Évoluant dans les médias et le monde du spectacle jusqu’au début des années 2000, il se fait connaître avec la publication de plusieurs essais. Il devient progressivement un idéologue d’extrême droite, oscillant entre un antisémitisme ancien et le nouvel antisémitisme, en compagnonnage avec Dieudonné[2],[3],[4].
En , le média social YouTube supprime les deux chaînes ERTV d'Alain Soral, pour diffusion de « contenu incitant à la haine ».
Biographie
Famille et jeunesse
Alain Soral naît en Savoie[5] en 1958. Il est le frère de la productrice Jeanne Soral, née en 1956 et l’actrice Agnès Soral, née en 1960. Son père, Guy Bonnet (1924-1991), d'origine savoyarde franco-suisse, est d'abord clerc de notaire avant de devenir conseiller juridique (sorte d'avocat) ; sa mère est femme au foyer[réf. nécessaire].
Se qualifiant lui-même d’« enfant mal-aimé », il vit une enfance difficile, en raison d’une mère qu’il décrit comme « passive et froide » et de la violence de son père qui le bat[5],[6],[7]. Il insulte ses parents dans le dossier de presse de son long métrage Confession d’un dragueur[8]. Selon sa sœur Agnès, Alain Soral aurait également souffert au cours de son enfance de l’expropriation par l’État de terrains forestiers appartenant à son père[7]. Cette dernière affirme également avoir pris ses distances avec lui à la suite de ses nombreux propos « misogynes, antisémites et homophobes » qu'elle ne partage pas[9].
En 1973, le père d’Alain Soral est condamné pour escroquerie[10] et incarcéré à la prison de Champ-Dollon en Suisse. Le couple se sépare dans l’année et les enfants suivent leur mère à Grenoble dans le quartier de la Capuche, puis à Annemasse dans le quartier du Brouaz[5]. Le souvenir d’avoir vécu son adolescence au-dessus d’une loge maçonnique aurait marqué Alain, d’après sa sœur Agnès[7]. À la suite d'une violente dispute avec son père au terme de laquelle il le gifle, Alain Soral, alors en deuxième trimestre de terminale, abandonne sa scolarité et quitte le domicile familial pour aller vivre seul à Paris, en 1976[6].
Il loue une chambre de bonne rue Fromentin et vit de divers « petits boulots » (chantiers, convoyages, etc.), tout en menant une existence « provo-punk » aux Halles, avant d’être reçu en 1978 aux Beaux-Arts et à l’École des hautes études en sciences sociales — les seuls établissements d’études supérieures accessibles sans baccalauréat[5] — où il suit pendant quelque temps comme élève-stagiaire puis élève les séminaires de Cornelius Castoriadis[5],[11],[12]. Le cours d’histoire de l’art l’intéresse particulièrement et l’amène progressivement vers la philosophie. Il découvre la lecture, notamment les essais et les poèmes des collections 10/18 et les bacs de soldes des libraires du quartier Saint-Michel[13], et il se met à lire quatre heures par jour jusqu’à ses 45 ans.
Il entame une carrière de peintre dans le groupe d’artistes En avant comme avant, avec lequel il sillonne l’Europe pour des expositions. Il prend alors le nom « Soral » en signant ses œuvres ABS (comme Alain Bonnet de Soral)[11]. Il démarre également une initiation à la boxe française, d’abord à la salle Pariset puis à la salle Lafond[11] - il deviendra instructeur fédéral de boxe anglaise en .
Au début des années 1980, introduit par sa sœur auréolée du succès de Tchao Pantin (cinq césars en 1983), Alain Soral fréquente la « nébuleuse noctambulo-artistique parisienne », aux Bains-Douches ou au Palace[7].
Il se lie étroitement avec Alexandre Pasche et Éric Walter (devenu critique d’art sous le nom d'Hector Obalk), rencontré aux Bains-Douches et dont les parents l’hébergèrent un temps[6]. Tous trois coécrivent l’ouvrage Les Mouvements de mode expliqués aux parents, paru en 1984. Il vit néanmoins très mal que seul un des coauteurs, Hector Obalk, soit invité à l’émission Apostrophes, au point que cet épisode le marque durablement. Il déclare ainsi[14] : « J’ai été manipulé par un Juif qui a tiré la couverture à lui. À partir de ce jour-là, j’ai étudié le Talmud, l’histoire du sionisme. J’ai découvert que la trahison et la solidarité étaient au fondement de cette culture. »Les Mouvements de mode expliqués aux parents est traduit en japonais et, grâce à ses droits d’auteur, Alain Soral s’installe rue Galande[6].
Lancé dans le milieu de la mode, il donne de 1984 à 1987 des cours sur « l’histoire et l’analyse de la mode contemporaine » à l’École supérieure des arts et techniques de la mode (Esmod) et publie en 1987 un nouvel ouvrage sur ce thème, intitulé La Création de mode, initialement manuel de cours destiné à l’Esmod. Le succès des Mouvements de mode expliqués aux parents lui permet de connaître un début de notoriété médiatique : il apparaît en octobre 1985 dans une émission de FR3, dans laquelle il s'exprime sur les « looks » contemporains.
À la même époque, Soral prend pour mentor un dragueur de rue rencontré aux Quartier des Halles, « Laurent le Kabyle ». Il mène alors un mode de vie de dragueur de rue de façon intensive pendant deux ans tout en vivant des cours qu'il donne à l'Esmod[6] : « À 1500 F de l’heure, ça m’a permis de passer le reste de mon temps à draguer. Une pratique un peu honteuse et plutôt désespérée que je justifiais par l’idée d’en faire aussi un livre. » Cette activité marginale fut la source de son roman autobiographiqueLa Vie d’un vaurien et de son essai sur les techniques de drague, Sociologie du dragueur, qu’il publia par la suite. Il apparaît en outre périodiquement, en tant qu'invité ou comme chroniqueur, dans des émissions présentées par Thierry Ardisson ou Patrice Drevet.
Durant cette période, il échange des lettres avec son père incarcéré en Suisse, tout en étant en butte à des difficultés psychiatriques, qu'il décrit comme une dépression[6]. Plutôt que d’accepter un poste de planneur-stratégique dans une grande agence de publicité, CLM BBDO, il dilapide son pécule en vêtements sur mesure à Londres[6]. De 1988 à 1990, en délicatesse avec le fisc et de tendance suicidaire, il décide d’aller vivre à la campagne et se serait installé dans la demeure d'un ami, nommée La Bosselette, près de Dieppe, puis dans un ermitage en Côte d’Or, où il rédige son premier roman autobiographique sur le thème de la drague, La Vie d’un vaurien, inspiré du recueil d’Édouard Limonov : Journal d’un raté[6]. Le livre est publié la même année mais ne se vend pas.
C’est alors qu’il s’intéresse aux techniques cinématographiques. Il réalise deux spots publicitaires pour Mélodie Movies et écrit puis réalise Chouabadaballet : Une dispute amoureuse entre deux essuie-glaces, un court métrage qui sera diffusé sur Canal+[6]. Lors de son passage en 1992 dans l’émission de Mireille DumasBas les masques sur le thème des dragueurs de rue, il déclare[15] :
« Moi ce que j’aimais bien dans la drague de rue, c’est qu’il y avait un aspect lutte des classes. Le schéma qui marchait le mieux et qui était le plus réjouissant, c’était les deux paumés qui avaient pour eux leur méchanceté et leur vice de connaître un peu mieux la rue, qui arrivaient à séduire des filles de bourgeois un peu méprisantes mais qui connaissent pas bien la vie, et qui arrivaient par ce travail de séduction à capter un peu de plus-value extorquée des parents de la riche aux parents du pauvre. Pour moi il y avait un côté lutte de classes. Et moi je le dis à un moment donné, au bout de mon parcours de dragueur, j’ai pas seulement écrit un livre, je suis rentré au Parti communiste ; et pour moi c’était totalement lié. »
Alain Soral affirme avoir rejoint le Parti communiste français autour de 1990 et y milite jusqu’en 2000 à la cellule Paul-Langevin. C’est dans ce cadre internationaliste qu’il part au Zimbabwe comme reporter, à la suite du décès de son père en 1991, peu après la fin de son incarcération[6]. De retour à Paris, il écrit et réalise son second court métrage, Les Rameurs : Misère affective et culture physique à Carrières-sur-Seine en 1993, puis écrit les films Les Vauriens et Z’y va ! pour Agat Films & Cie. Il est pigiste pour le magazine féminin 20 ans pour lequel il rédige des billets d’humeur. Il écrit également dans Entrevue, à la rubrique « Rumeurs »[14].
Entre 1994 et 1996, il approfondit ses lectures de Karl Marx, Georg Lukács, Henri Wallon, Lucien Goldmann et Michel Clouscard et se remet au journalisme, avant de partir au Brésil pour une tournée de conférences sur la création de mode. À son retour, grâce à une avance d’un éditeur, il part pour le Pays basque afin d’y rédiger au calme son essai Sociologie du dragueur, fort de ses « sept cents conquêtes ». Écoulé à plus de 50 000 exemplaires en 2017, celui-ci deviendra le plus célèbre de ses ouvrages[16]. Il entre à la section de boxe de l’Aviron bayonnais, puis rencontre Maylis Bourdenx, sa future femme. Ils se marient le [6],[5] et divorcent en 2009. À la suite du succès de Sociologie du dragueur — publié aux Éditions Blanche dirigées par Franck Spengler — Alain Soral joue son propre rôle au cinéma dans Parfait Amour ! de Catherine Breillat en 1996. Il poursuit sur sa lancée en 1999 avec Vers la féminisation ?, dans lequel il développe une rhétorique antiféministe.
Alain Soral connaît alors une nouvelle période de notoriété médiatique, s'étant affirmé comme un « bon client » des plateaux de télévision. Entre 1999 et 2004, Thierry Ardisson, avec qui il est ami depuis les années 1980, l’invite à quatre reprises dans son émission Tout le monde en parle[17]. En 2000, il est invité à trois reprises dans l’émission C’est mon choix d’Évelyne Thomas (produite par Jean-Luc Delarue). Soral intervient également chez Paul Wermus à l’émission Piques et polémiques en 2003 et 2004, où il prend position lors de ce dernier passage pour défendre l’humoriste Dieudonné accusé d’antisémitisme.
En 2001, il réalise son premier long métrage Confession d’un dragueur avec Thomas Dutronc et Saïd Taghmaoui en tête d’affiche. Il touche 89 000 € pour ce film selon Molard et D'Angelo[18]. Le producteur Jean-François Lepetit raconte à ce sujet : « Son scénario était prometteur. Mais au moment du tournage, j’ai réalisé que ce que je croyais être de l’ironie était en fait du premier degré. » Portant sur la drague de rue et les rapports de classe, ce film, boudé par la critique et par le public, est déprogrammé au bout d’une semaine. Alain Soral déclare par la suite, au sujet de l’échec de son film et de son parcours dans le milieu du spectacle : « J’ai été massacré par les deux cliques qui tiennent ce milieu, les pédés et les Juifs »[14]. Pour Agnès Soral, c’est la première fois que son frère s’estimait rejeté parce que « goy ». Elle indique également que son frère s’est vu refuser, comme elle, l’entrée dans la franc-maçonnerie en 2004 et qu’il a « rompu les ponts » avec toute sa famille en 2006[19].
