Martin est le fils d'Auguste Winterberger, cheminot et de Marie Guthmann[2]. Il fréquente l'école communale de Gresswiller puis passe un certificat d'aptitude professionnelle (CAP) de tourneur. Il est embauché comme mécanicien tourneur aux usines Bugatti de Molsheim[3]. Après l'armistice de juin 1940, il est toujours dans l'armée de l'air dans le Sud de la France. En septembre, il obtient une permission et passe quelques jours dans sa famille en Alsace. Mais au moment de rejoindre son unité, les autorités allemandes lui interdisent de retourner en zone libre bien qu'il ne soit pas démobilisé[4].
Dans un premier temps, il est affecté au chantier des baraquements, mais en juillet 1942, il est affecté au Kommando « Struthof ». Cette équipe est chargée de l'entretien du linge des officiers SS et de leurs véhicules. Elle travaille, en dehors de l'enceinte électrifiée, dans l'ancien hôtel du Struthof qui abrite l'état-major du camp [5].
Son évasion
Le 4août 1942, Martin Winterberger, s’évade avec quatre autres détenus qui sont Karl Haas (Autrichien), Alfons Christmann (Allemand) Joseph Chichosz (Polonais) et Joseph Mautner (Tchèque). Ils neutralisent les lignes téléphoniques et les véhicules sauf celui du SS-Obersturmführer Schlachter, responsable du chantier. Martin Winterberger et Karl Haas se sont habillés en officiers SS. Ce dernier à l'origine du plan d'évasion prend la place du chauffeur et Martin Winterberger celle du passager. Les deux hommes parlent couramment l'allemand. Les trois autres se cachent à l'arrière. Ils se dirigent vers la sortie où les sentinelles leur ouvrent la barrière et leur rendent les honneurs. L'évasion a lieu sous un orage auquel les Allemands attribuent la panne téléphonique. L'absence du commandant du camp, Egon Zill, permet aux prisonniers de gagner un temps précieux[6].
Les évadés abandonnent leur véhicule à une cinquantaine de kilomètres sur la route de Saint-Dié-des-Vosges en zone occupée, où ils sont contrôlés par un gendarme alsacien qui leur donne des conseils pour continuer leur évasion. Ils atteignent Lons-le-Saunier où le capitaine Louis Théodore Kleinmann des Services de renseignement (SR) de Vichy dirige Martin Winterberger vers l'Afrique du Nord via l'Espagne dont il passe clandestinement la frontière caché dans un train fin janvier 1943[6]. L'évasion est réussie sauf pour Alfons Christmann, qui après le contrôle de gendarmerie, quitte le groupe. Il est repris et renvoyé au camp de Natzweiler-Struthof où il est pendu le 5novembre 1942[7],[8].
Après la guerre, il reprend son poste de mécanicien aux usines Bugatti de Molsheim. Souffrant de problèmes de santé liés à ses séjours en camps, il change de profession et devient guide sur le site de l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof du au . Il est licencié quand le site est repris par le ministère des Anciens combattants[3].
↑Jean-Pierre Kintz, Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace, Nouveau dictionnaire biographique alsacien, t. 48, Gresswiller, Imprimerie Girold, , « Winterberger Martin »
↑ ab et cEric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA). (ill. Christophe Clavel), La résistance des Alsaciens (ISBN978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC1152172696, lire en ligne), « Martin Winterberger ».
↑Broissia, Pierre Aymar de, 1965-, Jagora, Nicolas. et Neuville, Aurore de., Résistance, 1940-1944 : témoignages, dossiers, chronologie : édition Alsace, Little big man, (ISBN2-915347-20-4 et 978-2-915347-20-3, OCLC57250485, lire en ligne).
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Martin Winterberger », dans La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN978-2-915742-32-9) DVD pédagogique.