Riantec
Riantec [ʁijɑ̃tɛk] est une commune française située dans le département du Morbihan, en région Bretagne. Ses habitants sont appelés les Riantécois ou localement les « Culs-salés » (en référence à la pêche à pied pratiquée dans la Petite mer de Gâvres). GéographieLocalisationSituée sur les bords de la petite mer de Gâvres, Riantec est limitrophe de Port-Louis et Locmiquélic à l'ouest, de Kervignac au nord et de Merlevenez et Plouhinec à l'est. Au sud, la presqu'île de Gâvres protège Riantec de l'Océan Atlantique. Distante de 5 kilomètres à vol d'oiseau de Lorient et de 19 kilomètres par la route, Riantec, située outre-rade, est une commune de la première couronne de l'agglomération lorientaise. DescriptionRiantec est une commune au relief peu accidenté, marquée d'abord par sa situation littorale avec ses 9 kilomètres de côtes et ensuite par ses caractéristiques rurales. Le littoral est très découpé, marqué principalement par l'estuaire ou ria du Riant, pourtant un minuscule fleuve côtier qui sépare le bourg de la presqu'île de Kerner d'une part, par la baie et vasière de Saint-Léon, partagée avec la commune voisine de Plouhinec, d'autre part. La frange littorale, qui occupe la majeure partie de la rive nord de la Petite mer de Gâvres, est rythmée par les marées formant un plan d’eau à marée haute et une vaste étendue d’estrans sablo-vaseux (schorre) à marée basse. Deux îles, l'île de Kerner et l'île aux Pins, très basses et dont de larges parties n'émergent qu'à marée basse, l'estran occupant une large surface, sont accessibles à pied à marée basse. Le littoral est ainsi décrit par Marcel Brunet : « Lorsqu'on pénètre dans la mer de Gâvres en suivant la côte nord, dès qu'on a quitté les dernières maisons de Locmalo, commencent des falaises granulitiques qui, sans interruption, se prolongent jusqu'à Kerfaut, c'est-à-dire sur plus de 4 km. (...) Les parois des falaises sont revêtues d'un épais manteau d'arène blanc gris (...) [qui] atteint une épaisseur de 1 m à 1 m 50 ; au-dessus s'étalent des lits de galets (...). L'ensemble est couronné de sable et de terre. (...) Près de Riantec la falaise, plus haute, atteint parfois 4 mètres. (...) À Riantec se présente une langue de mer (...) qui s'enfonce dans les terres de près de 2 km. À marée basse, on voit s'élargir une vallée de 200 m à 300 m. À mi-chemin, l'érosion marine se trouve arrêtée par une chaussée artificielle qui sert de pont à la route. (...) À marée basse, la mer de Gâvres est presque totalement asséchée. (...) À marée haute la mer recouvre complètement la baie de Gâvres. Elle vient contre les falaises et les bat avec plus ou moins de violence. Son action destructrice est si considérable qu'on a dû édifier des murs de défense. Malheureusement ils résistent peu et sont bientôt enlevés par la mer. Ainsi, près de Stevins, un mur, construit à frais communs par des propriétaires côtiers, n'a pu les protéger contre l'éboulement. La défense est presque impossible »[1]. L'Île aux Pins, alors appelée Île Saint-Léon, est ainsi décrite en 1912 par le même Marcel Brunet : « Il s'élève près de Kerpun [Kerpuns] une île couverte de dunes, l'Île Saint-Léon, sur laquelle on avait construit autrefois. La mer la détruit chaque jour. Elle offre aujourd'hui l'aspect d'un plateau surmonté d'un seul arbre courbé par le vent, et frangé de petites falaises hautes de 20 cm à 30 cm. D'autres îles ont maintenant disparu »[2]. De nos jours cette île est beaucoup plus boisée, comme en témoigne son nom actuel.
