La bataille des Landes de Béjarry se déroule entre le et le près de Saligny, lors de la guerre de Vendée.
Prélude
Battue le 27 novembre 1795 à la bataille de Saint-Denis-la-Chevasse, l'armée vendéenne de Charette devient errante et cherche à éviter les colonnes républicaines du général Hoche[1]. Dans ses mémoires, l'officier royaliste Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière écrit : « L'ennemi nous cernait de toute part et le cercle se resserrait tous les jours ; nous recommençâmes la marche qui nous avait sauvés autrefois et, nous mettant en bataille tout le jour dans de grandes landes d'où nous pouvions voir de fort loin, nous traversions pendant la nuit entre leurs postes »[1].
Déroulement
La date du combat des landes de Béjarry — ou de Boisjarry — n'est pas connue avec exactitude. D'après le rapport de Hoche, le combat se déroule entre le 27 novembre et le 3 décembre 1795[2]. Lors de cette action, une partie de l'armée vendéenne menée par le général en second Jean-Baptiste de Couëtus attaque une colonne de l'adjudant-général Delaage, forte de 500 hommes selon Lucas de La Championnière[4],[1]. D'après le récit de l'officier vendéen, les républicains occupent alors un poste près de Saligny, sur le bord de la lande[5]. Les Vendéens mettent d'abord en fuite quelques républicains[5] mais le terrain n'est pas favorable aux mouvements de la cavalerie et les patriotes s'en tirent avec des pertes légères[4].
Le 3 décembre, le général Hoche écrit au général Grouchy : « Nous avons perdu cinquante-sept hommes en deux affaires ; La Robrie y a été tué, ainsi que plusieurs autres chefs[2],[7]. ». Le Moniteur universel donne pour sa part le 18 frimaire, soit le 8 décembre, un bilan de 57 tués et 32 blessés dans deux actions contre Charette livrées autour du 10[3],[A 2].
« Depuis cette époque, nous fûmes toujours errans, occupant successivement le bourg de Saligné, de la Latterie, Saint-Denis, Montorgueil, la Chicaillère, etc. ; pendant ce temps, l'ennemi nous cernait de toute part et le cercle se resserrait tous les jours ; nous recommençâmes la marche qui nous avait sauvés autrefois et, nous mettant en bataille tout le jour dans de grandes landes d'où nous pouvions voir de fort loin, nous traversions pendant la nuit entre leurs postes, et c'est par ce moyen que nous vînmes attaquer 500 hommes aux landes de Béjarry ; M. de Couëtus dirigeait cette expédition ; nous fîmes peu de mal à l'ennemi, le pays était trop coupé pour que notre cavalerie pût agir.
Nous y perdîmes Robrie, le plus brave officier de ceux qui nous restaient. Sa mort fut vengée quelques jours après par la destruction totale d'un autre détachement qui était venu près du même endroit remplacer le premier[6]. »
« L'armée n'a point éprouvé de revers, comme les malveillants en avaient répandu le bruit; elle vient, au contraire, de faire une manœuvre qui a pour but de séparer, sans espoir de jonction, Charette de Sapinaud, et de rétablir les communications essentielles. Le mouvement général s'est fuit le 10 du courant, et nous a rendus maîtres des Herbiers. On peut assurer que les derrières de la ligne seront bientôt désarmés, tant les mesures prises sont actives.
Charette a déjà eu deux affaires avec les républicains; une déroute complète a distingué chaque fois l'imprudence des rebelles. Nous avons eu dans les deux actions cinquante-sept hommes tués et trente-deux blessés[3]. »
« Le récit que l'on a fait de la mort de la Robrie est fort beau, mais point véritable. J'ai vu La Robrie frappé du coup dont il mourut, j'en puis parler savamment. M. Charette n'était point à l'attaque du poste de Saligny. Il avait donné la moitié du commandement de l'armée à M. de Couëtus, et s'était porté vers le Poiré avec l'autre. Robrie qui n'était pas à l'armée, nous rejoignit avec un peloton de cavalerie dans la lande de Béjarry, au moment où nous apercevions l'ennemi. Le poste des républicains cantonné sur le bord de la lande était peu nombreux et ne fit nulle résistance. La sentinelle tira son coup de fusil à cinquante pas et se sauva. Cavalerie et infanterie se mirent à sa poursuite. Dans un chemin fort étroit, sur le bord de la Boulogne, nous suivions d'assez près cinq à six républicains qui, après avoir gagné une hauteur opposée, firent leur décharge sur notre peloton. Un cavalier fut tué raide et Robrie fut blessé dans le bas-ventre. Il détourna son cheval. Je lui demandai : où vas-tu ? Je suis blessé à mort, me répondit-il. Ce sont, je crois, les dernières paroles qu'il ait prononcées. Il tomba à quelques pas de là. On l'enterra à Saligny[5]. »
Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. VI, Paris, Baudoin Frères, Libraires-éditeurs, , 361 p. (lire en ligne).