Le combat de Javené a lieu en avril 1794 lors de la Chouannerie. Il s'achève par la victoire des chouans qui mettent en fuite un détachement républicain près du bourg de Javené.
Selon son récit, une troupe de 120 chouans commandées par Aimé Picquet du Boisguy se porte ce jour-là dans la commune de Javené, à cinq kilomètres au sud de la ville de Fougères[1]. Une heure après leur entrée, ceux-ci sont prévenus de l'arrivée de 300 hommes de troupes de ligne[1],[2]. Les chouans sortent alors du bourg et s'embusquent derrière un fossé qui borde la route[1],[2]. Lorsque les républicains font leur apparition, les chouans ouvrent le feu à bout portant, puis se jettent sur eux en poussant de grands cris[1],[2]. Complètement surpris, les républicains prennent aussitôt la fuite et sont poursuivis jusque dans les faubourgs de Fougères[1],[2].
Boisguy et ses hommes se retirent ensuite sur La Selle-en-Luitré, à une dizaine de kilomètres à l'est de Javené[1],[2]. Cependant, ils sont suivis par un patriote du pays qui alerte ensuite la garnison de Fougères[1],[2]. Les républicains sortent alors de la ville avec 800 hommes, mais les chouans parviennent à s'enfuir peu de temps avant que le village ne soit cerné[1],[2]. Seul un détachement de 50 hussards tombe sur les chouans au débouché d'une lande, mais il prend la fuite après avoir essuyé une décharge qui blesse plusieurs chevaux[1],[2].
Les chouans s'embusquent alors de l'autre côté d'une petite rivière afin d'y attendre leurs poursuivants, mais ces derniers abandonnent la poursuite à cause de l'approche de la nuit et se retirent sur Fougères[1],[2].
Pertes
Selon Toussaint du Breil de Pontbriand, les chouans ne déplorent aucune perte, tandis que les républicains perdent 120 hommes dans le combat à Javené et dix hussards près de La Selle[1],[2],[3].
Suites
Le 26 juin 1794, un autre combat a lieu dans la commune de Javené[4],[5]. Les républicains laissent six morts, dont cinq hommes du 12e bataillon d'Orléans et un civil de Fougères[4],[5],[Note 2]. Les corps sont enterrés le jour même dans le cimetière de Fougères[4],[5].
« Du Boisguy, qui avait dispersé sa colonne, se rendit dans le bourg de Javené avec cent-vingt hommes ; il y était depuis une heure, quand il fut prévenu de l'arrivée de trois cents hommes de troupes de ligne. Il se hâta de sortir du bourg et alla s'embusquer derrière un fossé bordant la route, qui le couvrait entièrement ; il attendit ainsi l'ennemi et fit tirer à bout portant, fondant en même temps sur lui, avec tous ses gens qui poussaient de grands cris. L'épouvante saisit les Républicains, surpris et effrayés des vides énormes qu'une si brusque décharge avait faits dans leurs rangs; ils prirent la fuite et furent poursuivis jusqu'aux faubourgs de Fougères, où ils rentrèrent, après avoir perdu cent-vingt hommes. Les Royalistes n'éprouvèrent aucune perte ; mais du Boisguy pensant qu'il allait avoir toute la garnison sur les bras, fit promptement sa retraite, par des chemins détournés, jusqu'au village de la Selle en Luitré, où il avait résolu de s'arrêter pour faire reposer sa troupe. Il ne s'était pas aperçu qu'il avait été suivi par un Patriote du pays, qui s'empressa de courir à Fougères, instruire les Républicains du lieu où il s'était retiré; aussi, peu d'heures après, eut-il avis que huit cents hommes marchaient contre lui. Il était déjà trop tard ; le village était presque cerné avant qu'il eût réuni sa troupe ; cependant il eut le bonheur de se sauver saus perte, mais il fut poursuivi vivement et, dans sa déroute, il vint tomber au milieu de cinquante hussards qui l'attendaient au débouché d'une lande ; une décharge qu'il fit faire sur ce détachement tua dix hommes et blessa plusieurs chevaux, et, ayant alors réussi à faire passer une petite rivière à ses soldats, il les embusqua de l'autre côté. L'ennemi, n'osant traverser cette rivière en sa présence et à cause de la nuit qui approchait, se retira à Fougères[2],[1]. »
↑Debais, fusilier du 12e bataillon ; René Leduc, caporal du 12e bataillon ; Duterquois, fusilier du 12e bataillon ; Lafenêtre, du 12e bataillon ; Coutrel, caporal du 12e bataillon ; et Courtais, de Fougères, né à La Chapelle-Janson[4],[5].
Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p.
Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, (réimpr. 1994), 371 p. (ISBN978-2-906064-28-7, lire en ligne).
Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne).