Louis JouvetLouis Jouvet
Tombe de Louis Jouvet, de son épouse et de ses trois enfants au cimetière de Montmartre (division 14). Louis Jouvet est un comédien, metteur en scène et directeur de théâtre français, professeur au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, né le à Crozon (Finistère) et mort le à Paris 9e. Par son travail d'acteur, de metteur en scène comme d'enseignant et les écrits qu'il a laissés, il a formé et marqué des générations d'acteurs partout dans le monde, jusqu'aux fondateurs de l'Actors Studio[réf. souhaitée]. Il est considéré comme l'un des acteurs français les plus importants du XXe siècle[réf. souhaitée]. BiographieOrigines familiales et formationJules Eugène Louis Jouvet naît à Crozon le à 5 h du matin, de Louis Léon Jouvet (1852-1902), 36 ans[a], conducteur de travaux, et d'Eugénie Victoire Séjournet (1859-1937), 29 ans[a], son épouse, sans profession[1],[2],[3]. En 1887, son père, Louis Léon Jouvet, se trouve dans le Finistère dans le cadre de la construction du fort de Landaoudec[b], à Crozon[4], bourg côtier de l'océan Atlantique qui compte alors environ 8 500 habitants. Devenue veuve en 1902, lorsque le jeune Louis Jouvet est âgé de 14 ans, la mère part avec ses enfants s'installer à Rethel, dans les Ardennes, où vivent ses deux frères, Gustave, pharmacien à Rethel, et Jules, médecin à Revin[4]. Influencé par sa famille, Louis entame des études de pharmacie, d'abord à l'université de Toulouse, puis, à partir de 1904[réf. nécessaire], à Paris. Il travailla quelque temps dans la prestigieuse pharmacie du 45, rue du Faubourg-Saint-Denis. Mais il consacre la plus grande partie de son temps libre au théâtre : d'abord dans la troupe de Léon Noël ; puis celle du théâtre d'Action d'art de 1908 à 1910 (il part avec elle en province jouer devant des auditoires populaires[réf. nécessaire]) ; celle du théâtre des Arts ; enfin à l'Odéon et au Châtelet. En parallèle, il se présente au concours d'entrée du Conservatoire d'art dramatique de Paris, où il échoue à trois reprises[Quand ?]. De la faculté au Vieux-ColombierEn 1912, son diplôme de pharmacien obtenu, il court les cachets et fait ainsi une courte apparition dans un film aux côtés de Harry Baur. En 1913, il est engagé avec son ami Charles Dullin par Jacques Copeau, alors directeur du théâtre du Vieux-Colombier. C'est un véritable tournant dans sa carrière : il y est régisseur, décorateur, assistant et enfin comédien. En 1914, la Première Guerre mondiale éclate, Louis Jouvet est engagé volontaire. Il est ambulancier, puis pharmacien auxiliaire. Démobilisé en 1917, il retrouve la troupe du Vieux-Colombier. En , la troupe du Vieux-Colombier s'installe pour deux saisons au Garrick Theatre de New York. Le succès obtenu n'est pas à la hauteur des attentes ; les relations entre Jouvet et Copeau se dégradent. En 1920, c'est le retour à Paris : le Vieux-Colombier rouvre ses portes. Entre-deux-guerresEn 1922, Jouvet rompt avec Jacques Copeau. Engagé par Jacques Hébertot, qui dirige alors le théâtre des Champs-Élysées et la Comédie des Champs-Élysées, en qualité de directeur technique de ces deux salles, il participe à la scénographie du troisième théâtre, le Studio des Champs-Élysées, et se voit confier des mises en scène, en alternance avec Georges Pitoëff. L'année suivante, en , il remporte son premier grand succès avec Knock ou le Triomphe de la médecine[5] de Jules Romains, qu'il joue 1 500 fois. À la fin de 1924, plusieurs comédiens venus du théâtre du Vieux-Colombier le rejoignent. Jacques Hébertot s'éloigne. Louis Jouvet devient directeur de la Comédie des Champs-Élysées, où il demeure jusqu'en 1934. En 1928, il rencontre Jean Giraudoux, dont il crée plusieurs pièces. Pendant deux années il dirige le théâtre Pigalle où il présente avec succès Donogoo Tonka de Jules Romains le 8 octobre 1930, puis en 1931 Judith de Jean Giraudoux. À partir de 1934, il dirige le théâtre de l'Athénée, où il donne la première de La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935) et celle d'Ondine (1939). Gaston Baty, Charles Dullin, Georges Pitoëff et Jouvet fondent le une association d'entraide, le « Cartel des Quatre », qui dure jusqu'en 1940. Leur objectif est de faire en sorte que le théâtre crée une poésie qui lui soit propre, et de jouer des auteurs contemporains. Entre-temps, Jouvet a commencé parallèlement à ses activités théâtrales une carrière au cinéma avec Topaze de Louis Gasnier en 1933, et la même année, triomphe déjà avec Knock, qu'il coréalise lui-même. Il y poursuit une carrière