Bataille de Locminé (1799)

Bataille de Locminé
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue en 2013 de l'église Saint-Sauveur ou Saint-Colomban de Locminé.
Informations générales
Date
Lieu Locminé
Issue Victoire des chouans
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau des armées catholiques et royales Chouans
Commandants
• Capitaine Perry
• Lieutenant Valois
Pierre Guillemot
Forces en présence
80 à 100 hommes[1],[2] 2 000 à 3 000 hommes[2]
Pertes
8 à 20 morts[1],[2]
47 à 100 prisonniers (relâchés)[1],[2]
~ 30 morts ou blessés[3]

Chouannerie

Batailles

Coordonnées 47° 53′ 15″ nord, 2° 50′ 04″ ouest
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Bataille de Locminé
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Bataille de Locminé
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Bataille de Locminé

La bataille de Locminé se déroule le lors de la Chouannerie. Elle s'achève par la victoire des chouans, qui s'emparent de la petite ville de Locminé.

Forces en présence

Locminé est défendue par une petite garnison de 62[3] à 80[1] hommes de la 58e demi-brigade[1],[3],[2],[4], 9[3] à 13[2] cavaliers du 2e régiment de chasseurs à cheval[1],[2], une brigade de gendarmerie[1],[2],[3] commandée par Pacquetet[3] et quelques dizaines d'hommes d'une colonne mobile destinée à être transformée en compagnie franche[1],[4], mais qui ne semblent pas avoir pris part à l'affrontement[3],[4]. L'ensemble de ces troupes est commandé par le capitaine Perry[3] — ou Ferry[2] — de la 81e demi-brigade[3],[2], arrivé la veille de Pontivy pour organiser les troupes de la compagnie franche[3], et le lieutenant Valois, de la 58e[1],[2],[4].

Menés par Pierre Guillemot, colonel de la légion de Bignan, les chouans engagent quant à eux le 1er bataillon, dit de Bignan, commandé par Yves Le Thieis, et le 2e bataillon, dit de Pluméliau, dirigé par Guillôme, dit Alexandre, et Mathurin Le Sergent[1],[4],[5]. Les 3e et 4e bataillons, placés sous les ordres du lieutenant-colonel Gomez, restent en réserve, sur la route de Vannes[1],[5]. Le nombre des chouans est estimé à 2 000 ou 3 000 par les rapports républicains[2].

Déroulement

Le 7 brumaire an VIII (), vers 7 heures du matin, les chouans lancent l'assaut sur Locminé[1],[2],[3]. Le 1er bataillon, mené directement par Guillemot, attaque au sud, par la route de Vannes[1],[4],[5]. Le 2e entre dans la ville par le nord-ouest, depuis la route de Pontivy[1],[4],[5]. Un très faible détachement semble également avoir simulé une attaque à l'est, vers la route de Josselin[1].

Selon le récit de Julien Guillemot, fils de Pierre Guillemot, les républicains occupent les halles et les maisons environnantes[1],[5]. D'après le rapport du 2e chasseurs, la garnison est casernée et seule une garde de 20 hommes est distribuée dans différents postes[2]. Le corps de garde oppose une résistance, mais l'infanterie est « en partie surprise dans ses lits »[2].

Dans ses mémoires[Note 1], Julien Guillemot rapporte qu'au début du combat, un sous-officier mulâtre « se présente sur la place et porte un défi, à la baïonnette, au plus brave des Chouans »[1],[3],[4],[5]. Alors que, « comme par enchantement, le feu cesse et le silence règne », Mathurin Le Sergent « s'élance vers lui et, en moins de deux minutes, il l'étend à ses pieds, et crie « en avant » à son bataillon. Alors recommence le combat »[1],[3],[4],[5].

Les chouans arrivent ensuite face aux halles, qu'ils attaquent des deux côtés[1],[5]. Bientôt cernés, les républicains se rendent[1]. Les derniers combats s'achèvent dans le cimetière[3],[4], où le capitaine Perry tente de résister avec un tambour et quelques hommes[3].

Selon Julien Guillemot, les chouans se sont rendus maîtres de la ville en une demi-heure[5]. D'après le récit du 2e chasseurs : « au bout de trois quarts d'heure, tout était fini à l'avantage des brigands »[2]. Seuls quelques hommes arrivent à fuir à travers champs en direction de Baud[1],[4],[3],[5]. Environ 150 chouans les poursuivent jusqu'aux landes de Clinchap, près de Plumelin[3].