Passage par le Parti communiste français
Les sources divergent quant à son entrée au Parti communiste français, certains enquêteurs mettant en doute sa réalité tandis qu'Alain Soral lui-même multiplie les versions concernant cette adhésion[20],[21] : au milieu des années 1980 pour certains[n 2],[22], en 1991 pour Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard[23], entre 1992 et 1994 d’après un CV issu d’un dossier de presse[6]. Sa propre version varie souvent[24] : incapable de dater son engagement, il parle parfois d’une période située entre 1991 et 1993 mais parfois aussi d’un engagement de sept ans[25]. L’écrivain Simon Liberati indique qu’il s’est encarté avec Alain Soral davantage par anticonformisme que par idéologie, jugeant « dommage que le parti disparaisse comme l’Église catholique avait disparu »[24] et qualifiant leur petit cercle de « pieds nickelés »[25]. Selon les auteurs de La Galaxie Dieudonné, cette appartenance au PCF n’a cependant jamais été prouvée[26]. D’après Robin d’Angelo et Mathieu Molard, journalistes à StreetPress, les responsables du parti de l’époque ne se souviennent pas de son passage[24]. Alain Soral a mis en ligne sur son site ses cartes d’adhérent au Parti communiste français à la cellule Paul-Langevin, de 1995 à 2000. Il déclare également avoir animé pendant cette période, aux côtés de Marc Cohen - rédacteur en chef de L'Idiot international de Jean-Edern Hallier -, le « Collectif communiste des travailleurs des médias » (dit aussi « cellule Ramón Mercader »), faisant paraître un bulletin confidentiel aux parutions sporadiques[25] intitulé La Lettre écarlate[27]. Cette initiative n’aurait pas de lien avec le PCF[28]. Selon Jean-Paul Gautier et ses coauteurs, « en réalité, ce collectif était dirigé par Henri Malberg, membre du comité central du PCF. Lors de nos investigations, nous n’avons trouvé aucun document qui laisserait entrevoir qu’Alain Soral aurait joué le rôle qu’il cherche à s’attribuer »[26]. D’après des témoignages recueillis par Mathieu Molard et Robin d’Angelo, c’est néanmoins en côtoyant ce « courant nationaliste encore présent au PCF » qu’il devient « obsédé par les juifs »[29].
Après avoir fait campagne pour le non au référendum sur le traité de Maastricht de septembre 1992, il déclare avoir participé en mai 1993, toujours avec Marc Cohen, à la rédaction de l’appel « Vers un front national », signé par Jean-Paul Cruse — ancien membre de la Gauche prolétarienne, membre du collectif et délégué SNJ-CGT de Libération, dont il est l’un des fondateurs — et publié en première page de L’Idiot.[30] Cet appel, s’appuyant sur la vision de la « destruction précipitée de la vieille gauche », propose « une politique autoritaire de redressement du pays », rassemblant « les gens de l’esprit contre les gens des choses, la civilisation contre la marchandise — et la grandeur des nations contre la balkanisation du monde […] sous les ordres de Wall Street, du sionisme international, de la bourse de Francfort et des nains de Tokyo » et appelle, pour « forger une nouvelle alliance », à la constitution d’un « front » regroupant « Pasqua, Chevènement, les communistes et les ultra-nationalistes », un nouveau front pour « un violent sursaut de nationalisme, industriel et culturel »[31]. Une polémique naît alors sur l’existence de convergences « rouges-bruns »[32].
Alain Soral cesse ensuite d'être membre du PCF, disant s’opposer à l’abandon de son contenu révolutionnaire, tout en continuant à approuver l’« outil d’analyse » marxiste[33].
Critique des « communautarismes » homosexuel, féministe et juif
Dès le début des années 2000, il pourfend dans ses livres[34] ce qu’il qualifie de communautarisme : il s’en prend vivement aussi bien aux mouvements homosexuels ou féministes qu’aux associations représentatives de la communauté juive, dans des termes qui se veulent souvent provocateurs[35]. Pour Soral, la montée du communautarisme en France est dangereuse pour la République et constitue une atteinte au principe d’universalité républicaine car, à sa conception « fait[e] d’histoires comparées, de métissages, de transformations », elle tendrait à substituer « un débat réduit à la compétition victimaire. Soit l’Histoire ramenée à l’éternelle persécution des femmes, des pédés, des Arabes, des Noirs, des Juifs… »[36].
Les prises de position d’Alain Soral « anti-communautaristes » sont suivies avec intérêt par Les Identitaires qui tentent en vain un rapprochement avec lui au début de l’année 2004 en lui écrivant deux lettres[37]. En 2006, il signe avec Fabrice Robert et Philippe Vardon[n 3], deux figures des Identitaires, un appel à la libération de Michel Lajoye, condamné pour des attentats à l’explosif contre des commerces et des logements de travailleurs maghrébins[38].
Malgré son hostilité envers l'homosexualité, Soral a affirmé à la radio avoir eu des expériences homosexuelles : « J'ai essayé aussi pour voir. Quand on a envie d'une petite aventure rapide entre 23 heures et 1 heure du matin. On va au square et en une demi-heure, c'est fait. » Selon le cinéaste Vincent Dieutre, Soral tiendrait un « double discours », alors qu'il aurait eu un acte sexuel avec lui ainsi qu'« un garçon » dans les années 1980[39].
Association avec Dieudonné
En 2002, Alain Soral publie Jusqu’où va-t-on descendre ? Abécédaire de la bêtise ambiante. L’ouvrage s'écoule à 60 000 exemplaires en un mois, sans aucune promotion ni couverture médiatique[5], et à 80 000 exemplaires l’année de sa publication, « contre toute attente », d’après Emmanuel Poncet[17]. Cet ouvrage contribue à faire connaître Alain Soral du grand public[40]. Libération classe encore à l'époque Soral comme un « réactionnaire de gauche » : le journal considère, au moment de la sortie de Jusqu’où va-t-on descendre ?, que Soral se situe dans « le mouvement croissant de libération de la parole gauloise (Camus, Houellebecq, Muray, etc.) » tout en soulignant qu'il « débite souvent avec brio une phraséologie « néoréac » en constante contradiction avec la loi Gayssot »[5].
Dans son livre, Alain Soral s’en prend, parmi de multiples cibles, à Dieudonné[41], qu’il accuse de vouloir bénéficier d’une « rente de culpabilisation victimaire » dont les Françaisblancs seraient les victimes. Qualifiant l’humoriste d’« inculte et désormais pas drôle », il ajoute par ailleurs :
« Si Dieudonné s’énerve sur le populo français […], c’est peut-être parce qu’il lui démange de montrer du doigt la communauté logiquement désignée par sa revendication d’une plus juste représentation des « communautés visibles ? » Une « communauté invisible » surreprésentée dans le showbiz en termes de quotas, mais à laquelle il doit aussi son doux statut de rigolo »[42].
Ayant pris connaissance de ces critiques, Dieudonné souhaite rencontrer Soral. En 2004, les deux hommes prennent contact et deviennent finalement amis et politiquement proches, étant notamment tombés d’accord, selon Soral, sur le sujet de l’« antisionisme » et du « lobby juif »[43]. Dès lors, l’essayiste fait figure, de son propre aveu[44], d’« éminence grise » de Dieudonné[7],[45], ce qui permet d’observer une continuité entre ses discours et les spectacles de l’humoriste[7],[44]. Les journalistes Dominique Albertini et David Doucet relèvent que « comme Dieudonné, en effet, Soral disparaît peu à peu des médias traditionnels à mesure que s'affirme le caractère antisémite et complotiste de son discours »[46].
S’estimant victimes de déboires comparables du point de vue des agressions physiques et du boycott par les médias, Soral et Dieudonné se sont mutuellement soutenus[47], participant conjointement à la liste Euro-Palestine aux élections européennes de 2004, avant que le premier s’en retire[48], suivi par le second.
En 2006, il fait aussi partie — avec notamment Dieudonné, Thierry Meyssan et Frédéric Chatillon (ancien responsable du GUD) — d’une délégation qui se rend au Liban puis en Syrie, et rencontre notamment le président libanais Émile Lahoud, le général Aoun, opposant libanais et[49], lors d’un passage à Damas, les dignitaires du régime syrien[14], ainsi qu’Hugo Chávez, président du Venezuela. Pour la politologue Fiammetta Venner, Soral admire un Chávez « aux antipodes de celui admiré par une certaine gauche française. Ce qui intéresse Alain Soral, c’est la répression virile des opposants, la revendication de chrétienté et les provocations contre les États-Unis et les Juifs »[38].
« Chevènement pour mon parcours personnel est une sorte de sas. Je n’aurais jamais pu me rapprocher du FN directement. Toute mon idiosyncrasie est formatée par l’extrême gauche. C’est comme des pelures d’oignon qu’il faut enlever. Ce n’est pas possible sans médiation… Quand je vois que Chevènement au cours de la campagne du premier tour de 2002 s’effondre, n’ose pas franchir le Rubicon et on voit tout à coup qu’il n’a pas le courage d’aller au bout… Et finalement le seul qui a le courage, qui n’a pas l’appareil conceptuel finalement cohérent, le seul qui a le courage politique parce qu’il n’a jamais fait partie de la bourgeoisie politique, ce qu’on appelle l’establishment, le seul qui pourra aller jusqu’au bout d’une critique radicale du système s’il était à la limite moins mal entouré parce que c’est comme ça que je le vois, ce serait Le Pen et c’est là que je me dis je milite alors que je suis encore très lié au PC, enfin aux déçus du PC, je dis : « il faut voter Le Pen, c’est le vote révolutionnaire »[50]. »
Pour l’association belge RésistanceS, Alain Soral affichait dans Jusqu’où va-t-on descendre un national-populisme qui préfigurait son engagement au Front national[51].
Il propose d’abord ses services au Front National par l’intermédiaire de Bruno Gollnisch. Il se lie ensuite d’amitié avec Marine Le Pen, alors à la recherche de personnalités extérieures pour venir alimenter ses réflexions politiques et qui juge intéressante sa ligne sur la « gauche du travail » et la « droite des valeurs, » avant de convaincre Jean-Marie Le Pen[52],[53],[38], à qui il est présenté par Farid Smahi[54]. C’est durant l’automne 2005 qu’il rejoint l’équipe de campagne du FN, où il est chargé des affaires sociales et du problème des banlieues. Ce ralliement n’est révélé par Soral que plus d’un an après, lors d’un entretien paru sur Internet le . Il explique alors sa démarche en affirmant que le Front national constitue le seul parti qui lutte efficacement contre la « déferlante capitaliste et ultralibérale. » En , il déclare avoir voté pour Jean-Marie Le Pen aux deux tours de l’élection présidentielle de 2002, après avoir néanmoins été tenté de porter sa voix sur Jean-Pierre Chevènement au premier tour[27]. Le rapprochement d’Alain Soral avec Jean-Marie Le Pen est cependant accueilli alors avec une certaine méfiance par diverses personnalités du Front national[55].
Alain Soral inspire les discours prononcés par Jean-Marie Le Pen du 1er mai, de la fête des Bleu-blanc-rouge et de Valmy en septembre 2006[52],[56]. À l’occasion de l’élection présidentielle, il oriente la campagne de Jean-Marie Le Pen, auprès de qui il est « conseiller spécial »[57], vers le national-républicanisme[58]. Son exposition à l’occasion d’une conférence de presse avec Louis Aliot et Marine Le Pen en vise à faire contrepoids à l’offensive de Bruno Mégret, accusé d’utiliser l’Union des patriotes (mouvement de soutien à la candidature de Jean-Marie Le Pen) pour se remettre en selle[53]. Le président du FN indique alors : « Il apporte les éléments de sa propre personnalité, son talent, son intelligence. Et le fait qu’il soit un ancien communiste prouve bien la capacité de la nation et du mouvement national d’intégrer les Français quelles que soient leurs origines politiques »[59]. Louis Aliot explique qu'« on le voit peu mais il arrive à convaincre Le Pen que les banlieues allaient voter pour lui, pour remplacer l’électorat qui vote pour Sarkozy »[57]. Marine Le Pen précisera en 2008 : « […] contrairement à ce qui a pu être dit durant la campagne présidentielle, il n’a pas été le décideur de la stratégie de Jean-Marie Le Pen. Jean-Marie Le Pen, que les Français connaissent, a évidemment toujours conservé la maîtrise totale de ses choix stratégiques et celle de sa ligne politique »[60]. Le , après le net recul de Jean-Marie Le Pen à l’issue du premier tour, il déclare : « Le Pen méritait la France mais je ne suis pas sûr que la France méritait Le Pen »[61] et annonce qu’il va voter pour Ségolène Royal[62].
