Pâte alimentaire alphabet

Un bol de soupe à l'alphabet.
Quelques lettres

La pâte alimentaire alphabet, aussi appelée pâte romaine, Alfabeto ou spaghetti Alphabetti, est un morceau de pâte alimentaire moulé ou coupé de façon à former la lettre d'un alphabet. Ces lettres sont commercialisées sous forme de pâtes sèches comme pâtes à potage ou comme n'importe quel autre type de pâtes à la casserole.

Historique

En 1857, Charles-François Vesin, prétendu comte de Romanini, ministre plénipotentiaire de la république de Greytown et consul du Nicaragua, établi 62 rue de Richelieu à Paris, dépose plusieurs brevets liés à l'alimentation[1],[2]: un vin mousseux ; une pâtisserie dite « dessert de Paris, alphabétique, parlant et figuré » ; des caramels-papillotes dits « caramels Vesin » ; une pâte alimentaire dite « neige divine » et son couteau de préparation à quatre tranchants dit « Romanin » ; et enfin, des « pâtes alphabétiques, parlantes et figurées »[3],[4]. L'année suivante, Vesin est jugé à plusieurs reprises pour avoir vendu et porté de faux titres de noblesse[5],[6]. Il écope notamment de 500 francs d'amende et d'un an de prison[7].

En 1860, le fabricant de pâtes parisien Bousquin (ancienne maison Châtillon)— installé non loin de la rue de Richelieu, aux 26, 28 et 30 galerie Vivienne — annonce lancer de nouveaux produits, des « pâtes romaines, alphabétiques et chiffrées »[8],[9]. Selon une publicité parue en 1865 dans le journal L'Événement, elles sont « faites avec des blés de Sicile et fabriquées par un procédé spécial, leur forme est variée à l'infini, puisqu'elles représentent toutes les lettres de l'alphabet et tous les chiffres. » L'argumentaire précise qu'« elles sont, de plus, à cause de leur forme nouvelle, un sujet de distraction dans les familles. » Cette invention fait l'objet d'une chronique satirique dans Le Tintamarre en 1863[10], mais d'autres articles sont plus favorables, soulignant que les pâtes romaines « apprendront [aux enfants] leurs lettres et leurs chiffres sans qu'ils s'en doutent. » [11]. À l'Exposition universelle de 1867 à Paris, Bousquin revendique explicitement l'invention des pâtes alphabet, qui deviennent un produit phare de son catalogue[12],[13],[14].

Dès 1862, la maison lyonnaise Bertrand et Cie présente également, à l'Exposition universelle de Londres, des « pâtes romaines, alphabétiques et chiffres », fabriquées « avec les blés durs de l'Algérie »[15]. D'autres fabricants reprennent aussi le procédé, comme, en 1867, la maison Dussaud, qui « fabrique et vend des pâtes représentant les diverses lettres de l'alphabet, les chiffres arabes, divers autres chiffres et quelques-uns des emblèmes de la Passion »[16].

Commercialisation

Les pâtes alphabet sont parfois servies dans une soupe vendue en boîtes de conserve qui contient un bouillon concentré [réf. nécessaire]. Aux États-Unis, cette soupe à l'alphabet obtient une certaine faveur populaire depuis plusieurs décennies[réf. nécessaire].

Il existe des variations, dont des pâtes dans une marinara ou dans une sauce à spaghetti. Par exemple, l'Alphabetti Spaghetti a été vendu par H. J. Heinz pendant 60 ans, avant d'être arrêté en 1990. Il a été commercialisé à nouveau par Heinz en 2005[17],[18].

Notes et références

  1. « Cours et tribunaux », sur Gallica, Journal des débats politiques et littéraires, (consulté le ), p. 2
  2. Petit-Jean, « Courrier du palais », sur Gallica, Le Monde illustré, (consulté le ), p. 238
  3. Charles-François Vesin de Romanini, brevets, Base de données des brevets français du 19e siècle, INPI [lire en ligne]
  4. Ministère du commerce, « 32520. B. de 15 ans, 9 juin », sur Gallica, Catalogue des brevets d'invention..., (consulté le ), p. 150
  5. M. Tocquard, « Le Corsaire au palais », sur Gallica, Le Corsaire, (consulté le ), p. 1
  6. La Tribune judiciaire. Recueil des plaidoyers et des réquisitoires les plus remarquables des tribunaux français et étrangers. Par J. Sabatier,.... Tome 7, 1855-1863 (lire en ligne), p. 194-214
  7. Durand, « Chronique parisienne », sur Gallica, Le Mémorial bordelais, (consulté le ), p. 2
  8. Auguste Debay, Hygiène alimentaire : histoire simplifiée de la digestion des aliments et des boissons, à l'usage des gens du monde, (lire en ligne), p. 240
  9. « [Encadré publicitaire] », sur Gallica, L'Événement, (consulté le ), p. 4
  10. Edmond Martin, « Soutiens-moi, Châtillon », Le Tintamarre,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  11. Comtesse d'Avrigny, « Causeries parisiennes », sur Gallica, Les Veillées chrétiennes, (consulté le ), p. 324
  12. Catalogue officiel des exposants récompensés par le Jury International, Dentu, (lire en ligne), « Renseignements du groupe VII », p. I
  13. « [Encadré publicitaire] », sur Gallica, Revue de Paris, (consulté le ), [n.p.] (vue 476)
  14. Léon Brisse, Les 366 menus du baron Brisse (Édition nouvelle des 365 menus, revue, corrigée et augmentée d'un calendrier gastronomique et du complément des recettes de tous les mets de cuisine indiqués dans les menus), Paris, Donnaud, (lire en ligne), p. 9
  15. Exposé universelle de 1862 à Londres. Section française. Algérie. Catalogue spécial, (lire en ligne), p. 56
  16. « Art. 1475. Dessins artistiques et industriel.s — Application à des produits connus. — Dissemblances. — Désignation.— Concurrence déloyale. », sur Gallica, Annales de la propriété industrielle, artistique et littéraire, (consulté le ), p. 366
  17. (en) « Alphabet spaghetti back for a spell », Daily Mail, Associated Newspapers,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. (en) « Dish that's write on », Daily Record,‎

Article connexe