Gouvernement Barre IIIGouvernement Barre III
Le Premier ministre Raymond Barre en 1980.
Le troisième gouvernement Raymond Barre est le 14e gouvernement de la Ve République française. Cet article présente la composition du gouvernement français sous le Premier ministre Raymond Barre du au , pendant la présidence de Valéry Giscard d'Estaing[1]. Il s’agit du troisième gouvernement de Raymond Barre. Contexte de formationContexte politique et économiqueLe binôme formé par le Président et son Premier ministre étant harmonieux[2], et la majorité présidentielle remportant les élections législatives, le Président décide de confirmer le Premier ministre à son poste, prévoyant toutefois un remaniement en 1980 pour préparer la prochaine élection présidentielle - ce qui finalement n'arriva pas[3]. Le chômage continue d'augmenter, étant passé de 3,8% en 1976 à plus de 4,5% en 1978. Choix des ministresRaymond Barre décide d'abandonner le ministère de l'Économie et des Finances qu'il cumulait jusque là avec sa fonction de Premier ministre. Celui-ci revient à René Monory, mais Barre garde la main sur les Affaires économiques, en communiquant directement avec les directeurs des différents ministères concernés. Un ministère du Budget est créé, et confié à Maurice Papon, avec l'accord de Giscard d'Estaing. Robert Boulin change de statut en passant d'un ministère délégué à un ministère de plein droit, celui du Travail et de la Participation, sans enthousiasme semble-t-il[3]. Féminisation du gouvernementLe gouvernement compte quatre femmes ministres : Simone Veil, ministre de la Santé, Alice Saunier-Seïté, ministre aux Universités puis ministre déléguée à la Famille, Nicole Pasquier, secrétaire d’État à l'Emploi féminin et Monique Pelletier, secrétaire d’État auprès du ministre de la Justice puis ministre déléguée chargée de la Famille et de la Condition féminine). CoalitionLa présence du Rassemblement pour la République dans le gouvernement s'ammenuise peu à peu, dans un contexte de rivalité au niveau national pour les prochaines présidentielles (13 ministres UDF contre 5 RPR, même proportion pour les secrétaires d'État, après le dernier remaniement)[3]. Profil sociologiqueLa majeure partie des ministres (36 %) provient de la haute fonction publique : 16 % sont issus des grands corps de l'État, 10 % de la préfectorale et 10 % de la diplomatie. Enfin, 18 % sont issus des autres administrations de la haute fonction publique[4]. Le corps enseignant est peu représenté : 2 % des ministres sont des anciens enseignants du supérieur, et 4 % sont des enseignants du secondaire. 8 % ont occupé anciennement une profession intellectuelle[4]. Les industriels et gros commerçants comptent pour 4 % des ministres, les professions libérales pour 14 %, et les cadres supérieur du privé, 18 %[4]. Composition initialeRaymond Barre est nommé Premier ministre par un décret du (JO du )[5], les ministres du gouvernement par un décret en date du (JO du )[6],[7] et les secrétaires d'État par un décret en date du (JO du )[8],[7]. Premier ministre
MinistresSecrétaires d'ÉtatModificationsRemaniement duCe remaniement du [9] est constitué de trois nominations :
Remaniement duCe remaniement du [10] est liée à la démission de Louis de Guiringaud ministre des Affaires étrangères en lien probablement avec sa gestion ou ses propos sur la crise libanaise[11] :
Remaniement duCe remaniement du [12] est liée à la démission de Simone Veil, ministre de la Santé et de la Famille qui devient présidente du Parlement européen le [13] :
De fait, Daniel Hoeffel (UDF-CDS) devient secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé et de la Sécurité sociale (changement de l'intitulé du ministre de tutelle). Remaniement duCe remaniement du [14] est lié à la nomination d'un nouveau secrétaire d'État :
Remaniement duDu fait du décès le de Robert Boulin (voir affaire Robert Boulin), il est procédé au remaniement du [15] :
Remaniement duCe remaniement du [16] est relatif au changement d'attribution de Monique Pelletier :
Remaniement duCe remaniement est lié aux démissions enregistrées le de Yvon Bourges, Marc Bécam, Marcel Cavaillé et Jacques Pelletier :
Remaniement duCe remaniement du [17] est relatif au changement d'attribution de Norbert Ségard :
Remaniement duCe remaniement du [18] est lié au décès de Joël Le Theule le :
Modification duNorbert Ségard, ministre délégué auprès du Premier ministre, décède le [19]. Son poste est de fait supprimé. Remaniement duCe remaniement du [20] est lié aux démissions de Monique Pelletier, Jean-François Deniau et Jean-Philippe Lecat directement impliqués dans la campagne de Valéry Giscard d'Estaing pour l'élection présidentielle[21] :
Modification duLe il est pris acte de la démission de Jean Farge, secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé et de la Sécurité sociale[22]. Répartition partisane