Parallèlement à son engagement au FN, Alain Soral lance en , en compagnie de Jildaz Mahé O’Chinal et Philippe Péninque[63], son propre mouvement, appelé Égalité et Réconciliation (E&R)[64]. Cette association qui se présente comme « un club de réflexion politique trans-courants dans la tradition du cercle Proudhon des Berth et Valois, […] entend convertir au nationalisme politique les jeunes des milieux populaires et notamment ceux issus de l’immigration »[63]. Avec le soutien financier des anciens membres du GUDFrédéric Chatillon, Gildas Mahé et Philippe Péninque et la participation de Serge Ayoub, il ouvre Le Local, un bar associatif situé dans le 15e arrondissement de Paris. Néanmoins, cette association entre Soral et Ayoub ne fait pas long feu[n 4],[66] et ce dernier conserve seul la gestion du Local ; « les JNR de Batskin n’appréciant pas vraiment les militants arabes d’E&R », selon Frédéric Haziza[67].
Le , à l’occasion du congrès national du Front national à Bordeaux, Alain Soral qui n’était pas candidat est nommé au comité central par Jean-Marie Le Pen, réélu président du parti[68].
Départ du Front national et Liste antisioniste
Le , Alain Soral annonce sa candidature à l’investiture comme tête de liste du Front national aux élections européennes de 2009 en Île-de-France. Six mois plus tard, le , il décide de quitter le FN après avoir été relégué à une « place d’honneur » sur la liste[69]. Accusant Marine Le Pen et Louis Aliot de s’être opposés à sa candidature[n 5] et de chercher à « virer tous les opposants authentiques au système, qu’ils proviennent de la vieille droite des valeurs ou de la vraie gauche sociale », il témoigne des profondes divergences apparues depuis près de deux ans au sein du Front national et ayant conduit au départ de plusieurs personnalités de ce parti, tout en saluant Jean-Marie Le Pen, « homme facétieux et délicat ». Ce dernier dénonce pour sa part un « comportement de petit enfant qui pique une grosse colère » et commente : « Alain Soral est plus fait pour l’écriture ou le show business que pour la politique »[70]. Selon Laurent-David Samama, l’état-major du parti l’aurait jugé « trop obsédé par le complot sioniste »[71]. Alain Soral continue néanmoins d'affirmer son soutien à Marine Le Pen tout en ciblant le « suceur de sionistes » que serait Louis Aliot[72] ; il soutient en particulier Jean-Marie Le Pen et Florian Philippot parce qu'« il critique la mondialisation et ne stigmatise jamais les musulmans »[73],[74]. D’après Marc George, alors secrétaire général d’Égalité et Réconciliation, Alain Soral aurait perdu le soutien de Jean-Marie Le Pen en amont des élections européennes de 2009 après avoir vu dans ses propos sur les chambres à gaz les « lubies d’un vieil homme »[75]. Marine Le Pen finit par qualifier Alain Soral de « gourou » et de « pervers narcissique »[76].
Entre-temps, chroniqueur au journal Flash à partir de sa fondation en avec d’anciens collaborateurs de National-Hebdo, il le quitte en avril 2011 le jugeant devenu trop proche du Front national[80]. Par ailleurs, il se montre discret à l’occasion du XIVe congrès du Front national qui doit désigner, à Tours, le successeur de Jean-Marie Le Pen à la présidence du parti. Marc George l’accuse d’avoir renoncé à soutenir Bruno Gollnisch en échange d’une promotion de la part de Marine Le Pen[81].
Alain Soral continue néanmoins d’avoir une certaine influence chez une partie des militants du FN, notamment chez les jeunes, qui développent d’après l’historien Nicolas Lebourg« tout un discours « républicain » sous influence soralienne, pour pointer le poids d’un certain communautarisme » (juif)[82], mais aussi chez une partie des cadres[83],[84]. Pour Jacob Rogozinski, professeur à la faculté de Strasbourg, « des relations étroites existent toujours entre les réseaux Dieudonné-Soral et certains membres de la direction du FN, et ces passerelles font circuler dans les deux sens les hommes et les idées. Bien loin de s’opposer, soraliens et lepénistes tendent ainsi à se renforcer réciproquement »[85]. S’il considère qu’il a échoué à faire bouger la ligne du FN sur l’islam, du temps où il en était membre, Alain Soral s’attribue néanmoins le « virage économique antilibéral » opéré par Marine Le Pen[86], ce que contestent Abel Mestre et Caroline Monnot, journalistes au Monde : « Tous les numéros 2 du Front national, hormis Bruno Gollnisch, ont plaidé pour un créneau social. La transformation de la sociologie électorale du Front national à partir de 1995 a rendu ce virage obligatoire selon le vieux principe : Il faut bien que je les suive, puisque je suis leur chef. »[87]
Développement de ses propres activités politiques et commerciales
Dès lors, s’inscrivant dans une démarche propre à l’activisme par les médias[88], Alain Soral se consacre essentiellement à Égalité et Réconciliation, dont l’objet est la « promotion des idées de l’essayiste Alain Soral sur la gauche du travail et la droite des valeurs »[89] — association présentée comme « nationaliste de gauche »[90] mais classée à l’extrême droite par la plupart des observateurs et qualifiée d’antisémite par certains d’entre eux — en organisant des conférences et en réalisant des entretiens sur Internet particulièrement suivis[91], surtout par « un public jeune et masculin », composé de « chômeurs mais aussi [d’]étudiants ou cadres diplômés »[14], disposant souvent d’un certain capital culturel[75]. Pour le politologue Jean-Yves Camus, si le mouvement connaît une certaine audience auprès de la génération des 18-25 ans, « pour comprendre le phénomène Soral, il faut le replacer dans le contexte des années 2000 pendant lesquelles on assiste à une course à la transgression antisémite illustrée parfaitement par l’émergence de Dieudonné. Dans les deux cas, Soral et Dieudonné, c’est moins leur discours qui suscite l’engouement que leur capacité à dire des choses transgressives qui attirent les gens »[92]. Pour le politologue Gilles Kepel, « Alain Soral décide de réinvestir le champ militant issu de la mouvance nationaliste révolutionnaire »[93]. L'historien Pascal Ory le présente comme le « premier intellectuel français de renom promu par la culture numérique »[94].
En , il fonde sa propre structure, Culture pour tous, société qui comprend : la maison d’édition Kontre Kulture qui diffuse notamment la réédition de ses livres ; Sanguis Terrae qui vend du vin ; Prenons le maquis (anciennement Instinct de survie) qui vend du matériel survivaliste et organise des stages, en partenariat avec Piero San Giorgio, auteur de Survivre à l’effondrement économique ; et Au bon sens qui vend par des circuits courts des produits biologiques. Alain Soral possède 80 % des parts de Culture pour tous qui est gérée par Julien Limes, secrétaire de Égalité et Réconciliation[95]. En 2012, la société a déclaré un chiffre d’affaires de 640 400 € pour un résultat net de 64 300 €[89]. D’après StreetPress, « en octobre 2014, la PME a généré plus de 170 000 euros. Ce qui, rapporté sur un an, équivaudrait à plus de 2 000 000 d’euros de chiffre d’affaires »[96]. Pour l’essayiste Michel Briganti, Alain Soral s’inscrit, avec cette activité commerciale, dans une pratique répandue à l’extrême droite : « capitaliser sur une expérience militante est très classique dans ce milieu. […] En fait, tous les petits groupes d’extrême-droite animés par de fortes personnalités font du business, d’une manière ou d’une autre », citant Frédéric Chatillon, Serge Ayoub et Dieudonné[89].
Depuis , à la suite de son refus de l’inviter sur le plateau de son émission sur LCP, Frédéric Haziza, journaliste à Radio J et sur LCP, fait l’objet d’une violente campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux et d’une pétition, lancée en sur Change.org, visant à son renvoi de LCP pour « son incompétence, son tribalisme, sa partialité, sa totale agressivité et ses multiples provocations contre ceux qui ne sont pas d’accord avec lui »[97],[98],[99],[100],[101].
En 2014, des photos nues de Soral apparaissent sur internet, tout comme celles d'une relation, l'hôtesse d'accueil et mannequin originaire de Guinée, Binti Bangoura, qui avait repoussé ses avances. Cette dernière dénonce des injures à caractère racial, une violation des données informatiques, du harcèlement moral et des menaces de sa part - et par des proches de l'essayiste - pendant des mois[102]. Tombée dans la dépression, elle porte plainte le 16 novembre[102]. Soral nie les accusations et retournant à sa marotte, il écrit sur son site : « S'il ne s'agit pas d'incitation à la haine raciale voulue par le lobby sioniste pour casser la dynamique de Réconciliation nationale, cette campagne y ressemble fort ! »[103]. Le procès a lieu deux ans plus tard, où Soral ne se rendra pas mais sera condamné à des amendes[102],[104].
Alors que l’influence persistante d’Alain Soral au FN inquiète une frange du parti engagée dans une stratégie de « dédiabolisation », Louis Aliot en particulier[84], Aymeric Chauprade, conseiller aux questions internationales de Marine Le Pen, déclare en , alors qu’il tente d’infléchir la ligne du FN sur le plan international dans un sens favorable à Israël : « Soral n’a pas d’influence sur Marine, il s’est auto-investi d’une mission que personne ne lui a confiée. Si sa mission est de ramener des musulmans en leur expliquant que le FN est un parti antisémite et/ou antisioniste — parce que j’ai l’impression que ça devient un peu la même chose —, il s’est trompé d’adresse »[105]. Dénonçant « la trahison Chauprade », Alain Soral appelle dès lors à ne plus voter pour le FN, malgré une tentative de médiation de Jean-Marie Le Pen[84], puis annonce en avec Dieudonné la création d’un nouveau parti dénommé « Réconciliation nationale ». Les deux hommes justifient cette démarche par le fait que « le Front national est entré dans le système après l’éviction de Jean-Marie Le Pen » et par « l’incroyable promotion » du Suicide français d’Éric Zemmour, publié un mois plus tôt[106]. Marine Le Pen refuse de commenter sérieusement cette initiative qu’elle assimile à « du folklore » et « de la pub »[107]. Dans le même temps, de nombreux membres de la « dissidence », terme désignant en interne la mouvance constituée autour de Dieudonné et de Soral, se désolidarisent de ces derniers, dénonçant notamment l’autoritarisme et les outrances du président d'Égalité et Réconciliation[76]. Le , Soral et Dieudonné figurent parmi la centaine d’invités conviés à l’anniversaire de Jean-Marie Le Pen, alors que Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen ont décliné l’invitation[108]. Réconciliation nationale naît officiellement en [109]. Libération observe en que le projet « reste à cette heure lettre morte »[110].
En décembre 2016, Soral participe à un débat organisé par Dieudonné, dans lequel il se confronte au militant Daniel Conversano. Ne partageant pas le même point de vue, Soral l'agresse violemment par des coups de poing au visage[116].
En , Facebook supprime les comptes d'Alain Soral et d'Égalité et Réconciliation, au motif que « les organisations ou les personnes qui prêchent la haine ne sont pas autorisées sur Facebook ». Puis, en , c'est au tour d'Instagram de fermer le compte d'Alain Soral. En réaction, celui-ci ouvre des comptes pour lui-même et son association sur le réseau social russe VKontakte, imité en cela par Dieudonné et du blogueurnéo-naziBoris Le Lay qui ont fait l'objet de mesures similaires par les réseaux sociaux occidentaux[117],[118]. En , sa chaîne YouTube, qui compte environ 100 000 abonnés, est brièvement fermée en raison de « discours incitant à la haine ou à la violence »[119],[120]. L'historien Nicolas Lebourg relève alors que le site d'Égalité et Réconciliation connaît « une décrue de son trafic et de son influence », et estime que « l’une des difficultés d’Alain Soral [est] la marginalisation de Manuel Valls. N’étant plus désigné par le plus haut sommet de l’État comme une question d’ordre public, il perd en attractivité – il faudra voir si la volonté de la LICRA de faire fermer ses outils de communication peut le relancer »[121]. En 2020, son compte Twitter approche les 65 000 abonnés[122].