La partie rurale de la commune, traversée seulement par des cours d'eau mineurs dont le Riant, a une structure essentiellement bocagère et présente de nombreux boisements, principalement au nord et à l'ouest du château de Kerdurand, ainsi que dans la partie nord-est de la commune, aux alentours de la chapelle Saint-Jean. Les altitudes restent modestes, s'élevant au maximum à 35 mètres au nord de Mané Branroc'h. Le finage communal est traversé par le petit fleuve côtier Riant, qui a sa source dans la commune voisine de Kervignac, et sert un temps de limite communale avec Merlevenez. Entre ces deux espaces, s'est développé à partir d'entités distinctes - à savoir le centre bourg et d'anciens villages aujourd'hui agglomérés (Kerner, les Salles) - un tissu urbain continu structuré autour des principales voies de communication. Par ailleurs, de nombreux hameaux et éléments bâtis parsèment la partie rurale du territoire riantecois. Le risque de submersion marineSelon un index global correspondant à l'agrégation de 5 critères[Note 1] effectué en 2011 par l'Observatoire National des Risques Naturels[Note 2], Riantec est, après Carnac et Damgan, la troisième commune du Morbihan la plus exposée au risque de submersion marine avec 28,40 % de sa population totale concernée (soit 1 391 personnes) et 8,31 hectares de bâti exposé au risque de submersion[3]. ClimatEn 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[4]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Bretagne orientale et méridionale, Pays nantais, Vendée, caractérisée par une faible pluviométrie en été et une bonne insolation[5]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral doux », exposée à un climat venté avec des étés cléments[6]. Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 12,1 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 11,2 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 904 mm, avec 13,8 jours de précipitations en janvier et 6,8 jours en juillet[4]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Quéven à 12 km à vol d'oiseau[7], est de 12,2 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 943,3 mm[8],[9]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[10]. UrbanismeTypologieAu , Riantec est catégorisée ceinture urbaine, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[11]. Elle appartient à l'unité urbaine de Riantec-Locmiquélic[Note 3], une agglomération intra-départementale regroupant trois communes, dont elle est ville-centre[Note 4],[12],[13]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Lorient, dont elle est une commune de la couronne[Note 5],[13]. Cette aire, qui regroupe 31 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[14],[15]. La commune, bordée par l'océan Atlantique, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[16]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[17]. Occupation des solsLe tableau ci-dessous présente l'occupation des sols de la commune en 2018, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC).
ToponymieLe nom de la localité est attesté sous les formes Riantec en 1323 et 1387, Rientec en 1391, Rantec en 1415, Rentec en 1423, Riendet en 1630, Riantek en 1636[19]. Joseph Loth signale un Riant en vieux-breton, qui aurait signification de « parents », d'une des trois familles fondatrices[réf. souhaitée]. Alan J. Raude, dans une étude publiée sur le blog Ar Gedour, dit que le nom remonte au vieux-celtique *rîgantâkos, dérivé lui-même de *rigant- , royal. Supposant que Riantec soit une paroisse ancienne, on peut s'attendre à ce que son nom soit celui d'un saint qui ait patronné sa fondation, comme Allaire (Sant Alar), Elliant, Edern, etc. Mais on ne connait pas de « Saint Riantec ». Par contre, on trouve au Pays de Galles un nom de même origine, celui de la mère de Saint Iltud (le patron de Ploerdut) : Riein-wlid, « Riein la pudique ». RIEIN vient de*Rîgantia, qui donne, en breton armoricain *Riant. D'autres noms de lieux bretons sont dérivés de Rïant : la Riantais en Petit-Auvergné (44), Les Riantières en Saint-Mars-la-Jaille (44), La Riandière en Gausson (22), La Riante en Plénée-Jugon (22), la Riandais en Bréal (35), la Riandière en Mécé (35). Riantec peut donc être une ancienne *Plebs Rîgantâca, « paroisse rïantienne » sous le patronage de la mère de Saint Iltud, Santez Rïant (comme Irvillac, Plebs Ermeliac, tient son nom de Ermel-Ervel). Le site donne une