Carnac
Carnac [kaʁnak] (en breton : Karnag) est une commune française située dans le département du Morbihan, en région Bretagne. La commune est connue pour ses alignements de 2 934 menhirs[1], ainsi que pour sa station balnéaire qui en fait une destination prisée. GéographieSituationCarnac est située sur la limite nord de Mor braz, sur la côte atlantique, entre le golfe du Morbihan à l’est et la presqu'île de Quiberon à l’ouest. C'est une commune littorale très vaste puisqu'elle occupe une surface de 3 271 hectares. L'altitude de la commune est faible, mais on rencontre de nombreuses buttes qui ont servi de repère pour la construction de monuments mégalithiques. Les communes limitrophes sont Ploemel, Crach, La Trinité-sur-Mer, Plouharnel et Erdeven. Relief et hydrographieLe granite de Carnac des géologues forme l'essentiel du sous-sol. C'est une roche claire légèrement feuilletée, dans laquelle l'érosion a pu dégager des blocs tantôt massifs tantôt tabulaires, propices à la construction de monuments mégalithiques. Le littoral est assez découpé, avec de l'ouest vers l'est, successivement l'Anse du Pô, la pointe du Pô (qui donnent sur la Baie de Plouharnel), la plage de Saint-Colomban, la pointe Saint-Colomban, la plage de Ty-Bihan et celle de Légénès, puis, à l'est du port (Port en Dro), la Grande Plage, la pointe Churchill, la plage de Beaumer et celle de Men Du.
Le risque de submersion marineSelon un index global correspondant à l'agrégation de 5 critères[Note 1] effectué en 2011 par l'Observatoire National des Risques Naturels[Note 2], Carnac est la commune du Morbihan et la sixième de la région Bretagne la plus exposée au risque de submersion marine avec 35,50 % de sa population totale concernée et 25,94 hectares de bâti exposé au risque de submersion[2]. ClimatEn 2010, le climat de la commune est de type climat océanique franc, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[3]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Bretagne orientale et méridionale, Pays nantais, Vendée, caractérisée par une faible pluviométrie en été et une bonne insolation[4]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral doux », exposée à un climat venté avec des étés cléments[5]. Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 12,1 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 11,4 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 890 mm, avec 13,1 jours de précipitations en janvier et 7 jours en juillet[3]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune d'Auray à 12 km à vol d'oiseau[6], est de 12,6 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 969,3 mm[7],[8]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[9]. La station météorologique de Météo-France installée sur la commune et en service de 1993 à 2014 permet de connaître l'évolution des indicateurs météorologiques[10]. Le tableau détaillé pour la période 1981-2010 est présenté ci-après.
Source : « Fiche 56034002 » [PDF], sur donneespubliques.meteofrance.fr, édité le : 06/01/2022 dans l'état de la base
UrbanismeTypologieAu , Carnac est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[11]. Elle appartient à l'unité urbaine de Carnac[Note 3], une agglomération intra-départementale regroupant cinq communes (Carnac, Crach, Plouharnel, Saint-Philibert, et La Trinité sur Mer), dont elle est ville-centre[Note 4],[12],[13]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Carnac, dont elle est la commune-centre[Note 5],[13]. Cette aire, qui regroupe 2 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[14],[15]. La commune, bordée par l'océan Atlantique, est également une commune littorale au sens de la loi du , dite loi littoral[16]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique du littoral, comme par exemple le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si le plan local d’urbanisme le prévoit[17]. Occupation des solsLe tableau ci-dessous présente l'occupation des sols de la commune en 2018, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC).