Mediapart relève qu'il a « posté très tôt des vidéos de soutien » au mouvement des Gilets jaunes et « s’est immédiatement reconnu dans une fronde marquée par la défiance envers les partis comme les syndicats et aux contours politiques flous, lui qui définit son mouvement Égalité et réconciliation comme réunissant la « gauche du travail » et « la droite des valeurs »[123].
Fin 2019, il déménage dans le canton de Vaud en Suisse, indiquant qu'il cherche ainsi à « échapper à la détestable ambiance qui règne en France, du fait des agissements conjugués des immigrationnistes » ; selon Libération et StreetPress, son objectif est de « fuir la justice française »[122],[124]. Sous le nom de « Robert Bonnet », Soral loue un appartement à Lausanne[125]. Il déménage également dans le canton de Vaud la structure qui sert de réceptacle aux dons adressés à Égalité et Réconciliation[122]. « Selon la presse suisse, ce déménagement pourrait permettre à Alain Soral de contourner les sanctions subies en France suite à de multiples condamnations pour antisémitisme et négationnisme, alors qu’il n’a jamais été condamné en Suisse »[125].
En , YouTube supprime définitivement la chaîne d'Alain Soral « ERTV Officiel » (acronyme de son site Égalité et Réconciliation) qui comptait près de 185 000 abonnés, ainsi que sa chaîne secondaire, « ERTV International », qui en comptait près de 3 200. Google France indique s'appuyer sur ses nouvelles conditions d'utilisation de et invoque des « enfreintes [sic] répétées aux conditions d'utilisation »[126],[127],[128]. Sur la page de l'ancienne chaîne, un message précise que « ce compte a été clôturé à la suite de manquements graves ou répétés aux règles de YouTube interdisant l’usage de contenu incitant à la haine »[129]. Cette fermeture a lieu dans un contexte de fermeture de nombreuses chaînes de suprémacistes blancs aux États-Unis et la fermeture de la chaîne YouTube de Dieudonné en France[129]. Cependant, ses vidéos continuent de circuler sur YouTube par l'intermédiaire des filiales locales d’E&R qui ont visiblement échappé à la sanction, ainsi que de fans et d'influenceurs pro-Poutine[130]. Selon StreetPress, suivant la fermeture de ses chaînes YouTube, Alain Soral lance Le Média en 4-4-2 en guise de faux-nez[131].
Le , la cour d’appel de Paris a confirmé le jugement du par lequel Alain Soral était condamné à une amende de 3 000 € pour incitation à la haine raciale à la suite de propos tenus dans le cadre de l’émission Complément d'enquête sur France 2, le . Entre autres propos de la même veine, celui-ci affirmait : « la formation qualifiante pour exister dans les médias aujourd’hui, c’est d’être sioniste : si t’es antisioniste, si t’es judéo-critique ou quoi que ce soit tu dégages […] »[132].
Le , le juge des référés de Bobigny, saisi par la LICRA, ordonne l’interdiction et le retrait des ventes « dans un délai d’un mois » de l’Anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme, de Paul-Éric Blanrue et la censure partielle de quatre ouvrages réédités par Kontre Kulture : La France juive d’Édouard Drumont, Le Salut par les Juifs de Léon Bloy, Le Juif internationald’Henry Ford et La Controverse de Sion de Douglas Reed. La maison d’édition et Alain Soral sont également condamnés à verser, « à titre de provision », 8 000 euros à la LICRA, ainsi qu’à payer une partie des frais de justice[133]. La LICRA a également demandé la réparation du préjudice subi pour incitation à la haine raciale et à l’antisémitisme par l’édition du livre Anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme. Dans un délibéré daté du , le TGI annule cette condamnation. Néanmoins, la condamnation d’Alain Soral est à nouveau confirmée définitivement en appel[134] et l’ouvrage de Paul-Éric Blanrue figure sur le site de la maison d’édition avec la mention « interdit à la vente à partir du 13 décembre ». Ayant remis en vente des exemplaires complets de l’ouvrage Le Salut par les Juifs de Léon Bloy, il est condamné le par la cour d'appel à verser une amende de 134 400 euros à la LICRA[135].
Le , Alain Soral est condamné en première instance à 2 500 euros d’amende, un euro symbolique de dommages et intérêts, 3 000 euros au titre des frais de justice, ainsi qu’à la publication, à ses frais, du jugement dans deux journaux, pour diffamation envers le maire socialiste de ParisBertrand Delanoë, après avoir porté à son encontre des accusations d’enrichissement illégal et de pédophilie, dans une vidéo datée du sur le site d’Égalité et Réconciliation[136]. Cette condamnation est confirmée et alourdie en appel, le , avec 2 000 euros de dommages et intérêts et 5 000 euros au titre des frais de justice[137].
Le , Alain Soral est condamné à 1 500 euros d'amende pour diffamation, peine assortie de 3 000 € de dommages et intérêts ainsi que 1 000 euros de frais de justice. La plainte avait pour cause un entretien de , publié sur Égalité et Réconciliation, dans lequel Alain Soral avait diffamé un employé municipal toulousain[138]. Alain Soral fait appel. la Cour d’appel de Toulouse confirme et ajoute 800 € de frais de justice.
Le , Alain Soral est condamné à 2 000 euros d’amende, 2 000 euros de dommages et intérêts et 3 000 euros de frais de justice, pour diffamation envers le vice-président du Front nationalLouis Aliot, après l’avoir qualifié de « con du mois », de « suceur de sionistes », de « saloperie » et de « crétin », dans une vidéo publiée le sur le site d’Égalité et Réconciliation. Le directeur de la publication de ce site a également été condamné à 1 500 euros d’amende avec sursis[139]. Ayant fait appel, Soral est à nouveau condamné à verser 2 000 euros à Louis Aliot[140].
Le , Salim Laïbi, chirurgien-dentiste, polémiste, a déposé plainte avec constitution de partie civile contre Alain Soral auprès du TGI de Marseille, pour diffamation à la suite du post Facebook d'Alain Soral : « On ne l'entend plus le dentiste obèse ! Il n'appelle plus au djihad anti-Gaulois. C'est pourtant sa ligne depuis des mois ». Selon le quotidien La Provence, Alain Soral refusera de se rendre aux convocations du juge d'instruction malgré un mandat d'amener. Il est également absent à l'audition du au TGI de Marseille, où son avocat, Me Drici Lahcen, affirme « que son client n'a pas dépassé les limites de la liberté d'expression »[141] et que ce n'était pas sa page Facebook. Le , Alain Soral est condamné par le tribunal correctionnel de Marseille pour diffamation publique à une amende pénale de 2 000 euros[142].
Le , le tribunal correctionnel de Paris condamne également Alain Soral à 4 000 euros d’amende pour diffamation publique en raison de l’orientation sexuelle à l’encontre de Pierre Bergé, en raison de propos tenus dans son livre Dialogues désaccordés, coécrit avec Éric Naulleau. Outre l’amende, le tribunal correctionnel a condamné Alain Soral à verser à Pierre Bergé 10 000 euros de dommages et intérêts, solidairement avec l’éditeur du livre, Hugues Robert de Saint Vincent[143]. Le , la cour d'appel de Paris condamne Alain Soral à verser 17 000 euros à Pierre Bergé et demande la suppression du passage le concernant des exemplaires commercialisés ; l'éditeur préfère retirer l'ouvrage de la vente[144].
Le , Alain Soral est condamné à 5 400 euros d'amende pour « diffamation à raison de la religion ». Le , il avait notamment affirmé que « tout est juif dans le 11 septembre » sur le réseau social russe VKontakte. Ce commentaire renvoyait vers un article conspirationniste sur le site Égalité et réconciliation[145].
Le 16 décembre 2022, Alain Soral est condamné par le tribunal de police de Lausanne (Suisse) à 1 500 francs d’amende pour diffamation à la suite de propos homophobes tenus à l'encontre de la journaliste Cathy Macherel[146]. Il doit en outre verser 500 francs suisses à la journaliste pour tort moral et payer ses frais d’avocat, à hauteur de 7 000 francs. Lors du jugement de première instance, le , Alain Soral avait été condamné par le Ministère public vaudois à 3 mois de prison ferme pour homophobie, ainsi qu'à 1 500 francs d'amende et à 1 950 francs de frais de procédure[147]. Le procureur général du Canton de Vaud annonce le 21 février 2023 qu'il recourt contre le jugement du 16 décembre 2022 et requiert une peine ferme de trois mois de prison[148]. Le 2 octobre 2023, le Tribunal cantonal vaudois le reconnaît coupable de diffamation, de discrimination et d'incitation à la haine. La condamnation prévoit à une peine privative de liberté de 60 jours[149]. Le , le Tribunal fédéral confirme cette condamnation en réduisant la peine à 40 jours pour des raisons de procédure[150].
Le , le tribunal correctionnel de Paris condamne Alain Soral, en tant que directeur de la publication du site d'Égalité & Réconciliation, à 5 000 euros d'amende pour injures et injures antisémites, en raison de commentaires publiés sur le site par des internautes s'en prenant au journaliste Frédéric Haziza. Il doit également verser 3 000 euros de dommages et intérêts, 2 000 euros pour les frais de justice, un euro de dommages et intérêts à la LICRA et 1 000 euros pour les frais de justice[154].
Le , le tribunal correctionnel de Paris condamne Alain Soral à 10 000 euros d'amende pour injure raciale à l’encontre de Frédéric Haziza à la suite d'un texte publié sur son site Internet. Il doit également lui verser 5 000 euros de dommages et intérêts et 3 000 euros pour les frais de justice, ainsi que 1 euro de dommages et intérêts et 1 000 euros de frais de justice à quatre associations de lutte contre le racisme. Il est par ailleurs déclaré coupable du délit de provocation à la discrimination religieuse pour d’autres passages du texte ainsi que le commentaire d’un internaute[155].
Le , il est condamné à un an de prison ferme pour injure et provocation à la haine raciale, par le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir injurié une magistrate et propagé des propos antisémites sur son site[156]
Le , Alain Soral est condamné à un an de prison ferme pour injure publique antisémite, après avoir posté sur site en 2018 une vidéo où il déclarait, peu après l’inhumation de Simone et Antoine Veil au Panthéon : « On a toute la famille Veil qui vient d’y rentrer, et puis là ils veulent peut-être presque nous mettre Lanzmann, c’est une véritable déchetterie casher. » Dans leur jugement, les juges estiment que Soral n'a pas reculé « devant le fait de salir et de poursuivre par-delà la mort » les victimes du nazisme, « par le choix de ses mots qui sont la prolongation d’actes de mort et qui sont en eux-mêmes actes de haine et de provocation »[157].
Le , Alain Soral est condamné en appel à 150 jours-amendes et 22 500 euros d'amende pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion » après la diffusion sur son compte Twitter et son site Égalité et réconciliation d’une photo prise le 5 mai 2019 le montrant réalisant une « quenelle » devant le tribunal de Colmar[158],[159],[160],[161]. Il avait été relaxé en première instance, le 10 janvier 2020[162]. Sa requête en cassation est rejetée le 18 janvier 2022[163].
Le , Alain Soral est condamné à 12 000 euros d'amende pour injure raciale tenue à l'encontre de la militante Farida Belghoul, anciennement proche d'Alain Soral[164].
