Natif de Lourdes, Philippe Douste-Blazy est le fils de Louis Douste-Blazy, professeur de médecine, et de Geneviève Béguère (1924-2018), ancienne dirigeante de la Ciergerie lourdaise[2] et fille d'Antoine Béguère, sénateur-maire de Lourdes et dirigeant du FC Lourdes, lors des « années dorées » de ce club de rugby.
Cette année est aussi celle de son élection comme directeur national de l'Association de recherche contre les élévations du cholestérol (ARCOL).
Incontesté dans les scrutins locaux jusqu'à son départ de Lourdes, il connaît une ascension rapide : élu député dans la deuxième circonscription des Hautes-Pyrénées fin , il abandonne son mandat en mai, à la suite de sa nomination comme ministre délégué à la Santé, fonction qu'il cumule avec celle de porte-parole du gouvernement à partir du . En mars 1994, il est élu au conseil général des Hautes-Pyrénées, devient secrétaire général du CDS en décembre suivant, et est réélu au premier tour des municipales en 1995[5].
À Lourdes, Philippe Douste-Blazy axe son action sur le tourisme. La RN 21, l'aéroport Tarbes-Ossun-Lourdes et la nouvelle gare SNCF améliorent la desserte de la ville, qui se dote d'un nouvel office du tourisme et de deux accueils pour les malades en remplacement des anciens hospices. Mais la reprise en régie municipale du golf, hérité de l'équipe précédente, et l'acquisition du lac de Lourdes, dont l'aménagement est ensuite suspendu, alourdissent les finances municipales[5]. La chambre régionale des comptes constate en 1997 une augmentation des frais de fonctionnement de la ville, due selon l'opposition au nombre de collaborateurs du cabinet pléthorique et à une politique de communication coûteuse. Les impôts locaux augmentent de 77,8 % entre 1988 et 1994[5], pour rebaisser à partir de 1998[6], l'endettement de la ville atteint 206 millions de francs soit 13 885 francs par habitant en 2000, et la taxe de séjour est instaurée[5]. En matière d'emplois, il doit faire face à la fermeture de l'abattoir, et tente sans succès d'attirer deux usines pharmaceutiques[5].
En juin, il est réélu maire de Lourdes, et devient secrétaire général de Force démocrate fin novembre. Il est ensuite membre du bureau politique de l'UDF (1996-1999) et vice-président de l'UDF.
En tant que ministre, il accentue les politiques culturelles en direction des territoires urbains et ruraux défavorisés, en associant les acteurs de l'aménagement du territoire et de l'Éducation nationale[7].
Le à 18 h 30, il est poignardé dans le dos par Adal Cisti, un déséquilibré d'origine albanaise[8].
En mars 2001, il laisse la circonscription de Lourdes pour se faire élire dans la première circonscription de la Haute-Garonne. Abandonnant ses mandats de conseiller général et de membre du conseil municipal de Lourdes, il remporte à la même date la mairie de Toulouse, succédant à Guy Hersant, maire par intérim en remplacement de Dominique Baudis, nommé président du CSA. Il préside la communauté d'agglomération du Grand Toulouse de 2001 à 2008.
Après l'explosion de l'usine AZF de Toulouse en , Douste-Blazy réclame un « plan Marshall » pour sa ville lourdement sinistrée. Il obtient du gouvernement Jospin une aide de plus d'1,5 milliard de francs mais déplore son refus d'implémenter certaines mesures qu'il préconisait (prise en charge de 3 mois de loyer et suspension de la taxe d'habitation pour les sinistrés)[9],[10].
Fin 2001, il s'associe à la candidature de Jacques Chirac pour un second mandat présidentiel. Il organise l'adhésion d'une large frange de l'UDF au nouveau parti fondé lors de la campagne présidentielle et qui deviendra l'UMP, ce qui provoque son exclusion du parti centriste.
Réélu député de la Haute-Garonne le , et devenu secrétaire général de l'UMP le même mois lors du congrès du parti, il refuse d'entrer au gouvernement pour conserver la mairie de Toulouse. En 2004, il démissionnera cette fois de son poste de maire de la « Ville rose » pour entrer au gouvernement en tant que ministre de la Santé.
Le , il est à l'origine avec Jean Leonetti d'une proposition, non discutée à l'époque, de reconnaître « l'œuvre positive de l'ensemble de nos citoyens qui ont vécu en Algérie pendant la période de présence française », cosignée par 107 autres députés[11]. Des clauses plus étendues sur le même thème réapparaîtront dans les articles 1 à 4 de la loi française du 23 février 2005, soulevant une forte polémique autour de la reconnaissance, imposée à l'école par cet article, des aspects positifs de la colonisation.
Le , il est nommé ministre de la Santé et de la Protection sociale, et démissionne de son mandat de maire de Toulouse pour se plier à la règle du non-cumul des mandats[12], où il est remplacé par Jean-Luc Moudenc. Le 29 novembre suivant, son titre s'élargit en ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille.
Il entame à ce poste la réforme de l'assurance maladie[13], en prévoyant 10 milliards d'euros d'économies et 5 milliards de recettes supplémentaires en 3 ans, grâce à une franchise de 1 euro par acte médical, la hausse du forfait hospitalier et un élargissement de l'assiette de la CSG[14].