Morphologie urbaineL'agglomération de Carnac est double : le village traditionnel, désormais une ville, s'est développé à l'écart du littoral; tandis qu'une autre agglomération balnéaire, Carnac-Plage, s'est développée depuis le début du XXe siècle, le long des plages orientées plein sud et du port. HabitatEn 2019 on recensait 8 681 logements à Carnac. Carnac étant un lieu de villégiature très prisé, une forte proportion des logements étaient des résidences secondaires puisqu'on en dénombrait 6 202 (71,4 %) contre 2 276 résidences principales (26,2 %), et 206 logements vacants (2,4 %). Sur ces 8 681 logements 5 036 étaient des maisons (58,0 %) contre 3 566 des appartements (41,1 %). Le tableau ci-dessous présente la répartition en catégories et types de logements à Carnac en 2019 en comparaison avec celles du Morbihan et de la France entière.
ToponymieLe nom de la localité est attesté sous la forme Carnac en 1387[22]. Il s'agit d'un type toponymique en *-ācon (généralement latinisé en -acum[24], -acus, dans les textes rédigés en latin), suffixe de localisation et de propriété, d'origine gauloise. Il est fréquent sous forme de terminaison -ac dans la région, comme dans le sud de la France et correspond au suffixe brittonique *-ōgon qui a donné la terminaison -oc en vieux breton, puis -euc et enfin -ec (> néo-breton -eg cf. gallois -og)[25]. Le premier élément Carn- représente le celtique[24] et pré-celtique *karn- qui signifie « amas de pierre »[24], dérivé du pré-indo-européen *kar « pierre, rocher » (celtique cairn[réf. nécessaire] « tas de pierres »→« tumulus »→« lieu sacré », breton karn « tas de pierre »)[24]. Selon Léon Fleuriot, il est arrivé que les Bretons ajoutent -ac à des radicaux bien vivants dans leur langue, tels que carn- dans Carnac[25]. Enfin, Albert Dauzat reste assez vague en employant le mot « celtique », ce peut être aussi bien du gaulois (langue celtique continentale) que du breton (langue celtique brittonique insulaire), car rien n'empêche en effet que Carnac constitue une remotivation par le breton d’un toponyme entièrement gaulois comme Carnac-Rouffiac ou certains Charnay, Charnat et Charny. Remarque : Xavier Delamarre mentionne le gaulois carnitu, carnitus attesté dans des inscriptions qui signifirait « a placé, a érigé (une tombe) ». Il cite W. Meid, pour qui karni- est un verbe qui à l'origine voulait simplement dire « empiler des pierres » qui a pris le sens plus technique d’« ériger un tombeau ». D'un point de vue étymologique, le radical carn- est semblable au vieil irlandais carn « tas de pierre, notamment au-dessus d'une tombe » (et non pas celtique cairn comme chez Albert Dauzat) et au gallois carn « tas de pierre », carnedd « ruines », implicitement, la racine carn- est panceltique. X Delamarre ajoute que la racine *kar- « pierre » semble pré-indo-européenne, mais qu’on la retrouve en germanique : vieux norois hörgr « tas, amas » et anglo-saxon hearg « temple » (de l'indo-européen *karukos)[26]. HistoirePréhistoireLe site de Carnac a probablement été occupé sans interruption depuis le Ve millénaire av. J.-C., bien que les datations précises fassent défaut[27]. La commune ne compte pas moins de cent quarante sites mégalithiques, dispersés pour la plupart sur les collines ou dans des propriétés. Le site de la pointe Saint-Colomban a été occupé dès le début du paléolithique (450 000 ans environ) : des humains se sont installés à l'aplomb d'une falaise, sur une plage ancienne constituée de galets, Los d'un épisode climatique interglaciaire ; des choppers (galets aménagés) et un petit outillage formé d'éclats de quartz et de silex ont été trouvés, utilisés par les homo erectus qui vivaient alors[28]. Le tumulus Saint-Michel est construit entre 5000 et 3400 ans av. J.