Epsilon Ursae Majoris

Alioth
ε Ursae Majoris
Description de l'image Ursa major star name.png.
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 12h 54m 01,750s[1]
Déclinaison +55° 57′ 35,36″[1]
Constellation Grande Ourse
Magnitude apparente 1,77[2]

Localisation dans la constellation : Grande Ourse

(Voir situation dans la constellation : Grande Ourse)
Caractéristiques
Type spectral A1III-IVp kB9[3]
Indice U-B +0,02[2]
Indice B-V −0,02[2]
Indice R-I −0,03[2]
Variabilité α2 CVn[4]
Astrométrie
Vitesse radiale −12,7 ± 0,2 km/s[5]
Mouvement propre μα = +111,91 mas/a[1]
μδ = −8,24 mas/a[1]
Parallaxe 39,51 ± 0,20 mas[1]
Distance 82,6 ± 0,4 al
(25,3 ± 0,1 pc)
Magnitude absolue −0,26[6]
Caractéristiques physiques
Masse ~3 M
Rayon ~3,7 R
Luminosité 136,57 L[6]
Température 9 400 K

Désignations

Alioth, ε UMa, 77 UMa, HD 112185, HIP 62956, HR 4905, BD+56°1627, FK5 483, SAO 28553, WDS J12540 +5558AB[7]

Epsilon Ursae Majoris (ε UMa), également nommée Alioth, est une étoile de la constellation de la Grande Ourse. Malgré sa désignation de Bayer « ε » (epsilon, 5e lettre de l'alphabet grec), il s'agit de la plus brillante de sa constellation, et à ce titre elle est l'une des sept étoiles de la constellation qui forment l’astérisme du Grand Chariot.

Nomenclature et histoire

الدبّ الأكبر al-Dubb al-Akbar, « la Grande Ourse » dans une édition du traité de ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī XIe s.

Alioth est le nom de l'étoile à présent approuvé par l’Union astronomique internationale (UAI)[8]. On trouve à l’origine, dans les textes arabes, الجون al-Ğawn, notamment chez ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī (XIe s.)[9], appellation dont la signification reste obscure : « le Golfe » pour les uns, « le Cheval noir » ou alors « le Taureau » pour d’autres[10]. On rencontre chez Gérard de Crémone (ca. 1175) la transcription curieuse alioze[11], qui va être interprétée par les philologues de la Renaissance comme étant l’arabe ألية Aliya(t), « [la] Queue [grasse de la Brebis] », Joseph Juste Scaliger (1579)[12], ce qui donne le nom Aliath dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[13]. Ce nom va s’imposer sous la forme modifiée Alioth au XIXe siècle, comme le note Richard Hinckley Allen (1899)[14],[15].

On trouve aussi le nom Risalioth, qui est l'arabe reconstruit راس الألية Ra’s al-aliya, « le Début de la Queue », introduit grâce aux explications de Joseph Juste Scaliger (1579)[16], et repris par Richard Hinckley Allen (1899)[17],[18].

Caractéristiques physiques

Avec une magnitude apparente de 1,77[2], Alioth est la 33e étoile la plus brillante de la voûte céleste. D'après les mesures de parallaxe du satellite Hipparcos, elle est distante d'environ 83 années-lumière de la Terre[1]. Elle se rapproche du Système solaire à une vitesse radiale de −13 km/s[5].

Il s'agit d'une géante ou sous-géante blanche de type spectral A1III-IVp, le « p » indiquant des particularités dans l'abondance de certains éléments chimiques dans son spectre, une caractéristique des variables de type α2 CVn (dont α2 Canum Venaticorum, ou Cor Caroli, est le prototype). Alioth, en représentante de ce type, semble combiner deux phénomènes qui interagissent : son champ magnétique intense sépare ses différents éléments métalliques et l'angle entre son axe de rotation et son champ magnétique (presque 90°) provoque diverses bandes d'éléments magnétiquement triés, qui sont perçues à différents moments depuis la Terre. Ces éléments — et la rotation de leurs bandes — induisent une fluctuation du spectre d'Alioth sur une période de 5,1 jours.

Pour ce type d'étoiles variables, Alioth possède un champ magnétique relativement faible, 15 fois plus faible que celui de Cor Caroli, mais tout de même 100 fois plus élevé que celui de la Terre.

Environnement stellaire

Du point de vue de la constellation de la Grande Ourse, Alioth est l'étoile de la queue de l'animal la plus proche de son corps. Il s'agit également d'un membre du courant d'étoiles de la Grande Ourse, un groupe d'étoiles large et diffus dont les membres semblent partager des vélocités communes.

La désignation de Bayer d'Alioth viole la règle usuelle qui veut que les premières lettres de l'alphabet grec soient assignées aux étoiles les plus brillantes de la constellation. De fait, les étoiles de la constellation de la Grande Ourse ont été indexées par Bayer d'ouest en est et pas par luminosité décroissante.

Notes et références

  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a b c d et e (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  3. (en) R. O. Gray et al., « Contributions to the Nearby Stars (NStars) Project: Spectroscopy of Stars Earlier than M0 within 40 Parsecs: The Northern Sample. I. », The Astronomical Journal, vol. 126, no 4,‎ , p. 2048-2059 (DOI 10.1086/378365, Bibcode 2003AJ....126.2048G, arXiv astro-ph/0308182)
  4. (en) N. N. Samus', E. V. Kazarovets et al., « General Catalogue of Variable Stars: Version GCVS 5.1 », Astronomy Reports, vol. 61, no 1,‎ , p. 80-88 (DOI 10.1134/S1063772917010085, Bibcode 2017ARep...61...80S, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b (en) G. A. Gontcharov, « Pulkovo Compilation of Radial Velocities for 35 495 Hipparcos stars in a common system », Astronomy Letters, vol. 32, no 11,‎ , p. 759 (DOI 10.1134/S1063773706110065, Bibcode 2006AstL...32..759G, arXiv 1606.08053)
  6. a et b (en) E. Anderson et Ch. Francis, « XHIP: An extended Hipparcos compilation », Astronomy Letters, vol. 38, no 5,‎ , p. 331 (DOI 10.1134/S1063773712050015, Bibcode 2012AstL...38..331A, arXiv 1108.4971)
  7. (en) * eps UMa -- alpha2 CVn Variable sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  8. (en) IAU, « Star Names », 20121. »
  9. Voir (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, p. 58.
  10. (de) Paul Kunitzszch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber, Wiesbaden : O. Harr0assowitz, 1961, p. 62.
  11. Gérard de Crémone, Almagestum Cl. Ptolemei Pheludiensis Alexandrini astronomorum principis…, Venise : ex. Officina Petri Liechtenstein, 1515, fol. 78r9v.
  12. (la) Joseph-Juste Scaliger, « Marci Minilii Astronomicon libri quinque, Lugduni Batavorum : s.Éd, Scaliger1600 (2nd éd.), p. 473. »
  13. (la) Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 12r.
  14. (en) Richard Hinckley Allen, Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 437.
  15. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 439.
  16. (la) Joseph-Juste Scaliger, Marci Minilii Astronomicon..., op. cit., p. 473.
  17. (en) Richard Hinckley Allen, Star-names..., op. cit., p. 437.
  18. Roland Laffitte, Héritages arabes..., op. cit., p. 439.

Voir aussi

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Articles connexes

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