Défenseur de la cause des déportés juifs en France, avec son épouse Beate, il a mené une action militante pour la reconnaissance de la Shoah, de la responsabilité des hommes et des États dans sa mise en œuvre, des droits des survivants et de leurs descendants.
Serge Klarsfeld est le fils de Arno et Raïssa Klarsfeld. Il a une sœur Georgette, et deux demi-frères : Georges et Michel, que son père Arno a eus avec d'autres femmes. Ils garderont, néanmoins, un excellent souvenir de leur père puisque Georges a eu un fils qu'il a prénommé Arnaud, et Michel a eu un petit-fils prénommé Arno. Serge Klarsfeld s'entend fort bien avec eux et écrira dans son livre que sa famille de Montpellier est également la sienne.
En 1943, la famille Klarsfeld est réfugiée à Nice sous occupation italienne lorsque les Allemands y font leur entrée et y traquent les Juifs. Son père, Arno Klarsfeld fait alors construire dans leur appartement un placard à double fond avec une mince cloison en contreplaqué derrière les vêtements, dans lequel Serge Klarsfeld, sa mère et sa sœur se cachent quand les Allemands viennent les chercher. Arno Klarsfeld leur dit qu'il est seul dans l'appartement, que sa femme et ses enfants ont quitté Nice parce qu'il y avait eu une désinfection de l'appartement. Arno Klarsfeld est envoyé à Auschwitz où à son arrivée, frappé par un kapo, il l'assomme, il sera alors placé dans un commando très dur et mourra à Auschwitz[2].
Après la Libération, les Klarsfeld retournent vivre en Roumanie, puis décident de revenir en France[3].
Après des études au lycée Claude-Bernard, Serge Klarsfeld fait des études d'histoire et est diplômé d'études supérieures en Histoire à la Sorbonne en 1958[4].
Serge Klarsfeld est à la recherche d'Alois Brunner depuis des années. Il dresse la liste des enfants qu’il a raflés le , retrouve leurs photos, recueille des témoignages. En 1982, Serge Klarsfeld se rend en Syrie. Mais il est expulsé. Serge et Beate Klarsfeld le seront quatre fois dans les années 1980.
Ils ont été victimes le d'une tentative d'assassinat par le réseau néo-nazi Odessa, qui demandait l'arrêt de leur travail pour retrouver les criminels nazis[9]. Cette même année, Serge Klarsfeld s'est rendu à Téhéran pour protester contre l'exécution de Juifs libanais.
En 1987, après la condamnation à Lyon de Klaus Barbie, Serge Klarsfeld peut porter plainte contre Brunner à propos des Enfants d'Izieu raflés le à la Maison d'Izieu. Mais même les discussions de président à président entre Jacques Chirac et Hafez el-Assad n'aboutissent pas à l'extradition d'Aloïs Brunner. Des commissions rogatoires internationales explorent plusieurs pistes : Argentine, Uruguay, Espagne, où, en 1995, un ancien général de la Wehrmacht et ami de Brunner, Otto Remer confirme finalement que l’ancien commandant du camp de Drancy vit bien en Syrie[réf. nécessaire].
Serge Klarsfeld et son épouse sont également à l'initiative des poursuites contre René Bousquet et Jean Leguay[10].
Militant de la mémoire de la Shoah
En France, Serge Klarsfeld crée en 1979 l'association Fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), qui a pour but de défendre la cause des descendants de déportés. En 1978, il publie Le Mémorial de la déportation des Juifs de France rédigé à partir de la liste des déportés (76 000), classés par convois. Dans Le Mémorial des enfants, il essaie de retrouver la photo et l'identité de chacun des 11 000 enfants envoyés vers la mort[11]. Ses travaux représentent une des recherches les plus abouties sur la Shoah en France[12]. En 1981, l'association a inauguré en Israël le Mémorial de la déportation des Juifs de France, un vaste monument qui porte le nom, la date et le lieu de naissance des 76 000 victimes françaises de l’extermination. Autour, 76 000 arbres forment une Forêt du souvenir. Il a aussi publié Le calendrier de la persécution des Juifs de France en 1983 et Vichy-Auschwitz en 1985.
Le jeudi , Serge Klarsfeld apporte son soutien à Christian Vanneste à la suite des propos de ce dernier concernant la déportation des homosexuels français qui qualifie de « légende » la déportation de personnes homosexuelles en France lors de la Seconde Guerre mondiale. Serge Karsfeld argue alors que les seuls homosexuels déportés pour cette raison étaient des Alsaciens, soumis aux lois allemandes[14].
En , Serge Klarsfeld estime que la Suisse n'a vraisemblablement refoulé que 3 000 Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, réfutant ainsi les estimations précédentes de la Commission Bergier qui faisaient état plus de 25 000 personnes, et ajoutant qu'une nouvelle étude s'impose car « il s'agit de l'image de la Suisse dans le monde. Et cela est important pour le pays »[16].
En , il considère que la reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne par l'administration Trump des États-Unis est la « reconnaissance d'une réalité » et que la partie arabe de la ville pourrait être celle de la Palestine. Il suggère également que la ville entière devienne la capitale des Nations unies[18].
Il déclare sur la guerre Israël-Hamas de 2023« Quand je vois les témoignages de ceux qui étaient dans des abris, (venant) des Israéliens, qui sont des juifs, bien entendu ça nous replonge dans la Shoah »[20] et quelques jours avant la marche du 12 novembre 2023, « Il faut se réjouir que le Rassemblement national participe à la marche contre l’antisémitisme »[21] et que « Un parti d'extrême droite est un parti dont l'ADN est l'antisémitisme, et ce n'est pas le cas du Rassemblement national. Le RN est devenu un parti fréquentable »[22].
