Actif dans le théâtre classique et contemporain, il enchaîne depuis les années 1950 sans discontinuité plus de 180 pièces de théâtre. Acteur shakespearien, il est multi-récompensé (Laurence Olivier Awards...).
Au cinéma, il est surtout connu du grand public mondial pour le rôle de Gandalf dans les trilogies Le Seigneur des anneaux (2001-2003) et Le Hobbit (2012-2014) toutes deux réalisées par Peter Jackson, ainsi que pour celui de Magnéto dans la franchise X-Men (2000-2014). Il est également connu pour son militantisme en faveur des droits des personnes LGBT.
Son père, Denis Murray McKellen, d'origine écossaise, est ingénieur et prédicateur. Ses grands-pères sont également prédicateurs. Il a baigné dans un environnement profondément chrétien, mais un christianisme débarrassé de ses dogmes : on lui a appris qu'être chrétien, « c'est d'abord se comporter de manière chrétienne avec les autres »[3]. Sa mère, Margery Lois McKellen, meurt lorsqu'il a douze ans et son père douze ans plus tard. Lorsqu'il a déclaré son homosexualité à sa belle-mère quaker, Gladys McKellen, « Non seulement cela ne l'a pas étonnée, mais faisant partie d'une société qui a déclaré son indifférence vis-à-vis de la sexualité des gens il y a des années, je crois qu'elle était surtout heureuse que je cesse enfin de mentir »[3].
Débuts
La carrière de McKellen débute alors qu'il est encore tout jeune quand il joue dans plusieurs pièces de théâtre. À 18 ans, titulaire d'une bourse d'études à l'université de Cambridge, il tombe amoureux de Derek Jacobi, ce qu'il définit comme « une passion secrète et non réciproque »[4]. Il fait ses débuts professionnels sur scène à Nottingham en 1961 et dans le West End en 1964[5]. McKellen débute alors une relation avec Brian Taylor, son premier compagnon, relation qui dure huit ans, jusqu'en 1972. Ils vivent à Londres, où McKellen continue sa carrière[6].
Premiers succès en Angleterre (années 1970-1980)
En 1969, il interprète le rôle qui le rend célèbre : le roi Édouard II d'Angleterre, héros éponyme de la pièce de Christopher Marlowe, produite par la Prospect Theatre Company. Cette pièce suscite la controverse à cause des scènes de torture et de l'homosexualité latente qui s'en dégage. Il reprend le rôle plus tard pour la BBC. En 1972, il fonde The Actors' Company avec son ami Edward Petherbridge, ce qui le consacre porte-parole des acteurs et du théâtre britannique en général. Entre 1974 et 1978, il joue dans de prestigieuses productions de la Royal Shakespeare Company, telles que Roméo et Juliette (avec Francesca Annis), Macbeth (avec Judi Dench) et Othello[5]. Dans les années 1970 et 1980, il fait partie des comédiens les plus renommés du théâtre britannique.
En 1978, il rencontre son second compagnon, Sean Mathias, au Festival d'Édimbourg. Selon Mathias, leur histoire était tumultueuse, le succès de McKellen et ses échecs étant la cause de nombreux conflits. Mathias déclara « qu'à cette époque, les gens étaient moins tolérants », et « qu'on ne le prenait pas au sérieux, lui, le joli petit ami de Ian McKellen ». Mathias était âgé de 22 ans et McKellen 39 ans. Malgré tout, Mathias dit également de McKellen : « [il] n'a cessé de m'aider tout au long de ma carrière ». Ils se séparent en 1988.
En 1979, il apparaît dans Bent, une pièce qui traite des atrocités commises contre les homosexuels dans l'Allemagne nazie. À cette époque, McKellen n'a pas encore fait son coming out et il hésite même à tenir ce rôle : « J'étais impressionné par le rôle, je me demandais si j'avais le courage de le faire ». Après avoir lu le scénario, Mathias dit à McKellen qu'il a « le devoir de jouer cette pièce »[3]. Bent a eu une grande importance pour McKellen : après la production originelle de la pièce à Broadway, il joue la pièce (mise en scène par Mathias) au Théâtre national à Londres.
Son talent lui vaut des rôles de plus en plus prestigieux. En 1980, il est Antonio Salieri dans la version de Amadeus montée à Broadway. Il est récompensé d'un Tony Award, la plus grande récompense pour un acteur de théâtre aux États-Unis. Il en obtient un second en 1982, pour son interprétation de Walter, un handicapé mental, dans une pièce enregistrée pour la télévision. Malgré cela, il reste inconnu du grand public aux États-Unis. Plus anecdotique, il joue en 1988 le rôle d'un vampire pour le clipHeart du groupe Pet Shop Boys. En 1989, il incarne Adolf Hitler dans le téléfilm Countdown to War(en)[7].
En 1990, il est fait chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (KBE) pour son travail et ses contributions au théâtre.
Aux États-Unis, il connaît la notoriété en 1998 avec deux films : Un élève doué, dans lequel il campe un ancien officier nazi vivant aux États-Unis sous une fausse identité qui entretient une relation de dépendance avec un adolescent qui menace de le dénoncer s'il ne lui raconte pas son histoire ; et Ni dieux ni démons, où il interprète James Whale, le réalisateur de Frankenstein (1931) et de Show Boat (1936). Il est nommé à l'Oscar du meilleur acteur pour ce rôle.