piste pour expliquer comment une sainte étrangère, Radegonde, est devenue patronne de la paroisse. La légende de la fontaine cultuelle raconte en effet que la source avait jailli au pied du cheval de la sainte. Une sainte cavalière, voilà qui est révélateur, car elle nous ramène vers une déesse de la religion druidique, EPONA, que l'on appelle aussi RIGANTONA et qui est bien connue en Galles sous le nom de Rhiannon (voir le conte mythologique de Pwyll, prince de Dyved). Pour Alan J. Raude, Il est clair que le nom de Rïant aura drainé vers la sainte des éléments du culte de Rigantona, et que même le nom de *Riganton a dû être utilisé en vieux-breton. Aussi, lorsque les clercs francisants du XIIe siècle ont cherché une remplaçante romano-franque pour cette sainte bretonne, Radegonde, leur a fourni une consonance approximative qui n'était pas pire que Hilaire pour Alar et Ignace pour Iniaw[20],[réf. à confirmer]. Rianteg en breton[réf. souhaitée]. Les Riantécois sont surnommés les "Culs-salés" : ce sobriquet viendrait de la pêche à pied : les femmes attendaient le dernier moment pour quitter la petite mer de Gâvres, se faisaient rattraper par la marée et souillaient leur jupe ; elles rentraient donc…le cul salé[21] ! HistoirePréhistoire et AntiquitéS'il existe des traces d'activité humaine préhistorique puis à la période romaine (par exemple une ancienne voie romaine dont le tracé est en gros parallèle et à l'est de la RD 781 et est emprunté partiellement par le GR 34 au sud de Petit Branroc'h), l'occupation par les Bretons du territoire riantecois remonte à la fin du Ve siècle. Moyen ÂgeParoisse primitive fondée au VIe siècle[22] (ou issue du démembrement de l'ancienne paroisse de Plouhinec, pour Erwan Vallérie[23]), Riantec mentionnée pour la première fois en 1323[24], englobait primitivement les territoires de Riantec, de Locmiquélic, de Gâvres et de Port-Louis. Plusieurs petites seigneuries étaient présentes sur le territoire: De Kersabiec, De Kervern, Des Salles, De Stervins, De Bodamour, De Kerpuns, De Kerbérenne, De Locjean, De Toullan[22]. Temps modernesJean-Baptiste Ogée cite comme maisons nobles en 1530 : « Rochedan, à la demoiselle de Pommeraye ; Ker-Pulz, ou Ker-Palz, à Marie de Kerpulz ou Kerpalz ; les Salles, au sieur de Cadoudal ; Toulelan (Toul-Lann), à Pierre de Combourg ; Coetnos-Ker-bern, à N... ; et Ker-Sabiec, à Claude des Portes »[25]. François Burin de Ricquebourg, gouverneur du Port-Louis, Hennebont et Quimperlé, obtint en 1743 l'érection des landes de Riantec en fief, sous le titre de "Burin-Ricquebourg". Son fils François-Simon Burin de Ricquebourg, prêtre au Port-Louis, afféagea ces terres aux époux Lantour, bourgeois de Lorient, le ; c'est l'origine de la terre dite de Lantour en Riantec[26]. Le château de Kerdurand fut construit au début du XVIIIe siècle par Jean Durand, marchand et bourgeois au Port-Louis. Il fut vendu à plusieurs reprises au cours de ce siècle, notamment à François Stéphan en 1745 et à Jean Rousse, chirurgien de la Compagnie des Indes, en 1762[27]. En 1753 Thomas Rapion de La Placelière[Note 6] et son épouse[Note 7] achètent le manoir noble de Kersabiec[Note 8] et la métairie qui en dépendait. Un aveu du indique que Madame de la Placelière, devenue veuve, possède « toutes prérogatives et prééminences en l'église paroissiale de Riantec (..), [qu']elle a droit de banc et parquet au haut du chœur de ladite église et tombes élevées de terre de deux coudées et droit d'avoir des armes es vitres d'icelles ». Elle avait aussi droit de prééminence en « l'église de Saint-Pierre au Port-Louis ainsi qu'à la chapelle du couvent de Sainte-Catherine-sur-Blavet ». Elle disposait aussi du droit de haute, moyenne et basse justice, y compris « d'avoir patibulaires à deux poteaux et gibets pour la punition des crimes et autres marques de justice »[28]. Les îles Crozet doivent leur nom au navigateur Julien Crozet, né à Port-Louis. Au lieu-dit la Croizetière (Initialement La Crozetière), à Riantec, Joseph Crozet, le père de Julien Crozet acquit en 1751 une métairie et une maison d'été. A la mort de son père en 1755, Julien Crozet hérita de ses biens[29]. Les îles Crozet furent découvertes par l’expédition de l’explorateur français Nicolas Thomas Marion-Dufresne qui fit débarquer son second, Julien Crozet, sur l’île de la Possession le . Crozet prit alors possession de l’archipel au nom de la France. Le capitaine britannique James Cook nomma ces îles d’après Julien Crozet, ayant également donné le nom de Marion-Dufresne à l’île Marion voisine de celle du Prince-Édouard. Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Riantec en 1778 :