Serge Klarsfeld rencontre Marine Le Pen en février 2024 après que son fils Arno a eu l’engagement de l’ancienne présidente du Rassemblement National que ce parti ferait « un grand discours » sur la protection des « Juifs de France »[23]. Quatre mois plus tard, dans le cadre des élections législatives de 2024, Serge Klarsfeld déclare qu'en cas de duel entre La France insoumise et le Rassemblement national, il votera, « sans hésitation », pour le candidat RN : « Aujourd'hui, le Rassemblement national soutient les juifs, soutient l'État d'Israël et il est tout à fait normal, vu l'activité que j'ai eue ces 60 dernières années, qu'entre un parti antisémite et un parti pro-juifs, je vote pour un parti pro-juifs »[24],[25],[26]. Niant ainsi l'actuel antisémitisme d'extrême droite et sa continuité avec le passé, il est fortement critiqué par Ginette Kolinka, survivante de la Shoah et passeuse de mémoire âgée de 99 ans, qui lui répond notamment que c'est bien en raison de la présence de l'extrême droite au pouvoir qu'elle a été déportée[27], témoignant de son inquiétude et de son incompréhension[28]. Elle ne croit pas que l'extrême droite puisse jamais sincèrement défendre les Juifs et être plus ouverte que la gauche à ce qu'ils sont[29].
Selon Klarsfeld, une des « victoires » de la lutte contre l’antisémitisme a été « de voir qu’un certain nombre de partis considérés comme d’extrême droite en Europe sont passés de l’autre côté, du côté du soutien à la cause juive ». Ainsi, il fait le « pari que c'est sincère » à condition que « Marine Le Pen reconnaisse la loi Gayssot [de 1990, réprimant le négationnisme] et le discours de Jacques Chirac » sur la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs, espérant un geste « prochain »[30].
Il dénonce l’« extrême gauche qui est sous l’emprise de La France insoumise avec des relents antisémites et un violent antisionisme »[30].
Mémorial de la Déportation des Juifs de France. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms. FFDJF (Fils et filles de déportés juifs de France), 2012.
Vichy-Auschwitz, t. 1 : 1942 : le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, Paris, Fayard, , 542 p. (ISBN978-2-213-01297-1).
Vichy-Auschwitz, t. 2 : 1943-1944 le rôle de Vichy dans la solution finale de la question juive en France, Paris, Fayard, , 408 p. (ISBN978-2-213-01573-6).
Les transferts de juifs du camp de Rivesaltes et de la région de Montpellier vers le centre de Drancy en vue de leur déportation, , 1993
Journal de Louis Aron, Directeur de la Maison Israélite de Refuge pour l'enfance: Neuilly-sur-Seine 1939, Crocq (Creuse) 1939-1942. Édité et présenté par Serge Klarsfeld avec la collaboration d'Annette Zaidman. Association "Les Fils et filles des Déportés Juifs de France" et "The Beate Klarsfeld Foundation", 1998
La traque des criminels nazis, Serge Klarsfeld, Anne Vidalie, Éditions Tallandier, 2013 (ISBN979-1021003774)
Le combat d'une vie, 25 ans à traquer les nazis, Serge Klarsfeld, éditions LIBRIO no 1142, 2015 (il s'agit de la préface du livre La Traque des criminels nazis, paru aux éditions Tallandier, en 2013)
Mémoires, avec Beate Klarsfeld, Fayard Flammarion, 2015.
Isaac Levendel, Bernard Weisz, Vichy, les Nazis et les voyous. La traque des Juifs en Provence, Paris : Nouveau monde éditions, 2013 (ISBN9782365833912 et 2365833918)[31]
Valérie Portheret, Vous n'aurez pas les enfants, Paris, : XO Édition, 2020
Discographie
Serge Klarsfeld - Entretiens. Par Claude Bochurberg (Intégral 8 heures), coffret de 7 CD, 2001, Frémeaux & Associés[32].
↑Monsieur Arno KLARSFELD, né le 20/01/1905, à Braila (Roumanie). Déporté à Auschwitz par le convoi no 61 au départ de Drancy le 28/10/1943. De profession Représentant. Décédé(e) en 1944 ([1])
↑André Harris et Alain de Sédouy, Juifs et Français, éditions Grasset, 1979, p. 112 : "Quand il est arrivé à Auschwitz, il a été frappé par un Kapo, il l'a assommé ; le commandant du camp lui a donné raison mais l'a envoyé quand même dans un commando de représailles. Je ne sais comment il est mort, gazé ou à l'infirmerie... (témoignage de Serge Klarsfeld)
↑André Harris et Alain de Sédouy, Juifs et Français, éditions Grasset, 1979, p.112 : "Nous sommes repartis en Roumanie où se trouvaient encore les parents de ma mère. (témoignage de Serge Klarsfeld)
↑Wilma Ladopoulos, « Exposition Beate Serge Klarsfeld. Les combats de la mémoire (1968-1978) au Mémorial de la Shoah », Hommes & migrations. Revue française de référence sur les dynamiques migratoires, no 1327, , p. 179–181 (ISSN1142-852X, lire en ligne, consulté le )
↑Serge Klarsfeld, La place de l'Histadrouth (Confédération générale des travailleurs juifs) dans le développement économique et social d'Israël (Mémoire présenté à l'Institut d'études politiques de l'université de Paris) (présentation en ligne).
↑« Cette association qui finance des voyages en solo et sac au dos », Le Figaro Étudiant, (lire en ligne, consulté le ).
↑Georges Bensoussan (dir.), Jean-Marc Dreyfus (dir.), Édouard Husson (dir.) et al., Dictionnaire de la Shoah, Paris, Larousse, coll. « À présent », , 638 p. (ISBN978-2-03-583781-3), p. 315