Histoire de l'exploration européenne du Tibet

Le « Grand Lama ou Père éternel » (le dalaï-lama), avec, à son côté, une statue à l'effigie de Güshi Khan, Khan mongol qui plaça au pouvoir le 5e dalaï-lama, gravure de China illustrata (La Chine illustrée) d'Athanasius Kircher (Amsterdam, 1667), d'après un dessin de Johann Grueber[1].

On dénombre un certain nombre d'Européens qui ont pu se rendre au Tibet avant 1950. Les premiers visiteurs y arrivèrent au Moyen Âge. Il s'agissait au départ surtout de commerçants et de missionnaires chrétiens. Les explorateurs arrivèrent plus tard.

Contextes géographique et politique

Le Tibet est une région culturelle et historique d'Asie, d'une superficie de 2,5 millions de km²[2] située essentiellement en République populaire de Chine. Constitué des anciennes provinces tibétaines du Kham, de l'Ü-Tsang et de l'Amdo, il comprend aujourd'hui essentiellement les subdivisions administratives autonomes tibétaines de la République populaire de Chine dont la région autonome du Tibet ainsi que des régions extérieures comme le Ladakh, le Mustang, l'Arunachal Pradesh, le Bhoutan, le Sikkim

Au XIXe siècle, la géographie du Tibet demeure largement méconnue, seuls quelques voyageurs ont franchi les cols himalayens et découvert le « toit du monde ».

Le tibétologue Charles Ramble précise que l'isolement du Tibet a pour origine d'une part les obstacles de son relief et d'autre part une xénophobie politique[3].[source insuffisante]

Des difficultés d'accès géographique

Le Tibet constitué du Kham, de l'Amdo et de l'U-Tsang

Le Tibet géographique est principalement constitué d'un haut plateau, le plateau Tibétain, entouré de trois côtés par les plus hauts massifs du monde, l'Himalaya au sud, le Karakoram à l'ouest et le massif du Kunlun au nord, ce qui rend le Tibet difficile d'accès[4].

C'est au Tibet que les grands fleuves d'Asie prennent leur source et y ont leur cours supérieur : le Brahmapoutre, la Salween, l’Indus, le Mékong, le Fleuve Jaune, le Yang-tsé

Des difficultés d'accès politique

C'est l'époque du Grand Jeu qui renvoie à la rivalité coloniale entre la Russie et la Grande-Bretagne en Asie une des caractéristiques stratégiques des luttes d'influence entre l'Empire russe et l'empire britannique, de 1813 à la convention anglo-russe de 1907[5]. Cet affrontement s'effectue aussi par explorateurs interposés[6].

Dans le récit de son séjour de Sept ans au Tibet (1944-1951), l'Autrichien Heinrich Harrer explique que, contrairement aux autres pays, le Tibet n'avait pas de barrières, de gardes ni d'inspecteurs des douanes à ses frontières[7]. Pour dissuader les étrangers d'y pénétrer, il était formellement interdit de leur vendre quoi que ce soit, sous peine de graves sanctions. La population ne pouvait que leur être hostile[8]. Le même constat se retrouve sous la plume du Britannique Robert W. Ford qui fut opérateur radio à la Mission britannique à Lhassa, puis travailla au Sikkim et enfin à Lhassa et à Chamdo pour le compte du gouvernement tibétain à la fin des années 1940 : il ajoute qu'il fallait un laissez-passer, le lamyik, délivré par les autorités de Lhassa, pour pouvoir se procurer ravitaillement, logement et transport sans difficultés[9].

Motivations et organisation des expéditions

L'attrait exercé par le Tibet sur les explorateurs répond à diverses motivations qui peuvent être, selon le cas, scientifiques, politiques ou spirituelles[10].

Charles Ramble indique que le XIXe siècle et le début du XXe siècle furent l'âge d'or de l'exploration. La montée en puissance des pouvoirs impériaux en Europe s'accompagna d'une volonté de découvrir des territoires inaccessibles ou méconnus. Cette exploration du Tibet relevait largement d'une conquête impérialiste. Ces explorateurs étaient issus des principaux pouvoirs européens, la majorité d'entre eux profitaient de leurs périples scientifiques pour pratiquer l'espionnage[3].

Certains d'entre eux ont été des pionniers en matière de tibétologie, ayant publié, par la suite, des études érudites sur la civilisation tibétaine[11].

Explorateurs

Moyen Âge

Les premiers voyage en Asie centrale se situent au milieu du XIIIe siècle. En 1241, à la mort de leur khan Ögödei, les Mongols se retirent d'Europe. Le roi Saint-Louis et le pape envoient alors des émissaires au Grand Khan de Mongolie afin de connaitre ses intentions. Le moine franciscain Jean de Plan Carpin séjourne à la cour mongole du khan Kuyuk. C'est avec le récit de sa mission qu'apparaissent les premières informations sur le Tibet[12].

Lors de son périple en Asie, entre 1274 et 1291, Marco Polo aurait traversé des régions limitrophes du Tibet[12]. Il en parle comme étant une vaste étendue envahie de bêtes sauvages mais très peu peuplée, car ayant été dévastée peu de temps avant sa visite par les Mongols[1]. Au Tibet oriental, rapporte-t-il, le sel d'un grand lac salé servait de monnaie d'échange sous forme de dalles de sel gravées du sceau du grand Khan[13].

Selon sir Henry Yule, le moine franciscain Odoric de Pordenone semble avoir visité le Tibet et peut-être même Lhassa vers 1328[14]. Il rapporte qu'à la mort d'un homme, les prêtres coupent son corps en morceaux, le fils en fait cuire la tête pour la manger et fait du crâne un gobelet[15]. La tibétologue Françoise Pommaret est d'avis que si Odoric de Pordenone a longtemps été considéré comme le premier occidental à pénétrer à Lhassa, il aurait en fait visité Khotan en Asie centrale et recueilli auprès des habitants ce qu'il écrit concernant le Tibet.

