De 1862 à 1866, il voyage à Rome grâce à une bourse d'études de sa ville natale. Au Salon de 1866, il obtient une médaille[4] avec Les Assassinés, acquise 5 000 francs par l'État pour le musée de Lille. Cette somme d'argent lui permet de voyager en Espagne, où il restera trois ans pour copier les grands maîtres, notamment Velázquez[5]. Son style en est transformé : il délaisse l'influence de Courbet pour celle du maître espagnol, dont il sera avec Manet un des plus fervents admirateurs.
En , il épouse Pauline Croizette[6], pastelliste et miniaturiste, qui pose pour La Dame au gant en 1869 (Paris, musée d'Orsay). Ils auront trois enfants, deux filles et un garçon. Leur aînée Marie-Anne épousera plus tard Georges Feydeau.
À partir de 1870, à la suite de la renommée de La Dame au gant, il se consacre principalement aux portraits. Son succès lui permet d'ouvrir un atelier à Paris au 81, boulevard du Montparnasse (proche de son domicile du 58, rue Notre-Dame-des-Champs), où il enseigne la peinture en prenant Vélasquez comme référence. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1872 et il est promu officier en 1878, commandeur en 1889 et grand officier en 1900.
Carolus-Duran fréquente la station balnéaire de Saint-Aygulf, où il possède une villa familiale. La station balnéaire possède deux toiles données par Carolus-Duran et conservées dans la chapelle[10], le Christ en croix et La Mise au Tombeau du Christ (1882). La station balnéaire a dédié une place et une plage au nom de l'artiste.
Carolus-Duran visite ses élèves de manière régulière le mardi et le vendredi. L'enseignement est gratuit, hors une participation au chauffage de l'atelier et à la location des modèles.
Carolus-Duran adhère à la maxime : « Exprimer le maximum avec le minimum de moyens ». Selon lui, un portrait doit être réalisé à partir d'une ébauche, directement sur la toile, sans dessin préparatoire. Les cinq ou six surfaces principales du visage doivent être posées d'abord, sans être fusionnées, et les détails construits à même la toile. L'attention doit porter sur les effets de lumière à la surface plutôt qu'à une construction de masses et de volumes. Bouguereau, l'un des principaux maîtres de l'académisme français, considérera cette attitude comme erronée.
John Singer Sargent a lancé sa propre carrière en exposant le portrait de son maître. En haut, il a ajouté une inscription rendant hommage à son professeur et se décrivant comme un « élève affectueux ». Sur son revers, Carolus-Duran y porte l'épinglette rouge de la Légion d'honneur française, décernée pour sa contribution aux arts[13].
Réception critique
Alors que la peinture française était en pleine évolution avec les impressionnistes et leurs disciples, il a souvent été reproché à Carolus-Duran, notamment par Camille Pissarro[14], de ne pas utiliser sa technique et son talent évidents de façon plus aventureuse et de ne se consacrer qu'à des portraits, certes rémunérateurs, mais conventionnels.
Émile Zola écrit : « Seulement Carolus-Duran est un adroit ; il rend Manet compréhensible au bourgeois, il s'en inspire seulement jusqu'à des limites connues, en l'assaisonnant au goût du public. Ajoutez que c'est un technicien fort habile, sachant plaire à la majorité[15]. »
Carolus-Duran, ami de Degas et de Manet[16], a su naviguer entre l'académisme d'un Cabanel et de ses disciples, et l'expérimentation de ses contemporains plus hardis. Il a su insuffler à ses portraits un naturel et une vie qui les font sortir du lot[17].
↑Acte de mariage no 26 (vue 14/31). Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du 16e arrondissement, registre des mariages de 1868. Zacharie Astruc figure parmi les témoins.
↑(en) « Madame Feydeau », sur Musée de l'art Occidental, Tokyo (consulté le )
↑Intégrée à l'église de Notre-Dame-de-l'Assomption.
↑Acte de décès no 901 (vue 24/31). Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du 14e arrondissement, registre des décès de 1917.
↑« Les obsèques de Carolus-Duran », Le Petit Parisien, , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) « Carolus-Duran », sur Clark Art Museum (consulté le ).
↑Camille Pissarro, 1830-1903, Hayward Gallery, Galeries nationales du Grand Palais, 1980, p. 9 : « Mais rappelle-toi donc Bastien-Lepage ! et Carolus Duran!!! Eh bien non, ce n'est pas de l'art. » — Camille Pissarro à son fils Lucien, 1884.