Le mot Valachie tire son origine de l'ancien germaniquewalh désignant un « locuteur d'une langue celtique ou latine ». Walh lui-même viendrait du nom d'un peuple celte : les Volques[7].
XIIIe siècle - les Valaques de confession orthodoxes sont pris entre les catholiques au nord et les musulmans au sud. Au nord du Danube les « canesats » sont vassaux de la Hongrie, de la principauté ruthène de Galicie-Volhynie ou des Tatars. Les Génois ouvrent des comptoirs sur la mer Noire et le Danube. Le diplôme du roi de Hongrie Bela IV le aux chevaliers de Saint-Jean mentionne qu'il y avait sur le territoire de la Valachie, avant la principauté, quatre duchés : le canesats de Ioan et de Farcaș, les voïvodats de Seneslau et de Litovoi. Ils constituaient un glacis contre les invasions des Coumans et des Mongols. L'implantation des chevaliers de Saint-Jean fut un échec et le processus d'unification de ces valachies fut accéléré par la menace d'une mainmise hongroise directe. Litovoi et son frère Bărbat luttent en 1277 contre les troupes hongroises ; Litovoi meurt et Bărbat est fait prisonnier.
1330 - fondation de la Principauté de Valachie par le prince d'Argeș, Basarab Ier qui, en 1328 mène une campagne victorieuse contre les Tatars au Boudjak et étend ainsi sa domination sur les bouches du Danube, la Dobroudja et les rivages de la mer Noire. Puis, profitant des luttes internes pour le trône en Hongrie, il reste le seul maître de la Valachie, alors appelée « Bessarabie ». Il refuse de reconnaître la suzeraineté du roi de Hongrie Charles Robert d'Anjou, qui entreprend une expédition punitive. Le combat se déroule du 9 au , à Posada. Basarab est vainqueur et Charles Robert d'Anjou doit reconnaître l'indépendance de la Valachie (désormais nom propre, avec un V majuscule). Basarab Ier d'Argeș règne jusqu'en 1352. Le premier métropolite valaque est Hyacinthe de Vicina, venu du despotat de Dobroudja au monastère de Curtea de Argeș.
1534, 1538 - l'Empire ottoman annexe les ports danubiens de Turnu, Giurgiu et Brăila (qui deviennent trois rayas rattachées à l'eyalet d'Özi) et monopolise la navigation sur le bas-Danube.
la période tampon va de 1417 à la défaite hongroise de Mohács en 1526, au cours de laquelle la Valachie a servi de champ de bataille aux hongrois et aux ottomans ;
Chrono de la période d'indépendance de la Principauté :
Offices, fonctions et titres
Aux débuts de la principauté de Valachie (du XIVe siècle au XVIe siècle) le voïvode nommait seul les titulaires des offices, parfois proposés par le Sfat domnesc (assemblée nobiliaire). Tous étaient révocables. Beaucoup de titulaires sont intégrés à la noblesse d'épée (boieri mari). Plus tard (à partir du XVIIe siècle) les hospodars mettent les offices civils aux enchères et anoblissent les acheteurs, créant ainsi une noblesse de robe (boieri mici). Dans ces cas, les titulaires gardent l'office à vie, et s'ils n'ont pas eux-mêmes les compétences requises, délèguent le travail à des adjoints (custozi) qui peuvent, eux aussi, être éventuellement anoblis. Les offices valaques ont évolué avec le temps et étaient principalement les suivants[17]:
Officier chargé de la sécurité, des prisons et des exécutions[19]. Le Mare Armaș (« Grand exécuteur ») est responsable d'une soixantaine d’Armași. Il veille à l'exécution des peines de mort, ainsi qu'à l'organisation de la musique militaire[20].
Titre, équivalent de margrave, hérité du royaume de Hongrie, où il désignait le gouverneur militaire autochtone et autonome d'une marchecroate, serbe ou valaque sur les marges méridionales du royaume. Ces marches étaient les banats et leur nombre évolua avec le temps.
Parmi eux, le banat de Severin, dirigé au XIIIe siècle depuis Turnu Severin, a été divisé au XIVe siècle en deux banats plus petits : celui de Timişoara qui fut intégré au royaume hongrois, et celui de Craiova qui fut intégré à la principauté de Valachie. Les bans étaient des gouverneurs militaires[21]. Le Mare Ban ou Vel Ban est le plus haut rang en Valachie après le Prince régnant.
Personne responsable des pièces et des garde-manger de la Cour[24]. Le cămăraș de sulgerie répartit la viande après la pesée, le cămăraș de jitniță suit les quantités de blé présentes dans le grenier de la Cour[25].
Personne responsable de la famille et des serviteurs de la Cour, équivalent au rang russe de klyuchnik[28]. Le Mare Clucer est responsable de l'ensemble des provisions (fruits, légumes, beurre, miel, fromage, sel, etc.), de leur stockage et de leur conservation[29].
Chef d'une communauté de paysans et de bergers, slave, valaque ou slavo-valaque, ayant comme attributions de rendre la justice, répartir les taxes et les travaux communs, lever des troupes et les mener au combat, signer des traités[30].
Personne chargée de remplir les coupes de vin à la table de la Cour[33]. Un boyard, cupar du Prince régnant (domnitor, hospodar ou voievod) porte le titre de Paharnic, du slave pohar : bol, gobelet, coupe, ayant donné en roumain le terme de pahar : le cristal princier.
Terme générique désignant la plupart des fonctionnaires à la Cour, chargés de la chancellerie, de l'administration, de la justice ou de l'organisation militaire[36].