Le , Alain Soral est condamné à 6 000 euros d’amende, 3 000 euros de dommages et intérêts et 2 000 euros de frais de justice, pour provocation à « la haine, la discrimination ou la violence » à l’égard du journaliste français Frédéric Haziza et de la communauté juive. Il avait, en , publié une vidéo dans laquelle il estimait que Frédéric Haziza faisait « un boulot de censeurtribaliste » et dénonçait « une arrogance, une domination et une malhonnêteté communautaire ». Le tribunal a estimé qu’Alain Soral, « mû par sa vindicte personnelle à l’encontre de Frédéric Haziza […], passant du particulier au général et radicalisant ses propos, s’est exprimé dans des termes qui, à l’évidence, visent non pas les seuls juifs sionistes, mais bien les juifs dans leur ensemble »[165]. Le tribunal a également ordonné à Alain Soral de supprimer les propos concernant Frédéric Haziza de la vidéo dans un délai de huit jours, sous astreinte de 1 000 euros par jour. Il a en outre été condamné à verser un euro de dommages et intérêts et 1 000 euros de frais de justice à la Ligue des droits de l’homme et à l’association « J’accuse », les parties civiles de la Licra, de SOS Racisme et de l’UEJF ayant été déclarées irrecevables pour des raisons de procédure[166],[167]. Le , la cour d’appel de Paris confirme la condamnation d’Alain Soral à 6 000 euros d’amende pour provocation à la haine envers Frédéric Haziza et les Juifs, et lui ordonne de supprimer les propos concernant Frédéric Haziza d’une vidéo circulant sur Internet[168].
Le , il est condamné à deux peines d'emprisonnement avec sursis pour provocation à la haine, après la diffusion de deux dessins jugés antisémites sur le site d'Égalité & Réconciliation[169]. Ces condamnations sont confirmées en appel le [170].
Le , il est condamné à deux ans de prison dont 18 mois ferme pour provocation à la haine raciale, ainsi qu'à 45 000 euros d'amende pour injure publique aggravée[171].
Le 18 septembre 2020, Alain Soral est condamné en première instance à 90 jours-amende de 60 euros (chaque partie civile a obtenu 1 euro de dommage et intérêts et 1 500 euros au titre des frais de justice) pour « provocation raciale » pour avoir imputé aux Juifs l’incendie de Notre-Dame de Paris[172]. La Cour d’appel de Paris a aggravé ce jugement et a condamné Alain Soral à 4 mois d’emprisonnement sous le régime de la semi-liberté pour « provocation à la haine ou à la violence envers un groupe de personnes »[173].
Le 19 mai 2021, Alain Soral est condamné en appel à 80 jours-amende de 50 euros (chaque partie civile a obtenu 1 euro de dommage et intérêts et 1 500 euros au titre des frais de justice) pour « provocation raciale ». il est reproché à Alain Soral une interview pour le magazine québécois Le Harfang dans laquelle il parlait de subir « la censure exigée par le pouvoir juif », de « la même communauté cosmopolite et dominatrice dont se plaignait déjà le général de Gaulle en 1967 » ou du « pouvoir juif incarné par le CRIF »[173].
En , il écope de six mois de prison avec sursis pour « apologie de crimes de guerre et contre l’humanité » pour des propos visant Serge et Beate Klarsfeld ; il doit également verser 5 000 euros de dommages et intérêts à chacun des époux, ainsi que 2 000 euros à la LICRA[174].
Le , il est condamné à 6 000 euros d'amende pour avoir publié et mis en vente sur le site d'Égalité & Réconciliation une affiche jugée négationniste, diffamatoire et incitant à la haine envers les Juifs ; il est également condamné à verser solidairement 2 000 euros à la Licra, partie civile et à l'origine de la plainte dans ce dossier[178].
Le , il est condamné à un an de prison ferme avec mandat d'arrêt pour négation de la Shoah. Son avocat, Damien Viguier, est condamné à 5 000 euros d'amende, pour complicité, dans la même affaire[179]. Le procès en appel conduit à un allègement de sa peine[180]. Le jugement d'appel, rendu le , le condamne ainsi à payer 5 000 euros d’amende (avec une conversion de l'amende en peine d’emprisonnement en cas de non-paiement). À la suite de la décision de la cour d'appel, il se pourvoit en cassation. Le 19 octobre 2021, la Cour de cassation annule la décision d'appel concernant la constitution de partie civile d'une association, rejetant tout le reste du pourvoi, rendant sa peine définitive[181].
Autres motifs
Le , Binti Bangoura, une top modèle et chanteuse française d’origine africaine, dépose plainte contre Alain Soral[182],[183]. Alain Soral est convoqué le devant le tribunal de Paris, sur citation directe, pour « injures raciales », « menaces », « harcèlement » et « envois réitérés de messages malveillants »[184]. En , il est condamné à 120 jours-amende de 50 euros (une peine transformée en emprisonnement si la totalité de l'amende n'est pas acquittée) et à verser 8 000 euros à la jeune femme (dommages-intérêts et frais de justice) pour « menaces d'atteinte à la vie privée » et « envoi réitéré de messages malveillants »[185],[104].
Le , le tribunal correctionnel de Paris condamne Alain Soral à verser 60 jours-amende de 50 euros — soit 3 000 euros —, sous peine d’emprisonnement, pour avoir lancé fin 2013 un appel aux dons sur Internet afin de payer la condamnation dont il avait écopé pour des propos diffamatoires à l’encontre de Bertrand Delanoë. Entre (avant son appel aux dons) et , les enquêteurs ont pu déterminer qu’Alain Soral et son association Égalité et Réconciliation ont encaissé au total plus de 350 000 euros[186].
Le , il est condamné par la Cour d'appel de Paris à trois mois d'emprisonnement avec sursis et 5 000 euros d'amende, pour avoir indiqué de faux directeurs de la publication sur le site d'Égalité et Réconciliation. Cette condamnation est confirmée en cassation le [187].
Procédures en cours
Le , Alain Soral est condamné à 1 500 euros d’amende, 3 000 euros de dommages et intérêts ainsi que 1 000 euros au titre des frais de justice, pour diffamation envers un employé municipal de Toulouse, à la suite de propos tenus à son encontre dans une vidéo du mois de . Alain Soral a fait appel du jugement[188].
Le à Paris, il est placé en garde à vue par la brigade de répression de la délinquance à la personne pour des faits de « provocation à commettre un crime ou délit portant atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation »[189], « injure publique à raison de l’origine ou de l’appartenance ou de la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » et de « provocation publique à la haine ou à la violence, à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de l’origine ou de l’appartenance ou de la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». Le , il est mis en examen[190].
Procès intentés par Alain Soral
Le 3 juillet 2015, Alain Soral perd le procès en diffamation qu’il avait intenté à l’ancien président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) Jonathan Hayoun, qui l’avait cité comme ayant contribué par ses propos à inspirer des personnes ayant commis des actes de violence terroriste[191].
Début 2015, Alain Soral a déposé deux plaintes en constitution de partie civile contre Salim Laïbi pour injures publiques à la suite de la publication de deux vidéos[réf. nécessaire].
Un conflit a opposé en 2003 l’association Act Up-Paris à sa maison d’édition, les éditions Blanche, à laquelle elle reprochait la publication de plusieurs auteurs, dont Alain Soral[192], qui diffuse des jugements négatifs envers les homosexuels et même, selon elle, « la haine des homosexuels ». Elle est ainsi intervenue pour que son directeur de publication cesse de l’éditer[193]. Act Up a également vandalisé les locaux des éditions Blanche, en protestation contre sa ligne éditoriale[194]. Alain Soral s’est plaint des « persécutions physiques de la milice communautaire Act Up »[195].
Critique du féminisme et diffusion du masculinisme
Le féminisme, et plus généralement les femmes, est un thème très présent dans l’œuvre d’Alain Soral (notamment dans Sociologie du dragueur, Vers la féminisation ? ou Misères du désir)[196]. Il voit dans le féminisme « une manie de la bourgeoisie pour détourner d’une analyse marxiste de la condition de la femme »[197]. Pour Jean-Paul Gautier, André Déchot et Michel Briganti :
« son antiféminisme prend sa source dans les positions du PCF d’avant 1975. Empreint d’une ignorance notable des débats qui ont parcouru le mouvement des femmes, depuis près de quarante ans, et ses interactions avec les organisations démocratiques et du monde du travail, son économisme et son pseudo-marxisme viriliste l’amènent à théoriser dans son ouvrage Vers la féminisation ? que « la femme n’est pas « l’avenir de l’homme », mais celle de la social-démocratienéolibérale, qui passe nécessairement par la dépolitisation « sociétale » des luttes sociales »[198].
Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri inscrivent Vers la féminisation ? dans un mouvement auquel participent d’autres ouvrages tels que Le Premier Sexe d’Éric Zemmour et Big mother : Psychopathologie de la vie politique de Michel Schneider, évoquant un « renouveau de l’antiféminisme » et une « éclosion du phénomène « masculiniste »[199]. Avec d’autres ouvrages (notamment Le Premier Sexe d’Éric Zemmour et Sociologie du dragueur du même Alain Soral), Vers la féminisation ? est devenu une des références francophones de la communauté de la séduction[200]. Pour Mickaël Studnicki aussi, son discours sur la « féminisation de la société », qui reprend le discours de nationalistes des années 1960 tels que Jean Mabire et Dominique Venner sur la « dévirilisation » de la société française, en fait, avec Éric Zemmour, l'un des vulgarisateurs d'un concept à diffusion confidentielle et porte-paroles à la télévision du masculinisme[201]
D’une manière générale, l’universitaire Stéphane François estime qu’il développe, bien qu’étant « issu des milieux catholiques traditionalistes », une pensée « composite, attrape-tout » ; aussi l’essayiste Jean-Paul Gautier voit-il en lui une « girouette idéologique »[210]. Des observateurs issus de la gauche antilibérale comme le sociologue Philippe Corcuff, Évelyne Pieiller, rédactrice au Monde diplomatique, ou Julien Salingue, rédacteur à L'Anticapitaliste, l’accusent respectivement de « brouillage idéologique »[211], d’« embrouilles idéologiques »[206] et d’« enfumage idéologique »[212]. L’essayiste Jacques de Guillebon considère également que « son indéniable talent réside justement dans sa capacité à s’adresser à des publics très divers, en mobilisant des éléments de langage d’origines disparates », invoquant René Guénon pour « certains musulmans », l’opposition à Vatican II pour « certains catholiques », « les racines païennes de la France » pour « les identitaires ou les férus de la Nouvelle Droite », ou encore « Valmy, la République jacobine et centralisatrice » pour les souverainistes[213]. Les observateurs s’accordent pour dire que ses sympathisants n’adhèrent pas en bloc à tous les pans de ce discours mouvant et protéiforme[214].
Certains, tels Claude Askolovitch[52] ou Frédéric Haziza[215], le désignent tout d’abord comme représentatif de la mouvance « rouge-brune ». La revue intitulée La Lettre écarlate qu’il a animée, ainsi que son appel à un « Front national » en 1993, alors qu’il était engagé au Parti communiste, sont notamment caractérisés comme tel[56],[71],[216]. La journaliste Marie-France Etchegoin, mettant en cause « son copinage avec les dictatures du monde arabe », parle quant à elle d’« alliance « rouge-brun-vert »[14]. Caroline Fourest, qui souligne l’évolution de son discours sur la jeunesse d’origine maghrébine et le métissage, estime quant à elle qu’Alain Soral est emblématique de la transformation des rouges-bruns en « verts-bruns »[217].