brillante jusqu'à sa mort, en en fermant le cycle avec une reprise de Knock signée par Guy Lefranc en 1951. On lui propose la direction de la Comédie-Française, qu'il refuse car il est trop occupé par celle de son propre théâtre. À l'Athénée, il triomphe avec des pièces de Molière et de Giraudoux, et d'autres œuvres du répertoire classique. Seconde Guerre mondialePendant la Seconde Guerre mondiale, à la suite de l'occupation allemande, Louis Jouvet et la troupe du théâtre de l'Athénée effectuent en 1941 une première tournée en Suisse, puis il revient se produire en France en Zone libre, avant de revenir en Suisse pour une seconde tournée. Ensuite, toujours avec la troupe du théâtre de l'Athénée, il parcours l'Amérique latine entre 1941 et 1945[6]. De ses séjours en Suisse, du 2 janvier au 27 mai 1941, Louis Jouvet déclare dans son livre de souvenirs : « j'ai quitté Paris pour aller en Suisse parce qu'on m'interdisait de jouer deux de mes auteurs : Jules Romains et Jean Giraudoux. On les trouvait anticulturels, on m'offrait de les échanger contre Schiller et Goethe. Ce n'était pas mon métier; il y aurait eu équivoque. On ne fait du théâtre que par plaisir et en liberté... ». Louis Jouvet, lors de son séjour, enregistre aussi des pièces du répertoire classique dans les studios de radio-Lausanne. La production, en suisse romande, d'un film inspiré de L'École des femmes de Molière, sous la direction de Max Ophüls, fut même commencée, mais la réalisation, bientôt interrompue, ne fut jamais terminée[7]. En Amérique latine, il se produit à Buenos Aires (Argentine), où est installé son cousin, l'acteur Maurice Jouvet (es). Il y représente Ondine, de son ami Jean Giraudoux, pièce qu'il a créée deux ans auparavant à Paris. Il emmène la pièce en tournée à Montevideo, São Paulo et à Rio de Janeiro. Il crée dans cette ville L'Annonce faite à Marie de Paul Claudel en 1942, dans laquelle joue l'actrice belge Madeleine Ozeray (1908-1989), comédienne de sa troupe devenue sa compagne. À la Libération en 1945, il rentre en France pour diriger La Folle de Chaillot avec Marguerite Moreno (1871-1948) en hommage à Jean Giraudoux, décédé l'année précédente. À la tête du théâtre de l’AthénéeLouis Jouvet reprend la direction du théâtre de l’Athénée, qui devient plus tard le théâtre de l'Athénée Louis-Jouvet. C'est là qu'il crée La Folle de Chaillot (1945). Le , il reçoit la Légion d'honneur. Le , c'est lui qui lit la prière de Willette à la messe du mercredi des Cendres, célébrée en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois en présence du nonce apostolique Angelo Giuseppe Roncalli (le futur pape Jean XXIII), du cardinal Maurice Feltin, et d'une foule d'artistes. Cette messe et sa prière s'adressent à ceux qui vont mourir dans l'année. Sa disparition six mois plus tard marque les esprits, au point que l'année suivante elle fut dite par trois récitants[8]. Il aide également les nouvelles figures du théâtre et de la décentralisation théâtrale, Maurice Sarrazin, André Barsacq, Jean-Louis Barrault et Jean Vilar notamment, et met en scène, au théâtre Antoine à Paris, Le Diable et le Bon Dieu, pièce écrite par Jean-Paul Sartre en 1951. Le soir de la première il est à Toulouse, où il prodigue ses conseils au jeune directeur du nouveau Centre dramatique, M. Sarrazin. Vie privéeLouis Jouvet se marie le avec Else Collin (1886-1967)[9], avec laquelle il a trois enfants : Anne-Marie (1914-1998), Jean-Paul (1917-1978) et Lisa Jouvet[1] (1924-2004). Il est ensuite le compagnon de la comédienne Madeleine Ozeray[1]. Puis, dans les années 1940 et jusqu'à sa mort, il a une longue liaison avec la comédienne Monique Mélinand[1]. MortMalade du cœur, Louis Jouvet fut pris d'une syncope le mardi alors qu'il dirige une répétition de la pièce La Puissance et la Gloire, d'après Graham Greene, (adaptation de Pierre Bost) qui devait être jouée en automne. Intransportable au vu de la gravité de son état, il est étendu sur son divan. Cinq médecins sont restés à son chevet toute la journée de mercredi. Aux troubles pulmonaires intervenus dans la nuit vinrent s'ajouter des complications cérébrales. Un neuro-chirurgien fut appelé, mais on dut se contenter de faire des piqures de morphine en espérant une amélioration qui permettrait son transport à l'hôpital. Le lendemain il se trouve dans le coma avec une température de 40,5 degrés, selon le professeur Mouquin. Il meurt à 20h15 le sans avoir repris connaissance[10],[11], dans la pièce qui lui sert de bureau, dans son théâtre, au 24, rue de Caumartin[1],[c], Les