Le combat de Noyant-la-Gravoyère a lieu lors de la Chouannerie. Le , les Chouans repoussent une attaque des Républicains.
Prélude et forces en présence
Le combat a lieu le 17[2], le 19[1] ou le 21[3] septembre 1799. Une colonne de 510[1] à 550[2] soldats républicains, partie d'Ancenis, composée de 350 gardes nationaux d'Angers et 150 militaires de 5e et 19e demi-brigade d'infanterie légère[1] et d'hommes de la 107e d'infanterie de ligne[2], rencontre les Chouans entre Noyant-la-Gravoyère et la forêt d'Ombrée[2]. Les soldats des demi-brigades revenaient des campagnes d'Italie, capturés par les Russes ils avaient été échangés contre la promesse de ne plus servir, et ainsi avaient été envoyés contre les chouans[3].
Les chouans sont au nombre de 1 800 à 2 000 selon le rapport républicain, mais d'Andigné déclare n'avoir à ce moment que 400 hommes avec lui, lui-même porte le nombre des républicains de 700 à 800 hommes[3]. Les chouans ont passé la nuit au Bourg-d'Iré et sont en chemin pour Bouillé-Ménard lorsque leurs éclaireurs signalent la présence des républicains divisés en deux colonnes. Cependant comme les bleus ont tendance à éviter les rencontres à cette période, d'Andigné estime qu'elles ne cherchent pas à les attaquer, néanmoins il divise lui-même sa troupe en deux colonnes. Il envoie une avant-garde sur Bouillé-Ménard et reste lui-même pour dîner avec son état-major et le reste de ses troupes dans une ferme, près du bourg[3].
La bataille
Cependant un espion républicain de Pouancé, chargé d'embaucher des chouans, est découvert et fusillé. Sa fille, qui se trouvait avec lui, repart après qu'on lui eût remis les vêtements de son père. En chemin, sur la route de Segré à Pouancé, celle-ci croise les colonnes républicaines qui venaient de se réunir et leur indique la position des chouans[3].
Les Républicains attaquent et engagent l'avant-garde. À un kilomètre de là, d'Andigné est prévenu, il rassemble ses hommes et se porte au combat. Les militaires, venus d'Italie et sans expérience des guerres de l'Ouest, sont surpris par les renforts chouans et mis en déroute[3], ils se replient sur Segré, puis Le Lion-d'Angers[3],[1].
Les pertes des républicains sont de 150 hommes selon d'Andigné[3], tandis que selon le rapport des autorités républicaines, elles sont de 75 morts et 21 blessés[1]. D'Andigné n'évoque pas la perte des chouans, il indique que les blessés républicains restés sur le champ de bataille sont secourus par ses hommes, soignés, puis relâchés[3].
Le combat de Noyant-la-Gravoyère dans les mémoires de Louis d'Andigné
« Le 21 septembre 1799, nous avions passé la nuit à Bourg d'Iré, d'où nous devions aller à Bouillé-Ménard le jour suivant. Tous les jours, à peu près, nous changions de cantonnement les chefs seuls étaient dans le secret de ces déplacements, en, sorte qu'il était difficile de nous surprendre. Deux colonnes républicaines étaient en mouvement ce jour-là. L'une et l'autre devaient passer à une assez grande distance de nous j'avais d'autant moins d'inquiétude sur leur marche que, depuis quelque temps, nous nous étions, de part et d'autre, plutôt évités que cherchés. Une mesure de prudence m'avait cependant fait donner la moitié de mon monde à l'officier qui commandait l'avant-garde; cette précaution nous fut d'une grande utilité. J'avais fait préparer à dîner, dans une ferme éloignée d'un quart de lieue du bourg, pour moi et pour l'état-major; l'avant-garde devait partir vers midi; le reste suivrait une demi-héûré après. Un homme de Pouancé, chargé par le commandant de la colonne mobile de Craon d'embaucher nos hommes, avait été pris sur le fait,
arrêté et fusillé. Sa fille ne l'avait pas quitté jusqu'au moment de sà mort. Elle réclama les vêtements de son père, avec lesquels elle retournait chez elle, lorsqu'elle rencontra, sur la route de Segré à Pouancé, les deux colonnes républicaines qui venaient de se réunir. Les commandants de ces deux colonnes changèrent leurs dispositions, sur le'rapport de cette fille, et vinrent conjointemént nous attaquer. Nous nous mettions à table, au moment où on vint me prévenir que notre avant-garde. allait être attaquée. J'envoyai sur-le-champ aux hommes rèstés dans le bourg l'ordre de marcher pour soutenir les premiers; je partis moi-même avec tous les officiers pour rejoindre l'avant-garde, q'ui n'était encore qu'a un kilomètre. Le combat était déjà très vif. au moment oui j'arrivai. L'avant-garde, pressée par le nombre, commençait à plier; mais les hommes restés au bourg arrivèrent en même temps que moi. Les républicains étaient sept ou huit cents nous étions à peine quatre cents. Nous enfonçâmes néanmoins l'ennemi, le mettant dans un désordre complet, et nous le poursuivîmes jusqu'à Segré, après lui avoir tué environ 150 hommes.
Les troupes que nous avions combattues dans cette journée arrivaient d'Italie. Elles avaient fait partie de la garnison de Milan, où le maréchal Souwarow les avait faites prisonnières. Elles avaient été ensuite renvoyées en France, sous la condition de ne pas servir jusqu'à leur échange. Les officiers, comme les soldats n'avaient aucune connaissance du genre de guerre de nos pays; ils nous regardaient comme une bande de paysans armés dont ils auraient facilement raison. la vivacité de notre attaque les surprit et les mit en désordre; une fois rompus, ils ne surent rien réparer. Leurs hommes dispersés ne se réunirent que plusieurs jours après. Ceux qui avaient atteint Segré se trouvèrent trop faibles pour y rester. La nuit était horriblement pluvieuse; ils en profitèrent néanmoins pour se rendre au Lion-d'Angers.
Plusieurs de leurs blessés nous étaient restés entre les mains. Il nous répugnait de les faire périr; ce dont nous avions le droit, puisqu'on ne nous faisait aucun quartier. Nous les fîmes soigner comme s'ils eussent été des nôtres, et nous les renvoyâmes aux Républicains. Nous cherchions depuis longtemps à adoucir le système de guerre qu'on se faisait dans nos pays. Souvent nous l'avions essayé en vain. Cette fois encore, les Républicains ne virent qu'un but politique dans une démarche qui n'eût dû être considérée que comme un acte d'humanité. Cette campagne toutefois ne fut pas souillée d'autant d'actes de cruauté que l'avaient été les campagnes précédentes.
Cette affaire, connue sous le nom d'affaire de Noyant, en imposa assez aux Républicains pour les empêcher de pénétrer dans mon canton pendant le cours de cette guerre. Le Lion-d'Angers fut évacué peu de jours après. Les garnisons les plus proches que j'avais à redouter furent ainsi les garnisons de Château-Gôntier et de Craon. J'aurais voulu pouvoir enlever ces petites villes elles avaient peu de troupes, mais leur garde nationale était nombreuse, disposée à se bien défendre. Je ne pouvais, sans risquer de perdre beau- coup de monde, essayer de m'en emparer avant d'avoir du canon à ma disposition[3]. »
F. L. Patu-Deschautschamps, Dix années de guerre intestine: présentant le tableau et l'examen raisonné des opérations des armées royalistes et républicaines, Imprimerie et librairie militaire de G.Laguionie, , p. 573. texte en ligne sur google livres.