Le camp militaire de Moutiers-les-Mauxfaits est peu fortifié, contrairement à ceux de la Rouillère et de Fréligné[2],[1],[4]. Il n'a été installé que quelques jours plus tôt afin de protéger l'enlèvement des récoltes[2].
D'après le général républicain Michel de Beaupuy[A 1], le détachement chargé de sa défense ne compte que 800 hommes, tandis que les royalistes sont estimés à 3 000 hommes[1],[5]. L'armateur sablais Collinet rapporte quant à lui dans son journal que 2 000 fantassins vendéens menés par Charette et Saint-Pal ont été signalés à La Chaize-le-Vicomte deux jours avant l'attaque[1].
Les troupes républicaines sont issues du 4e bataillon de volontaires du Puy-de-Dôme, du 4e bataillon de volontaires de la Vienne et du 5e bataillon de volontaires de la Marne[2],[5]. La cavalerie est formée par des détachements des 10e et 15e régiments de chasseurs à cheval[2],[5].
Déroulement
Le 24 septembre, les forces de Charette et Saint-Pal paraissent devant Moutiers-les-Mauxfaits[2]. Selon les sources royalistes, les Vendéens attaquent sur une colonne avec la cavalerie sur leur flanc gauche, tandis que les rapports républicains affirment qu'ils se présentent avec trois colonnes[1].
Un détachement républicain se porte à la rencontre des Vendéens et ouvre le feu, leur tuant quelques hommes[2]. Une charge de cavalerie fait ensuite refluer l'avant-garde royaliste[2]. Le gros de l'armée de Charette se présente alors[2]. Le détachement républicain est chargé à son tour par la cavalerie vendéenne et recule[2].
Constatant bientôt la supériorité numérique de leurs ennemis, les républicains abandonnent le combat et battent en retraite en bon ordre[2]. Ils se replient sur Saint-Cyr-en-Talmondais, distant de deux lieues[5].
Pertes
D'après Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière[A 2], suivi par Le Bouvier-Desmortiers, seule une soixantaine de soldats républicains parviennent à s'enfuir[2],[1]. Cependant ce bilan est contesté par l'historien Lionel Dumarcet : « Cela reviendrait à dire qu'il y eut 740 morts ! Les rapports républicains ne livrent aucun chiffre, mais ne donnent nullement l'impression d'une pareille hécatombe. La description sommaire du combat dans les deux camps laisse entendre qu'il se limita à quelques tués »[1].
Conséquences
Après le combat, Charette ayant constaté que les troupes de Saint-Pal se sont bien battues, en déduit que leur manque de succès dans les affaires précédentes vient d'un problème de commandement[2]. Saint-Pal est alors destitué et remplacé par Le Moëlle[2]. Vexé, Saint-Pal réclame le conseil de guerre, mais Charette n'accède pas à sa requête et le nomme à la fonction très subalterne d'inspecteur de division[2].
« Le 3 vendémiaire, l'adjudant général Marotte, commandant des troupes campées en avant de Luçon, a écrit que le poste des Moutiers les-Mauxfaits, fort d'environ 800 hommes a été obligé de se reployer sur Saint-Cyr, distant de deux lieues. Ce poste avait été établi pour protéger l'enlèvement d'abondantes récoltes, et notre peu de forces nous avait empêché d'y mettre un plus grand nombre de troupes. D'après les différents rapports, il paraît que les brigands, forts d'environ 3 000 hommes, ont attaqué ce poste sur trois colonnes ; leur cavalerie, dont le nombre n'est pas certain, a vivement assailli notre gauche, défendue par le 4e bataillon du Puy-de-Dôme et un détachement du 4e de la Vienne; ces troupes ont reployé trop précipitamment, ce mouvement a jeté un peu de désordre; mais le 5e bataillon de la Marne a fait la retraite, avec un détachement de chasseurs à cheval des 10e et 15e régiments. Le chef du bataillon de la Marne a eu son cheval tué sous lui[5]. »
« Depuis quelque temps on avait choisi les plus braves de chaque division pour en former des compagnies de chasseur ; les chasseurs portaient de grands panaches de poils de bouc et le bon ordre de leur marche et leur bravoure au combat, comparativement au reste, les fit passer parmi les ennemis pour des troupes étrangères. Nous avions soins d'accréditer de pareils bruits et la vue des panaches nous valut, peu de temps après le combat de Fréligné, une victoire dans les landes de Moutiers-les-Maufaix.
M. Saint-Pal commandait la division de ce pays ; et comme ses troupes et sa réputation n'en imposaient point l'ennemi, à notre entrée dans la Lande, un détachement vint à nous pour nous mettre en fuite, croyant n'avoir à faire qu'à Saint-Pal. Ce détachement nous approcha de fort près sans être aperçu et nous tira nombre de coups de fusils qui nous tuèrent quelques hommes. On le fit charger par un peloton de cavalerie et aussitôt nous marchâmes vers le camp. Les républicains sortirent de leurs baraques et s'avancèrent en bataille ; nous continuâmes de marcher sur eux en colonne ayant notre cavalerie à notre gauche ; nous nous tînmes ainsi jusqu'à portée de fusil : alors, poussant de grands cris, et agitant ses plumets, notre avant-garde commença la charge, mais les républicains n'y répondirent point. Sans tirer un coup de fusil, ils firent un à droite et prirent la fuite ; notre cavalerie, qui marchait de front avec nous, fut bientôt au milieu d'eux. Nous poursuivîmes jusqu'au pont de Luçon : il s'en échappa à peine une soixantaine.
Le Général, en allant au combat, fit placer les chasseurs de Saint-Pal à la tête de l'armée et donna l'ordre à l'avant-garde de tirer dessus s'ils reculaient. Ces soldats, au lieu de la faiblesse qu'on leur supposait, montrèrent beaucoup d'intrépidité, ce qui donna la conviction que le peu de succès de cette division devait être attribuée à son chef ; il fut destitué le lendemain et M. le Moat mis à sa place. M. de Saint-Pal demanda à être jugé par un conseil de guerre et présenta un mémoire dans lequel il rendait compte de sa conduite.
Le Général, pour le consoler, le nomma inspecteur des divisions, place dont les fonctions étaient absolument nulles[6]. »
Lionel Dumarcet, François Athanase Charette de La Contrie : Une histoire véritable, Les 3 Orangers, , 536 p. (ISBN978-2912883001).
Simone Loidreau, « L'attaque surprise par Charette du camp de La Roullière (8 septembre 1794) », dans Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de Vendée, Economica, , 656 p.
Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. IV, Paris, Baudoin Frères, Libraires-éditeurs, , 508 p. (lire en ligne).