Plusieurs riantécois participèrent à la Guerre d'indépendance américaine dans l'escadre du comte de Ternay, dont François Le Borgne (mort le ), Louis Perot (mort le ), Jean Lescouët (mort le ), Toussaint Thomé, ainsi que, dans l'escadre du comte de Grasse, Jean Le Guen[30]. Révolution françaiseJulien Le Formal[Note 12] fut nommé en 1788 recteur des deux paroisses de Riantec et Port-Louis. Il fit le choix de résider à Riantec (à la différence de Jacques Colomb, le recteur précédent, qui résidait à Port-Louis), ce qui mécontenta les paroissiens de Port-Louis. Il refusa, ainsi que les autres membres du clergé de Riantec de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé (devenant donc prêtre insermenté), à la différence du clergé de Port-Louis qui le fit, mais continua à administrer clandestinement la paroisse de Riantec, même si Pierre Le Blays fut élu curé constitutionnel de Riantec le par l'assemblée électorale du district d'Hennebont. Lors du Concordat de 1801, Port-Louis fut érigé en paroisse distincte, mais Julien Le Formal fut maintenu curé de Riantec[31]. La paroisse de Riantec est érigée en commune, qui inclut alors Gâvres et Locmiquélic en 1790. Le XIXe siècleA. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Riantec en 1845 :
Un décret du du ministre de l'intérieur érige en commune distincte « la presqu'île de Gavre et l'île de Ksalm », distraits de la commune de Riantec ; le chef-lieu de la nouvelle commune est fixé à Gâvre[33]. Gâvres est aussi érigé en paroisse le . À peine Gâvres avait-il été érigé en commune indépendante qu'une polémique oppose des habitants de Riantec au maire de Gâvres à propos de la coupe du goémon de rive, le maire de la nouvelle commune ayant décidé par décret d'en réserver le droit aux seuls habitants de Gâvres sur son territoire communal. L'affaire alla jusqu'en Cour de cassation[34]. Les pêcheurs de Riantec participaient tous les ans, le jour de la Saint-Jean (), comme ceux des ports voisins, à la Fête des Courreaux de Groix comme en témoigne un article datant de 1862[35]. Déjà en 1835 Louis-Antoine Dufilhol écrivait en cette occasion à propos des pêcheurs participant à cette cérémonie : « Ceux de Riantec sortent du fond de leur baie et semblent d'abord voguer au milieu des champs : leurs voiles se promènent parmi les pommiers ; mais bientôt ils pointent le cap sur la batterie du Talut et laissent à bâbord les rochers du Taureau »[36]. Une double épidémie de variole frappa Riantec en 1866, la première, frappant surtout Locmiquélic, entre janvier et mars fit 93 morts parmi les 340 malades, la seconde en décembre fit 12 morts parmi les 29 malades. Lors de cette seconde épidémie c'est le village de Kerdreff, peuplé de 335 âmes qui souffrit le plus, y tuant 10 personnes (2 enfants, 2 hommes et 6 femmes). Dans son rapport du sur cette épidémie de variole de Riantec en 1869 (laquelle provoqua dans la commune 438 malades et provoqua 105 décès), le docteur Bodélio écrit : « Les mères n'ont jamais pu comprendre que le vaccin ne pouvait mettre à l'abri de la variole qu'à condition d'être inoculé dix jours au moins avant l'infection variolique dans les organes ». En 1869 une épidémie de fièvre typhoïde fit dans le seul village de Kerner, qui n'avait que 300 habitants, 70 malades et provoqua 50 décès[37]. En 1874 une pétition d'habitants de Riantec demanda « le rétablissement, dans le plus bref délai, de la royauté en la personne d'Henri V, héritier légitime de la couronne de France »[38]. Le le préfet du Morbihan suspendit de ses fonctions le vicomte Fréderic de La Goublaye de Nantois « attendu [qu'il] a ouvert et poursuivi, malgré nos instructions, (...) une enquête sur la moralité du desservant de sa commune, (...) que le presbytère a été plusieurs fois menacé, que des scènes scandaleuses ont eu lieu dans l'église paroissiale, et que les religieuses de la commune, qui ont fait preuve du dévouement le plus admirable dans de récentes épidémies ont été insultées et poursuivies à la sortie de l'église, sans que M. le maire ait rien fait pour empêcher ses administrés de se livrer à ces actes coupables »[39]. Si le maire s'en prenait ainsi au curé, c'est parce que ce dernier avait « entrepris de décider ses paroissiens à faire abandon des biens achetés par leurs familles pendant la Révolution (...) ; il n'a pas craint, du haut de sa chaire, de menacer plusieurs personnes de rigueurs ecclésiastiques si elles ne consentaient point à ce qu'il appelle une "restitution" »[40]. La tempête du provoqua la disparition d'une chaloupe de pêche de Riantec avec 7 hommes à bord entre Groix et Belle-Île[41]. Benjamin Girard décrit ainsi Riantec en 1889 :