À partir de 2007, il se consacre de nouveau principalement au théâtre, jouant notamment dans Le Roi Lear et La Mouette. En , il est ordonné Companion of Honour de la couronne britannique, la plus haute distinction possible au Royaume-Uni (65 membres vivants maximum), pour services rendus au théâtre et à la lutte pour l'égalité.
En 2009, il retrouve Patrick Stewart, son partenaire de la saga X-Men, au théâtre à l'occasion des représentations de la pièce En attendant Godot[11]. Par ailleurs, il incarne Numéro Deux dans la minisérie américaine Le Prisonnier, adaptée de la fiction britannique culte des années 1960.
À la télévision anglaise, plus précisément sur la chaîne ITV, il partage l'affiche de la série Vicious avec Derek Jacobi, où ils incarnent un vieux couple gay[12]. La série, qui comporte quatorze épisodes[13], voit sa première saison être diffusée en 2013, la seconde en 2015, tandis qu'un épisode de conclusion est diffusé en 2016[14],[12],[15].
L'année 2015 est marquée par la sortie de Mr. Holmes, où il incarne, sous la direction de Bill Condon, un Sherlock Holmes au crépuscule de sa vie et hanté par un échec. Son interprétation délicate et émouvante est unanimement saluée par la critique ; « Ian McKellen est bouleversant dans une variation sur les derniers jours du célèbre détective imaginé par Arthur Conan Doyle », écrit par exemple Thomas Sotinel[18].
En 2019, il retrouve une énième fois Bill Condon pour les besoins du film L'Art du mensonge (The Good Liar), qui le voit jouer le rôle d'un escroc tentant d'arnaquer Helen Mirren[21].
Vie privée et engagements publics
Même si les partenaires à l'écran de McKellen sont au courant de son homosexualité, il en est autrement du grand public. En 1988, un projet de loi intitulé Section 28 propose l'interdiction de toutes discussions en rapport avec l'homosexualité dans les écoles britanniques. McKellen combat ce projet et, sur les conseils de son ami Armistead Maupin, fait son coming out lors d'un débat retransmis par la BBC[4] : « Mon but était de faire comprendre que si je participais à ce combat, tout le monde, homo ou hétéro, pouvait le faire[3]. » Il plaide sa cause auprès du secrétaire à l'environnement Michael Howard. Celui-ci refuse de changer de position mais demande un autographe à McKellen, qui s'exécute en écrivant dessus : « Fuck off, I'm gay[22]. » en français : « Va te faire foutre, je suis gay. ». La loi est tout de même adoptée et reste en vigueur jusqu'en 2003, McKellen ne cessant de se battre pour son abrogation et critiquant le Premier ministre britannique, Tony Blair.
En 1994, McKellen monte un one-man-show en faveur des droits LGBT, A Knight Out, qui connut un grand succès. Toujours en 1994, il crée l'évènement lors de la cérémonie de clôture des Gay Games en déclarant « Je suis Sir Ian McKellen, mais je vous en prie, appelez-moi Serena »[3]. Au XXIe siècle, McKellen est toujours un acteur des combats pour les droits de la communauté LGBT ; il est en particulier un cofondateur de Stonewall, un groupe d'activisme LGBT au Royaume-Uni (cette association tire son nom des émeutes de Stonewall, à New York). En 2011, il traite le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, de « couard flattant l'extrême droite », celui-ci ayant refusé de laisser s'organiser une Gay Pride à Moscou[23]. Il critique en 2013 la décision du Comité international olympique de tolérer les lois homophobes promulguées par le gouvernement russe, dans le cadre des Jeux olympiques d'hiver de 2014[24].
Il prend part en 2020 à un collectif de militants et d’artistes demandant au Premier ministre Boris Johnson de « revenir sur sa décision » de nommer Tony Abbott, ancien Premier ministre australien connu pour ses positions jugées climatosceptiques, homophobes et misogynes, au poste d’émissaire du Royaume-Uni pour le commerce[25].
En version française Ian McKellen était doublé principalement par Jean Piat jusqu'en 2018[28]. Il l'a doublé dans les trilogies Le Seigneur des anneaux et Le Hobbit, ainsi que dans le film À la croisée des mondes : La Boussole d'or.
Bernard Dhéran le double dans la première trilogie X-Men et dans le film Da Vinci Code[28].
À la suite de son décès en 2013 et à celui de Jean Piat en 2018, c'est Philippe Catoire qui le double dans la saga X-Men (Wolverine : Le Combat de l'immortel et X-Men: Days of Future Past). Il l'avait déjà doublé dans les films Le Don du roi et Souris City[29]. Il le double également par la suite dans La Belle et la Bête.
En version québécoise, Vincent Davy a le plus doublé Ian McKellen[31]. Il le double dans Last Action Hero, Richard III, Neverwas et Stardust . Guy Nadon et Claude Préfontaine l'ont chacun doublé à deux reprises dans Da Vinci Code et Souris City pour le premier[31], et dans Le Don du roi et X-Men pour le second[31].
À titre exceptionnel, il a aussi été doublé par Daniel Roussel dans le téléfilm Les Soldats de l'espérance[31] et Hubert Gagnon dans Asylum[31].