La France coupée en quatre : zone libre, zone occupée, zone annexée (Alsace-Moselle) et zone placée sous administration militaire allemande de Bruxelles (Nord de la France).Carte des divisions militaires de l’Armée de Vichy dans la zone libre.
La zone libre est, comme l'ensemble du territoire et l'Empire, sous l'autorité du gouvernement de Vichy dirigé par le maréchal Pétain, qui porte le titre de chef de l'État français.
Le , à la suite de l'opération Torch (débarquement allié en Afrique du Nord le ), la zone libre est envahie par les Allemands et les Italiens, au cours de l'opération Anton. Dès lors, la zone libre est appelée « zone sud » et la zone occupée depuis l'Armistice est appelée « zone nord ».
« En vue de sauvegarder les intérêts du Reich allemand, le territoire français, situé au nord et à l'ouest de la ligne tracée sur la carte ci-annexée, sera occupé par les troupes allemandes. […][1] »
La ligne de séparation du territoire français en deux zones est définie par un tracé figurant sur une carte annexée[1] :
« […] commence, à l'est, à la frontière franco-suisse, près de Genève, et est jalonnée ensuite par les localités de Dole, Paray-le-Monial et Bourges, jusqu'à environ vingt kilomètres à l'est de Tours. De là, elle passe à une distance de vingt kilomètres à l'est de la ligne de chemin de fer Tours-Angoulême-Libourne, ainsi que, plus loin, par Mont-de-Marsan et Orthez, jusqu'à la frontière espagnole[1]. »
Cette ligne de séparation du territoire prend effet le [2]. Elle prendra par la suite le nom de ligne de démarcation[3].
La souveraineté française s'exerce sur l'ensemble du territoire, y compris la zone occupée (sauf, de fait, l'Alsace et la Moselle), mais dans la zone occupée, la convention d'armistice, en son article 3, stipule que l'Allemagne exerce les droits de la puissance occupante :
« Dans les régions occupées de la France, le Reich allemand exerce tous les droits de la puissance occupante. Le Gouvernement français s'engage à faciliter par tous les moyens les réglementations relatives à l'exercice de ces droits et à la mise en exécution avec le concours de l'Administration française. Le Gouvernement français invitera immédiatement toutes les autorités et tous les services administratifs français du territoire occupé à se conformer aux réglementations des autorités militaires allemandes et à collaborer avec ces dernières d'une manière correcte[1]. »
Une zone d’occupation italienne est instituée par l’armistice du 24 juin 1940[5] signé à la villa Incisa, à Olgiata(it) près de Rome, entre les représentants de la France et de l’Italie. Ce nouvel armistice est signé peu après l’armistice du 22 juin 1940 entre la France et l’Allemagne.
Cette zone d'occupation italienne se résume à quelques zones frontalières conquises par les troupes italiennes, dont Menton. Cette zone est d’importance réduite : 800 km2, 28 000 habitants[6], mais jouera un rôle essentiel dans la sauvegarde des Juifs et la relative protection qu'elle offrait aux résistants. Quatre départements français sont ainsi partiellement occupés : Alpes-Maritimes, Basses-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence depuis 1970), Hautes-Alpes, Savoie[6].
En outre, une zone démilitarisée est établie en territoire français sur une largeur de 50 km à vol d’oiseau à partir de la zone d'occupation italienne en France.
La Corse[7] n'est ni occupée, ni démilitarisée lors de cet armistice.
Après la capitulation de l'Italie fasciste rendue publique le (armistice de Cassibile), les troupes italiennes se retirent de la zone sud et sont remplacées aussitôt par les Allemands. Cependant, la présence de la Wehrmacht en Corse est de courte durée, puisque celle-ci est contrainte d'évacuer l'île le face aux actions combinées des partisans locaux, de l'armée française et des unités italiennes ayant changé de camp.
Appellation et conjectures sur le découpage
Autres appellations de la zone libre
Jusqu'en , les Allemands appellent cette zone libre Unbesetztes Gebiet c'est-à-dire la « zone non occupée » car la Wehrmacht n’occupe pas cette partie de la France.
La zone libre est surnommée la « zone nono »[10], pour « non occupée ». Par un jeu de mots, puisque « nono » veut dire « non-non », la zone occupée est en conséquence surnommée « zone jaja » (c'est-à-dire « zone oui-oui » en allemand).
Pour l'historien Éric Alary, le découpage de la France en deux zones principales (zones libre et occupée) s'est inspiré en partie de l'imaginaire des écrivains pangermanistes, notamment de l’ouvrage de Adolf Sommerfeld publié en 1912 et traduit en français sous le titre Le Partage de la France, qui comporte une carte[11] montrant une France partagée entre l’Allemagne et l'Italie selon un tracé qui épouse en partie celui de 1940[12].
Henri Espieux indique : « Pendant l'occupation, les Franciens furent séparés des Occitans par la trop fameuse « ligne de démarcation ». Nous avons longtemps pensé que le tracé de cette ligne avait été suggéré à Hitler par les romanistes de son entourage. Aujourd'hui nous croyons que cette frontière a été imposée à l'occupant par les réalités géopolitiques que nous connaissons bien »[13].
Notes et références
↑ abc et dLa convention d'armistice, sur le site de l'Université de Perpignan, mjp.univ-perp.fr, consulté le 29 novembre 2008.
↑ a et b« La ligne de démarcation » [PDF], collection « Mémoire et Citoyenneté », no 7, ministère de la Défense (consulté le 24 octobre 2008).
↑Le nom : « Ligne de démarcation » ne figurant pas dans la convention d'armistice, il sera donné par la suite en traduction de l'allemand : Demarkationslinie.
↑Éric Alary, La Ligne de démarcation (1940-1944), PUF, coll. « Que sais-je ? », no 3045, 1995, p. 4.
↑Ou « zone non o », prononcé « nono » ou « none o ».
↑Cette carte est reproduite page 12, dans Éric Alary, La Ligne de démarcation (1940-1944), éd. Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », no 3045, 1995, 128 p. (ISBN2130474160 et 978-2130474166).
↑Éric Alary, « Les racines pangermanistes du compartimentage de la France », dans La Ligne de démarcation – 1940-1944, éd. Perrin, Paris, 2003, 429 p. (ISBN2-262-01598-8 et 978-2262015985), p. 35-37.
↑Henri Espieux, Histoire de l’Occitanie (préf. Robert Lafont, trad. de l'occitan par Jean Revest), éd. Centre culturel occitan, Agen, 1970, 245 p., note 1, p. 218.
Bertrand Merle, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (préf. Victor Convert, intro. Marie-Claire Vitoux), « Les zones », dans 50 mots pour comprendre la Résistance alsacienne, Strasbourg, Éditions du Signe, , 196 p. (ISBN978-2-7468-4334-9)