Cette pièce traite de la nature humaine, de Dieu et du Diable, et de la question de la possibilité du Bien.
Résumé
Dans l'Allemagne du XVIe siècle, des paysans se révoltent contre l'Église. C'est la guerre des paysans allemands. Convaincu que l'archevêque dispose de grains, Nasty, qui dirige l'armée populaire, ordonne qu'ils envahissent l'église, contre les supplications d'Heinrich. Ce dernier est un modeste curé, qui soutient les paysans dans leur révolte, mais qui refuse qu'ils s'attaquent à l’Église.
Nasty tue l'archevêque. Avant de rendre son dernier souffle, il confie à Heinrich la clef du souterrain qui peut permettre à l'armée de Gœtz de rentrer dans Worms. Gœtz est un bâtard d'une famille noble, dont le frère Conrad dirige l'armée qui fait le siège de la ville. Heinrich doit décider, ou bien de laisser les paysans tuer les prêtres, ou bien laisser entrer Gœtz pour qu'il tue les paysans.
Le deuxième tableau s'ouvre sur l'arrivée d'Heinrich au camp de Gœtz. Ils apprennent par un messager que Conrad est mort, et que Gœtz est donc seul décisionnaire. Doit-il envahir Worms ? Gœtz décide de raser la ville par simple envie de faire le Mal et de défier Dieu.
Nasty se rend à la tente de Gœtz et le défie. Il lui propose de changer de stratégie : « Prends la ville, massacre les riches et les prêtres, donne-la aux pauvres, lève une armée de paysans et chasse l'Archevêque ; demain, tout le pays marche avec toi ». Le chef de guerre ordonne que Nasty soit pendu et fait venir Heinrich pour le confesser avant sa mort. Mais Heinrich attire l'attention de Gœtz en lui faisant remarquer qu'en faisant le Mal, il se montre faible : le Bien est plus difficile à accomplir. Par défi, Gœtz décide de se consacrer uniquement à faire le Bien. « J'étais criminel, je me change : je retourne ma veste et je parie d'être un saint ».
Il libère sa maîtresse-otage-putain Catherine, qui mourra de chagrin ; il distribue ses terres aux paysans, cela déclenchera une guerre ; il se fait le prophète de l'amour, ses adeptes non-violents mourront en martyrs.
Il se retire avec Hilda dans la forêt où il mène une vie d'ermite fou, jusqu'à la visite de Heinrich qui vient comme convenu juger les actes de Gœtz. Mais Gœtz, conscient de son échec dans la quête de l'Absolu, affirme que Dieu est mort et que l'homme est seul.
Sartre déclare que la période qui a été choisie, celle de la révolte entre les paysans et les nobles, lui « a semblé suggestive pour notre époque ». Il refuse toutefois une lecture purement symbolique de sa pièce[1].
La pièce est remarquée pour ses phrases courtes et concises, pour ses apophtegmes[3].
Ivan Jablonka remarque que la pièce est typique des œuvres de fiction de Sartre, qui sont « peuplé[es] de bâtards et de traîtres ». Le personnage principal est en effet lui-même un bâtard[5].
Elizabeth Houghton Taylor voit dans Gœtz une projection de certains traits de caractère de Sartre lui-même, dont son désir d'absolu[6].
↑(en) Elizabeth Houghton Taylor, Bad Faith in the Theatre of Sartre, Department of French and Italian, Stanford University., (lire en ligne)
↑Le Diable et le Bon Dieu, mise en scène de Louis Jouvet, label Pathé, LP Album, n°33 DTX 148, scènes principales de la pièce enregistrées en 1953 (sortie en 1954), durée totale : 59 min 10 s, écouter en ligne : « Le Diable et le Bon Dieu », sur archive.org (consulté le ).