-C. (au Néolithique). À la base, il est long de 125 mètres, large de 60 mètres, et mesure 12 mètres de haut. Il a nécessité 35 000 mètres cubes de pierres et de terre. C'est un tombeau pour les membres d'une élite, il contenait divers objets funéraires pour la plupart exposés dorénavant au musée de Préhistoire, notamment des pendeloques et perles en variscite, une roche provenant d'Espagne. La chapelle érigée dessus, construite en 1663, a été détruite en 1923 pour être reconstruite à l'identique en 1926. Les alignements mégalithiques auraient été érigés entre 4 000 et 2 000 ans av. J.-C., soit au Néolithique moyen ou final[29], mais on ignore toujours quel groupe culturel a construit ces alignements, et à quelle époque exacte[30]. Les alignements sont partagés en plusieurs groupes distincts. Les alignements du Ménec regroupent 12 rangées convergentes de menhirs qui s’étendent sur plus d’un kilomètre, avec les restes de cercles de pierres à chaque extrémité. Les pierres les plus grandes, à l’ouest, atteignent 4 m de haut ; leur hauteur moyenne décroit le long de l’alignement pour atteindre 60 cm de hauteur à l’extrême est. Ce schéma est répété dans les alignements de Kermario un peu à l’est. D’autres alignements plus petits parsèment le site, comme ceux de Kerlescan et du Petit Ménec. Une légende, qui n'a aucun sens historique puisqu'elle fait intervenir un chrétien avant la romanisation de la Gaule, dit que saint Cornély, poursuivi par des soldats romains, se retourna et les figea en pierres, appelées menhirs aujourd'hui. Outre les grands alignements, de multiples dolmens, groupes de dolmens, tertres tumulaires et fragments d'alignements se trouvent dispersés aux alentours, dans les landes, sur les collines (Mané), voire sur la plage et sous le niveau de la mer (alignement de Kerdual). Les sépultures mégalithiques représentent presque tous les types d'architecture connus, dolmen à couloir simple à chambre ronde (Kergalad, Kergo, Kerdrain, Kervilor), ovale (Mané Grag, Mané Brizil) ou carrée (Kercado), dolmen évasé, dit "en bouteille" (Mané Kerioned, Kermario), dolmen transepté (Keriaval, Klud er Yer), allée couverte (Kergrim), sépulture à entrée latérale (Kerlescan), etc. Les tertres bas, bien moins spectaculaires que les grands tumulus comme Le Moustoir, Crucuny ou saint Michel, parsèment les landes (Mané Pochat er Yeu, Mané Ty Ec, Er Gradouresse, Lann Granvillarec, Castellic, etc.). Les mieux étudiés sont ceux qui sont surmontés par les alignements (Le Manio 2) ou associés à eux (Kerlescan). Ils sont souvent "indiqués" par des menhirs. L'un de ces tertres est même attaqué par la mer à Kerdual. De nombreux menhirs isolés sur la commune sont de taille imposante (Kergalad, Mané Pleurec, Kerderff, Crifol, Kergo, Le Manio, etc.), Les fragments d'alignements sont également très nombreux (Keriaval, Mané er Ouah ty hir, Kerguéarec, Le Lac, etc.). Finalement, la densité de monuments mégalithiques sur la commune (et sur les communes limitrophes) est exceptionnelle, malgré les destructions multiples dont beaucoup ont été victimes (Rogarte, Kerozillé, Kerléarec, etc.), à tel point que des monuments n'ont sûrement toujours pas été répertoriés officiellement, perdus dans les landes impénétrables. Sans l'intervention de l'archéologue Zacharie Le Rouzic pour classer les sites les plus importants, de très nombreux dolmens auraient disparu sous l'action des carriers. Les vestiges d'une vingtaine de structures liées à la combustion, datant du néolithique moyen et entourant un petit menhir ont été mis au jour en 2009 sur le site de Montauban en Carnac. Cette disposition reste pour l'instant inexpliquée[31]. Antiquité gallo romaineJames Miln a fouillé en 1874 la villa gallo-romaine "Les Bosséno", située entre Cloucarnac et Montauban[32]. Les objets trouvés se trouvent au Musée de préhistoire de Carnac[33]. « Cette villa était un important établissement comprenant maison d'habitation, maison d'exploitation rurale, bains, sacellum (temple) » a écrit James Miln[34].
