La composante primaire, désignée Nu Ursae Majoris A, est une géante rouge de type spectralK3- III:[3]. Elle possède une compagne de 10e magnitude située à 7,0 secondes d'arc en date de 2020, Nu Ursae Majoris B[8], qui est une naine jaune de type spectral G1V[9]. Les deux étoiles forment un véritable système binaire[10]. Un possible compagnon de type naine blanche a été proposé pour Nu Ursae Majoris A, sur la base qu'il s'agit d'une étoile à baryum[10], mais l'anomalie en baryum est très légère (« Ba0 ») et pour de telles étoiles, le renforcement apparent des raies du baryum pourrait être simplement du à une luminosité plus élevée[11].
Alula Borealis est aujourd’hui le nom approuvé pour ν UMa par l’Union astronomique internationale (UAI)[12]. Il vient l’arabe الثانية al-Ūlā, résultant de la troncation du nom complet, soit القفزة الألى al-Qafzat al-Ūlā, « le Premier Saut »[13],[14]. Pour comprendre ce nom, il faut se référer à la série des قفزات الظباء Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », qui figurent dans le ciel arabe traditionnel tel qu’il est décrit par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī (964). Selon lui, il s’agit des six étoiles situées sur les trois pieds de l’Ourse touchant le sol, à savoir ν et ξ UMa formant al-Ūla, soit « le Premier [Saut] », λ et μ UMaal-Ṯāniyya, « le Second », et ι et κ UMaal-Ṯāliṯa, « le Troisième ». Chaque « Saut » ressemble à la trace du pied fendu des gazelles, et, toujours al-Ṣūfī donne à ce propos ce dicton arabe[15],[16]:
« Les Gazelles sautèrent lorsque le Lion frappa la terre de sa queue. »
.
Plus tard, dans le Catalogue d’al-Tīzīnī[17], édité en complément des زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437), est donnée la transcription ‘AlKáphza’ Prima pour ξ UMa[18]. Giuseppe Piazzi s’en saisit pour donner à ξ UMa le nom de Al-ula australis et, par symétrie, à ν UMa, celui de Al-ula Borealis[19]. Ils sont ignorés par Richard Hinckley Allen (1899), mais repris dans plusieurs catalogues du XXe siècle[20],[21],[22], et finalement consacrés par l’UAI.
↑ a et b(en) J. R. Ducati, « Catalogue de données en ligne VizieR : Catalogue of Stellar Photometry in Johnson's 11-color system », CDS/ADC Collection of Electronic Catalogues, 2237, 0, (Bibcode2002yCat.2237....0D)
↑(ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, pp. 58-59 (fr.), p. 60 (ar.).
↑Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p.180.
↑(la) Giuseppe Piazzi, Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 75.
↑(de) Paul Kunitzszch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, pp. 140-141.
↑(en) Paul Kunitzszch & Tim Smart, A Dictionary of Modern Star Names : Cambridge (Ma) : Sky & Telescope, 1986, pp. 57-58.
↑Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 149.