliquer cette décision inattendue, la presse avance la polémique entourant les accusations de viols et agressions sexuelles sur mineur portées contre Jean-Michel Baylet par la fille d'Yvon Collin, ami de Baylet et ancien sénateur PRG du département[54].
Affaires
Affaire Bernadette Bergon
Le , alors que Jean-Michel Baylet est député du Tarn-et-Garonne, une plainte est déposée à son encontre par sa collaboratrice parlementaire Bernadette Bergon pour coup et blessure. Il l'aurait ensuite, sous la menace, contrainte à rédiger une lettre de démission. Une transaction secrète avec la victime a été trouvée, confirmée par l’avocat de Jean-Michel Baylet, pour éviter toutes fuites[55] et le parquet a ainsi classé l'affaire sans suite, à la suite du retrait de la plainte[56].
Le , à l'Assemblée nationale, la députée Isabelle Attard interpelle Jean-Michel Baylet sur ce fait, avant que son micro ne soit coupé : « M. le ministre, vous étiez encore sénateur du Tarn-et-Garonne quand votre collaboratrice parlementaire a porté plainte contre vous à la gendarmerie de Toulouse, a avancé la députée. Voici ce qu'elle a déclaré : elle était à votre domicile lorsque vous l'avez frappé au visage à plusieurs reprises M. Le ministre. Vous avez enfermé votre collaboratrice chez vous en pleine nuit entièrement dévêtue et pieds nus[57] ». L'affaire avait été révélée par le site d'information Buzzfeed[58]. Le 20 octobre 2016, Isabelle Attard lance une pétition demandant la démission du ministre. En réaction, le ministre dépose une plainte en diffamation contre Isabelle Attard[59]. Cette plainte est retirée en 2018, une fois son mandat de ministre achevé[60].
Gestion de La Dépêche du Midi
Dans le cadre d'un dossier concernant sa gestion de LaDépêche du Midi, Jean-Michel Baylet est condamné le à six mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende pour abus de biens sociaux, recel d'abus de biens sociaux, faux et usage de faux[61].
Accusations de viols et agressions sexuelles sur mineur
Le parquet de Paris ouvre une enquête le sur des faits remontant à 1980 et prescrits concernant des accusations de viols et agressions sexuelles sur mineur, que Jean-Michel Baylet conteste. Une enquête est ouverte en juin 2020 après l'envoi d'une lettre d’Yvon Collin, ancien sénateurPRG du Tarn-et-Garonne, brouillé avec Jean-Michel Baylet depuis plusieurs années. Sa fille Nathalie Collin (kinésithérapeute), 52 ans, est auditionnée en août 2020. Nathalie Collin a déposé une plainte à la suite de quoi Jean-Michel Baylet est entendu par la brigade de protection des mineurs de Paris le [62],[63],[64],[65]. Il est confronté le 19 octobre 2021 à la plaignante, qui l'accuse (ce qu'il conteste) de l'avoir violée entre ses 12 et 14 ans[66],[67]. L'enquête est classée sans suite en 2022, pour prescription des faits[68].
Positionnement politique
Jean-Michel Baylet est positionné à gauche sur l’échiquier politique (ancien président du MRG (mouvement radical de gauche) puis du PRG (parti radical de gauche). Il a été secrétaire d'État puis ministre dans les gouvernements Fabius, Rocard 2 et Cresson, sous la présidence de François Mitterrand. Il a occupé les mêmes fonctions dans les gouvernements Valls 2 et Cazeneuve, sous la présidence de François Hollande.
Jean-Michel Baylet, La Nouvelle alliance : pour un grand parti démocrate à la française, Paris, Robert Laffont, coll. « Franc-parler », , 183 p. (ISBN2-221-04503-3, BNF34778648)
↑Marie Kirschen et David Perrotin, « La transaction secrète entre Baylet et son ex-collaboratrice qui l’accusait de violences », Buzz Feed News, 10 mars 2016. Lire en ligne
↑Marie Kirschen, « La transaction secrète entre Baylet et son ex-collaboratrice qui l’accusait de violences », Club de Mediapart, (lire en ligne, consulté le ).
↑Aymeric Misandeau, « Une affaire d'agression de Baylet contre une ex-collaboratrice exhumée à l'Assemblée », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
↑Isabelle Fajal, « Le propriétaire de L’Indépendant conteste des accusations de viol sur mineur : Jean-Michel Baylet a été entendu par la justice le 25 février », La Clau, (lire en ligne, consulté le )
Jean Volff, Un procureur général dans la tourmente. Les dérives de l'affaire Alègre, L'Harmattan, Paris, 2006, p. 25 à 31.
Edgar Faure, secrets d'État, secrets de Famille, préface de Jean-Michel Baylet et Jean-Louis Borloo (écrit par Rodolphe Oppenheimer-Faure et Luc Corlouër) petit-fils de l'ancien président du Conseil, éditions Ramsay, 2014