Alors que son père et une grande partie de sa famille ont été massacrés dans les camps nazis[6], il est envoyé en 1944 par la Croix-Rouge à Winterthour en Suisse[5], où il est accueilli par la famille Halberstadt. En 1947, il embarque à Marseille avec sa mère et sa sœur pour Melbourne en Australie, où ils sont accueillis par un oncle maternel[5].
Formation
À son retour en France en 1951, totalement autodidacte, il suit quelques cours du soir de dessin dans les écoles de la Ville de Paris[5] et mène une existence particulièrement rude et précaire.
Szafran retourne ensuite vers la figuration. Il produit une première série de Choux (1958–1965)[7].
En 1960, une boîte de pastels offerte lui permet une tournure importante dans son œuvre, le pastel devenant sa pratique de prédilection[5]. Alberto Giacometti, qu’il rencontre en 1964 devient officieusement son maître.
En 1964, l’artiste entre à la galerie Claude Bernard à Paris. Le collectionneur Jacques Kerchache organise sa première exposition personnelle en 1965[8]. Par la suite, son œuvre va se resserrer autour de quelques thèmes : Ateliers (1969-1970), Imprimeries (1972), Escaliers (à partir de 1974).
Szafran rejoint pour un temps Fernando Arrabal, Roland Topor et le groupe Panique en 1972. À l'occasion de l'exposition « 60-72. Douze ans d'art contemporain en France » au Grand Palais, il se lie d'une profonde amitié fraternelle avec Henri Cartier-Bresson dont il sera un temps le maître en dessin[5].
En 1977 et 1978, il réalise ses premières grandes aquarelles, variations sur ses thèmes de prédilection : Ateliers, Serres et Escaliers. C’est sur ces mêmes thèmes ainsi que sur celui des Villes, qu’il commence, vers 1987, à combiner le pastel et l’aquarelle, le sec et le mouillé. À partir de 1999, il aborde certains grands Paysages urbains.
En 2004 et 2005, il travaille avec le céramiste catalan Joan Gardy Artigas pour la réalisation des deux décors monumentaux Escalier et Philodendrons, destinés au Pavillon Szafran à la Fondation Gianadda, qui est inauguré en 2006[12].
Deux autres grandes rétrospectives vont suivre : « Sam Szafran – dessins, pastels et aquarelles » au musée Max Ernst de Brühl[13], près de Cologne en Allemagne (2010-2011) et « Cinquante ans de peinture » à la Fondation Gianadda (2013)[14]. Il y dévoile pour la première fois ses très grands formats.
Après sa disparition, le musée de l'Orangerie présente une large rétrospective Obsessions d'un peintre, du 28 septembre 2022 au 16 janvier 2023 qui a un succès considérable avec 330 000 visiteurs[15].
Le Pavillon Szafran à Martigny, Suisse
En 2015 est inaugurée la Salle Sam Szafran au Pavillon Szafran de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny. C'est le seul hommage muséal permanent à l'artiste en Europe, décidé par Léonard Gianadda
La salle est enrichie de manière significative en 2021 et présente désormais en permanence 12 importantes peintures, des œuvres sur papier, une table de pastels Roché ainsi que le fameux banc de Gaudi qui a appartenu a Sam Szafran.
Famille et vie privée
Il épouse en 1963 Lilette Keller, née à Moutier (Canton de Berne, Suisse). Elle donne naissance à leur fils Sébastien l’année suivante[5].
À partir de 1974, la famille réside à Malakoff[16].
Société des Artistes Indépendants, Grand Palais, Paris, 1957
The 1958 Pittsburgh Bicentennial Internationl Exhibition of Contemporary Painting and Sculpture, Department of fine arts, Carnegie Institute, Pittsburgh, 1958
L'art moderne à Marseille, la collection du Musée Cantini, musée Cantini, Centre de la Vieille Charité, commissaire général Germain Viatte, Marseille, 1988
↑Dans les milieux francophones, Szafran est prononcé [ˈʃa.fran] (approximativement comme « sha-frane »). En Pologne, il est prononcé de façon très légèrement différente [ˈʂa.frãn] (approximativement comme « shha-fran-n' »). Le nom de famille dérive du mot polonais szafran (l'épice safran).
↑Dans Klarsfeld, 2012, on trouve à l'adresse du 158, rue Saint-Martin, dans le 3e arrondissement de Paris le nom de Doba Szafran, né le 16 janvier 1901, à Varsovie, déporté par le Convoi No. 10, en date du 24 juillet 1942, du Camp de Drancy vers Auschwitz. Il y a quinze autres Szafran, dans cette même page, mais avec une adresse différente.
↑« Le peintre Sam Szafran est mort », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Daniel Marchesseau, Le Pavillon Szafran, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2005.
↑Sam Szafran – dessins, pastels et aquarelles, éd. par Julia Drost et Werner Spies, cat. exp. Brühl, Max Ernst Museum, Brühl, 2010.
↑ a et bSam Szafran, cinquante ans de peinture, éd. par Daniel Marchesseau, avec des contributions de Jean Clair, Estelle Pietrzyk et Werner Spies, cat. exp., Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2013.
↑Rapport EPMO Musee d' Orsay et de l' Orangerie 2022
↑Daniel Marchesseau, « Le banditisme ou la peinture… », entretien avec Daniel Marchesseau, dans cat. exp. Sam Szafran, L'Atelier dans l'atelier 1960-2000, musée de la Vie romantique, Paris, 2000, p. 17-26.
Sam Szafran, Obsessions d'un peintre - Catalogue de l'exposition à l'Orangerie, 192 p., Coédition Musées d’Orsay et de l’Orangerie / Flammarion, septembre 2022 (ISBN978-2-08028-656-7).
Daniel Marchesseau et Henri Cartier-Bresson, photographies de La Collection Sam, Lilette et Sébastien Szafran, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2005
Alain Veinstein, Entretiens avec Sam Szafran, Flammarion, Paris, 2013
Daniel Marchesseau et al., Sam Szafran, Cinquante ans de peinture, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2013.
Sam Szafran - Escalier, produit et réalisé par Antoine Cretton pour la Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2006
Sam Szafran - Ni dieu, ni maître, produit et réalisé par Antoine Cretton, coproduit par la Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2013
Philippe Hiquily : L’éloge de l’érotisme en sculpture, entretien Sam Szafran, conception Alexandra Marini, France, 2008, couleur, 84 min env., produit par la maison de haute couture Torrente