XVIIe siècle

  • Sur les conseils du père de Andrade, une mission fut envoyée au Tibet méridional depuis l'Inde en 1627. Les missionnaires portugais João Cabral and Estêvão Cacella furent accueillis à Shigatse par le roi d'Utsang. Ils y établirent une mission en 1628[17]. Cabral et Cacella firent découvrir aux Occidentaux le pays mythique de Shambhala (qu'ils transcrivirent sous la forme Xembala dans leurs rapports destinés à l'Inde)[18].

XVIIIe siècle

Carte de la Chine, de la Tartarie-chinoise et du « Thibet » en 1734 par Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville
  • Le les pères jésuites Manoel Freyre et Ippolito Desideri arrivèrent à Lhassa, où Desideri demeura treize ans[22]. Desideri quitta le Tibet en 1721, et à son retour rédigea un rapport qui ne sera publié qu’en 1904[23]. Il y décrit le mode de gouvernement et l’intense activité commerciale régnant à Lhassa.
  • La même année 1716, arrivèrent également à Lhassa le frère Francesco della Penna et la mission des capucins. Première marque de relations inter-religieuses qui réapparaitront au XXe siècle, le pape Benoît XIV avait écrit une lettre pour le 7e dalaï-lama, Kelzang Gyatso, qu'il avait remise au père Orazio Della Penna. Les capucins bâtirent un hospice, une chapelle, et convertirent plusieurs personnes [22]. Selon Elio Marini, malgré les dissensions entre les deux ordres, Desideri et Della Penna se mirent à étudier ensemble le tibétain, au monastère de Sera, près de Lhassa, sous la direction d'un lama. Della Penna vécut pendant seize années au Tibet et commença un premier dictionnaire du tibétain en italien, qui en 1732 comprenait déjà 33 000 mots. Il traduisit plusieurs ouvrages tibétains en italien, et inversement quelques ouvrages de doctrine chrétienne en tibétain. Il était connu et respecté pour ses travaux et sa science dans tout le Tibet sous le surnom du Lama au cheveux blancs. Cependant, à partir de 1720, les Mandchous incitèrent les moines tibétains à se méfier des Occidentaux et les missions fermèrent les unes après les autres. Un incident accéléra les choses : 7e dalaï-lama avait accordé aux missionnaires la liberté de culte et de prosélytisme; mais lorsque trente Tibétains et Tibétaines se furent convertis, ils refusèrent d'accepter la bénédiction du dalaï-lama et de prendre part aux prières obligatoires. Après un long procès, le , cinq Tibétains chrétiens furent flagellés. Della Penna fut reçu en audience par le dalai-lama, mais le sort de la mission était dès lors joué : il dut partir pour le Népal, où il mourut en 1745. En 1996, l'actuel 14e dalaï-lama a été reçu officiellement par le maire de Pennabilli, village natal de Francesco della Penna[21].