En 1892 et 1893, une épidémie de typhus exanthématique frappe 556 malades en 15 mois à Riantec[43]. Une autre épidémie de typhus avait déjà frappé Riantec entre et [44] ; « Riantec étant une localité maritime, l'importation du typhus y était facile »[45] En , Breurec, un ancien soldat de la garde mobile fait prisonnier pendant la Guerre de 1870, qui avait été condamné par la justice allemande à 20 ans de travaux forcés dans des mines pour avoir tenté de s'évader alors qu'il était prisonnier de guerre, et qui n'avait pas pu donner de ses nouvelles pendant tout ce temps, revint à Riantec après avoir été libéré et appris que son épouse s'était remariée et que tous ses biens avaient été partagés entre ses héritiers[46]. Le journal La Croix du indique que « l'école des Sœurs de Riantec (Morbihan) vient d'être laïcisée. Les deux religieuses avaient 130 et 199 élèves tandis que dans deux communes voisines les écoles laïques en réunissaient deux pour une et quarante [pour l'autre] pour 4 maîtresses »[47]. Le , environ 1 500 pêcheurs, y compris 300 patrons de barques, de Port-Louis, Gâvres, Riantec, Plouhinec et Plœmeur, décidèrent de ne plus prendre la mer, protestant contre le prix auquel leurs sardines étaient achetés par les usiniers et les conditions générales de vente[48]. Le XXe siècleLa Belle ÉpoqueLe premier pèlerinage de l'année à Sainte-Anne-d'Auray était appelé "pèlerinage de Riantec" car c'est cette paroisse qui, il y a environ 300 ans avant 1900, en avait donné la première l'exemple. Cette tradition perdurait au début du XXe siècle : par exemple lors de celui de 1900 « les Gâvrais et les Riantecois étaient assez nombreux pour organiser dans la clôture et dans la basilique une magnifique procession aux flambeaux » ; le plus de 500 pèlerins de la région de Lorient, les uns en train, les autres en voiture, participèrent au "pèlerinage de Riantec"[49]. Riantec est ainsi décrit en 1903, lors de la crise sardinière :
Le gouvernement Combes décida la fermeture au de l'école privée catholique tenue par les Sœurs de la Sagesse à Riantec[51]. Le journal L'Ouest-Éclair du écrit que l'entrevue entre les curés et les vicaires de Port-Louis et Riantec avec l'agent du fisc lors de la tentative d'inventaire des biens d'église a été des plus courtoises. « Sur le refus d'ouvrir les portes de ces églises, le receveur de l'enregistrement est reparti sans objection (...) Le bruit courait dans la région que l'abbé Martin, vicaire à Port-Louis et l'abbé Gouguec, vicaire à Riantec, avaient été conduits, menottes aux mains, à la prison de Lorient ; ce bruit est sans fondement »[52]. Le des incidents éclatèrent à Riantec opposant un ostréiculteur, Lecomte, qui avait obtenu une concession de 6 hectares sur l'île de Kerner et des pêcheurs de Riantec et Locmiquélic dont les femmes avaient l'habitude de ramasser des coquillages, notamment des palourdes, sur les grèves de la Petite mer de Gâvres lorsque chômaient les usines de sardines ; celles-ci reprochaient à l'ostréiculteur de privatiser une partie du domaine public maritime, ce dernier arguant que celui-ci faisait en tout deux cents hectares et que le naissain qu'il produisait servait aussi, en s'échappant de ses parcs, à rendre les coquillages plus abondants ; 40 femmes et 70 enfants de pêcheurs envahirent le parc et le saccagèrent. Il fallut envoyer des gendarmes pour garder le parc ostréicole[53]. Le 600 manifestants envahirent l'île Kerner et saccagèrent le parc ; des membres du parquet de Lorient, qui s'étaient rendus sur place, faillirent être victimes de la marée montante ; au retour leur véhicule s'embourba ; ils durent descendre dans les flots et pousser la voiture pendant que le cocher fouettait sa bête à tour de bras[54]. Le « Le dundee de pêche Marie-Madeleine, de Riantec, patron Leglohaec, a été pris par les courants au moment où il sortait de la Petite mer de Gâvres pour aller au large, et s'est jeté sur les rochers