Guillaume CeriseGuillaume Laurent Cerise
Le baron Guillaume Cerise par Eugène Pirou
Guillaume Cerise, (le baron Cerise), né le 24 mai 1847[1] à Paris et mort le 10 mars 1919 dans cette même ville, est un archiviste-paléographe, inspecteur des finances, économiste et un chef d'entreprise. Disciple de Charles Robert, il défendit l’industrie des assurances contre l'étatisme et cofonda en 1910 l’Union des intérêts économiques dont il fut vice-président. Il s’intéressa aussi à la sociologie, la prévoyance, l’épargne et surtout à la participation aux bénéfices qu’il entendait placer sous un régime de liberté. BiographieFamilleSon père est le docteur Laurent Cerise et son grand-oncle le général baron Guillaume-Michel Cerise[2]. Sa mère, Pauline Aubert (1818-1901) est la soeur de l'archéologue Édouard Aubert et la belle-sœur de l’archéologue et numismate Anatole de Barthélemy ainsi que de l’historien Édouard de Barthélemy. ÉtudesIl fait ses études au lycée impérial Bonaparte, actuel lycée Condorcet, et devient bachelier ès lettres en novembre 1864, puis bachelier ès sciences en novembre 1865[3]. Il fait une licence en droit qu’il obtient après avoir soutenu une thèse intitulée De la majorité, de l’interdiction et du conseil judiciaire. Des personnes placées dans une maison d’aliénés. Parallèlement, il entre à l’École nationale des chartes et en ressort en janvier 1869, dans la même promotion que Léopold Pannier, Antoine Héron de Villefosse (père de René Héron de Villefosse) ou Camille Pelletan[4]. Il obtient le diplôme d’archiviste-paléographe après avoir soutenu une thèse sur les Charges du clergé au Moyen-Age. Il n’oubliera pas le milieu cultivé et érudit dont il est issu et sera membre toute sa vie de la Société de l’École des chartes ainsi que membre de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France[5]. Sous-directeur de l’Union, il fera publier en 1885, Études sur l’ancienne France, la lutte contre l’incendie avant 1789. Au ministère des financesIl est un temps avocat stagiaire, mais ses goûts le portant vers les études financières, il est admis au ministère des finances au concours de 1868 et devient attaché à la direction générale de la comptabilité publique[6]. Lors de la déclaration de guerre de 1870, il obtient d’être affecté au service des payeurs aux armées à l’armée du Rhin et participera à la campagne et au siège de Metz. Il s’évadera de Metz au moment de la capitulation de Bazaine. Affecté à l’armée de Bourbaki, il sauvera le trésor lors de la retraite de cette armée et de l’internement de celle-ci en Suisse[7]. La paix conclue, il est admis troisième au concours de l’Inspection des finances et est nommé adjoint en avril 1872. Il en gravira les échelons jusqu’au grade d’inspecteur de 2ème classe. Au titre de ses nombreuses missions, il aura notamment à vérifier les comptes de l’administration de l’Assistance publique, du lycée Henri IV et ceux des compagnies de chemin de fer ; il émet à ce sujet une série de rapports qu’il soutient au Conseil d'État à la commission des chemins de fer de cette haute assemblée. Après le décès prématuré de son épouse, il demande sa mise en disponibilité qu’il obtient par lettre ministérielle du 25 février 1881[6]. Les assurances (L’Union) et l’épargneIl entre alors comme sous-directeur à la compagnie d’assurances L’Union-Incendie, fondée en 1828[8]. Il est appelé à ce poste par Charles Mallet, administrateur depuis 1841, puis président de 1895 à 1902, du conseil d’administration. Il devient le collaborateur du directeur général Charles Robert. Ce dernier va porter l’Union à la tête des compagnies d’assurances et le baron est son disciple et l’assiste durant dix-huit ans[9]. Devenu directeur général de l’Union en 1899 au décès de Charles Robert, il en développe l’expansion à l’étranger. Il crée en 1909 l’Union-Vol et étend après 1914 ses activités à l’accident ainsi qu’à toutes les autres branches qui s’y rattachent. Il restera directeur à l’Union jusqu’à son décès en 1919[10]. Il devient en 1908 président de l’Union syndicale des compagnies d’assurances à primes fixes de toute nature. Parallèlement à cela, il