Moyen ÂgeJean-Baptiste Ogée indique :
En 1455, on dénombrait à Carnac 142 tenues habitées et 38 tenues frostes (fermes abandonnées) ; en 1685 on y comptait 305 exploitations occupées et aucune abandonnée[38]. Temps modernesL'église paroissiale Saint-Cornély actuelle fut construite au XVIIe siècle ; son clocher date de 1639. Le , le duc de Penthièvre acquiert les "terres vaines et vagues" situés au sud du bourg de Carnac, y compris les paluds régulièrement recouverts par la mer, en dépit des protestations des riverains[39]. Trois missions paroissiales prêchées par des Lazaristes, furent organisées à Carnac en 1736, 1758 et 1774[40]. Jean-Baptiste Ogée décrit ainsi Carnac en 1778 :
Dans ce même texte, Jean-Baptiste Ogée décrit longuement les "pierres levées" de Carnac. Révolution françaiseLe , des Émigrés, environ 15 000 hommes transportés par les Anglais débarquent sur les plages de Légenèse et Ty Bihan et se répandent dans les environs de Carnac. « Un Te Deum est chanté le lendemain dans toutes les églises de la côte ». Les Bleus reprennent Carnac le 15 messidor an III () et parviennent à disperser le l'armée émigrée, qui se rend le à Quiberon[32]. Le XIXe siècleLes principaux faits du XIXe siècleLe , les terrains acquis un siècle plus tôt par le duc de Penthièvre sont acquis par Charles Armand de Keranflec'h[43]. Ce dernier fixe les dunes, notamment en y plantant des oyats et aménage un port, des parcs à huîtres et des salines, ainsi qu'une ferme, la "Ferme du Palud"[39]. A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent ainsi Carnac en 1843 :
Frank Davies[44], qui visita Carnac vers le milieu du XIXe siècle, déplore les dégradations des sites archéologiques :
En 1864, le quartier de La Trinité-sur-Mer et son port d'estuaire sont détachés de la commune, pour constituer une commune séparée. En 1865, La Trinité-sur-Mer devient également une paroisse distincte. En effet, les marins-pêcheurs jugeaient l'église Saint-Cornély de Carnac trop éloignée du port, et en réclamaient une à proximité. Le monument aux morts de Carnac porte les noms de 11 soldats morts pour la France pendant la Guerre de 1870[46]. Vers 1875, l'archéologue écossais James Miln (1819-1881) vient étudier le site et prend comme guide et aide Zacharie Le Rouzic (1864-1939). Après la mort de son mentor, Le Rouzic sera le gardien puis le conservateur du musée de la Préhistoire et, bien qu'autodidacte, il deviendra un spécialiste internationalement reconnu des mégalithes de la région. Le tourisme prend son essor dans la seconde moitié du XIXe siècle : de nombreux écrivains et artistes sont, à partir de la période romantique, attirés par les monuments mégalithiques, comme Prosper Mérimée, Victor Hugo, Gustave Flaubert et de nombreux autres. Les terrains acquis par Charles Armand de Keranflec"h sont vendus en 1864 par ses héritiers à Jules Adrien Gy[47]. Au début du XIXe siècle, près de cent cinquante ans après, Carnac est en tête, avec Adge et Chamonix, du palmarès des villes les plus surfréquentées par rapport à leur population[48]. Les croyances traditionnellesPaul-Yves Sébillot raconte que vers 1880 encore, la femme stérile se déshabillait complètement et courait autour d'un menhir, poursuivie par son mari auquel elle finissait par se rendre. Les parents des époux faisaient bonne garde aux alentours pour écarter les éventuels passants.. Il raconte aussi que, toujours à Carnac, un dolmen ruiné passait pour procurer un mari à celle qui allait s'asseoir dessus au clair de lune ; les jeunes filles s'y rendaient nombreuses, si bien que le clergé se résolut à les y conduire toutes en