XIXe siècle

Plan de Lhassa au XIXe siècle par Nikita Bichurin
  • Le philologue et orientaliste hongrois Sándor Kőrösi Csoma (1784-1842), aussi connu sous de nom d'Alexander Csoma de Köros, gagna la vallée de Zanskar au Ladakh où il passa 16 mois en 1826-1827 à étudier la langue tibétaine et la culture bouddhiste, sous la houlette d'un lama du nom de Sangs-rgyas-phun-tshogs. Ce séjour, financé par la Compagnie anglaise des Indes orientales, lui permit de réunir une collection de manuscrits tibétains et de rédiger en anglais la première grammaire tibétaine (Grammar of the Tibetan Language) et le premier dictionnaire sanscrit-tibétain-anglais (Sanskrit-Tibetan-English Vocabulary).
  • De 1844 à 1846, le père Évariste Huc (1813-1860), religieux français de l'ordre des Lazaristes, avec son collègue Joseph Gabet, missionnaires en Chine, effectua des missions d'exploration à travers la Mongolie (Tartarie) jusqu'au Tibet, dont il rendit compte dans un récit à grand succès, naturellement partisan, mais sincère, honnête et bien informé, qui fit beaucoup pour faire connaître le Tibet réel en France, Souvenir d'un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844, 1845 et 1846. Cet ouvrage en deux volumes, dans sa deuxième édition de 1853, a été mis en ligne par la BNF, ainsi que par l'Université de Québec[25]. Lorsqu'il visita le monastère de Kumbum, construit en l'honneur de Tsongkhapa en 1560, Évariste Huc put observer l'arbre de santal blanc qui avait poussé, selon la tradition, du sang de la naissance Tsongkapa, et dont les feuilles étaient marquées de lettres tibétaines[1] ; Alexandra David-Néel a pu voir cet arbre lorsqu'elle vint à Kumbum, bien que l'arbre fût déjà mort et ne portât plus de feuilles[26].
  • Vers 1860, la Société des missions étrangères de Paris possédait des propriétés dans la province de Tsarong[22]. Le pape Grégoire XVI lui avait confié en 1846 la tâche d'évangéliser le Tibet. Dès 1855, une mission avait été établie à Bonga dans le Szechuan, à la frontière du Tibet oriental. Persécutés par les Tibétains, ils envoyèrent en 1867 des lettres au colonel Ramsay, le résident britannique à Kathmandou, demandant l'intervention des Népalais en leur faveur. Sir Jang Bahadur adressa en ce sens une lettre à Lhassa, qui n'eut pas d'effet. En 1887 plusieurs des établissements frontaliers des missionnaires furent détruits par les Tibétains[27].
  • En 1868, Thomas Thornville Cooper essaya de gagner l'Assam, depuis la Chine, via le Tibet oriental dans l'espoir d'ouvrir une nouvelle route commerciale pour les Britanniques. Malgré l'aide des missionnaires français, il fut refoulé par les Tibétains à Bathang. En 1869, il tenta la même aventure en partant d'Assam[28].
Pièce de monnaie de la Banque Russe en l'honneur de Prjevalski qui en 1883 explore les sources du fleuve Jaune dans les monts Kunlun
  • De 1870 à 1888, le colonel russe Nicolaï Prjevalski, financé par le ministère de la Guerre Russe et la Société de géographie de Saint-Pétersbourg, sillonne le Tibet. Il réussit à s'approcher de Lhassa à deux reprises sans parvenir à pénétrer dans la ville[6].
  • En 1876 Nina Mazuchelli publia le récit d'une expédition qu’elle avait faite en Himalaya avec son mari et l’un des amis de celui-ci, tous deux membres de l’administration coloniale en Inde[29].
  • En 1889, Isabella Bird (-), exploratrice et écrivain, traverse notamment le Ladakh[30].
  • En 1890, afin de rallier Paris au Tonkin, en Indochine française, l'explorateur Gabriel Bonvalot traverse le plateau tibétain en plein hiver. Juste avant d'arriver à Lhassa, des ambassadeurs du gouvernement tibétain les arrêtent. Après de longues négociations, leur voyage peut reprendre. Ils doivent alors traverser le plateau tibétain jusqu'à son extrémité orientale. Ils atteignent Tatsienlou (actuel Xian de Kangding dans la préfecture autonome tibétaine de Garzê) en juin, il y restera un mois. Gabriel Bonvalot décrit ainsi la ville :
« Tatsienlou a une population composée de Tibétains et de Chinois. La plupart des Chinois sont soldats ou bien marchands, occupés surtout au commerce du thé, de l'or, de la rhubarbe et des peaux. On trouve aussi dans leurs boutiques des marchandises européennes, des tapis et des draps russes, des calicots anglais, de l'horlogerie suisse, des contrefaçons allemandes. »[6].
  • L'Américaine Fanny Bullock Workman (1859-1925), avec son époux William Hunter Workman, après de nombreux voyages à vélo, commença à pratiquer l'alpinisme d'une manière quasi-professionnelle : elle mena huit expéditions dans l'Himalaya de 1898 à 1912. Elle est coauteur, avec son mari, de Ice-bound heights of the Mustagh: an account of two seasons of pioneer exploration in the Baltistan Himálaya[32].
  • En 1895, un botaniste et missionnaire français, Pierre Jean Marie Delavay, réside dans une région proche du Tibet, Kunming, capitale de la province de Yunnan, qui fut sous influence tibétaine à l'époque du Royaume de Nanzhao, et où il a décrit de nombreuses espèces de plantes[33]. En 1886, ses longues marches vers le plateau du Tibet l'amènent à découvrir des pavots d'un bleu lumineux, maintenant connus sous le nom de Meconopsis betonicifolia, et peut-être décrits avant lui sous le nom de Meconopsis napaulensis[34].
  • Entre 1897 et 1899, le capitaine anglais Henry Hugh Peter Deasy (1866-1947) explore dans l'Ü-Tsang le Chang Thang plateau désertique où se trouvent les plus hauts lacs salés du globe. Malade, Deasy devra rebrousser chemin[35].
  • Deux autres Anglais, Welby et Malcolm tenteront aussi la traversée du Chang Thang, du Ladakh à la Chine. L'expédition est aussi un échec, certains de ses membres seront retrouvés par Sven Hedin[35].
  • Le père Jean-André Soulié (1858-1905) parvient à Tse-kou en 1891. Puis en 1896, il s'établit à Yaregong, où il devient vite très apprécié en soignant les malades. Botaniste, il recueillera plus de 7 000 espèces, on lui doit entre autres fleurs, une rose tibétaine (Budleia variabilis Hemls) dont il envoya des graines à M.-L. de Vilmorin[36]. Il sera assassiné en 1905[37].

