Louis Hickel, né le à Reichshoffen et mort le à Strasbourg, est un résistant, médecin et homme politique français.
Biographie
François Xavier Emile Louis Hickel est le fils d’Alphonse Hickel, industriel du bois à Reichshoffen, et de Marthe Meyer, originaire de Woerth. Il est élevé dans une famille catholique pratiquante et profondément patriotique[1],[2].
Le , naît sa sœur Marie-Thérèse.
De 1931 à 1938, il est au collège catholique Saint-Augustin de Bitche. En 1939, sur les conseils de son père, il entre à la faculté de Médecine de Nancy. Il loge alors au foyer du groupe des étudiants catholiques (GEC)[1].
Seconde Guerre mondiale
Dès 1940, il adhère à la filière d'évasion de Reichshoffen, crée par Alphonse Burckert et Paul Rudloff. Son père, sa mère et sa sœur en sont aussi des membres très actifs. Des évadés sont cachés, habillés et nourris dans la scierie familiale. Sa sœur, avec son amie Marinette Hirsch, les convoie par train jusqu'à Saverne, Haguenau puis Artzwiller où ils sont pris en charge par des passeurs qui leur font traverser les Vosges[1].
Lorsque la filière oriente des fugitifs vers Nancy, Louis Hickel les héberge dans sa chambre d'étudiant au foyer du GEC alors que le directeur de centre est collaborationniste. Il les nourrit quelques jours puis les accompagne en train jusqu'à la gare de Besançon-Viotte ou de Bar-le-Duc où ils sont pris en charge par des résistants cheminots[1].
En plus de ses activités de passeur, Louis Hickel, regroupe autour de lui des étudiants pour mener des actions de propagande antiallemande[1].
À la suite d'une dénonciation, la filière de Reichshoffen est démantelée par les Allemands. Le , sa famille est arrêtée. Le , à la fin de son service à l'hôpital de Nancy, Louis Hickel est appréhendé par deux agents de la Gestapo et conduit à leur siège de Nancy où il est interrogé et torturé[1],[2],[3].
Après le débarquement en Normandie et l'approche des alliés, les Allemands évacue les détenus vers différents camps concentrationnaires. Le , Louis Hickel est transféré au camp de concentration de Dachau par le train numéro 7909 surnommé le « convoi de la mort ». À l'arrivée du train le , sur 2 521 prisonniers transportés, on dénombrera entre 519 à 984 morts selon les sources[4].
À son arrivée, Louis Hickel est affecté à un kommando de déblaiement puis le au Krankenrevier (« quartier des malades ») surnommé le Revier par les détenus. Il exerce, en tant qu'étudiant en médecine dans le service infectieux et tuberculose. Le manque de moyens en fait plus un mouroir qu'une infirmerie. Malgré cela, il se dévoue et doit affronter l'épidémie de typhus à l'automne 1944. Il soigne, entre autres, le général Charles Delestraint, Gabriel Piguet, Edmond Michelet et Pierre Schillio[1].
Le , le camp est libéré par l'armée américaine. L'épidémie de typhus est toujours virulente et la quarantaine est de rigueur. Louis Hickel continue à soigner les déportés, sous la direction du docteur Marsault et avec l'aide d'une mission sanitaire du Vatican[1].
En , il retourne à Nancy pour terminer son cursus universitaire. Il soutient brillamment sa thèse de doctorat le [1],[2].
Le , à Molsheim, il épouse Denise Muller. Le couple aura deux enfants, Jean Bernard (1949-) et André Paul Alphonse (1953-). Louis Hickel reprend le cabinet de son beau-père à Molsheim[1],[2],[5].
Louis Hickel participe à la vie publique de la ville et du canton de Molsheim. Le , il devient membre du Conseil municipal sous la mandature de Henri Meck. À partir du mois d', il est conseiller général gaulliste du canton de Molsheim. Il prend notamment une part active à la création de la voie rapide de la vallée de la Bruche et dans celle du Centre de loisirs de Molsheim-Mutzig et environs[2].
En 1964, il est à l'origine de la création du Tennis-Club de Molsheim-Mutzig[2].
« Alsacien de haute valeur morale et patriotique . A quitté son pays dès septembre 1940 pour éviter d'être incorporé dans l'armée allemande et s'est réfugié à Nancy où il contribué à l'évasion de prisonniers de guerre français et à leurs passages en zone libre.
Arrêté par la Gestapo, le 1er mars, incarcéré à Nancy, puis à Compiègne, fut dirigé sur Dachau le 2 juillet 1944 où, mettant à profit ses connaissances médicales, il a prodigué ses soins assidus aux malades et ses encouragements à tous les déportés. N'a jamais cessé d'encourager ses camarades à la résistance dans le camp et ce au péril de sa vie.
A la libération de Dachau est resté comme volontaire pour assurer l'évacuation des grands malades. Animé du plus pur esprit patriotique, a su par son courage, son abnégation, son endurance donner le plus bel exemple à tous. »
↑ abcdefghij et kJean-Bernard Hickel, Société d'histoire et d'archéologie de Molsheim et environs, « De Reichshoffen à Dachau... Louis Hickel (1920-1977), un resistant et déporté alsacien », Annuaire 2018, , p. 85-104 (ISSN0986-1610)
↑ ab et cEric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (ill. Christophe Clavel), La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance, Département AERI, coll. « Histoire en mémoire 1939-1945 », (ISBN978-2-915742-32-9)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
Jean-Bernard Hickel, Société d'histoire et d'archéologie de Molsheim et environs, « De Reichshoffen à Dachau... Louis Hickel (1920-1977), un resistant et déporté alsacien », Annuaire 2018, , p. 85-104 (ISSN0986-1610).
Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « La filière d'évasion de Reichshoffen », dans La résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance, département AERI, (ISBN978-2-915742-32-9) DVD pédagogique.