Claude Vigée naît dans une famille juive alsacienne dans laquelle est pratiqué le dialecte alsacien[4], tandis qu'il apprend le français à l'école[5]. Il parle également le judéo-alsacien, ce qui lui fait dire qu'il est « un Juif alsacien, donc doublement juif et doublement alsacien »[6].
Il publie ses premiers poèmes dans la revue Poésie 1942 de Pierre Seghers, sous le nom de Claude Vigée, pseudonyme qu'il adopte comme patronyme après la guerre. Il s'exile, avec sa mère, aux États-Unis au début 1943. Il y poursuit ses études, obtenant un doctorat de langue et littérature romane de l'université de l'Ohio à Colombus, se marie en 1947 avec Evelyne Meyer avec qui il a deux enfants, et enseigne la littérature française et comparée, notamment à l'université Brandeis, près de Boston, dont il dirige le département de français jusqu'en 1959.
Il s'installe ensuite en Israël, en 1960, et obtient un poste de professeur de littérature française et comparée à l'université hébraïque de Jérusalem qu'il occupe jusqu'à sa retraite en 1983. Il revient en France en 2001.
Claude Vigée meurt à Paris le , à l’âge de 99 ans[7]. Le mardi 6 octobre 2020, il est enterré au cimetière juif de Bischwiller[8], sa ville natale. À cause de la pandémie de Covid-19, il n'y a qu'environ soixante-dix personnes – religieux, proches, amis et sympathisants – à assister à la mise en terre.
Le poète
Poète qui écrit en français et en alsacien, traducteur, essayiste, Claude Vigée compose dès 1940 des œuvres empreintes d'une grande spiritualité et d'une grande générosité. Sa poésie exprime « la singularité du drame existentiel, en rompant la fatalité tragique », comme le dit Anne Mounic[9].
Le premier livre de poèmes de Claude Vigée, La Lutte avec l'ange, paraît en 1950. On y lit, dans le poème « Trois nocturnes », le vers : « Nous sommes devenus complices du hasard ».
Ce recueil sera suivi en 1954 de La Corne du Grand Pardon, en 1957, de L'Été indien, et en 1962, Le Poème du retour.
Il publie en 1970 La Lune d'hiver, textes autobiographiques en prose écrits entre 1939 et 1961, puis en 1972, Le Soleil sous la mer : dix chants pour presque vivre, qui reprend l'intégralité des poèmes déjà édités (1939-1971). Il publie des textes autobiographiques, en 1994 et 1995, Un panier de houblon (Jean-Claude Lattès). Une anthologie de ses poèmes est publiée dans la collection Poètes d'aujourd'hui (éditions Seghers, 1978). De nouveaux textes, Le Passage du vivant, Dans le creuset du vent, Danser vers l’abîme, Être poète pour que les hommes vivent sont régulièrement publiés.
Claude Vigée s'est toujours soucié de la paix entre les cultures et dans cette perspective, a publié un poème sur la guerre du Liban intitulé La Voix des jeunes soldats morts, dans une anthologie de poèmes pacifistes juifs et arabes.
Principales œuvres
Textes
La Lutte avec l'ange (1939-1949) Publication 1950. Réédition, Paris, L'Harmattan 2005, coll. « Poètes des cinq continents »
Citoyen d'honneur de Seebach en remerciement pour la notoriété acquise par le village à la suite de la publication d'un poème intitulé Un panier de houblon[7]
↑Dans sa préface à L'Homme naît grâce au cri - Poèmes choisis 1950-2012, rassemblant une anthologie des poèmes de Claude Vigée, éd. Points, 2013, (ISBN978-2757835173), p. 9.
↑Claude Vigée, Anne Mounic et Anthony Rudolf, « Comment traduire les Quatre Quatuors de T. S. Eliot ? », Palimpsestes. Revue de traduction, no 20, , p. 201–230 (ISSN1148-8158, DOI10.4000/palimpsestes.106, lire en ligne)