de Belorchs, entre Gâvres et Port-Louis. (...). L'équipage a été sauvé »[55]. En 1909 des maisons de Riantec étaient toujours couvertes en chaume comme en témoigne l'incendie survenu le qui détruisit « trois fermes recouvertes en chaume » dans le village de Saint-Riel[56]. Le « le conseil d'arrondissement, après avoir pris connaissance des délibérations du conseil municipal [de Riantec] et de la commission syndicale, des pétitions d'un certain nombre de protestataires (...) vote à l'unanimité l'érection en commune de la section de Locmiquélic. Cette nouvelle commune comprendra tous les terrains situés sur la rive gauche de la route de Port-Louis à Hennebont »[57]. En raison de la partition, Riantec qui comptait lors du recensement de 1910 7 211 habitants, n'en eût plus que 3 575 et la nouvelle commune de Locmiquélic 3 689[58]. Le journal La Croix du écrit que l'école laïque de Riantec « est dirigée par un instituteur, secrétaire de mairie, qui est marié civilement et n'a pas fait baptiser ses enfants. Plutôt que d'envoyer à cette école ses trois fils, un pauvre ménage de la localité, le ménage Tréhin, à qui l'on allouait 7 fr. 50 par mois pour l'entretien d'un enfant assisté, a confié ses enfants à l'école libre. Dès lors, la municipalité radicale a fait rayer la subvention des époux Tréhin »[59]. Le journal Le Rappel écrit dans son édition du que le dundee 927 de Riantec, patron Jouanno, ayant six hommes d'équipage, parti pour la pêche, n'ayant pas donné de ses nouvelles depuis 3 semaines, est considéré comme perdu[60]. Le l'épave du dundee Sainte-Hélène-de-Dreano, aussi de Riantec, est retrouvée près de Noirmoutier ; ce naufrage fit quatre victimes[61]. La Première Guerre mondialeLe monument aux morts de Riantec porte les noms de 165 soldats morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; quatorze d'entre eux au moins sont péris en mer (par exemple les deux frères Adrien et Michel Bernarde, Jean Evanno, les deux frères Aimé et Gildas Jegousso, ainsi que deux autres originaires de Port-Louis, matelots à bord du dundee Bayard-sans-Peur, coulé par le sous-marin U-91 le ) ; un (Louis Guillemoto) est mort des suites de ses blessures à Malte, trois au moins sont morts en Belgique (Jean Kerlo, Benjamin Mollo et Pierre Mollo), la plupart des autres sont décédés sur le sol français dont par exemple Martin Danigo, soldat au 123e régiment d'infanterie, mort des suites de ses blessures le à Sainte-Menehould (Marne), décoré de la Croix de guerre et de la Médaille militaire[62] ; autres exemples : l'abbé Emmanuel Le Corvec, né le à Riantec, soldat au 62e régiment d'infanterie, blessé mortellement au Fort de Vaux le et l'abbé Albert Jouanno, né le à Riantec, sergent au 69e régiment d'infanterie, blessé mortellement le à Bieuxy (Aisne) et décédé deux jours plus tard[63]. Un soldat originaire de Riantec, Pierre Le Bihan[64], du 33e régiment d'infanterie coloniale, a été fusillé pour l'exemple le à Courtémont (Marne) pour « avoir tué ou blessé des camarades »[65]. Marcel Dréan, un marin de commerce originaire de l'île Kerner, fut officiellement déclaré mort par l'Inscription maritime à la suite du naufrage de son bateau, un cargo mixte, torpillé par un sous-marin allemand dans l'Atlantique Nord à la fin de l'année 1917. Il revint à Riantec.. le jour de la cérémonie funèbre en son honneur[66]. L'Entre-deux-guerresLe l'antique église Sainte-Radegonde de Riantec, datant du XIe siècle, dédiée à sainte Radegonde[67], fut totalement détruite de manière accidentelle par un incendie ; rien ne put être sauvé. Le l'église en ruine s'écroula, ensevelissant plusieurs enfants sous ses décombres : l'un d'entre eux fut tué et un autre grièvement blessé[68]. L'église fut reconstruite entre 1923 et 1927 d'après les plans de l'architecte René Guillaume[69]. Le Locmiquélic se sépare de Riantec, devenant une commune distincte[70]. La tempête du [71] fit de nombreux dégâts et des victimes à Riantec, notamment à l'Île de Kerner. Le journal L'Ouest-Éclair lança une souscription pour venir en aide aux victimes de toute la côte lorientaise[72]. Le une barque montée par deux pêcheurs de goémon de Riantec chavira à la suite d'un coup de vent près de la pointe de Gâvres ; l'un des pêcheurs se noya[73]. Dugast, ostréiculteur à Riantec, jouissait d'une entreprise à réputation mondiale, fournissant en huîtres et en coquillages les restaurants les plus renommés de