Deux poèmes chinois, op. 35 (Roussel)
Deux poèmes chinois, op. 35, est un ensemble de mélodies pour chant et piano d'Albert Roussel composé en 1927. PrésentationTextesLes textes des mélodies sont dus à Henri-Pierre Roché, d'après une traduction anglaise d'Herbert Allen Giles de poésies chinoises parues dans Chinese Poetry in English Verse (Londres, Quaritch, 1898, réédité en 1902)[1]. Le premier poème est de Li-Ho, le second de Chang-Chi[2]. Les adaptations en français sont parues de 1905 à 1907 dans la revue Vers et prose dirigée par Paul Fort et André Salmon[3]. MélodiesAlbert Roussel compose ses Deux poèmes chinois en mai et juin 1927[4],[2] :
La partition est publiée par Durand en 1927[5]. La durée moyenne d'exécution de l'ensemble est de quatre minutes trente environ[6]. OrchestrationsAlbert Roussel orchestre la Réponse d'une épouse sage, qui est créée dans cette version par Claire Croiza et l'Orchestre symphonique de Paris le [4]. Des fleurs font une broderie… est orchestré par Henri Dutilleux en 1942[7]. CréationLes Deux poèmes chinois ont connu deux créations séparées, par leurs dédicataires[4] :
AnalyseLes Deux poèmes chinois, op. 35 empruntent au même fonds, et sont « ciselés avec autant d'art » que les Deux poèmes chinois, op. 12[8]. Des fleurs font une broderieLe premier poème, Des fleurs font une broderie…, évoque un jeune homme qui, « dans la vigueur de ses vingt ans, [...] contemple une nature que n'éclaire pas encore l'amour de celle qu'il attend[9] ». La déclamation est simplifiée, « jusqu'à l'interrogation finale — « Va-t-elle me donner l'épingle de ses cheveux ? » —, plus chromatique », et l'accompagnement du piano est « impétueux » avant de « se [faire] plus fluide pour conclure, décomposé »[9]. Pour Gilles Cantagrel, « sans orientalisme facile, la modalité confère un caractère étrange à cette saynète venue d'un lointain ailleurs[9] ». Réponse d'une épouse sageDans le deuxième poème, Réponse d'une épouse sage, une « jeune femme vertueuse se doit d'éconduire le mandarin qui cherche à la séduire et qu'elle aurait pu aimer[9] ». Gilles Cantagrel souligne la « justesse absolue de l'expression » dans la mélodie, avec sa « ligne vocale d'une plasticité parfaite, allongée sur les mots-clés, retombant en une sensuelle vocalise, cédant par moments au parlando[9] ». Le musicologue met en exergue les moyens musicaux déployés par le compositeur, en particulier l'emprunt aux modes karnatiques de l'Inde et la touche de bimodalité de l'écriture. Aux dissonances provoquées, « le balancement rythmique régulier ajoute son délicat vertige », et à la fin de l’œuvre, « la phrase finale, « pour ne pas t'avoir connu plus tôt », ramène le motif initial pour clore ce paysage intime sur un désespoir inavoué »[10]. Damien Top note que l’œuvre « tire son étrangeté sonore du mode hindou Nettimatti (transposé sur mi, soit : mi, fa , sol, la , si, do , ré ) que Roussel avait déjà utilisé dans l'air du brahmane de son opéra-ballet Padmâvatî[11] ». PostéritéLes mélodies portent le numéro d'opus 35 et, dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par la musicologue Nicole Labelle, le numéro L 43[2]. La réputation de la Réponse d'une épouse sage « ne s'est jamais démentie. Dans ces pages raréfiées, le musicien fait tenir un monde ; la réticence du texte, alliée à l'économie de la matière sonore, n'en a que plus de force » selon Guy Sacre[12]. Un avis partagé par Gilles Cantagrel, qui considère que Réponse d'une épouse sage « est sans doute le chef-d’œuvre mélodique de Roussel[9] ». DiscographieChant et piano
Chant et orchestre
BibliographieOuvrages généraux
Monographies
Notes discographiques
Références
Liens externes
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