Première moitié du XXe siècle

  • Au début du XXe siècle, le Japonais Ekai Kawaguchi met presque quatre ans pour atteindre Lhassa après des haltes dans de nombreux monastères et un pèlerinage au mont Kailash dans l'ouest du Tibet. Il s'installe alors comme moine chinois et acquiert une excellente réputation de médecin, ce qui l'amène à avoir une audience avec le 13e dalaï-lama, Thubten Gyatso (1876 à 1933)[38]. Il vit alors pendant quelque temps au monastère de Séra[39].
Carte des voyages de Sven Hedin
  • De 1899 à 1902, Sven Hedin (1865-1952), explorateur et savant suédois, visita l'Asie Centrale et cartographia le Tibet, mais ne réussit pas à gagner Lhassa. De 1905 à 1909, c'est-à-dire lors de sa troisième expédition en Asie centrale, il passa un certain temps au Tibet, où il semble être le premier à avoir reconnu le réseau trans-himalayen. Après avoir traversé le Tibet occidental, il atteignit Simla à la frontière indienne. On lui doit plusieurs ouvrages[40].
Francis Younghusband menant les forces britanniques à Lhassa en 1904
  • En , Tom George Longstaff, accompagné par deux guides italiens Alexis Brocherel et Henri Brocherel et six porteurs, effectue l'ascension du Gurla Mandhata. Ils établissent leur camp de base à Taklakot; cinq camps d'altitude sont successivement mis en place mais, vers 7 000 mètres d'altitude, ils doivent renoncer mais établissent par la même occasion un record d'altitude pour l'époque[6].
  • En 1906, Jacques Bacot (1877-1965), géographe, linguiste, ethnologue, explorateur et orientaliste français du début du XXe siècle, traversa la province de Tsarong et visita Menkong, au sein d'une expédition partie du Tonkin. Il suivit un itinéraire traditionnel de pèlerinage qui le mit en contact intime avec la vie religieuse des Tibétains. À son retour à Paris en 1908, il se consacra à l'étude du tibétain auprès de Sylvain Lévi. Il retourna dans l'Himalaya à deux reprises, en 1913-1914, puis en 1930-1931. Il voyagea beaucoup, notamment dans les régions frontalières du Tibet, et fut le premier scientifique européen à étudier la grammaire tibétaine traditionnelle. Il fut l'un des premiers à déchiffrer les Manuscrits de Dunhuang en vieux tibétain. En 1936 il fut nommé directeur d'études de tibétain à l'École pratique des hautes études et dirigea la Société asiatique de 1945 à 1954. Les peintures et les bronzes qu'il rapporta de ses différentes expéditions, ainsi que ses notes, sont aujourd'hui conservés à Paris au Musée Guimet.
  • En 1908, Robert Geerts, ingénieur-conseil et chimiste de Peng, vice-roi du Kan-sou, fut envoyé en mission spéciale au Tibet. A la tête de la première mission belge dans la région, ill parcourut le "Pays interdit" « avec toutes les facilités possibles ». Il rapporta de ses rencontres avec les nomades des observations qui offrirent un réel intérêt, bien avant David-Néel, mais resta cantonné dans un relatif anonymat[42],[43],[44].
  • Vers 1911, le capitaine britannique Bailey releva la carte d'une partie du Tsarong[22]. Il publia deux récits de ce voyage[45].
  • En 1911 puis 1914, le capitaine anglais Frank Kingdon-Ward (en), naturaliste qui a laissé des relations de ses voyages, visita aussi la province de Tsarong[46]; en 1924 il visita le pays de Pemakoichén[22]. Une nouvelle expédition en 1933 est racontée dans son ouvrage Plant Hunter in Tibet [47].
« Alexandra David-Néel en pèlerine - mendiante tibétaine portant sur le dos ses bagages. C'est dans ce déguisement qu'elle réussit à pénétrer à Lhassa »[48] en 1924.
  • L'explorateur et diplomate britannique George Pereira (en) (1865-1923) part de Jyekundo et met le cap sur Lhassa en 1921-1922, accompagnés d'un serviteur, d'un cuisinier, d'un interprète tibétain, d'un chef de caravane et de quatre muletiers[50]. Il est le premier Européen à donner une description précise de l'Amnye Machen, l'un des sommets du massif dit Amnye Machen Shan (aujourd'hui dans le district de Maqên, préfecture autonome tibétaine de Golog, Qinghai). Ses carnets furent mis en forme par Francis Younghusband et publiés de façon posthume en 1925 sous le titre Peking to Lhasa; The Narrative of Journeys in the Chinese Empire Made by the Late Brigadier-General George Pereira.
  • En 1924, Alexandra David-Néel (1868-1969), exploratrice française, visita plusieurs régions du Tibet et parvint même à gagner Lhassa incognito[51]. À son retour, dès son arrivée au Havre le , elle peut mesurer l’extraordinaire célébrité que lui vaut son audace. Elle fait la Une des journaux et son portrait s’étale dans les magazines[52]. Le récit de son aventure fera l'objet d'un livre, Voyage d'une Parisienne à Lhassa, publié à Paris en 1927[53], mais qui se heurte à l'incrédulité de la critique qui a du mal à accepter les récits de pratiques telles que la lévitation et le tumo (augmentation de la chaleur du corps permettant de résister au froid)[54].
  • À partir des années 1930, le peintre Léa Lafugie réalisa trois voyages au Tibet[55].
  • P. Matthias Hermanns (1899-1972), un missionnaire de la Société du Verbe-Divin et tibétologue allemand[56], fit des recherches ethnologiques sur le nomadisme dans l'Amdo (ou Qinghai) à l'époque de la découverte du futur 14e dalaï-lama.
  • Dans les années 1930 et 1940, Brooke Dolan II (mort en 1945), fils d'un richissime industriel de Philadelphie, Brooke Dolan I, se fit connaître comme aventurier et naturaliste. Il mena deux expéditions en Chine et au Tibet oriental pour le compte de l'Académie des sciences de Philadelphie d'abord en 1931 puis en 1934-1935. La première expédition comprenait Ernst Schäfer, Gordon Bowles, Otto Gneiser et Hugo Weigold. La seconde, le même Schäfer et une missionnaire américaine Marion Duncan. En , il gagna Lhassa avec Ilia Tolstoy (fils de Léon Tolstoï) en tant que membre de l'Office of Strategic Services (OSS) américain, ancêtre de la CIA ; il rencontra alors le jeune dalaï-lama, Tenzin Gyatso, et le gouvernement tibétain. Tolstoy et Dolan passent pour avoir, de leur propre autorité, laissé croire au gouvernement tibétain que les États-Unis avaient reconnu l'indépendance du Tibet[57].
  • Dans les années 1930, Ernst Schäfer (1910-1992), chasseur et zoologue allemand spécialisé en ornithologie, se fit connaître par ses trois expéditions au Tibet, la première en 1931, la deuxième en 1934-1935, et la troisième en 1938-1939. Les deux premières se firent sous la conduite de l'Américain Brooke Dolan II. Lors de la deuxième expédition, il rencontra en juillet 1934, le 9e panchen-lama, Thubten Chökyi Nyima, alors en exil à Hangzhou, en Chine. Enrôlé parmi les SS dès 1933, il dirigea personnellement la troisième expédition, placée sous le patronage de l'institut fondé par Himmler, l'Ahnenerbe (« Héritage des Ancêtres »). Les buts officiels de l'expédition étaient d'étudier les régions tibétaines sur les plans géographique, géologique, zoologique, anthropologique, botanique et culturel et de contacter les autorités locales en vue d'établir une représentation dans le pays [58],[59]. Schäfer a laissé plusieurs ouvrages, dont Berge, Buddhas und Bären (litt. « Montagnes, bouddhas et ours »), et a servi de conseiller pour la réalisation du film Geheimnis Tibet (Le Tibet secret).

Pseudo explorateurs

Theodore Illion

Theodore Illion (1898-1984), un auteur autrichien, publia dans les années 1930 deux livres de voyage concernant le Tibet :

  • Rätselhaftes Tibet (1936) et sa traduction en anglais In Secret Tibet (1937),
  • Darkness over Tibet (1938), publié directement en anglais[65].