Après son engagement au FN, le journaliste Claude Askolovitch en fait le théoricien d’un « lepéno-marxisme »[52],[218] : en , Alain Soral publie ainsi un texte intitulé « Marx voterait Le Pen »[56]. Selon Éric Naulleau, « on ne peut pas le comprendre si on ne le définit pas comme marxiste »[7], ce que contestent cependant Évelyne Pieiller[206], Guillaume Faye et Jean-Paul Gautier. Pour ce dernier, « Soral se situe en fait à la rencontre des frères Strasser (Gregor et Otto) en Allemagne et de Mussolini en Italie. Il se place sur son terrain de prédilection et sa spécialité : le double discours : marxiste et traditionaliste. C’est ainsi qu’il présente son livre Comprendre l’Empire [p. 15] : « Cet essai pédagogique récapitule le parcours complet allant de la Tradition au Marxisme et du Marxisme à la Tradition qui seul permet la mise à jour du processus de domination oligarchique engagé depuis plus de deux siècles en Occident »[56]. L’historien Emmanuel Kreis considère qu’Alain Soral est « plus marqué par les penseurs des droites radicales que par le marxisme dont il se réclame »[219]. Selon le politologue Jean-Yves Camus, Jean-Marie Le Pen qui a assisté à une réunion d'Égalité et Réconciliation ne serait « pas insensible aux idées « gaucho-nationalisme » d'Alain Soral », son mouvement se situant « à la périphérie du FN » avec pour but « d'orienter le FN vers un programme ouvriériste, anticapitaliste et social », en y attirant les Français issus de l'immigration avec un langage « antisioniste » radical[220]. Le sociologue Philippe Corcuff résume la pensée d’Alain Soral comme « un amalgame d’extrême droite et de gauche » tout en le considérant comme l’un des principaux « pôles émetteurs », avec Éric Zemmour, Élisabeth Lévy et Alain Finkielkraut, de « l’idéologie néoconservatrice »[221],[222]. Pierre Tevanian et l’universitaire Fatiha Kaoues affirment : « Cette étrange synthèse entre un faux socialisme et un vrai nationalisme […] porte un nom : fascisme »[216].
Ami d’Alexandre Douguine[229], Alain Soral a préfacé les traductions françaises de ses ouvrages, reprend et diffuse ses analyses au sujet notamment du néo-eurasisme. Alain Soral se décrit par ailleurs comme « très pro-Poutine », voyant dans la Russie la promesse d’un « contre-empire »[230]. Le journaliste Nicolas Hénin le présente comme « l'une des grandes figures pro-Poutine de la droite radicale française »[231]. À l'occasion de l'élection présidentielle russe de 2012, il est invité en Russie par la branche berlinoise de l'ONG polonaise Center for European Policy Analysis(ro), dirigée par Mateusz Piskorski et filiale de l’ONG russe pro-Poutine Civic Control, à rejoindre le contingent des observateurs internationaux, puis donne un entretien à la chaîne Russia Today[231],[232]. En , il donne un entretien à la chaîne Pierviy Kanal dans le cadre d'une émission sur le conspirationnisme après les attentats de janvier en France[233]. Lors d'une rencontre organisée en entre Vladimir Poutine et des associations juives européennes, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) demande que Dieudonné et Alain Soral « n’utilisent pas les médias russes pour diffuser des thèses antisémites »[233]. En , bénéficiant du soutien d’Alexandre Douguine qui est proche du Kremlin, il effectue une visite à Moscou où il assiste au forum « Nouvelle ère du journalisme : l’adieu au mainstream » organisée par Rossia Segodnia, la principale agence russe pro-pouvoir — il affirme avoir été « invité officiellement par le gouvernement à ce forum des médias non alignés » —, puis tient une conférence à la bibliothèque Dostoïevski lors de laquelle il appelle à l'émergence d'« un Poutine français ». Le CRIF réagit en adressant une lettre à Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France, dans laquelle il déplore l'invitation d'Alain Soral[111].
Le politologue Stéphane François relève la proximité idéologique d’Alain Soral avec la mouvance nationaliste révolutionnaire[234],[235],[236]. En 2020, celui-ci dit attendre une « révolution fasciste », voire une « guerre préventive », et loue le bilan de Benito Mussolini, qu'il présente comme « le premier qui a fait du national-social »[122]. Il fait par ailleurs référence à Pier Paolo Pasolini, et notamment à une observation des Écrits corsaires sur le « fascisme de la société de consommation » pour défendre le fascisme mussolinien[237]. Il se dit également « très admiratif » du modèle social de CasaPound, mouvement néofascisteitalien auquel il a rendu visite en : « Ils forcent le respect par leur travail de terrain, et surtout avec une dimension sociale très importante »[238]. La proximité de CasaPound avec Beppe Grillo suscite sa sympathie pour ce dernier, qu’il considère comme « le Dieudonné italien », tout en développant une certaine méfiance à son égard, craignant « qu’il soit un peu trop libertaire et utopique, trop poreux aux influences trotskistes […] »[38].
En 2011, il se rend en Syrie à l’invitation d’une ONG dépendant du gouvernement de Bachar el-Assad[232]. En 2014, il participe à une conférence au Brésil avec Alexandre Douguine[111]. En 2017, il annonce vouloir demander l'asile politique en Corée du Nord après une invitation des autorités du pays et décrit très favorablement le régime qu'il rapproche de la pensée de Charles Maurras[239]. Le , une semaine après que la Corée du Nord a procédé à un premier essai d'une bombe H, il participe en compagnie de Dieudonné à Pyongyang à ce qui paraît être une opération de propagande du régime nord-coréen que Soral décrit comme « la réussite totale du socialisme et même du national-socialisme » et dont il vante les mérites[240].
Idéologue progressivement compris comme antisémite
L’idéologie d’Alain Soral a progressivement évolué, comme l’observe l’écrivain Jacques de Guillebon dans le magazine Causeur : « Si à l’époque de Jusqu'où va-t-on descendre ?, il faisait feu, avec une certaine vis comica, sur tous les signes de malaise et de déréliction du temps, dans le cours des années 2000, son viseur se resserre progressivement pour se focaliser sur une seule cible. Israël, donc le sionisme, donc la « communauté [juive] organisée » devient l’ultima ratio de l’essayiste »[213]. D’après l’historien Jean-Paul Gautier, Alain Soral a exprimé des « saillies antisémites de plus en plus claires » et connu un « tournant ouvertement conspirationniste », ainsi qu’un « virage vers la Tradition » l’amenant notamment à basculer du républicanisme à la défense de l’absolutisme face à la Révolution française[56].
Aujourd’hui, la plupart des observateurs voient en lui un « idéologue »[241] ou un « théoricien de l’extrême droite »[242] et de l’antisémitisme[243],[244], inspirant le « nouveau fascisme français »[245]. L’antisémitisme d’Alain Soral est protéiforme. Il se situe d’une part dans la veine de l’antisémitisme économique traditionnel en s’inspirant notamment des écrits d’Édouard Drumont et de Werner Sombart[56],[210],[246],[219],[214]. Alain Soral « réveille aussi un antijudaïsme qui s’appuie sur l’étude des textes religieux que sont la Torah et son interprétation réalisée dans le Talmud aux IVe et Ve siècles », qui selon lui « servent encore de guide aux dirigeants de la communauté juive aujourd’hui » et qui diviseraient l’humanité entre le peuple élu et « les goyims comme nous, qui sommes en fait des animaux, dont le destin est de les servir »[214]. S’y ajoutent des références issues de l’antisémitisme islamique[247],[214]. Par ailleurs, Alain Soral se situe également dans la veine plus moderne du nouvel antisémitisme[248],[249],[250],[251], dont il serait devenu le « pape »[252] et qui cherche à mettre en avant un « antisionisme radical »[7],[n 7], transformant, selon Pierre-André Taguieff, le mythe de la « conspiration juive universelle » en celui du « complot sioniste mondial » : ce versant de son discours identifie notamment le sort des Palestiniens des territoires occupés à celui des « goys »[214]. L’historien Emmanuel Kreis associe l’antisémitisme d’Alain Soral à « une forte dimension conspirationniste »[219]. Alain Soral est également, selon Stéphane François, une figure du « nouvel anti-maçonnisme » qui « [intègre] au vieil anti-judéo-maçonnisme d’avant-guerre des considérations antisionistes qui se nourrissent d’un anti-maçonnisme musulman », mais qui « se nourrit encore des “textes classiques” parus au début du XXe siècle »[254].
Néanmoins, si Alain Soral « se prévaut d’une grande érudition »[257], certains relativisent la portée de sa pensée ou de son rôle : pour Stéphane François, « c’est surtout l’argent qui l’intéresse »via le développement de sa SARL « Culture pour tous » ; de son côté, Jean-Paul Gautier avance que « son poids politique est limité » ; pour Alain de Benoist, Alain Soral « se présente en chef de parti et en théoricien, mais en réalité il attire plus par sa véhémence »[210]. Aux yeux du politologue Hamdi Nabli, sa pensée, qu’il analyse conjointement à celle de Dieudonné, « est nulle. […] conceptuellement, Soral est un homme du XIXe siècle : ses idées proviennent d’un univers mental dépassé. L’application de la méthode dialectique permet l’élaboration d’un discours hyper-simpliste et engendre un manque de nuances fatal à l’analyse (géo)politique »[258]. Pour l’historien Emmanuel Kreis, Alain Soral développe « un discours à la cohérence pour le moins relative » : « sa logorrhée se contredit, mais il utilise un ton, une posture qui peuvent séduire »[219]. Enfin, Philippe Corcuff estime qu’il contribue à « la désintellectualisation en cours du débat public »[221].
De son côté, l’intéressé se défend de tout antisémitisme[212],[259] et assure ne pas viser les « Juifs de tous les jours », qui ne feraient pas partie de la « communauté organisée », incarnée selon lui par le CRIF et la LICRA et qui aurait la main sur tous les leviers importants en France. Il affirme que l’accusation d’antisémitisme aurait changé de cible, passant de ceux qui « apprécie[nt] le projet hitlérien » à toute personne qui ne « se soumet pas au racialisme du judaïsmetalmudo-sioniste »[214],[110]. Jacques de Guillebon relève que « chez les admirateurs d’Alain Soral », « nul ne reconnaît que son système soit fondé sur l’antisémitisme. Ils le ramènent à un antisionisme courant ou à un antijudaïsme censément acceptable par les chrétiens ou encore, […] assurent que les diatribes de l’agitateur à propos des « communautés » ne les intéressent pas le moins du monde (sans les gêner de façon rédhibitoire pour autant) »[213].
Les positions de plus en plus controversées d’Alain Soral lui valent, au cours des années 2000-2010, plusieurs agressions physiques. En , une de ses dédicaces est perturbée par une vingtaine de casseurs[260] : l’écrivain accuse la Ligue de défense juive (LDJ) — qui dément être impliquée — et le Betar[261]. L'Express évoque, en 2014, quatre agressions, « dont une à l’acide », dont aurait été victime Alain Soral[7].
En 2015, Agnès Soral publie un ouvrage intitulé Frangin : elle y brosse un portrait de son frère qu’elle décrit comme « un enfant cassé en deux. Contrairement à moi, il n’était pas un enfant joyeux. Il a une revanche à prendre sur la vie par rapport à ses blessures et en a gardé une rancœur, une espèce de rage. Avec l’antisémitisme, il a choisi un bouc émissaire à son mal-être »[262].