procession un jour de printemps. Vers 1910 la procession avait encore lieu, mais on n'en savait plus l'origine[49]. Le même auteur raconte aussi que les habitants croyaient que certains menhirs passaient pour aller, la nuit de Noël, se plonger dans la baie de Saint-Colomban. Dans le trou laissé béant par leur absence éphémère (car ils ne faisaient qu'un rapide "aller et retour" entre les douze coups de minuit) on pouvait voir des trésors cachés au fond. Un homme voulut en profiter pour devenir riche (...) mais il oublia de compter le nombre des coups de cloche et, au douzième, le menhir à son retour l'écrasa»[50]. Le pardon des chevaux et celui des bestiauxLe pardon des chevaux de Carnac fut, selon Zacharie Le Rouzic, créé seulement vers 1900. Le curé de Carnac ayant constaté qu'il n'y avait pas de saint Éloi dans la région acheta une statue le représentant et la plaça dans la vieille chapelle de Saint-Antoine, à 2 km du bourg. Il fit célébrer sa fête le , avec une bénédiction des chevaux. En peu d'années, l'usage s'établit et l'on a compté jusqu'à 400 chevaux autour de la chapelle pendant la messe. La chapelle, désormais dénommée "chapelle Saint-Antoine et Saint-Éloi" se trouve sur le territoire de la commune voisine de Plouharnel[51]. À Carnac, c'est saint Cornély qui est le patron des bestiaux. Le pardon se déroule le deuxième dimanche de septembre. (...) Les paysans des environs amènent, groupés par villages, leurs bestiaux en pèlerinage à Saint-Cornély, les uns attachés, les autres en liberté. On leur fait faire d'abord le tour de l'église. (...) Ensuite les paysans conduisent leurs bestiaux à la fontaine et répandent son eau sur leurs têtes. Le clergé n'y assistait pas, car il s'agit probablement de la survivance d'un vieux rite païen[50]. Le XXe siècleLa Belle ÉpoqueGeorges Payot, un homme d'affaires parisien, Désiré Jamet[52], un ingénieur originaire de Belle-Île, rejoints par le notaire Louis Luneau, fondent en 1899 la "Société Carnac Plage". Celle-ci acquiert les terrains possédés, jusqu'à son décès survenu en 1897, par Jules Adrien Gy. Elle entreprend l'aménagement et le lotissement des dunes bordant la Grande Plage entre Port en Dro et la plage de Beaumer[39]. En 1903, une station balnéaire est ainsi créée sur les anciens marais salants du Breno. Son essor et son développement font ainsi de Carnac une ville bicéphale : Carnac-ville et Carnac-Plage. Après avoir construit l'Abbaye de Kergonan, les frères Jamet (Désiré, l'ingénieur architecte, et Ange le directeur de travaux) construisent, sur le front de mer de la Grande Plage et des plages avoisinantes, entre 1900 et 1930, de nombreuses villas pour leur clients. Carnac-Plage se couvre progressivement d'une architecture balnéaire de style différents: pavillons (Villa Velleda, Villa les Tamaris), maisons ou manoirs néo-bretons (villa Mané Ty Guard, Villa Mané Er Ker Senans, Villa Ker Ivor), néo-normands (Villa Ker Yonnick, Villa Normande aujourd'hui détruite et remplacée par l'hôtel Le Bateau Ivre), légèrement influencé par l'Art Nouveau (Villa Les Troènes, et Villa Les Pourpiers) et par l'esprit belle époque (Villa la Korigane). D'autres architectes ont rejoints les frères Jamet, comme Alexandre Daveau (Villa Le Bercail, renommée aujourd'hui Ker-Lois), Edouard Ramonatxo (Villa Ker Margaët), ou Joseph Caubert de Cléry (Villa St Michel). On commence aussi à remarquer l'influence de l'Art Déco (Villa Le Roi d'Ys, Villa Ker Ahuel). Le "Grand Hôtel de Carnac-Plage" est construit face à la Grande Plage par les frères Jamet. Il est inauguré le 28 juin 1903[53] et deviendra un établissement de