La première bataille de Port-Saint-Père a lieu lors le de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des républicains qui s'emparent de Port-Saint-Père.
Bien que chargés de surveiller la sortie de Nantes, les habitants de Bouguenais ne donnent pas l'alerte[1],[2]. Beysser traverse ce bourg, qu'il trouve désert[8] et arrive jusqu'à Bouaye presque sans être aperçu des insurgés[2], n'ayant trouvé comme obstacles que deux tranchées coupant la grand'route au niveau du bois de la Noë[2],[7],[8].
Au matin, à onze heures[7], les républicains commencent à canonner Port-Saint-Père[2]. Les Vendéens placent leur canon de 18 livres sur la grand'route et les deux autres dans le cimetière[2]. Les insurgés tentent de défendre le passage, espérant les renforts de Charette à Machecoul[1],[2]. Cependant les pièces républicaines sont mieux servies que celles des Vendéens[6]. Après une longue canonnade, les chefs Pajot et Lapierre sont blessés et doivent se retirer[1],[2]. Privés de leurs chefs, les insurgés se débandent[2]. Selon Lucas de La Championnière, Chauvet, ancien garde national, passé aide-de-camp de Pajot après avoir été capturé par les Vendéens, change une nouvelle fois de parti et fournit un bateau aux républicains pour leur faire traverser la rivière[2]. Cependant ce récit n'est confirmé par aucune autre source selon l'historien Lionel Dumarcet[9]. Après trois heures et demie de combats[1],[4] et au moins 250 coups de canons tirés[9], Port-Saint-Père est aux mains des républicains[5]. Ces derniers font ensuite venir des bateaux de Nantes pour établir un pont[7].
Le général Beysser écrit au département[A 2] que ses pertes ne sont que d'un homme tué et de six blessés[3]. Il déclare ignorer les pertes des « brigands », précisant que seulement deux hommes tués ont été trouvés sur place, et affirme s'être emparé de quatre canons et de six pierriers[3],[4].
« Un courrier dépêché le matin du Port-Saint-Père, répandait dans tout le pays la bonne nouvelle de l'arrivée d'une armée nombreuse venant à notre secours par le chemin de Clisson. On n'y trouvait rien d'impossible et quelques coups de canon tirés presque aussitôt du Port-Saint-Père furent pris pour un signe de réjouissance qui en assurait la vérité. Cependant la canonnade devenant plus vive, on ne tarda pas à être détrompé. Les habitants de Bouguenais devaient monter la garde auprès de la Gaudinière et prévenir le Port-Saint-Père aussitôt la sortie des Nantais ; sans doute qu'ils trouvèrent plus prudent de se retirer chez eux ; Beysser suivit sa route sans trouver d'autres obstacles qu'une coupure faite au grand chemin, vis-à-vis le bois de la Noë, et arriva jusqu'à Bouaye, presque sans être aperçu. Pajot eut à peine le temps de réunir 200 hommes avant que le combat commençât. Cependant il s'obstina à disputer le passage pour donner le temps à M. Charette de le pouvoir secourir. Un boisseau de poudre et quelques gros boulets étaient sa seule ressource. Deux pièces de canon placées dans le cimetière et une autre de 18 braquée sur lagrand'route, répondaient de temps en temps au feu continuel des républicains ; enfin, après avoir essuyé trois cents et quelques coups de canon, le brave Pajot et Lapierre furent blessés et obligés de se retirer ; tout le reste prit la fuite. Le même Chauvet, dont j'ai parlé, passa le bateau aux républicains et leur fit voir pour obtenir sa grâce qu'il avait mis un mouchoir dans la culasse du canon pour en empêcher l'effet[2]. »
« Je vous rends compte, citoyens, de ma marche. Mon avant-garde est partie à quatre heures du matin, et s'est dirigée sur le port Saint-Père; elle a trouvé six retranchements avisez considérables, mais, par l'activité de nos ouvriers, les passages ont été très bien rétablis.
L'avant-garde, à la vue du port Saint-Père, a été canonnée sur-le-champ par les brigands, après avoir fait sonner le tocsin, et arbore le pavillon blanc. Le commandant a fait riposter; le gros de l'armée arrivée j'ai fait une vigoureuse attaque, où malheureusement nous avons eu un homme tué et six blessés parmi eux se trouve le commandant d'artillerie de Paris. Elle a duré au moins trois heures et demie; nous nous sommes embarqués, et nous sommes emparés du poste qu'ils ont abandonné lâchement. Nos troupes ont débarqué malgré leur résistance. Nous y avons trouvé quatre pièces de canon et six pierriers; leur perte ne nous est pas connue nous avons trouvé 2 hommes tués sur la place, et leurs deux commandants blessés, et quelques–uns des leurs.
Les habitants sont venus au-devant de nous apportant le drapeau blanc; ils ont, demandé grâce à genoux. Demain je marche sur Machecoul, et j'espère que nous aurons de bonnes nouvelles à vous annoncer; il n'est pas possible de bien exprimer combien les soldats seront bien montrés, et ont donné des preuves de valeur. J'ai fait brûler le drapeau blanc en présence de toute l'armée[4]. »
Archives parlementaires de 1787 à 1860, t. 63 (lire en ligne).
Alain Chantreau, « Deux attaques de Legé par les armées républicaines : 30 avril et 5 mai 1793 », dans Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de Vendée, Economica, , 656 p.
Lionel Dumarcet, François Athanase Charette de La Contrie : Une histoire véritable, Les 3 Orangers, , 536 p. (ISBN978-2-912883-00-1).
Alfred Lallié, Le district de Machecoul, études sur les origines et les débuts de l'insurrection vendéenne dans le pays de Retz, Nantes, Vincent Forest et Emile Grimaud, , 438 p. (lire en ligne).