Le , il promet à des psychanalystes lacaniens de retirer un rapport de l'INSERM défavorable à la psychanalyse du site officiel du ministère de la Santé[15].
À l'issue de son mandat, il est salué pour avoir fait avancer des réformes délicates avec habileté, sans faire descendre dans la rue les personnels hospitaliers, mais reste considéré comme celui par qui la tarification du système hospitalier public est arrivée[16]. Dans le milieu de la santé, certains estiment aussi que la réforme de l'assurance maladie aurait pu être terminée pendant son mandat et non léguée à son successeur, Xavier Bertrand[17].
Ministre des Affaires étrangères
Préférant le ministère des Affaires étrangères à un ministère des Affaires sociales élargi, il est nommé à la tête du Quai d'Orsay le , dans le gouvernement Dominique de Villepin[18].
Son ministère est marqué par quelques bourdes, par exemple lorsqu'il confond Taïwan et la Thaïlande ou la Croatie et le Kosovo[13]. Par ailleurs, certaines de ses déclarations embarrassent, notamment celle sur le caractère « militaire clandestin » du programme nucléaire iranien, à contre-courant des efforts diplomatiques occidentaux[19] ou celle, en plein conflit israélo-libanais, sur le rôle « stabilisateur » de l'Iran[20]. Son manque de maîtrise des codes diplomatiques et des dossiers, ainsi que son goût pour la communication et l'auto-promotion[21], irritent les fonctionnaires du Quai d'Orsay[13].
Comme ministre, il défend une diplomatie humanitaire, développant notamment le fonds Unitaid, financement innovant d'achats de médicaments par une taxe prélevée sur les billets d'avion, initiée par les présidents Chirac et Lula[20].
Démissionnaire à la suite de la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, il annonce le jour de la passation des pouvoirs à Bernard Kouchner, renoncer à se présenter aux législatives dans la 1re circonscription de Toulouse.
Le , il est élu président du conseil d'administration d'Unitaid, une organisation internationale d'achats de médicaments[22].
En , il est nommé conseiller, chargé de mission auprès du président de la République.
Conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies
Ce programme, qu'il dirige, se révèle une déception, malgré les contacts établis avec Bill Clinton ou Ban Ki-moon. La fondation Unitaid qui chapeautait ce programme le stoppe en 2010 devant les coûts supérieurs aux recettes réelles, après que le lancement lui a coûté 22 millions de dollars[26]. Néanmoins, à la suite des résultats positifs obtenus en Espagne avec la campagne « Ninõs Sin Malaria »[27], le logiciel, qui a fait ses preuves, est aujourd'hui au service d'autres organisations internationales qui lèvent des fonds par micro-donations.
Le , il appelle à un soutien pour François Bayrou, candidat du MoDem pour l'élection présidentielle, via une tribune dans le journal Le Monde[28] dans laquelle il dénonce une droitisation de l'UMP dont il faisait partie. La même année, il convainc plusieurs chefs d'État africains de donner 10 cents par baril de pétrole vendu pour lutter contre la malnutrition dans le cadre du projet Unitlife, qu'il préside[29].
Depuis , il est professeur à la Medical School de Harvard[32]. Il est candidat à la présidence de l'Organisation mondiale de la santé en 2016[33], mais sa candidature n'est pas retenue par le conseil exécutif réuni le .
Membre bénévole du conseil d’administration de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille dirigé par Didier Raoult, il apporte avec d'autres médecins, son soutien aux recherches du professeur et demande, le , la modification du décret 293 du complété par le décret 337 du pour autoriser l'utilisation du Plaquenil (hydroxychloroquine) pour toutes les formes symptomatiques du Covid-19 et pour le mettre à disposition afin que les médecins de ville puissent le prescrire dans le cadre de l'urgence sanitaire[37],[38].
Le Comité d'éthique du CNRS le cite dans un avis paru en septembre 2021 parmi les acteurs ayant participé à une dérive « populiste » de la science, en raison de sa pétition lancée avec Christian Perronne en faveur de cette utilisation de l'hydroxychloroquine, s'inquiétant « que le choix d’un traitement puisse être décidé par l’opinion publique sur la base d’une pétition ou d’un sondage »[39],[40]. En octobre 2021, il dit regretter d'avoir demandé aux Français de se prononcer sur l'hydroxychloroquine[41].
- : ministre délégué auprès du ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, chargé de la Santé
- : ministre délégué auprès du ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, chargé de la Santé, porte-parole du gouvernement
- : ministre de la Culture
- : ministre de la Santé et de la Protection sociale
- : ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille
: chargé de mission auprès du président de la République
: Conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies, chargé des financements innovants, avec rang de secrétaire général adjoint, titre protocolaire à titre bénévole[43]
Publications
Directeur de collection aux éditions Plon, il y a édité trois ouvrages :
↑COMETS, Communication scientifique en situation de crise sanitaire : profusion, richesse et dérives, CNRSdate=2021-09-21 (présentation en ligne, lire en ligne)