Alula Australis est aujourd’hui le nom approuvé pour ξ UMa par l’Union astronomique internationale (UAI) ; formellement, il se réfère uniquement à la composante ξ UMa Aa[11]. Il vient de l’arabe الثانية al-Ūlā, résultant de la troncation du nom complet, soit القفزة الألى al-Qafzat al-Ūlā, « le Premier Saut »[12],[13].
Pour comprendre ce nom, il faut se référer à la série des قفزات الظباء Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », qui figurent dans le ciel arabe traditionnel tel qu’il est décrit par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī (964). Selon lui, il s’agit des six étoiles situées sur les trois pieds de l’Ourse touchant le sol, à savoir ν et ξ UMa formant al-Ūla, soit « le Premier [Saut] », λ et μ UMaal-Ṯāniyya, « le Second », et ι et κ UMaal-Ṯāliṯa, « le Troisième ». Chaque « Saut » ressemble à la trace du pied fendu des gazelles, et, toujours al-Ṣūfī donne à ce propos ce dicton arabe[14],[15]:
« Les Gazelles sautèrent lorsque le Lion frappa la terre de sa queue. »
.
Plus tard, dans le Catalogue d’al-Tīzīnī[16], édité en complément des زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437), est donné la transcription ‘AlKáphza’ Prima pour ξ UMa[17]. Giuseppe Piazzi s’en saisit pour donner à ξ UMa le nom de Al-ula australis et, par symétrie, à ν UMa, celui de Al-ula Borealis[18]. Ils sont ignorés par Richard Hinckley Allen (1899), mais repris dans plusieurs catalogues du XXe siècle[19],[20],[21], et finalement consacrés par l’UAI.
Description
Xi Ursae Majoris A et B constituent une étoile binaire visuelle, et il leur faut 59,88 ans pour compléter une orbite, avec une excentricité de 0,40 et un demi-grand axe de 2,54 secondes d'arc[8]. Ce sont toutes deux des binaires spectroscopiques, dont les étoiles principales, Xi Ursae Majoris Aa et Ba possèdent chacune un compagnon stellaire de faible masse, désignés Xi Ursae Majoris Ab et Bb respectivement.
Xi Ursae Majoris Aa et Ba sont deux étoiles sur la séquence principale similaires au Soleil. La première est ainsi une naine jaune-blanche de type spectral F8,5:V, tandis que la seconde est une naine jaune de type spectral G2V[3]. La taille de la première étoile est d'environ 101 % de celle du Soleil et sa luminosité de 110 %. La taille de la deuxième étoile est d'environ 78 % de celle du Soleil et sa luminosité de 67 %. Xi Ursae Majoris Ab est une naine rouge, tandis que Xi Ursae Majoris Bb pourrait être une naine blanche. Ce système est complété par un dernier objet, qui est une naine brune de type T située à plus de 500 secondes d'arc des autres étoiles et désignée Xi Ursae Majoris D[7].
Le , William Herschel a découvert ce système comme étant une étoile binaire le premier. Il a joué un rôle important dans l'histoire de l'astronomie : c'est en effet le premier système stellaire dont l'orbite put être déterminée, par observation visuelle, en 1830, par l'astronomefrançaisFélix Savary.
↑(ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, pp. 58-59 (fr.), p. 60 (ar.).
↑Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p.180.
↑(la) Giuseppe Piazzi, Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 75.
↑(de) Paul Kunitzszch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, pp. 140-141.
↑(en) Paul Kunitzszch & Tim Smart, A Dictionary of Modern Star Names : Cambridge (Ma) : Sky & Telescope, 1986, pp. 57-58.
↑Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 149.