Paris, de Bruxelles et la Compagnie générale transatlantique. Il créa en 1938 un établissement ostréicole à Sidi-Abderahman au Maroc[74]. La Seconde Guerre mondialeLe monument aux morts de Riantec porte les noms de 20 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale ; parmi elles Frédéric Bregent, matelot canonnier à bord du cuirassé Bretagne, mort lors de l'attaque anglaise de Mers el-Kébir le ; Robert Le Bozec, maître canonnier à bord de l'aviso Surprise, coulé le lors d'une attaque anglaise sur Oran par le HMS Brilliant ; Paul Dugast, matelot au 1er régiment de fusiliers marins (1re division française libre), tué à l'ennemi le à Radicofani (Italie) ; André Caradec, mort en captivité en Allemagne le [62]. Le gendarme Pierre Brasquer, né le à Riantec, en poste à Pont-Croix (Finistère), est mort le à l'hôpital de Douarnenez des suites de ses blessures reçues alors qu'il ripostait à l'attaque par une colonne allemande des habitants de Plozévet qui s'étaient rassemblés pour fêter l'arrivée prochaine des troupes alliées[75]. La 63e Promotion de l' École de gendarmerie de Châteaulin lui a rendu un hommage solennel en le prenant pour parrain en . L'école privée de garçons de Riantec est ouverte en 1935 et un nouveau bâtiment bâti en 1938[76]. L'après-Seconde-Guerre-mondialeJean-Marc Scourzic[77], maître mécanicien et Léon Naveos[78], marin, firent partie des 51 victimes lors du naufrage de la frégate météorologique Laplace qui heurta une mine datant de la Seconde Guerre mondiale et coula en dix minutes le en baie de La Fresnaye. Cinq soldats originaires de Riantec sont morts pour la France pendant la Guerre d'Indochine : Jean Bertic[79], Joseph Guérizec[80], Henri Le Goastellec[81], Albert Nicol[82] et M. Quer. Le XXIe siècleEn 2004, le phare de Kerbel, situé au lieu dit Les Deux moulins, construit en 1913[83], de 25 mètres de hauteur, désaffecté, fut vendu aux enchères pour 285 000 euros[84]. PatrimoineArchéologiquePlusieurs sites archéologiques sont recensés sur le territoire de Riantec :
HistoriqueÀ défaut d'édifices, monuments ou sites classés, Riantec possède un certain nombre d'éléments patrimoniaux remarquables.
BâtiRiantec comptait avant 1880 deux zones habitées, au bourg et à Kerner, et quelques groupes d'habitations disséminés sur son territoire. Par la suite, les constructions ont été édifiées autour des noyaux d'urbanisation préexistants et des voies d'accès à la commune. Caractérisée par une grande hétérogénéité de son bâti, la commune abrite essentiellement de l'habitat individuel. Outre un bâti traditionnel, antérieur à 1880, constitué de maisons de pêcheurs pour l'habitat maritime et de longères pour l'habitat rural, les différentes formes d'habitat individuel caractéristiques des évolutions architecturales contemporaines fondent le tissu urbain communal. Naturel et paysagerCe patrimoine naturel tant maritime que rural dont dispose Riantec abrite une faune et une flore riche protégée à divers titres. Espaces d'intérêt européenNatura 2000 La petite mer de Gâvres, les zones humides du Dreff et de la Croizetière sont concernées par le site Natura 2000 du « massif dunaire de Gâvres-Quiberon et zones humides associées». ZNIEFF Abritant des espèces rares et menacée, Riantec, particulièrement sa frange littorale, est également visée par un périmètre de zone naturelle d'intérêt écologique, floristique et faunistique. La ZNIEFF de la Croizetière, d'une superficie de 47 ha, est au centre du triangle d'espaces non urbanisés séparant les communes de Locmiquélic, Port Louis et Riantec ; elle abrite des plantes protégées comme l'asphodèle d'Arrondeau et l'orchis grenouille (Coeloglossum viride)[86]. ZICO La Petite mer de Gâvres, l'Île de Kerner et l'Île aux Pins ainsi que les marais du Dreff, d'anciens marais salants, sont inclus dans une zone d'intérêt communautaire pour les oiseaux. En effet, ces zones abritent une grande variété d’oiseaux utilisant la vasière comme zone d’alimentation à marée basse et de repos à marée haute. Espaces d'intérêt localOutre les zones visées par l'intérêt communautaire, les landes de Lotour et le vallon du Riant sont repérés localement au titre de leur intérêt faunistique et floristique. Blasonnement