Les hommes ne Guillemot ne s'attardent pas à Locminé, qu'ils évacuent vers 2 heures de l'après-midi avec leurs prisonniers et les jeunes gens en état de porter les armes[3]. Ils se rendent alors à Guéhenno, où Cadoudal vient bientôt les rejoindre[3].

Pertes

Selon les premiers rapports républicains[Note 2], huit militaire de la 58e demi-brigade sont tués au combat et seuls 25 des 100 hommes de garnison parviennent à s'enfuir, avec la brigade de gendarmerie[2]. Tous les autres défenseurs sont faits prisonniers[2].

D'après une déclarations des chasseurs à cheval du 2e régiment, datée du 31 décembre 1799[Note 3], une vingtaine de républicains sont tués ou blessés mortellement au cours du combat, tandis que 34 hommes d'infanterie et 13 chasseurs à cheval sont faits prisonniers[1],[2],[4]. Parmi ces derniers, sept, blessés, sont relâchés le jour même et deux autres suivent le surlendemain[1],[2]. Tous les autres sont relâchés peu après[1],[2].

Parmi les morts figure le lieutenant Valois[2],[1],[3],[4], « percé d'une balle, après avoir renversé un brigand sous ses coups »[2],[1].

Selon Julien Guillemot, les chouans font plus de 100 prisonniers, dont la plupart appartiennent à la colonne mobile[1],[4],[5]. D'après le récit laissé dans ses mémoires, son père fait libérer les soldats des troupes de ligne en échange du serment de ne plus combattre les royalistes, mais il affirme qu'il fut en revanche « impossible de faire grâce » aux hommes de la colonne mobile « tant le peuple était exaspéré contre ces scélérats, qui s'étaient livrés à tous les crimes dans les campagnes »[1],[4],[5].

Cependant, les différents rapports républicains ne font aucune mention d'exécutions de prisonniers[1],[4]. Pour les historiens Émile Sageret et François Cadic, les jeunes gens de la colonne mobile sont très probablement enrôlés par les insurgés[1],[4].

D'après un des rapports républicains, Guillemot offre à une vingtaine de prisonniers de servir dans les rangs de l'insurrection, moyennant une paye de 20 sous par jour[1]. Le rapport des chasseurs à cheval indique également qu'« il n'est point de moyens de séduction que (les brigands) n'aient employés pour déterminer les prisonniers à servir avec eux »[2].

Du côté des royalistes, les pertes sont de « quelques » morts selon la déclaration des chasseurs à cheval[2]. Les chouans enmènent également une trentaine de blessés, qui sont soignés dans les bois du château de Kerguéhennec par l'officier de santé républicain Equester[3]. D'après ce dernier, cinq d'entre eux succombent par la suite à leurs blessures[3].

Notes et références

Notes

  1. « Le 26 octobre (sic), la légion de Bignan se porte sur Locminé, gardé par un bataillon de troupes de lignes et une compagnie de colonnes mobiles; le 2e bataillon, dit de Pluméliau, commandé par M.Guillôme et Mathurin Le Sergent, de Guénin, arrive par les routes de Baud et de Pontivy; le 1er bataillon, dit de Bignan, conduit par mon père et Le Thieis, arrive par celle de Vannes.

    Les Républicains avaient pris position dans les halles et dans les maisons environnantes; mais, mes chers neveux, il se passa dès le commencement du combat, un trait que je ne veux pas vous laisser ignorer.

    À peine le bataillon de Pluméliau eut-il commencé le feu, qu'un sous-officier, un mulâtre, se présente sur la place et porte un défi, à la baïonnette, au plus brave des Chouans. À l'instant, et comme par enchantement, le feu cesse et le silence règne; mais Mathurin Le Sergent ne fait pas attendre le provocateur; il croise la baïonnette, s'élance vers lui et, en moins de deux minutes, il l'étend à ses pieds, et crie en avant à son bataillon. Alors recommence le combat.

    Le bataillon de Bignan s'empare des rues qui forment maintenant le champ de foire et attaque les halles de ce côté, tandis que celui de Pluméliau l'attaquait de front. Ce ne fut qu'après une demi-heure de combat que les Royalistes purent se croire maîtres de la ville.

    La garnison voulut se retirer par la route de Vannes, mais la trouvant gardée par les 3e et 4e bataillons, sous les ordres de Gomez, les soldats se débandèrent à travers les champs, à droite de la route, et gagnèrent, en grand nombre, la direction de Baud.