devient administrateur de la Caisse d’épargne de Paris en 1881 et attaché à son Comité de direction en avril 1882, fonctions qu’il exerce gracieusement[11]. Il sera successivement censeur, membre du Conseil directeurs, vice-président de cette caisse d’épargne. Il deviendra aussi Président de la Commission supérieure des caisses d’épargne de France et président à vie de la Conférence générale des caisses d’épargne. En son temps, seules l’épargne et la prévoyance individuelle permettent à une grande partie de la population de se prémunir contre les risques de la maladie ou de s’assurer une retraite. Il attache alors une grande importance à ces questions et est toujours préoccupé d’améliorer la législation susceptible de favoriser cette prévoyance individuelle[12]. Il remplit à l’étranger, dans le domaine économique, des missions importantes et les conduit avec succès[13]. Il est président des comités d’admission ou des jurys aux expositions universelles. L’Union des intérêts économiquesEn novembre 1909, Georges Cochery, député du Loiret de 1885 à 1914, ministre des finances du premier cabinet d’Aristide Briand, prononce à la tribune de la chambre des députés un discours dans lequel il annonce son projet de surtaxe sur les eaux-de-vie, les tabacs, les droits de succession, les compagnies d’assurance et agite le thème du monopole étatisé des entreprises du secteur de la distribution des boissons alcoolisées et des compagnies d’assurance[14]. Devant la menace d’une nationalisation, et alors que doivent avoir lieu des élections législatives les 24 avril et 8 mai 1910, ces entreprises se rapprochent à l’initiative de Guillaume Cerise. Cela va donner lieu à ce que Claude Paillat appelle « la contre-attaque du baron Cerise » qui aboutira, en liaison avec Paul Forsans, à la création de l'Union des intéréts économiques pour la liberté du commerce et de l’industrie, la défense de l’initiative privée et contre l’expansion des monopoles de l’État (Union des intérêts économiques), association loi de 1901, déclarée le 12 avril 1910, dont Paul Forsans est le président, et le baron vice-président avec Arthur Millon. Des fonds sont réunis et un journal, Le Réveil économique est lancé. L’action de l’Union des intérêts économiques, et de ses comités régionaux, s’exerce par voie d’affiches, de tracts, d’images, de brochures et de conférences. 366 députés vont alors se prononcer contre toute espèce de monopoles et le baron, lors d’un discours du 16 juin 1910[15]au conseil général de l’UIE :
Il évoque aussi « ces lointaines colonies où les méfaits des monopoles ont cependant soulevé tant de haines ». Le baron, devant accompagner le Commissaire général français à l'Exposition universelle de 1911 à Turin, ne peut être présent au conseil général annuel de l’UIE cette année-là mais fait lire un discours. A l’assemblée du 25 mars 1912, il prononce un discours[17] où il passe notamment en revue les inconvénients des monopoles d’Etat dans divers domaines comme le téléphone, le chemin de fer de l’Ouest-État, les poudres (ce qui semble avoir eu un rôle néfaste dans la catastrophe du cuirassé Liberté) ou les postes. Il restera vice-président de l’Union des intérêts économiques jusqu’à son décès. La participation aux bénéficesLa participation des salariés aux résultats de l’entreprise, actuellement applicable dans certaines entreprises selon l’importance du personnel (50 salariés depuis 1990), introduite facultativement dans la législation en 1959 puis rendue obligatoire en 1967, est une idée majeure du gaullisme, non exempte de catholicisme social. Mais dès le XIXe siècle, des patrons, tels Edme Jean Leclaire[18]en 1842, conscients de la nécessité d’une association capital-travail permettant d’éviter ou de limiter la lutte des classes et de permettre une meilleure répartition du revenu national, adoptent ce mode de complément à la rémunération. C’est ainsi que la participation est introduite à l’Union dès 1838. Le baron a la fibre sociale qu’il tient de son père, le docteur Laurent Cerise, fondateur avec Jacques Alexandre Bixio de la société de bienfaisance italienne[19]. Partisan comme Charles Robert de la nécessité de la paix sociale[20], indispensable après la Commune de Paris et sa répression, la participation aux bénéfices lui parait être un bon moyen d’y parvenir. Il entend toutefois, comme Charles Robert, la placer sous le régime de la liberté et non de la contrainte étatique refusant l’intervention de l’État[12]. C’est ainsi que lors de l’assemblée générale du 28 mai 1915 de la Société pour l'étude pratique de la participation aux bénéfices, le baron déclare :
. Sort de la compagnie d’assurance l’UnionComme 33 autres compagnies d’assurance représentant la moitié du secteur, l’Union fut nationalisée le 25 avril 1946. Elle fut fusionnée en 1968 avec l’Urbaine et la Séquannaise ce qui donna naissance à l’Union des assurances de Paris qui avait en 1996 110 000 employés. L’UAP fut privatisée en 1994, opération qui rapporta 19 milliards de francs à l’État. C’est aujourd’hui le groupe AXA. DiversVie personnelleVers 1891, il partage son temps libre entre son appartement du 105 boulevard Haussmann à Paris et une propriété d’agrément qu’il a acquise à Ville-d’Avray, lieu de villégiature favori de la bourgeoisie d’affaire parisienne[22]. Il s’agit d’un pavillon d’époque Restauration, bâti par Jacques Ambroise Legeay, dit Léger, un tailleur fameux enrichi sous le Premier Empire, et qui passait pour avoir confectionné la redingote grise de Napoléon Ier[23]. Il épousa en premières noces le 11 décembre 1872 Félicie Henriette Félix-Faure, décédée jeune à l’âge de 26 ans le 19 mars 1878, qui n’avait qu’un rapport d’homonymie avec Félix Faure, le « Président soleil ». Son père était Joseph Antoine Félix-Faure (1822-1914), conseiller d’État, fils lui-même de Félix Faure (1780-1859), pair de France et ami de Stendhal[24]. Sa mère était Henriette Bernhardt (1822-1889), sœur de Julie Judith « Youle » Bernhardt, la mère de Sarah Bernhardt. De cette union naquirent trois filles et un fils, Laurent Cerise (1876-1974), chevalier de la légion d’honneur, croix de guerre, responsable du service d’ophtalmologie à l'hôpital de la Pitié Salpetrière qui épousa Jeanne Wilson (1885-1980), fille de Daniel Wilson, et d’Alice Grévy, elle-même fille de Jules Grévy, président de la République de 1879 à 1887. Le baron se remaria à Paris le 21 mars 1900 à Paris avec Louise Alice Petit (1855-1951), divorcée de Marie, Auguste, Albert Villiers. MandatsDe par son implication dans de nombreuses structures à vocation économique, financière, sociale et philanthropique, le baron exerce au moment de son décès de nombreux mandats[25]. Outre ceux qui ont déjà été cités, on peut mentionner :
DistinctionsChevalier de la Légion d’honneur au 31 décembre 1886, il en devient officier en 1912. Il est commandeur du Nicham Iftikhar, officier de l'ordre d’Isabelle la Catholique et chevalier de l'ordre de la Couronne d’Italie[26]. PublicationsIl est l’auteur d’articles sur des questions d’ordre historique, financier, administratif ou d’économie politique publiés dans des revues comme Le contemporain, la Revue de France ou la revue de l’Ecole des chartes. Il est aussi l’auteur des ouvrages suivants :
HommagesLe baron, après une maladie de quelques mois meurt à son domicile parisien du 70 boulevard de Courcelles, le 10 mars 1919. Paul Delombre, (président de la Société pour l’étude pratique de la participation du personnel dans les bénéfices), lui rend hommage dans le Temps du 12 mars :
Après un service religieux à l’église saint-François-de-Sales le 14 mars 1919, l’inhumation a lieu au cimetière du Père-Lachaise. Des discours y sont prononcés par Charles Alby, directeur adjoint de l’Union (au nom de Stéphane Dervillé, président de son conseil d’administration), Ferdinand Matignon (vice-président de l’Union syndicale des compagnies d’assurances françaises), Ernest Laurent, secrétaire général de la conférence générale des caisses d’épargne de France (au nom du sénateur Lucien Cornet, membre de la Commission supérieure des caisses d’épargne), Paul Forsans, président de l’Union des intérêts économiques et Paul Delombre. Sources
Notes et références
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