Dans ce dernier livre, il relate sa prétendue découverte, lors d'un séjour au Tibet de 1934 à 1936, d'une cité souterraine qui abritait une communauté d'initiés régie par un sorcier et pratiquant la magie noire et le cannibalisme. Ce récit est considéré par les spécialistes du Tibet comme étant imaginaire[66],[67].

Slavomir Rawicz

En 1942 un Polonais nommé Slavomir Rawicz prétendit avoir marché de la Sibérie au Tibet. Il en fit un récit publié en 1956[68]. Dans les années 2000, des journalistes de la BBC, après enquête, établirent que Rawicz n'avait pas pu accomplir le périple, les archives polonaises et russes indiquant qu'il était sorti du goulag en 1942 à la faveur d'une amnistie générale des soldats polonais et avait rejoint l'armée polonaise en Russie[69].

Helena Blavatsky

Helena Blavatsky, née le à Ekaterinoslav en Ukraine) et morte le à Londres, un des membres fondateurs de la Société théosophique, aurait réussi, d’après ses dires, à entrer au Tibet par le Cachemire fin 1855, pour y être initiée par ses maîtres, les Mahātmā (« grande âme » en sanskrit). Aucun document n'atteste toutefois sa présence au Tibet. Qui plus est, elle n'a pu y séjourner sept ans comme elle l'a prétendu, et sa connaissance du Tibet est peu conforme à ce qu'on sait du bouddhisme tibétain.

Fin des explorations dans la deuxième moitié du XXe siècle

Selon Peter Bishop, avec l'intervention militaire chinoise au Tibet en 1951, la région fut fermée à nouveau, sauf pour certains voyageurs autorisés à s'y rendre dans les années 1960, ainsi les Américains Stuart et Roma Gelder et la romancière Han Suyin, lesquels mirent en avant l'arriération et l'oppression de l'ancien Tibet tout en faisant l'éloge de la modernisation engagée par la Chine au Tibet[70].

Au début des années 1980, le Tibet fut ouvert à nombre d'autres observateurs moins enclin à l'égard des affirmations chinoises d'avoir libéré les Tibétains. Les récits comme ceux d'Han Suyin, affirmant que tout allait bien au Tibet et que les Tibétains étaient des sujets heureux de la Chine, sont apparus comme très éloigné de la vérité[71].

Visiteurs à Lhassa

Les quelques étrangers qui séjournèrent à Lhassa au XXe siècle avant 1951 ont publié des livres dépeignant la vie sociale et culturelle de cette période. Selon la tibétologue Heidi Fjeld, ils ont bénéficié de l'hospitalité des nobles (ainsi Charles Alfred Bell, Heinrich Harrer, Freddie Spencer Chapman) et l'on peut penser que leur compréhension de la culture et de la société tibétaines a été influencée par leur interaction étroite avec la noblese de Lhassa. Selon Heidi Fjeld, la documentation écrite de cette période pré-chinoise de l'histoire tibétaine reflète principalement la vie des élites laïque et ecclésiastique, ne fournissant qu'un éclairage indirect sur la vie des rôturiers[72].

  • Heinrich Harrer et Peter Aufschnaiter, alpinistes autrichiens, membres de l'expédition allemande au Nanga Parbat dans l'Himalaya en 1939, furent interné en Inde par les Britanniques au déclenchement de la 2e Guerre mondiale. Évadé du camp de prisonniers de Dehradun, ils réussirent à franchir l'Himalaya et à gagner le Tibet, alors interdit, en 1944. Après avoir traversé les déserts du plateau central, ce qui constitue un véritable exploit, ils arrivèrent à Lhassa en 1946. Ils devaient y séjourner jusqu'en 1951, travaillant pour le compte du gouvernement tibétain et fréquentant l'élite aristocratique du pays. Harrer devint l'ami du jeune 14e dalaï-lama et de sa famille. Ils quittèrent le Tibet en 1951 juste avant l'invasion de l'armée chinoise. À son retour en Europe, Harrer fit le récit de son odyssée dans Sept ans d'aventures au Tibet, livre qui fut un succès planétaire et fit connaître l'ancien Tibet[73].

Représentations contrastées du Tibet (XIXe s.)

Quand les fonctionnaires britanniques eurent pris pied au Tibet à la suite de l'expédition militaire de 1904, ils mirent en avant la vision d'un Tibet autonome dans les domaines culturel et politique et dressèrent un tableau positif du Tibet. Seuls quelques explorateurs voyageant dans le Tibet oriental ou ayant échappé à la surveillance des Britanniques, ainsi William McGovern, Alexandra David-Néel et, plus tard, Heinrich Harrer, furent en mesure d'en donner une autre image. Les administrateurs britanniques essayèrent d'appliquer les concepts occidentaux au Tibet et dépeignirent celui-ci sous les traits d'une entité politique unifiée désireuse de rejoindre la communauté internationale, à l'époque dominée par les puissances coloniales[75].