Du latin judex, ayant donné en roumain le terme de județ, une juridiction traduisible par « comté » ou, après 1881, par « département » (du moins en France).
Comme le spătar, le Hatman commende des troupes, tâche attribuée, comme au temps des empereurs byzantins, au grand chancelier de la Cour. Il arbore unr canne dorée lors des cérémonies officielles[41].
Du grec logothetēs, dérivé de λόγος « parole » et τίθημι « fixer, poser ».
Chancelier, il s'occupe des relations intérieures entre le Hospodar et le Conseil princier (Sfat Domnesc)[43]. Le Mare Logofăt est le premier chancelier de la Cour. À ce titre il préside tous les conseils, fixe l'ordre du jour et transmet les décisions du Conseil. Il transmet également les doléances des membres du Conseil[44]. Sa responsabilité sur les services fiscaux a été progressivement dévolue au Vistier.
Contremaître de plusieurs sortes (Divan autrement dit assemblée nobiliaire : vătaful divanului ; Forces de l'ordre : vătaf de agie ; Collecteurs territoriaux : vătaf de plai ; gardes-frontières et douaniers : vătaf de hotar…)[59].
Prince régnant, commandant en chef de l'armée, l'un des titres des souverains valaques[61].
Vodă
Diminutif du voievod
Suffixe du nom du prince régnant. X-vodă : « prince régnant X » ; une fois le règne achevé (la monarchie étant élective en Valachie), l'intéressé garde son titre de boyard mais perd celui de vodă.
La seule certitude, étayée par la linguistique, la toponymie et les documents écrits depuis le XIVe siècle, est que le roman oriental, parlé par des locuteurs dénommés « Valaques » à partir du Xe siècle, n'a pas disparu avec le retrait des légions romaines en 275 de Dacie trajane puis en 680 de Dacie aurélienne car si c'était le cas, les langues romanes orientales n'existeraient pas[72]. Par ailleurs, à l'exception des « résurrections » volontaires de langues mortes comme dans le cas de l'hébreu moderne, les linguistes sont unanimes : aucune langue ne peut disparaître durant un millénaire pour réapparaître par « génération spontanée » ensuite[73], quoi que puissent en dire les ouvrages diffusant l'idée que les Roumains n'ont pas d'histoire avant leur renaissance culturelle[74] qui les aurait, en quelque sorte, « créés »[75].
↑Une région du nord de l'Istrie s'appelle Cicceria et était jadis habitée par des bergers istriens traditionnellement chaussés de ciòcie, qui transhumaient à travers toute l'Italie du nord, peut-être jusqu'à la région appelée Ciociaria.
↑Article « Morlaquie », dans Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du grand dictionnaire universel, 15 vol., 1863-1890.
↑François Pouqueville évoque des colonies de réfugiés d'origine slave et valaque venus du nord de la Grèce et établies « jusque dans la Morée » : cf.: F. Pouqueville, « Mémoire sur les colonies valaques établies dans les montagnes de la Grèce depuis Fienne jusque dans la Morée », Ernest Desplaces, Paris 1834, dans Louis Gabriel Michaud, Biographie Universelle vol. 34, sur [1].
↑Eduard Robert Rössler, (de) Romänische Studien : untersuchungen zur älteren Geschichte Rumäniens, Leipzig 1871
↑Béla Köpeczi, (hu) Erdély rövid története, Akadémiai Kiadó, (ISBN963 05 5901 3).
↑Roumen Daskalov et Aleksander Vezenkov, (en) « Entangled histories of the Balkans - Shared Pasts, Disputed Legacies », tome 3, in Balkan Studies Library, Brill, Leyden 2015, (ISBN9004290362).
↑Selon R. Rohlfs dans son Dictionnaire étymologique P.U.F., Paris, 1950, Walach désignait aussi des Celtes : les Welsh des Anglo-Saxons, les Walhs des Francs. Le « W » germanique donne un G dur en français : Welsh a donné « Galles » (Pays de…) et Walh : « Gaule », que les lettrés ont rapproché de la Gallia romaine. Le patronyme d'origine flamande De Gaulle signifie aussi « le non-germain ». "Walh" aurait également donné Galles (pour Wales), pays Gallo et Gaule en français d'oïl, car dans cette langue le wa initial et le alh donnent respectivement ga (wardan = garder, waidanjan = gagner) et aule (salh = saule) : Gaule ne viendrait donc pas du latin savant Gallia qui en français courant aurait donné "Geaille" (car les latins ga initial et li devant voyelle donnent en langue d'oïl respectivement ja ou gea comme dans galbinum = jaune, gaiium = geai ou gabatam = jatte, et ill comme dans alium = ail ou filiam = fille). Ce mot aurait également donné les mots Wallon et Wallonie dont la région fut l'une des zones frontières entre les anciens territoires Celtes et Germaniques (voir l'Histoire du terme Wallon et l'Histoire du terme Valaque).
↑Paul Lemerle, Prolégomènes à une édition critique et commentée des « Conseils et Récits » de Cécaumène
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↑Gheorghe Brătianu, (ro) O enigmă și un miracol istoric: poporul român (« Une énigme et un miracle historique : le peuple roumain »), ed. Fundația Academia Civică, Bucarest 2019, (ISBN9786068924069).
↑Eduard Robert Rösler : Romänische Studien : untersuchungen zur älteren Geschichte Rumäniens, Leipzig, 1871.
↑C'est le pendant oriental de l'idée que les Italiens n'ont pas d'histoire avant leur Risorgimento qui a créé l'identité italienne : cf.: Claude Karnoouh, L'invention du peuple: Chroniques de Roumanie et d'Europe orientale, L'Harmattan 2008, (ISBN978-2296058590).