    Cependant, il fut fait près de cent prisonniers, dont plusieurs appartenaient à la colonne mobile, auxquels il eut été impossible de faire grâce, tant le peuple était exaspéré contre ces scélérats, qui s'étaient livrés à tous les crimes dans les campagnes. Les soldats appartenant à la ligne furent renvoyés après avoir juré de ne plus porter les armes contre les Royalistes[5]. »

    — Mémoires de Julien Guillemot

  2. « Le 7 brumaire, vers sept heures du matin, une troupe d'environ 3 000 brigands se porta à l'improviste sur Locminé et s'en empara, malgré la résistance de la garnison. 8 militaires de la 58e ont perdu la vie, dont un lieutenant, qui fut percé d'une balle, après avoir renversé un brigand sous ses coups. La garnison était de 100 hommes; il ne s'en sauva qu'environ 25 avec la brigade de gendarmerie. Les brigands emmenèrent le reste comme prisonniers, ainsi que 7 chasseurs à cheval et tous les jeunes gens de Locminé. Ils emmenèrent aussi les chevaux des chasseurs tout équipés après avoir attaché à la queue de ces chevaux les écharpes des officiers municipaux. Les brigands, avant de quitter Locminé, se sont livrés à différents excès, ont fait contribuer plusieurs particuliers et on pillé la caisse du contrôleur. Ils sont revenus la nuit chercher l'officier de santé pour soigner leurs blessés, qu'on dit nombreux[2]. »

    — Texte de Charles-Louis Chassin d'après les rapports du capitaine Ferry, du général Taponier et du général en chef.

  3. « Locminé fut attaquée ledit jour, sur les 7 heures du matin, par environ 2 000 brigands commandés par Guillemot dit le Roi de Bignan. La garnison, composée d'environ 80 hommes, était casernée. Une garde de 20 hommes était distribuée dans les différents postes. Le premier coup de fusil fut tiré, sur la route de Josselin, sur le factionnaire. Au même instant, on était attaqué sur la route de Vannes et le bourg était cerné. Malgré la résistance qu'opposa le corps de garde de la place, l'infanterie fut en partie surprise dans ses lits et, au bout de trois quarts d'heure, tout était fini à l'avantage des brigands. Quelques chouans et une vingtaine de républicains ont été tués ou blessés mortellement. 13 chasseurs à cheval avec leurs chevaux et 34 hommes d'infanterie ont été faits prisonniers. Du nombre de ces derniers, sept, qui étaient blessés, ont été renvoyés le jour même ; le surlendemain, deux. Les autres ont été renvoyés le même jour que les chasseurs. Il n'est point de moyens de séduction que (les brigands) n'aient employés pour déterminer les prisonniers à servir avec eux. Les habitants de la campagne, dans les communes ci-dessus désignées, sont tous de leur parti... Tous paraissent bien armés, forts contents de leur métier, dansent, boivent et semblent braver la misère qui les accable[2]. »

    — Déclaration des chasseurs à cheval du 2e régiment, datée du 31 décembre 1799.

Références

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad et ae Sageret, t. I, 1911, p. 325-328.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z et aa Chassin, t. III, 1899, p. 412-413.
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v Le Falher 1913, p. 608-609.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Cadic, t. II, 2003, p. 245-246.
  5. a b c d e f g h i j k l et m Guillemot 1859, p. 150-151.

Bibliographie

  • François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. II, Terre de brume et Presses universitaires de Rennes, coll. « Les Œuvres de François Cadic », , 598 p. (ISBN 978-2843622076). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Charles-Louis Chassin, Les pacifications de l'Ouest 1794-1801-1815 : Du dix-huit fructidor au Concordat et à l'invasion, t. III, Paris, Paul Dupont, , 803 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Julien Guillemot, Lettres à mes neveux sur la Chouannerie, Imprimerie Félix Masseaux, , 299 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jules Le Falher, Le Royaume de Bignan, 1789-1805, Éditions Jeanne Laffite, , 842 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Émile Sageret, Le Morbihan et la Chouannerie morbihannaise sous le Consulat : Le Morbihan au début de l'an VIII — La fin de la Période révolutionnaire, t. I, Librairie Alphonse Picard & fils. Éditeur de la Société d'Histoire Contemporaine, , 716 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article