Notes et références

  1. a b et c Michael Taylor, Le Tibet - De Marco Polo À Alexandra David-Néel, Payot, Office du Livre, Fribourg (Suisse), 1985 (ISBN 978-2-8264-0026-4).
  2. Note : soit 5 fois la superficie de la France.
  3. a et b Tibétains, 1959-1999, quarante ans de colonisation, Ouvrage collectif dirigé par Katia Buffetrille et Charles Ramble avec Robbie Barnett, Georges Dreyfus, Samten G. Karmay, Per Kvaerne et Jigmé Namgyèl, éd. Autrement, coll. « Monde », (ISBN 286260822X).
  4. Présentation géographique.
  5. Laurent Deshayes, L'enjeu tibétain au XIXe siècle
  6. a b c et d Louis-Marie, Élise et Thomas Blanchard, Explorateurs du Toit du Monde, Carnets de route en Haute-Asie (1850-1950), Éditions de La Martinière, 2010, (ISBN 978-2-7324-4216-7).
  7. (en) Heinrich Harrer, My Life in Forbidden Lhasa (littéralement « Ma vie dans Lhassa interdit »), in National Geographic, juillet 1955 : « There were no barriers, guards, or customs inspectors at Tibet's borders. »
  8. (en) Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, with a new epilogue by the author. Translated from the German by Richard Graves. With an introduction by Peter Fleming, First Tarcher/Putnam Hardcover Edition, 1997, (ISBN 0-87477-888-3) : « As Tibet has no frontier posts, the whole population is brought up to be hostile to foreigners, and there are severe penalties for any Tibetan who sells anything to a foreigner. »
  9. M. G. Chikara, Buddhism, Reincarnation, and Dalai Lamas of Tibet, A P H Publishing, 1998, 236 p., Annexure III, Some personal Observations by Robert Ford, p. 169-173 : « Travelling into Tibet from India along the recognised trade route there was no frontier post, no officials, no police, no customs or immigration control. The Tibetans kept out unwanted visitors. The Government simply made it a serious offence for any of its subjects to provide food, shelter or transport to any foreigner who could not produce a "Lamyik" or travel pass issued by the Lhasa authorities. The system was in force throughout Tibet. »
  10. (en) Early explorers of Tibet , Material Tibet : « The early explorers of Tibet were attracted to the country for different purposes, either scientific, political or spiritual. »
  11. Early explorers of Tibet, op. cit. : « Some of them can also be considered pioneers in the field of Tibetology, having produced scholarly work on Tibetan civilization. »
  12. a et b Françoise Pommaret, Le Tibet, une civilisation blessée, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (no 427), Paris, 2002, (ISBN 2070762998), (ISBN 9782070762996), p. 20.
  13. (en) L. F. Hobley, Early Explorers to A.D. 1500, Taylor & Francis, first published 1956, reprinted 1973, p. 57 : « Marco Polo also wrote of places he himself had not visited [...]. He tells of Tibet, a great wilderness, overrun by wild beasts but with very few people. In Eastern Tibet, salt from a great salt lake is used as money in the form of loaves with the Khan's seal imprinted on them. »
  14. (en) Sir Henry Yule, Cathy and the Way Thither, Vol. 1, Hakluyt Society, London, 1916, p. 178-181.
  15. L. F. Hobley, op. cit., p. 57 : « He describes how, when a man dies, the priests cut up the body, and his son cooks and eats the head, and makes a goblet of the skull. [...] (From Cathay and the way Thither, by Sir H. Yule.) »
  16. (en) John MacGregor (en), Tibet : A Chronicle of Exploration, Routledge & Kegan Paul, Londres, 1970, p. 34-39, (OCLC 97328).
  17. John MacGregor, op. cit., p. 44–45.
  18. (en) Edwyn Bernbaum, The Way to Shambhala, 1980, Reprint: 1989. Jeremy P. Tarcher, Inc., Los Angeles.
  19. (en) Gerald H. Anderson (Editor), Biographical Dictionary of Christian Missions, Eerdmans, Grand Rapids, MI, 1998, p. 266.
  20. (en) Athanasius Kircher, China illustrated with sacred and profane monuments, as well as various spectacles of nature and art, and arguments concerning other noteworthy subjects (en latin), Amsterdam, apud Jacobum à Meurs, 1667. Dont une édition numérique en ligne par l'Université de Stanford .
  21. a et b (en) Elio Marini, Pennabilli and Tibet, 1998.
  22. a b c d e f g h i j et k Alexandra David-Néel, Voyage d'une Parisienne à Lhassa, édition Omnibus de 1994, p. 280-282.
  23. Voir notamment (en) An Account of Tibet, the travels of Ippolito Desideri of Pistoia, 1712-1727, edited by Filippo de Filippi, with an introduction by C. Wessels, London, G. Routledge and sons, 1937.
  24. B. Le Calloc’h, Samuel Van de Putte, premier géographe du Tibet et du Népal, in Revue de la société de géographie, no 107, 3e trim. 1996, p. 35-56.
  25. Paris, Le Clere, 1853, 2 volumes. La BNF a mis en ligne sur son site Gallica, en mode image, le tome 1 et le tome 2 ; l'Université de Québec en a mis de son côté en ligne une belle et commode édition au format pdf.
  26. Jean Chalon, Le lumineux destin d'Alexandra David-Néel, Librairie académique Perrin, 1985.
  27. (en) Résumé par Julie G. Marshall, Britain and Tibet 1765-1947. A Select Annotated Bibliography of British relations with Tibet and the Himalayan states including Nepal, Sikkim en Bhutan, revised and updated to 2003, London & New York, Routeledge Curzon, vers 2003, p. 272-273, avec une bibliographie très détaillée du no 1964 au no 1979, p. 273-275.
  28. a et b (en) Bibliographie très détaillée in Julie G. Marshall, Britain and Tibet 1765-1947. A Select Annotated Bibliography of British relations with Tibet and the Himalayan states including Nepal, Sikkim en Bhutan, revised and updated to 2003, Londres & New York, Routeledge Curzon, vers 2003, du no 1946 au no 1954, p. 270-271.
  29. (en) Nina Mazuchelli, The Indian Alps and how we crossed them: being a narrative of two years’ residence in the eastern Himalaya and two months’ tour into the interior. By a lady pioneer. Illustrated by herself, New York & London, Dodd, Mead, and Company, 1876.