obsèques ont lieu le 21 août à l'église Saint-Sulpice à Paris. Selon son vœu, l'office a été très simple et identique à celui de Christian Bérard, célébré dans la même église deux ans plus tôt. Le cercueil de Louis Jouvet a passé la nuit précédente dans une crypte de l'église, posé sur un catafalque. La messe a été dite par le R.P. Laval, aumônier de l'Union catholique des artistes, qui devait être le conseiller de Jouvet pour la mise en scène de la La Puissance et la Gloire. Le gouvernement de la République s'est fait représenter par Georges Bidault, vice président du Conseil, et André Marie, ministre de l'éducation nationale. À l'issue de la cérémonie religieuse, André Cornu, secrétaire d'État aux Beaux-arts, et Jean-Louis Barrault, ont prononcé un discours sur le parvis de l'église[12]. Ce dernier déclare notamment : « Voici le moment incroyable, inacceptable, où vos parents, vos amis, vos fidèles collaborateurs, tous, remués de tendresse, se tiennent, une dernière fois, réunis à vos cotés. Un abîme se creuse devant nous et nous laisse désemparés, car vous étiez notre patron, le chef de la grande famille des gens du théâtre, le symbole même de ce théâtre, oui, le théâtre de la France, c’était vous… »[13]. Une nombreuse foule est présente devant l'église[14]. Il est enterré au cimetière de Montmartre (division 14)[2] à Paris. Il y est rejoint par son épouse Else Collin, ses deux filles, son fils, ainsi que sa bru. Jouvet et le cinémaAu cinéma, il joue dans trente-deux films, dont plusieurs chefs-d'œuvre passés à la postérité : Quai des Orfèvres d'Henri-Georges Clouzot, où il trouve, pour beaucoup, l'un de ses meilleurs rôles ; Hôtel du Nord, aux côtés d'Arletty, célèbre pour son fameux « Atmosphère, atmosphère », et Drôle de drame, dans lequel il donne à Michel Simon la réplique devenue célèbre : « Moi, j'ai dit : « Bizarre, bizarre » ? Comme c'est étrange… […] Moi, j'ai dit : « Bizarre ? », comme c'est bizarre. ». Knock ou le Triomphe de la médecine est porté à l'écran par l'acteur lui-même (avec Roger Goupillières) en 1933 ; Jouvet interprète à nouveau le personnage dans la version de Guy Lefranc en 1951, peu avant sa mort. Il joue dans deux films réalisés par Jean Renoir : Les Bas-fonds en 1936, avec Jean Gabin, et La Marseillaise en 1937. Dans L'Alibi, sous la direction de Pierre Chenal, il rencontre pour un face-à-face Erich von Stroheim. Dans Copie conforme, il incarne le chef d'une bande de voleurs qui engage son sosie pour se faire innocenter. Aux côtés de Suzy Delair, Jouvet y tient un double rôle. En 1948, il joue l'inspecteur Carrel, qui enquête sur la mort du truand Vidauban, également son sosie, dans Entre onze heures et minuit d'Henri Decoin. Son ami et dialoguiste favori Henri Jeanson met en scène Lady Paname et reforme le duo Jouvet-Delair. Jouvet aimait le théâtre plus que le cinéma. « Au théâtre on joue, au cinéma on a joué », disait-il. Cela ne l'empêchera pas de jouer, au cinéma, des adaptations théâtrales saluées par la critique et très appréciées du public : Volpone, avec Harry Baur et Charles Dullin, et les deux versions de Knock. Fidèle en amitié, il acceptait spontanément de jouer dans un film dont Jeanson avait signé les dialogues, ou encore exigeait un rôle pour ses amis dans les films dans lesquels il figurait lui-même (cas de Charles Dullin dans Volpone et Quai des Orfèvres). Sa passion du théâtre l'a poussé à jouer dans Entrée des artistes de Marc Allégret, où il tient son propre rôle de professeur de théâtre du Conservatoire et qui est presque un reportage sur l'art de Jouvet ; La Fin du jour de Julien Duvivier, où il incarne un acteur de théâtre complètement habité par ses personnages et qui, confondant réalité et fiction, sombre dans la folie ; enfin Miquette et sa mère, où Clouzot lui a confié le rôle du pittoresque Monchablon, « grand premier rôle en tous genres » et directeur d'une troupe de théâtre ambulant.
— Réponse à Paul Gordeaux critique dramatique, à la question : Filmographie
Certaines filmographies mentionnent le titre Shylock de Henri Desfontaines (1913) ; or Louis Jouvet ne figure pas au générique du film[15]. ThéâtreComédien
Metteur en scène et comédien
Théâtre Pigalle
Comédie des Champs-Élysées
Tournée en Amérique latine 1941-1945
Théâtre de l'Athénée
Publications de Louis Jouvet
Discographie
Distinctions
PostéritéRéférences cinématographiques
Hommages
Notes et référencesNotes
Références
Voir aussiBibliographie
Ressource radiophonique
Articles connexes
Liens externes
Bases de données et dictionnaires
|