Polémique de 2004
Les propos d’Alain Soral sur le judaïsme, le sionisme, ou encore la Shoah, font régulièrement polémique à partir de la décennie 2000. Le parcours de sa radicalisation est entamé lorsqu’il déclare, lors d’un reportage de Complément d’enquête diffusé sur France 2 le lundi et consacré à Dieudonné :
« Quand avec un Français, Juif sioniste, tu commences à dire : « Y a peut-être des problèmes qui viennent de chez vous. Vous avez peut-être fait quelques erreurs. Ce n’est pas systématiquement la faute de l’autre, totalement, si personne ne peut vous blairer partout où vous mettez les pieds. » Parce qu’en gros c’est à peu près ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque fois où ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans ils se font dérouiller. Il faut se dire, c’est bizarre ! C’est que tout le monde a toujours tort, sauf eux. Le mec, il se met à aboyer, à hurler, à devenir dingue, tu vois. Tu ne peux pas dialoguer. C’est-à-dire, je pense, c’est qu’il y a une psychopathologie, tu vois, du judaïsme-sionisme qui confine à la maladie mentale […][260] »
Ces propos créent alors une vive controverse et sont jugés antisémites par plusieurs observateurs, dont des représentants de la liste électorale Euro-Palestine, à laquelle il avait apporté son soutien. Alain Soral commente alors, sur le site oumma.com, la controverse provoquée par ses propos, expliquant qu’ils ont été sortis du contexte et qu’on cherche sa « mort médiatique ». Poursuivi en justice, entre autres par le B’nai B’rith, l’écrivain est condamné par la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris pour diffamation raciale et incitation à la haine raciale le [263], puis, au terme de quatre ans de procédure, astreint en 2008 au paiement d’une amende de 6 000 euros.
Polémiques de 2009
À l’occasion de sa participation à la « liste antisioniste » aux élections européennes de 2009, il est à nouveau accusé d’antisémitisme. Albert Herszkowicz, président de l’association progressiste Mémorial98, lui reproche en effet d’écrire que « Benoît XVI [va devoir] se rendre très prochainement dans cette merveilleuse démocratie du Moyen-Orient qu’est Israël pour y lécher, conformément au rite de soumission mondialiste, la dalle de Yad Vashem et y abjurer un peu plus la religion du Christ, au profit de l’hérésie siono-shoatique »[264].
« […] Puisque la loi française le permet désormais sans risque de mise à mort judiciaire, économique et sociale… répétons donc avec le courageux Gollnisch que : « Sans remettre en cause les déportations ni les morts des camps nazis, le débat doit avoir lieu quant à savoir la façon dont les gens sont morts… et sur les chambres à gaz, sans nier a priori leur existence, il faut laisser les historiens en discuter et cette discussion devrait être libre ! »
Amen et merde aux cons ! »
En février 2011, il publie Comprendre l’Empire, sous-titré « Demain la gouvernance globale ou la révolte des Nations ? », essai qui témoigne de l’accomplissement de sa mue idéologique et dont les fondements sont largement repris par son public au sein d’Égalité et Réconciliation[265]. Il y établit une opposition entre le nationalisme et, selon lui, l’« Empire », qui regrouperait les banques, la franc-maçonnerie, le marxisme, la bourgeoisie, le protestantisme, Israël et les États-Unis, le tout véhiculant sa domination par le mondialisme, « projet idéologique visant à instaurer un gouvernement mondial et à dissoudre en conséquence les nations, sous prétexte de paix universelle »[206], la finance, les libéraux, les sionistes et sur la notion d’« idéologies bien-pensantes de gauche » qui justifient les actions de l’Empire sous couvert de droits de l'homme.
Cet ouvrage, qui connaît un certain succès de librairie[266] — avec plus de 100 000 exemplaires vendus[267] — et qui figure encore en tête des ventes de livres politiques sur Amazon.com en 2014[14], suscite de vives réactions.
Pierre-André Taguieff écrit ainsi dans son Court traité de complotologie qu’« on y trouve tous les poncifs de la littérature conspirationniste produite depuis le début des années 1950 » et, faisant allusion à Ernest Jouin et à Urbain Gohier, précise que « si l’habillage lexical est nouveau, la rhétorique de la dénonciation du grand complot est la même que celle qu’on trouvait dans les écrits de Mgr Jouin ou d’Urbain Gohier dans les années 1920. Soral et ses semblables se proposent toujours, comme le dénonciateur des “puissances occultes” en 1924, “d’éclairer les peuples, en leur montrant l’œuvre des Sociétés secrètes”, qui portent de nouveaux noms »[268].
L’écrivain Arnaud Le Guern juge pour sa part dans Causeur[266] que le livre « rappelle […] les pénibles souvenirs de lecture de Vers la féminisation ? et de Sociologie du dragueur. C’est le même enchaînement de micro-chapitres de quelques lignes qui découpent tout début de réflexion, n’en laissant que le gras indigeste ». « Essayiste brouillon quasi illisible », Alain Soral « a besoin […] d’un bouc émissaire » : « l’ennemi, c’est le juif, les juifs, Israël, les sionistes, la Liste de Schindler, Freud, Rockfeller [sic], Arthur, Woody Allen… ».
Dans son article du Monde diplomatique d’[206], Évelyne Pieiller analyse le contenu de l’ouvrage et considère que Soral « a pour [les Juifs] une haine positivement fascinée » : « il les voit partout ». « Au cœur de ces conspirations se tiendraient, liés à l’Amérique rapace, les “Juifs”, sinon errants, du moins par nature étrangers à la nation et de surcroît portés sur l’accumulation de capital. La banque est juive, la presse est juive, le destructeur de l’unité nationale est juif… ». Elle y voit l’expression d’un « antisémitisme et non l’expression d’un soutien au peuple palestinien ou d’un goût marqué pour la provocation supposée libératrice ».
En 2016, l'essayiste Frédéric Balmont propose une analyse critique systématique de la pensée d'Alain Soral, mettant en perspective la dimension « philosophique » de l'œuvre (épistémologie, anthropologie, psychologie) avec le projet politique[269].
Propos divers sur la Shoah, le sionisme et le judaïsme
En , Alain Soral déclare au magazine 20 ans : « La question juive n’occupe qu’un sixième de mon livre parce qu’elle ne constitue, à mon sens, qu’un sixième des forces, causes, problèmes… qui agitent le monde actuel […] ». Pierre Tevanian et l’universitaire Fatiha Kaoues relèvent « dans ces propos fort confus »« des relents antisémites »[216].
Alain Soral estime que le souvenir de la Shoah fait l’objet d’une « mise en scène obscène » destinée à neutraliser la critique du sionisme par la culpabilisation de ceux qui pourraient la porter et ainsi empêcher l’expression de la compassion pour les Palestiniens[270]. En 2013, il se félicite dans une vidéo que l’équipe de France de football n’ait pas visité ce qu’il désigne comme étant « LA »chambre à gaz d’Auschwitz, « qui fait, je crois, 100 mètres carrés » et dans laquelle, d’après lui, « pour que les six millions soient un chiffre possible, quatre millions et demi d’êtres humains sont morts, en moins de deux ans, je crois, hein », ce qui constitue selon lui « le plus grand prodige de l’humanité quand vous réfléchissez aux conditions matérielles que ça implique »[271]. En réponse, le site Pratique de l'histoire et dévoiements négationnistes (PHDN), spécialisé dans l’étude du négationnisme, publie un article sous le titre « Alain Soral. Stupidités sur Auschwitz & malveillances haineuses »[272]. D’après ce site, Alain Soral reprendrait à son compte des « contre-vérités négationnistes » et les diffuserait dans une série de vidéos où il accumulerait une suite « d’erreurs ou de mensonges et de falsifications »[272].
En , il déclare : « Si on était resté au projet de Herzl, de faire un État juif où les Juifs pourraient vivre en tant que nation comme les autres nations, sans renouer avec le projet biblique qui n’est pas un projet nationaliste — c’est un projet de domination mondiale et mondialiste au nom d’une élection divine, ce n’est pas du tout la même chose —, […] je serais le premier des sionistes, bien évidemment ». L’universitaire Julien Salingue en déduit que « le “sionisme” dénoncé par Soral est une entité transnationale, aux contours mal définis, qui dicterait sa politique aux banques, aux gouvernements des pays occidentaux et aux médias, et qui serait ainsi la source de la crise économique, politique et sociale. On est très loin d’Israël et des Palestiniens, et beaucoup plus près de « l’Ancien Testament » qui inspirerait « Wall Street »[212]. Pour Mathieu Molard et Robin d’Angelo, journalistes à StreetPress, Soral « se soucie peu d’Israël : il ne combat pas la politique de l’extrême droite israélienne, il combat le judaïsme »[29].
Concernant le judaïsme, Alain Soral revendique d’être « judéophobe » dans la mesure où « ce n’est pas interdit par la loi »[7]. Il dénonce ainsi une « communauté organisée », à savoir « juive et sioniste cosmopolite »[88] et considère qu’une « communauté qui continue à se proclamer « peuple élu » dans le monde moderne […] constitue […] une exception [à sa connaissance] unique, celle de ne pas s’être défait de sa mentalité primitive malgré le progrès de la Raison et d’avoir, au contraire, mis la Raison au service d’un tribalisme modernisé, élevé à l’échelle de l’univers »[273]. Cette « exception » serait selon lui à la source d’une « double éthique » caractéristique du judaïsme qui inciterait à juger selon des critères différents ce qui touche les Juifs et ce qui touche les « goyim »[274]. Le , lors d’un meeting à Vence, il déclare : « Les juifs nous prennent pour des goyim, c’est-à-dire des sous-hommes. La Torah dit que notre destin est d’être leurs esclaves. Si on ne se révolte pas, ici, ce sera bientôt Gaza »[14].
Marie-France Etchegoin rapporte que dans Dialogues désaccordés. Combat de Blancs dans un tunnel, série d’échanges entre Éric Naulleau et Alain Soral publiée en décembre 2013, ce dernier « a pu dresser des listes » de personnalités juives ou « sionistes », « conspu[e] « cette putain fardée qu’est la raie publique (sic) parlementaire — en réalité la domination des réseaux sionistes et maçonniques », déclare que « les révisionnistes sont les prisonniers politiques de l’Occident contemporain », que « les chambres à gaz sont « un dossier qui pue la merde et qui ne tient que par la terreur morale et judiciaire » et que « l’assassinat de trois enfants dans une école juive par Mohammed Merah « résulte d’une opération conjointe franco-israélienne, dans le but de diaboliser les musulmans. C’est la version française, petit budget, des attentats du 11 septembre ! »[14]. L’écrivain Pierre Jourde, réagissant à la parution du livre, estime : « Toute la vision soralienne du monde, tout son système, globalisant, repose sur un fondement unique : Israël est le vrai maître du monde, le pouvoir financier qui nous domine et nous exploite est entre les mains des Juifs, Auschwitz est le mensonge central qui articule le complot juif universel »[275]. Pour Aude Lancelin, directrice adjointe de la rédaction de Marianne : « La seule chose qui intéresse Soral ? Les Juifs. La clé du monde pour Soral ? Les Juifs. Le phénomène Soral, ce n’était donc que ça : la réapparition désinhibée des ficelles les plus grossières de l’antisémitisme »[276].
En , l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et l’association « J’accuse ! action internationale pour la justice » portent plainte contre Alain Soral « pour injure raciale » après la diffusion en 2013 d’une photographie le montrant effectuer une « quenelle » devant le Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe, à Berlin[277]. Il justifie son geste en affirmant que le Mémorial a été construit « pour humilier le peuple berlinois, la plus grande victime de la guerre »[14].
En , une conférence animée par Alain Soral et Gilad Atzmon, jazzman israélo-britannique et antisioniste déclaré, est annoncée à Lyon avec pour titre « Les juifs et les autres ». Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve rappelle à cette occasion le principe républicain « du respect de l’autre, quel qu’il soit », « au vu de ce titre, raciste par nature, et au moment où des actes antisémites très graves viennent de se produire en Belgique et en France ». De son côté, le préfet du Rhône et de région Jean-François Carenco appelle « à ce que personne ne soit dupe de ces manipulations de la pensée portées par une philosophie d’essence raciste et antisémite ». Enfin, le CRIF demande l’annulation de la réunion. Alors qu’on annonce que la conférence est finalement annulée, le propriétaire de la salle ayant renoncé à la location face à la polémique, le maire de Lyon Gérard Collomb manifeste son « soulagement ». Cependant, la conférence a finalement bien lieu à Meyzieu, sans incident[278],[279],[280].