grand luxe qui accueillera une clientèle de prestige, notamment Marguerite de Savoie, reine d'Italie, en 1908. Fort de son succès, sa taille sera doublée en 1912, par l'adjonction à l'ouest d'une extension élégante avec balcons et surmontée de deux oculus. A cette occasion la façade austère du corps de bâtiment initial, sera aussi agrémentée de balcons et son fronton surplombé d'un clocheton. Enfin vers 1930, l'intérieur de l'établissement sera remanié sous la conduite de l'architecte Edouard Ramonatxo, qui ajoutera à l'Est une petite extension pour abriter les bars de l'hôtel, l'Armor Bar et le Nautilus. La "Société du tramway Trinité-sur-Mer-Étel" est aussi créée en 1899 par les deux mêmes hommes afin de relier les deux communes, en desservant Carnac et Plouharnel (ou s'arrête aussi la ligne Auray-Quiberon, qui sera par la suite surnommé le "tire-bouchon"). La ligne permettra, entre autres, de faciliter l'accès des touristes. Mis sur rail le 10 avril 1901, la ligne est réquisitionnée et démantelée pour satisfaire l'effort de guerre de la Première Guerre mondiale. Elle est remise en service en 1922 mais à partir des années 30, elle est de plus en plus concurrencée par l’avènement de l’automobile et par les liaisons en bus. Son exploitation cessera ainsi en 1935, date à laquelle la ligne est démantelée, définitivement. La Première Guerre mondialeLe monument aux morts de Carnac porte les noms de 162 soldats et marins morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale ; parmi eux huit sont morts en Belgique dont dès 1914 Jean Brien et Joseph Le Pevedic à Dixmude lors de la Bataille de l'Yser, Joseph Le Prado à Rossignol et Arthur Tuffigo ainsi que Joseph Le Quellec dans les combats de Maissin ; neuf dans les Balkans dans le cadre de l'expédition de Salonique (Alexandre Audic, Xavier Le Plaire, Ferdinand Tanguy, Pierre Tanguy à Salonique et François Le Guennec à Moudros (Grèce), Jean Galudec à Venise, Benjamin Hellec et Eugène Prado en Serbie, Aimable Le Goff en Bulgarie) ; 14 (Félix Audo, Joseph Brizac, Eugène Chainon, Jean Corlobe, Auguste Franger, François Kermorvant, Th. Le Diabat, Jean Le Gouar, Jean Le Guennec, Joseph Martelot, Émile Le Mouroux, Jean Marie Mahéo, Alfred Pessel, Émile Pujol) sont des marins disparus en mer ; un soldat (Jean Kerzerho) est mort en captivité en Allemagne ; la plupart des autres sont morts sur le sol français[46]. Deux soldats originaires de Carnac sont morts le au Maroc (Th. Le Moing le et Jean Quintin le )[54]. Un médecin local, le docteur Étienne Saint-Martin, profitant de l'ensoleillement exceptionnel dont jouit la région (2 044 heures par an en moyenne pendant la période 1930-1959 selon les données relevées par le docteur lui-même) développe une station climatique, prodiguant notamment des soins aux enfants rachitiques et aux malades atteints de lésions osseuses[55]. L'Agence Rol a effectué en septembre 1924 un reportage photographique sur Carnac, ses mégalithes et le Pardon de saint Cornély. Ces nombreuses photographies sont consultables sur Gallica ; parmi elles :
Ces photos montrent que la description du Pardon faite en 1843 par A. Marteville et P. Varin est encore valable près d'un siècle plus tard :
La Seconde Guerre mondialeLe monument aux morts de Carnac porte les noms de 38 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale ; parmi ces morts, Robert Brelet[56], mort au camp de concentration de Dachau le ; Bénoni Caradec, gendarme qui fut résistant FFI, tué à l'ennemi au château de Kergras en Hennebont le , décoré de la Croix de guerre ; Paul Goffeny[57] est mort en combat aérien le à Arvert (Charente-Maritime pendant les combats du siège de Royan[58]) ; Pierre Stéphan, sergent-chef dans l'armée de l'air est mort le en Tunisie ; Placide Le Floch est mort à Leysin en Suisse; Joseph Le Gloahec, Joseph Le Gosles, Fernand Le Roux[59] et André Le Vœux sont des marins disparus en mer ; Henri Rioux est mort en captivité en Allemagne[46]. L'après Seconde Guerre mondialeDeux soldats originaires de Carnac (Henri Kergosien[60], Jean Rio) sont morts pendant la Guerre d'Indochine et trois autres (Gérard Collet[61], Jean Le Gouguec, Michel Mary[62]) sont morts pendant la Guerre d'Algérie[63]. En 1978, un centre de thalassothérapie voit le jour, bâti sur une partie des salines asséchées[64]. Il reste encore quelques salines mais elles ne sont plus exploitées. En face d'elles est construit le casino de Carnac en 2002, repris par le groupe Ardent fin 2016[65]. Le XXIe siècleEn 2013, la construction d'une maison individuelle, sur le tertre de Lann Granvillarec, permet la découverte d'un nouveau tumulus du Néolithique moyen datant d'environ 5000 av. J.-C.[66] Destruction partielle du patrimoineDepuis , la commune est au centre d'un imbroglio historico-juridique lié à la destruction de menhirs classés pour l'implantation d'un magasin de l'enseigne Mr.Bricolage[67]. Selon le quotidien Ouest-France[68], 39 menhirs, datés d'environ 7 000 ans, ont été démolis afin de construire un magasin Mr Bricolage. Le maire Olivier Lepick[69], président de l'association chargée de porter le projet de classement des menhirs au patrimoine mondial de l'UNESCO, déclare ne pas avoir été mis au courant. Ces menhirs étaient identifiés par l'association qu'il préside. Symboles de la ville
DémographiePolitique et administrationTendances politiques et résultatsListe des mairesEn 2014, trois candidats s'opposent pour les municipales 2014 à Carnac :
Politique de développement durableLa commune a engagé une politique de développement durable en lançant une démarche d'Agenda 21 en 2009[87]. Culture locale et patrimoineLieux et monumentsPatrimoine préhistorique
Patrimoine architectural
Dédiée à saint Cornély, protecteur des bêtes à cornes ; sa statue se trouve placée au-dessus du fronton du portail ouest. Le porche du flanc nord est surmonté d'un baldaquin en granit en forme de couronne dont on ne trouve pas d'autre exemplaire en Bretagne. L'intérieur contient également des pièces exceptionnelles : l'orgue du XVIIIe siècle est classé. Les voûtes lambrissées sont décorées sur 750 m2.
Elle a été construite sans doute vers 1813 puis vers 1925 sur les mêmes plans que la chapelle originale qui, elle, datait de 1664. En contrebas, la fontaine Saint-Michel, fontaine de dévotion. Les femmes de marins en mer montaient à la chapelle pour la balayer dans le sens où elles voulaient voir souffler le vent. Elles venaient ensuite prier à la fontaine et boire de l'eau. Son pardon a lieu en septembre. Fresques représentant la marche du peuple de Dieu vers la Jérusalem Céleste par Alice Pasco (1926 -2013). EnvironnementEn plus des plages, Carnac a 60 % de son territoire couvert par la campagne, des forêts et des landes. Vie culturelle
Langue bretonneLe nom breton de la commune est Karnag.
À la rentrée 2017, 35 élèves étaient scolarisés dans la filière bilingue catholique[89]. Personnalités liées à la commune
Carnac dans les arts
SportsLa vie sportive de Carnac est regroupée autour de plusieurs clubs sportifs :
HonneurL'astéroïde (224592) Carnac est nommé en l'honneur de la ville. Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes
Liens externes
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