  30. (en) Isabella Lucy Birds, Among the Tibetans, 1894.
  31. L'épopée des Tibétains : entre mythe et réalité de Frédéric Lenoir et Laurent Deshayes, Fayard, 2002 (ISBN 2-213-61028-2).
  32. (en) Fanny Bullock Workman, William Hunter Workman, Ice-bound heights of the Mustagh: an account of two seasons of pioneer exploration in the Baltistan Himálaya, C. Scribner's sons, 1908, 444 p.
  33. Les missionnaires français chasseurs de plantes.
  34. La Recherche, Numéro 316 ; Numéros 318 à 322 ; Numéros 324 à 326, p. 48 : « Jamais plante n'aura demandé tant d'efforts. Des semaines de marche vers le plateau du Tibet, cerné de pics à 6 500 m. Des jours entiers dans le brouillard épais, à perdre son chemin au ras du précipice, puis le soleil cuisant, brûlant les yeux, au bout des nuits de gel. Un monde irréel, pour l'Européen égaré à l'ouest de la Chine, en 1886. Et la surprise, tout là haut, parmi les derniers arbres, de pavots d'un bleu lumineux. Origines. Au lieu de pencher vers le sol, les tiges se dressaient comme des hallebardes ; la fleur comportait quatre pétales, comme pavots (Papa-ver) et coquelicots (P rheas). Labbé Jean-Marie Delavay, natif de Haute-Savoie, botaniste à ses heures, ensachait des graines minuscules pour Paris. Si le pavot d'azur daignait fleurir au Muséum, il détrônerait bientôt l'edelweiss* des Alpes qui comptait tant de morts à son actif. Toutefois le pavot était-il bien un inconnu ? Une autre papaveracée du toit du monde, sèche et décolorée, était parvenue à Genève, d'un voyageur anglais. On l'y avait nommée Meconopsis napaulensis (du Népal). Delavay l'ignorait. »
  35. a et b Chronologie de l'histoire du Tibet et de ses relations avec le reste du monde de Jean Dif.
  36. Gilles van Grasdorff, La nouvelle histoire du Tibet, éditions Perrin, 2006, page 220.
  37. Mission étrangère de Paris : Un missionnaire massacré au Thibet.
  38. Ekai Kawaguchi, Three Years in Tibet, 1909, p. 309-322. Reprint: Book Faith India (1995), Delhi. (ISBN 978-81-7303-036-9).
  39. Ekai Kawaguchi, op. cit., p. 323-328.
  40. (en) In Asia (1903); Scientific Results of a Journey in Central Asia 1899-1902 (dont il fut coauteur en 1904-1907); Transhimalaya (1909); My Life as an Explorer (1925); A Conquest of Tibet (1934).
  41. (en) Christopher Hale, Himmler's Crusade, Hoboken (New Jersey), John Wiley & Sons, 2003, p. 149-151.
  42. R . Geerts, « Chez les nomades du Tibet », dans le Bulletin de la Société belge d’études coloniales, avril 1909, p. 314. L’article compte 8 pages et 6 clichés.
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  44. J. M. Frochisse, La Belgique et la Chine : relations diplomatiques et économiques (1839-1909), Louvain, Université catholique de Louvain. École des sciences politiques et sociales, L'Édition universelle, s. a., 1936, , 459 p. (lire en ligne), p.414-415
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  46. Maurice Zimmermann, Exploration de F. Kingdon Ward sur les fleuves du Tibet oriental, in Annales de Géographie, XXIII/127 (1914), p. 92-93, article mis en ligne par le site Persée.
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  48. Marie-Madeleine Peyronnet, Le Tibet d'Alexandra David-Néel, Plon, 1979, p. 141.
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  50. Valerie Boulain, Femmes en aventure : de la voyageuse à la sportive. 1850-1936, Presses universitaires de Rennes, 360 p., p. 245.
  51. Alexandra David-Néel, Voyage d’une Parisienne à Lhassa, Paris, Plon, 1973.
  52. Hélène Duccini, « La « gloire médiatique » d'Alexandra David-Néel », Le Temps des médias, 1/2007 (no 8), p. 130-141.
  53. Raymond Brodeur, Centre inter-universitaire d'études québécoises, Centre d'études Marie-de-l'Incarnation, Femme, mystique et missionnaire : Marie Guyart de l'Incarnation : Tours, 1599-Québec, 1672, actes du colloque organisé par le Centre d'études Marie-de-l'Incarnation sous les auspices du Centre interuniversitaire d'études québécoises qui s'est tenu à Loretteville, Québec, du 22 au 25 septembre 1999, Presses Université Laval, 2001, (ISBN 2-7637-7813-5 et 9782763778136), p. 182.
  54. (en) Sara Mills, Discourses of Difference: An Analysis of Women's Travel Writing and Colonialism, Routledge, 2003, 240 p., en part. p. 123-150.
  55. Les voyages de Léa Lafugie présentée par Jean Dif.
  56. D. Schröder, P. Matthias Hermanns SVD (1899-1972), in Anthropos, vol. 67, no 1-2, 1972, p. 1-8.
  57. (en) Brooke DOLAN II, Road to the Edge of the World, in Frontiers, October 1936, p. 5-9 ; Road to the Edge of the World, in Proceedings of the Academy of Natural Sciences (Philadelphia), 1937 ; Marion Duncan, The Yangtze and the Yak, Alexandria Va, 1952 ; Christopher Hale, Himmler’s Crusade, Hoboken NJ: Wiley & Sons, 2003; John Kenneth Knauss, Orphans of the Cold War: America and the Tibetan Struggle for Survival, Chapter 1, New York: Public Affairs, 1999.
  58. (de) Ernst Schäfer, Forschungsraum Innerasien, in Asienberichte. Vierteljahresschrift für asiatische Geschichte und Kultur, No 21, April 1944, p. 3-6 : « the geology, flora, wildlife and people (of Tibet) were the objects of our expedition ».
  59. (en) Claudio Mutti, Les SS au Tibet, article publié sur le site Claudiomutti.com, 10 octobre 2005 : « Le but officiel de l'expédition était d'étudier la région tibétaine du point de vue anthropologique, géographique, zoologique et botanique. Mais pour Himmler il importait aussi d'établir le contact avec l'abbé Reting, devenu Régent du pays en 1934, un an après la mort du treizième Dalaï-lama ».
  60. Constantin de Slizewicz, Les peuples oubliés du Tibet, 2007, Perrin, Asie, 2007.
  61. a et b Jean-Philippe Caudron, Thoupten Phuntshog, J'ai connu le Tibet libre, Grasset, 2001, (ISBN 2246576318 et 9782246576310), p. 307-308
  62. Les voyages de Guibaut et Liotard présentés par Jean Dif