Le , un an de prison ferme est requis contre Soral pour avoir qualifié le Panthéon de « déchetterie casher » dans une vidéo datée de publiée sur son site internet, après le transfert des cendres de Simone Veil et de son époux dans le monument historique parisien[281]. Cette peine est effectivement prononcée le 2 octobre de la même année[282].
À la suite d'un mandat d’amener signé par le procureur général du canton de Vaud le 12 avril 2024, huit policiers débarquent le 29 mai 2024 chez lui à Lausanne pour l’embarquer sur le champ dans leurs locaux.
L’interpellation est révélée par son site Égalité et Réconciliation, qu’il a mise en ligne[283]. Selon les extraits du mandat d'amener rendus publics, il est reproché à Alain Soral « plusieurs vidéos, images et commentaires dont le contenu pourrait inciter à la haine et à la discrimination des personnes de confession juive, propager une idéologie visant à les dénigrer systématiquement, les abaisser ou discriminer de manière à porter atteinte à leur dignité humaine ainsi que minimiser grossièrement le génocide perpétré par les nazis à l'encontre des personnes de confession juive lors de la Deuxième Guerre mondiale ».
Crise sanitaire 2020-2021
En , Alain Soral dit que le coronavirus, qu’il nomme couillonavirus, a été créé artificiellement et que la pandémie permet de lancer une campagne de vaccination globale proposée par Bill Gates dans le but d’injecter à la population mondiale de l’électronique dans le but de la surveiller.
En 2014, le rappeur Médine publie un titre intitulé MC Soraal, qui mélange les noms d’Alain Soral et du rappeur MC Solaar. Il entend faire passer le message suivant : « Je n’aboierai pas avec les loups. Ni avec les prétendus dissidents, ni avec les prétendus bien-pensants. Il y a une troisième voie »[286],[287],[288],[289].
Le film L'Atelier, réalisé par Laurent Cantet et sorti en 2017, met en scène Luc Borel, un idéologue fictif inspiré d'Alain Soral, et dont l'un des principaux personnages suit les vidéos sur Internet[290].
Vers la féminisation ? Démontage d’un complot antidémocratique, Paris, Éditions Blanche, 1999, 196 p. (ISBN2-911621-56-5) ; réédité sous le titre Vers la féminisation ? Pour comprendre l’arrivée des femmes au pouvoir, Paris, Éditions Blanche, 2007, 211 p. (ISBN978-2-84628-171-3).
Jusqu’où va-t-on descendre ? Abécédaire de la bêtise ambiante, Paris, Éditions Blanche, 2002, 259 p. (ISBN978-2-84628-035-8) ; réédité sous le titre Abécédaire de la bêtise ambiante : Jusqu’où va-t-on descendre ?, Paris, Pocket, 2003, 286 p. (ISBN978-2-266-12783-7) ; réédité sous le titre Abécédaires de la bêtise ambiante avec le livre suivant, Paris, Éditions Blanche, 2008, 473 p. (ISBN978-2-84628-189-8).
Dialogues désaccordés : Combat de Blancs dans un tunnel (en collaboration avec Éric Naulleau), Paris, Hugo & Cie, 2013, 232 p. (ISBN978-2-7556-1274-5).
1984 : Alain Soral apparaît déguisé en serveur, en train de danser dans une publicité pour les bonbons Mi-cho-ko[28],[291].
Notes et références
Notes
↑Sa sœur Agnès Soral explique : « En 1991, le pseudonyme de mon frère était ABS… Il souffrait de ne pas être connu et m’a demandé de l’aider pour vendre ses premiers livres qui n’avaient, à l’époque, rien de subversif. J’étais connue, j’avais déjà un nom, il ne lui restait qu’à se faire un prénom. Il est devenu Alain Soral. Mon nom à l’origine était Bonnet, originaire de Soral. Ce qui a donné le nom d’usage “Bonnet de Soral”, que portent les papiers de mon frère »[1].
↑« […] Une brouille de jeunesse qui l’a opposé au critique d’art Hector Obalk, coauteur, juif, de l’un de ses livres. À la suite de ce différend, Alain Soral prend sa carte au PC en affirmant : “Ça le fera chier, car ce sont eux qui ont inventé l’antisémitisme” »[7].
↑L'expression ne pas faire long feu est utilisée « pour désigner une situation qui ne dure pas »[65].
↑« Marine Le Pen […] n’a en revanche que peu d’empathie pour l’essayiste [Soral] : “Je me méfiais de lui […]”[7]. »
↑Dans une mise au point à L’Humanité en 2007 (« Aux antipodes de ma pensée », 30 mars 2007), Michel Clouscard, s’il lui reconnaît du « talent », refuse cependant qu’on associe son nom à celui d’Alain Soral, eu égard aux « menées prolepénistes » de Soral.
↑En 2015, Nicolas Lebourg et Jean-Yves Camus, spécialistes de l'extrême droite, qualifient Alain Soral de « polémiste antisioniste radical » en précisant : « L'antisionisme radical nie à Israël le droit à exister en tant qu'État, confond délibérément juifs et sionistes, et considère tous les juifs comme les représentants, les relais, les agents, de l'État israélien »[253].
↑La journaliste Mariette Besnard et le romancier Didier Daeninckx ayant dénoncé, dans un dossier envoyé à Georges Marchais et à la grande presse, quelques membres ou proches du PCF qu’ils accusaient d’« accointances » avec l’extrême droite (cf. « Quand Daeninckx alerte Marchais du complot », Globe Hebdo, 30 juin–6 juillet 1993, p. 22), Le Canard enchaîné (en date du 23 juin 1993) prétend révéler l’existence de liens unissant les communistes et les nationalistes, notamment à travers la collaboration à certains journaux comme L’Idiot international et Le Choc du mois. François Bonnet, dans Libération, pointe alors du doigt les « compagnons de route de la galaxie nationale-bolchevik », considère que « le communisme est vraiment pourri puisqu’il n’hésite pas à s’allier au fascisme » et en vient à affirmer qu’« extrême gauche et extrême droite, c’est pareil ». Ces accusations sont ensuite relayées par deux journalistes du Monde, Edwy Plenel et Olivier Biffaud : « À l’abri de la réputation d’écrivain maudit qu’il s’est plu à construire, Jean-Edern Hallier fut donc bien l’alibi principal et l’acteur premier de ce théâtre d’ombres où se croisent, depuis plusieurs années, apprentis sorciers communistes et théoriciens néo-fascistes d’une “troisième voie” entre communisme et capitalisme. Toute la collection de l’Idiot international en témoigne. » (« “La tentation national-communiste”, “L’Idiot”, laboratoire rouge-brun », Le Monde, 1er juillet 1993). Pour un témoignage du principal mis en cause, cf. Alain de Benoist, « Sur Jean-Edern Hallier et “L’Idiot international” » [PDF].
↑« Les gens un peu instruits savent que le marxisme, loin de se réduire à l’expérience soviétique, est d’abord un outil d’analyse. Un outil d’analyse qui conçoit la réalité comme une totalité historique en cours, et dont les performances sont bien supérieures à ce que peut produire l’idéalisme, qu’il soit ontologiste ou subjectif. Le marxisme, dit aussi matérialisme historique et dialectique, donne à quiconque s’intéresse à la complexité du réel, une telle leçon de virilité intellectuelle, qu’il est difficile après de se contenter des visions passéistes d’un Maurras, nostalgiques d’un Heidegger, naïves d’un Marcuse, et même du mono-déterminisme plutôt sympathique d’un René Girard, qui gagnerait beaucoup à lire Henri Wallon ! », in« Alain Soral, l’intellectuel de gauche qui dérange la gauche », Éléments, no 113, été 2004.
↑Il a notamment écrit : « En France, tous les communautarismes montants : gay, islamique… se créent et se renforcent par imitation, hostilité et opposition au communautarisme judéo-sioniste, dont le statut privilégié constitue la jurisprudence communautaire sur laquelle s’appuient leurs revendications face à la République »in : « Alain Soral attaque les communautarismes à l’œuvre contre la République », entretien avec « Génération République », .
↑Cf. entrée « Intellectuel communautaire. Universalisme et duplicité », Socrate à Saint-Tropez : texticules, op. cit.
↑Dans le même ordre d’idées, on écoutera l’évocation de Dieudonné dans l’entretien précité L’antisémitisme tient-il une place significative dans la société française ?
↑Dominique Albertini et David Doucet, La Fachosphère : Comment l'extrême droite remporte la bataille du net, Flammarion, , 318 p. (ISBN9782081354913, lire en ligne), p. 141.
↑« Du communisme au nationalisme : itinéraire d’un intellectuel français », art. cit. : « Je terminerai cette allocution en vous parlant d’avenir, en vous annonçant notamment la création de l’association Égalité et Réconciliation dont je prends la présidence. Association “nationaliste de gauche” prônant la réconciliation nationale, et se donnant pour but — ce but qui est le mien depuis quinze ans : créer l’union sacrée de la gauche patriote et de la droite antifinancière, afin d’atteindre le pourcentage électoral qui permettra au peuple de France de reprendre le pouvoir par les urnes et le contrôle de son destin. ».
↑Dans son article du Monde diplomatique, Évelyne Pieiller constate en octobre 2013 que les quatre-vingt-deux vidéos postées sur YouTube totalisent quinze millions de vues.
↑« La condamnation d’Alain Soral à de la prison ferme pour propos homophobes est confirmée par le Tribunal fédéral », Le Temps, (lire en ligne, consulté le ).
↑Mickaël Studnicki, « Émergence des hérauts du masculinisme à la télévision. Soral, Zemmour et le discours contre la « féminisation de la société » (2000-2020) », Le Temps des médias, vol. 36, no 1, , p. 156-171 (ISSN1764-2507, DOI10.3917/tdm.036.0156, lire en ligne, consulté le ).
↑« Le polémiste d’extrême droite Alain Soral interpellé et placé en garde à vue à Paris », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑J. P.-L., « Paris : le polémiste d’extrême droite Alain Soral interpellé », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
↑ abcd et eÉvelyne Pieiller, « Alain Soral tisse sa Toile : Les Embrouilles idéologiques de l’extrême droite », Le Monde diplomatique, no octobre 2013, , p. 21 (lire en ligne, consulté le ).
↑Entrée « Peuple élu et mentalité primitive », Socrate à Saint-Tropez…, op. cit..
↑« On retrouve bien là [dans les contestations du verdict sur l’affaire du gang des barbares] la vision du monde et le rapport à l’autre qui fonde le judaïsme : la double éthique. Et j’ose penser que cette double éthique — dans l’affaire du procès Fofana comme ailleurs — est le fond du problème ; Flash, no 19, 30 juillet 2009. Il y aurait en effet passage de l’état de « peuple élu » à celui de « peuple martyr » suivant un jeu dialectique : « Comment ne pas comprendre que, aussi durable que le yin et le yang, il y a engendrement réciproque, réciprocité dialectique de l’élection et du martyr ? Martyr parce qu’élu, élu parce que martyr ; et que, aussi fatale qu’est la fatalité elle-même, on ne peut échapper à l’une sans s’émanciper de l’autre ». Entrée « Élu, martyr », op. cit..
Michel Briganti, André Déchot et Jean-Paul Gautier, La Galaxie Dieudonné : Pour en finir avec les impostures, Paris, Éditions Syllepse, coll. « Arguments et mouvements », , 191 p. (ISBN978-2-84950-285-3, lire en ligne).
Nicolas Lebourg et Joseph Beauregard, Dans l’ombre des Le Pen : Une histoire des numéros 2 du FN, Paris, Nouveau Monde, coll. « Poche », , 396 p. (ISBN978-2-36583-327-1).
Robin D'Angelo et Mathieu Molard, Le Système Soral : Enquête sur un facho business, Paris, Calmann-Lévy, coll. « Documents, Actualités, Société », , 192 p. (ISBN978-2-7021-5864-7, lire en ligne).