Le , la municipalité de Lille ouvre sur proposition du peintre Jean-Baptiste Joseph Le Tillier (Lille, 1728 - Paris, après 1777)[1] une « école gratuite de dessin de Lille ». L'objet de cette école est de répondre aux besoins des manufactures et des fabricants en dessinateur pour leur industrie. Letillier proposera que les élèves travaillent d'après nature et demande à cet effet un modèle vivant, mais il n'est pas entendu et l'étude d'après nature ne commencera que dix ans plus tard[2].
En 1760, l'architecte lillois François-Joseph Gombert (1725-1801) introduit à l'enseignement un cours sur l'architecture[4]. En 1762, les mathématiques figurent au programme, enseignées par le médecin Nicolas Joseph Saladin (La Bassée, 1733 - Strasbourg, 1829).
En 1766, l'école s'installe dans de nouveaux bâtiments spécialement aménagés pour elle dans la rue des Récollets. Un règlement est édicté le [5],[6]. Les élèves ne peuvent s'inscrire en architecture qu'après avoir suivi les leçons de l'école de dessin. L'étude d'après le modèle vivant est enseignée. La moyenne d'âge des élèves à l'entrée de l'école est 17 ans[7]. La distribution des prix a lieu le .
Outre l'enseignement, la ville de Lille organise des expositions annuelles[8] pour les artistes amateurs et professionnels, les artisans, ainsi que pour élèves à partir de 1773 ; elles cesseront en 1820.
L'Académie des arts, fondée en 1775, permet aux artistes admis d'être totalement libérés des règlements et des taxes fixés par leurs corporations, et ce jusqu'en 1793, date de la suppression des académies. Les cours reprendront dans un établissement dénommé « École centrale » jusqu'au , date de sa suppression par décret impérial.
Le , la Ville de Lille rétablit une école d'enseignement des métiers d'arts sous le nom d'« École académique », reconnue par un décret impérial du .
L'école emménage vers 1830 dans un nouveau bâtiment construit à l'angle de la rue de la Monnaie et de la rue Alphonse-Colas en face du conservatoire[9].
En 1885, l'État créa dans plusieurs villes de France des écoles régionales d'architecture qui donnent le même enseignement, exécutent les mêmes épreuves et ont les mêmes sanctions que ceux de l'école des beaux-arts de Paris. Les études sont consacrées par le titre d'architecte diplômé par le gouvernement. Le , le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts nomme Jules Batigny directeur de l'école régionale d'architecture de Lille au sein de l'école des beaux-arts de Lille. Georges Dehaudt, professeur du cours supérieur d'architecture de l'École régionale de Lille est nommé directeur par arrêté ministériel du en remplacement de Jules Batigny décédé.
L'arrivée de Robert Mallet-Stevens en est l'occasion de faire parler de l'école dans la presse régionale[10].
La venue de cet architecte perçu comme très Parisien, déjà créateur en 1932 de la villa Cavrois dans la ville proche de Croix, est soutenue par Gabriel Pagnerre. Son projet de modernisation des enseignements sera stoppé par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale : sa démission est donnée en octobre 1939. Un projet immobilier pour l'école lui est dû, daté de 1936.
Sitôt nommé, Mallet-Stevens rédige une note dans un passage de laquelle (§ 8) il envisage de recourir à « des conférences à faire par des hommes très connus tant par leur activité que par leur passé. Ces conférences donneraient de la vie à l'École, ouvriraient des horizons nouveaux aux élèves et la qualité de premier plan des conférenciers donnerait à l'École un juste renom : »
Or le programme de la scolarité 1937-1938 indique que le « cours d'architecture est suspendu », ce qui dénote les embarras que la venue d'un personnage de son envergure a provoqués[12].
En 1964, l'école est déplacée de la rue Alphonse-Colas au 97, boulevard Carnot, à l'angle de la rue des Urbanistes, dans un immeuble neuf édifié entre 1959 et 1964 par Marcel Favier et Ludwik Peretz.
↑Archives municipales de Lille, carton 103, Règlement de l'Académie des Arts de Lille.
↑Un concierge assure la surveillance des élèves pendant les cours. Les élèves contrevenants au règlement sont chassés de la classe la première fois jusqu'au lendemain, la seconde fois le concierge porte les faits à la connaissance des parents et la troisième fois l'élève récalcitrant doit s'acquitter d'une amende de cinq sols qu'il verse dans la boîte destinée à cet usage aux profits des pauvres. À défaut de paiement, il est exclu des cours jusqu'à ce qu'il ait rempli ses obligations.
↑F.-J. Lardeux, « M. Robert Mallet-Stevens, directeur de l'École des Beaux-Arts à Lille, grand artiste moderne. », Le Grand Écho du Nord de la France, no 296, , Une et 3 (lire en ligne, consulté le ).
↑F.-J. Lardeux, « Le nouveau directeur de l'École des Beaux-Arts de Lille / Une protestation (signée de Maurice Vandenbeusch au nom de l'association des anciens élèves et amis de l'École des Beaux-Arts. », Le Grand Écho du Nord de la France, no 296, , p. 3 (lire en ligne, consulté le ).
↑Prospectus des leçons de dessin, d'architecture et de mathématiques qui seront données dans l'École publique, rue des Récollets, par MM. les professeurs Guéret, Gombert et Saladin, choisis par Messieurs les Magistrats de la ville de Lille, vol. AM Lille carton 103 Liasse 1, Lille, coll. « Archives municipales de Lille », .
Joseph Paris de Lépinard, « Notes pour servir à l'histoire de l'École de dessin de la ville de Lille - continuation et remplacement de la loi de la ville de Lille 1er novembre 1775 », dans Jean-Paul Visse, 1789, l'année révolutionnaire, FeniXX, (ISBN9782402129558, lire en ligne).
Hippolyte Verly, Essai de biographie lilloise contemporaine, 1800-1869 : augmenté d'un supplément et accompagné de notes historiques et bibliographiques, Lille, Six-Horemans, coll. « Leleu, libraire, rue du curé Saint-Etienne, 11 », , 250 p. (lire en ligne), p. 212 / 223-236 (École académique de Lille).
Jules Houdoy, L'Académie des Arts de Lille : Études artistiques, Paris, , p. 89-114.
Jules Duthil, Les écoles académiques de Lille : Au jour le jour, t. III, , p. 192-199.
A. de Meunynck, Les médailles de l'École des beaux-arts de la ville de Lille et les origines de cet établissement : Au jour le jour, t. XIV, , p. 406-416.
Edmond Leclair, L'École centrale de Lille, 1795-1803, R. Giard, , 123 p. (BNF30765130).
Jean-Jacques Duthoy et Hervé Oursel, L'enseignement à l'Académie des Arts de Lille au XVIIIe siècle : (À propos d'un album de dessins de la Bibliothèque municipale de Lille), vol. 281, t. LXXI, coll. « Revue du Nord », (lire en ligne), p. 377-399.
Hervé Oursel, « L'Académie des Arts de Lille au XVIIIe siècle », in Anton Willem Adriaan Boschloo (1938-2014) et al (éd.) Academies of Art between Renaissance and Romantism, La Haye, 1989, p.244-253.
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