Langue bretonneL’adhésion à la charte Ya d’ar brezhoneg a été votée par le conseil municipal le , et devenu effective le . La ville devient ainsi la 184e commune de Bretagne à l'avoir signé[87]. La commune dispose depuis 2009 d'une école primaire Diwan[88] qui scolarise 62 élèves à la rentrée 2018. À la rentrée 2021-2022, l'école Diwan compte 36 élèves répartis en 2 classes[89]. DémographieLe territoire de la commune (et en conséquence le nombre de ses habitants) est réduit en 1867, pour la création de la commune de Gâvres, et en 1919, pour celle de Locmiquélic. La population de Riantec a connu une évolution positive de 1975 à 2009 (+884 habitants). L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[90]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[91]. En 2022, la commune comptait 5 742 habitants[Note 13], en évolution de +4,1 % par rapport à 2016 (Morbihan : +3,82 %, France hors Mayotte : +2,11 %). Politique et administrationRiantec est membre, depuis , de Lorient Agglomération, communauté d'agglomération regroupant 25 communes et 205 749 habitants[94]. Tendances politiques et résultatsListe des mairesÉconomieEmploiEn 2004, le pourcentage d'actifs dans la population riantecoise était de 40,4 % dont 10,4 % de chômeurs. En 2000, les établissements basés à Riantec employaient 560 personnes et le centre hospitalier de Kerdurand, dépendant de l'hôpital de Port-Louis constituait le principal employeur de la commune avec 120 salariés. Par ailleurs, en 1999, seulement 19,7 % de la population ayant un emploi résidait et travaillait à Riantec. Activités
L'activité commerciale et artisanale est répartie sur l'ensemble du territoire communal avec une concentration au niveau du bourg pour le commerce et à Villemarion pour l'artisanat. L'autorisation de construire une station d'épuration a été donné fin mai 2009; celle-ci devrait traiter les eaux de Riantec, Port-Louis et Locmiquélic[100].
À Riantec, l'essentiel de l'exploitation des ressources maritimes est historiquement liée à la pêche à pied. Profondément ancrée dans la culture locale, la pêche à pied en petite mer de Gâvres de palourdes et de coques a longtemps contribué à l'alimentation de la population mais est devenue une activité ludique et éducative constituant un atout touristique.
En 2004, l'agriculture occupait 39,1 % du territoire avec 564 hectares de surface agricole utile (SAU) mais accuse une diminution progressive tant de la surface exploitée que du nombre de sièges d'exploitation basées à Riantec. Les exploitations riantecoises partagent majoritairement leur activité entre l'élevage porcin et bovin et la culture céréalière notamment à destination de l'alimentation animale.
L'activité touristique réduite à Riantec peut s'appuyer sur la petite mer de Gâvres et son intérêt tant écologique que pédagogique. Par ailleurs, sans être une station balnéaire, la baignade est possible à marée haute dans la petite mer de Gâvres notamment à partir des petites plages (les Salles, Stervins, les Chelles) du littoral communal. La campagne riantecoise par la diversité de ses paysages dispose de potentialités. Associations
Équipements et infrastructuresTouristiques
Le parc de Kerdurand est agrémenté d’un parcours sportif et d’une piscine.
Espace découverte du monde végétal, animal et minéral de la petite mer de Gâvres. Scolaires et périscolairesLes structures d’enseignement présentes sur le territoire de Riantec permettent d’accueillir les enfants scolarisés de la maternelle au collège.
SocioculturelsLes équipements socioculturels sont essentiellement répartis sur le bourg et à Kerdurand.
Sportifs et de plein airÀ quelques exceptions près, les infrastructures sportives riantecoises sont regroupées à Kerdurand
Par ailleurs, le site de Riantec, entre mer et campagne, offre des opportunités de randonnées pédestres, équestres et cyclistes. L’espace de la petite mer de Gâvres se prête à la pratique d’activités nautiques comme le kayak de mer, la planche à voile ou encore le kitesurf. DéplacementsRéseau viaireOutre les voies communales, Riantec est traversée par trois routes départementales :
Transports en communLa commune de Riantec est desservie par le réseau CTRL[102] :
Le réseau outre-rade de la CTRL permet une desserte en bus interne aux communes de Riantec, Port-Louis et Locmiquélic et une liaison par bateau à destination de Gâvres et à travers la rade vers Lorient. Vie localeÉvénements hebdomadaires
Littérature
Personnalités liées à la commune
Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiArticles connexesLiens externes
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