  63. André Guibaut, Ngolo-Setas, 2e expédition Guibaut-Liotard au Tibet, 1940, J. Susse, 1947.
  64. Abdul Wahid Radhu et Marco Pallis, Caravane tibétaine, Peuples du Monde, 1991, (ISBN 2907629107 et 9782907629102).
  65. (de) Wilhelm Alexander Unkrig, Hans Findeisen, A. Unkrig (1883 - 1956), volume 17 de Asien- und Afrika-Studien der Humboldt-Universität zu Berlin (sous la direction de Hartmut Walravens, Hans Findeisen), Otto Harrassowitz Verlag, 2004, 204 p. (ISBN 3447050411 et 9783447050418), p. 165, note 24 : « Verfasser der Bücher: Rätselhaftes Tibet. Hamburg: Uranus-Verlag (1936). 143 S.; Tibeter über das Abendland. Salzburg:Ignota-Verlag 1947.215 S. sowie Darkness over Tibet. London: Rider & Co. 1933. 192 S. »
  66. (en) [1], sur le site Sygartyr.com : « One of the most strangest books I own is a little-known travelogue by a German mystical writer Theodore Illion (most likely a pseudonym), called "Darkness over Tibet" (1938). The book is advertised as a non-fiction travel book, but in reality, seems a largely fictional spiritual allegory. In his travels in secretive Tibet (back when it was illegal for Western foreigners to visit there), he hears tales of a hidden underground city, a world of highly initiated beings led by the "Prince of Light". Illion finds a guide to take him there, and in the city he meets a fraternity of monks and their mysterious leader. Although he initially feels that he is in a place of great spiritual power, it slowly dawns on him that these people are really sorcerers that practice black magic, and had become soulless over time as the darkness spiritually consumed them. Illion makes his escape so that he can warn the world of the powers of darkness that lie within the secretive mountains of the Himalayas. »
  67. (en) David Hatcher Childress, Lost cities of China, Central Asia, & India, Lost cities series, 3e édition, Adventures Unlimited Press, 1998, 408 p., (ISBN 0932813070 et 9780932813077), p. 355 : « After discovering he is being fed a gruel of human flesh, Illion escapes the city with an assassination squad after him. He wanders Tibet for several weeks being pursued, and eventually escapes, to warn the world. »
  68. (en) The long Walk, ouvrage vendu à plus de 500 000 exemplaires et traduit dans 25 langues, en français sous le titre A marche forcée, paru aux Editions J'ai lu Leur aventure, N°A13-14.
  69. (en) "Walking the talk", BBC News, 30 octobre 2006.
  70. (en) Jennifer Speake (sous la direction de), Literature of Travel and Exploration: An Encyclopedia, volume 3, R to Z, Fitzroy Dearborn, 2003, article « Tibet », de Peter Bishop, p. 1178-1181 : « Chinese occupation of Tibet in 1951 effected another closure except for authorized travelers such as the Americans Stuart and Roma Gelder, and novelist Han Suyin, who emphasized old Tibet's backwardness and oppressiveness while praising Chinese modernization ».
  71. (en) Warren W. Smith Jr, China's Tibet?: Autonomy or Assimilation, AltaMira Press, U.S, 16 mai 2008, (ISBN 0-7425-3989-X).« Shortly thereafter, in the early 1980s, Tibet opened to many who were much less sympathetic to Chinese claims to have liberated the Tibetans from themselves. The accounts of those such as Han Suyin, who wrote that everything was fine in Tibet and Tibetans were happy subjects of China, were exposed as being far from the truth. »
  72. (en) Heidi Fjeld, Commons and nobles. Hereditary divisions in Tibet, Nordic Institute of Asian Studies, Copenhagen, NIAS Press, 2005, p. 113 (ISBN 87-91114-17-9) : « The few foreigners who visited Lhasa in the pre-Chinese period have published books depicting social and cultural life of thet period. They enjoyed the hospitality of the nobles (for instance Bell 1928, Harrer 1953, Chapman 1990 [1940] and we can assume that their understanding of Tibetan culture and society was influenced by their interaction with (close to) only nobles in Lhasa. Hence the written documentation of the pre-Chinese period of Tibetan history mainly reflects the lives of the laity and the clergy elites, with only an indirect focus on commoners. »
  73. (en) Myrna Oliver, Heinrich Harrer, 93; Austrian Mountaineer, Adventurer Wrote 'Seven Years in Tibet', notice nécrologique, site du Los Angeles Times, 10 janvier 2006.
  74. Voir la courte biographie (en anglais) du personnage sur le site Ananda's site.
  75. (en) Thierry Dodin and Heinz Räther, The Myth of Tibet through History, final chapter of Imagining Tibet: Between Shangri-la and Feudal Oppression, Wisdom Publications, 2001, 465 p. (ISBN 0861711912 et 9780861711918) : « The political image of Tibet proved mutable as well. Peter Hansen and Alex McKay have shown in this volume that British colonialists thought of Tibetans as either backward and barbaric or noble and charming. Interestingly, the partisans of the former category tended to perceive Tibet as a part of China's sphere of influence—even though they rarely specified exactly how—while those of the latter emphasized the obvious autonomy of Tibet in both the cultural and political spheres. It is also this latter group who demanded a greater involvement of Britain in Tibet. When British civil servants actually acquired a foothold in Tibet after the British military expedition of 1904, they promoted this view and painted a positive portrait of Tibet by carefully selecting and censoring their representations. Only a few explorers traveling in eastern Tibet or otherwise escaping British control, like William McGovern, Alexandra David-Néel, and—later on—Heinrich Harrer, could present an alternative image. British administrators, who McKay terms the "Tibet cadre," tried to fit Tibet into Western political concepts and portrayed it as a unified political entity willing to enter the global community then dominated by the colonial powers. »

Bibliographie

Liens internes

Liens externes