ActionsPolitique économiqueRaymond Barre poursuit son action à la tête du gouvernement, mais le deuxième choc pétrolier affaiblit à nouveau l'économie française et remet en cause les résultats obtenus depuis 1976. Le prix du pétrole étant multiplié par 2,5 entre mi-1976 et la démission du gouvernement, l'inflation due aux importations bondit, et la hausse des prix atteint 13,6% en 1980. Le diagnostic du gouvernement est le suivant : l'économie française souffre d'un excès de demande, confirmée par le déficit extérieur, ainsi que des ridigités dans le système de production qui ne permettent pas de créer l’offre à même d’absorber cet excès de demande. Barre considère donc que le défaut fondamental de l'économie française est une trop grande rigidité dans la formation des salaires, qui a pour conséquence d’en déconnecter l’évolution de celle de leur productivité. Il faut donc fluidifier le marché du travail[23]. Barre durcit la politique monétaire française à partir de 1979 par une augmentation significative des taux courts (le taux à 3 mois passe de 8,2% en 1978 à 9,5% en 1979, avec un passage à 12,2% en fin d'année)[23]. Politique industrielleLe gouvernement doit faire face à la destruction progressive des emplois dans la sidérurgie après la récession de 1975. La demande d'acier mondiale chute de 16% ; en France, les installations tournent à 70% de leur capacité ; un sidérurgiste français produisant 175 tonnes d'acier par an, contre 250 pour un sidérurgiste américain ou 360 pour un sidérurgiste japonais, les destructions d'emploi commencent. En 1978, Raymond Barre décide d'un nouveau plan sur la sidérurgie, qui prévoit la réduction des effectifs à 100 000 en 1980 et la recapitalisation des entreprises concernées par l’État. Lorsque le gouvernement Barre 3 est remplacé en 1981, un nombre significatif de salariés de la sidérurgie sont partis en préretraite à 55 ans faute de retrouver un travail. Gestion des finances publiquesL'objectif affiché de Raymond Barre de maîtrise de l'inflation est un échec. En 1979, l'Assemblée Nationale, pour la première fois sous la Ve République, repousse le volet Recettes du projet de loi de finances proposé par le gouvernement. Le Premier ministre le fait passer en force, mais il est annulé ensuite par le Conseil constitutionnel, cas unique sous la Ve[2]. Toutefois, Barre réussit à stabiliser les finances publiques : en 1980, elles sont quasiment à l'équilibre, avec un déficit de 0,1% du PIB. Le budget de l'Etat est certes en déficit de 30 milliards de francs (1,1% du PIB), mais cela est compensé par les excédents, notamment, de la Sécurité sociale (le régime général étant en excédent de 0,5% du PIB). Le Premier ministre crée la Commission des comptes de la Sécurité sociale en 1979, dont la mission est de fournir aux pouvoirs publics un suivi régulier de la situation de la Sécurité sociale. Il considère qu'il faut anticiper le vieillissement de la population en dégageant des excédents dans les régimes de retraite. Pour parvenir à maintenir l’équilibre des finances publiques, le gouvernement augmente fortement les prélèvements. Leur taux, qui était de 33,6 % l’année de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, est de 40,1 % en 1980. La majeure partie de cette augmentation est due à l'augmentation du poids de la Sécurité sociale (de 13% du PIB à 17,4%). Certains impôts ont en revanche été réduits (la TVA ayant été abaissée de 20 % à 17,6 % en 1977). Ce quasi-équilibre permet une semi-stabilité de la dette, qui, sous les trois gouvernements de Raymond Barre, reste à 21% du PIB. Cette stabilité est aidée par l'inflation, qui éponge mécaniquement un certain pourcentage de la dette chaque année. Le déficit structurel français est quasiment nul (-0,5% du PIB). La France aborde donc les années 1980 avec un endettement public faible. Analyse de la popularitéÀ partir de 1980, la popularité du gouvernement pâtit de l'impopularité du Président de la République. Un sondage de la SOFRES de février 1981 montre Giscard perdant face à François Mitterrand pour la première fois, avec 48% contre 52% pour le socialiste[24]. DémissionLa démission de ce Gouvernement est publiée au JO du , à la suite de la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle de la même année. Malgré cette démission un conseil des ministres sera organisé le 20 mai 1981 soit une semaine après la fin légale du gouvernement et deux jours avant la fin du mandat de Valéry Giscard-D'Estaing comme président de la république. Le successeur de Raymond Barre, Pierre Mauroy, forme alors le Gouvernement Pierre Mauroy 1. Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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