Louis Jacquinot
Louis Jacquinot, né le à Gondrecourt-le-Château (Meuse) et mort le à Paris, est un homme politique français. BiographieAvant la guerre de 1939Louis Jacquinot passe son enfance à Gondrecourt-le-Château. Il fait des études de droit à Paris. Il décide en 1916, d'arrêter ses études et de s'engager. Il reçoit la croix de guerre et se porte volontaire en pour servir en Pologne et en Ukraine. Après sa libération en 1920, il termine sa licence en droit et est avocat à la Cour d'appel de Paris. Il est le secrétaire général de la section universitaire des jeunesses républicaines nationales, le groupement de jeunesse de la Ligue républicaine nationale, aux côtés d'Édouard Frédéric-Dupont, son président, et d'un autre jeune ambitieux, Edgar Faure[1]. Il lance en avec Frédéric-Dupont le mensuel Journal des Lorrains de Paris[2]. En 1930, il est chef du cabinet d'André Maginot, ministre de la Guerre[3]. Aux élections législatives de 1932, il est élu député de la Meuse (circonscription de Commercy), grâce notamment au soutien d'André Maginot. Il commence ainsi à 34 ans une longue et brillante carrière parlementaire. Inscrit successivement aux groupes du Centre républicain puis de l'Alliance des républicains de gauche et des radicaux indépendants, il se fait remarquer par ses idées modérées, un important travail parlementaire et des interventions sur la politique de défense et les affaires étrangères. En Meuse, il est proche en 1934 à la fois des groupements locaux des Jeunesses patriotes et des Croix-de-feu avant de s'en éloigner en 1935-1936[4]. Il refuse le virage néo-pacifiste du dirigeant de l'Alliance démocratique, Pierre-Étienne Flandin, face à la menace de l'Allemagne hitlérienne. Ce qui le conduit à démissionner de ce parti en , à l'instar d'autres parlementaires, au lendemain des Accords de Munich applaudis par Flandin[5]. Pendant la Seconde Guerre mondialeLe , Louis Jacquinot entre comme sous-secrétaire d'État à l’Intérieur dans le gouvernement de Paul Reynaud. Il a 41 ans et commence ainsi une longue carrière ministérielle. Il sort du gouvernement le , jour de l'attaque de l'Allemagne contre la Belgique, en même temps que d'autres secrétaires d'État[6] et part au combat. Il est gravement blessé le , ce qui lui vaudra une seconde croix de guerre. Il a déjà pris parti contre l'armistice et la politique du maréchal Pétain mais, immobilisé pour plusieurs mois, ne peut prendre part au vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940. Rendu à la vie civile, il entre dans le réseau de renseignement Alliance (sous le pseudonyme de « Serval »), tout d'abord en étant l'avocat du commandant Georges Loustaunau-Lacau (fondateur du réseau), au procès de celui-ci à Clermont-Ferrand en octobre 1941[7] (Loustaunau-Lacau a été arrêté pour avoir tenté, avec le commandant Faye et le capitaine Beaufre, de soulever l'armée d'Afrique). Il aide ensuite au recrutement d'une partie du réseau Copernic, via son client J. Broadhurst[8]. Il est arrêté à Marseille en novembre 1942 dans la souricière montée par la police française ; vu son poids politique, il est relâché immédiatement[9]. Il décide alors de quitter le réseau pour rejoindre de Gaulle ; il tente une première fois de rejoindre Londres par les Pyrénées mais est intercepté et emprisonné à Prades. Une seconde tentative réussit en [10]. Après avoir été interné au camp de Miranda, il peut rejoindre Londres[3]. Cette précieuse adhésion vaut à Louis Jacquinot d'être un des vingt parlementaires appelés à siéger à l'Assemblée consultative provisoire d'Alger. En , il est un des six parlementaires, avec André Le Troquer, Pierre Mendès France, André Philip, Jean Pierre-Bloch et Henri Queuille, à entrer dans le Comité français de libération nationale d'Alger, comme commissaire à la Marine. En , il est ministre de la Marine dans le Gouvernement provisoire de la République française (gouvernement Charles de Gaulle) à Paris. Il reste ministre de la Marine jusqu'en et va faire un travail considérable en prenant en charge la reconstruction et la modernisation de la marine de guerre, tout en veillant attentivement à l'épuration du corps des officiers. Il prend rapidement conscience des enjeux scientifiques et techniques de la reconstruction de la Marine nationale et propose au général de Gaulle, sans cependant être suivi, de confier aux arsenaux maritimes la recherche et le développement de l'énergie atomique. En , il devient ministre d'État chargé des Affaires musulmanes. Il apprend à Rabat le la démission de de Gaulle de la présidence du Gouvernement provisoire. Sous la IVe RépubliqueÀ son retour en France en , il retrouve son siège de député (Parti républicain de la liberté) aux élections du , par 30 702 voix sur 91 064 suffrages exprimés, et est réélu le (Républicains indépendants) avec 25 936 voix sur 91 784. Le , à l'élection de la première Assemblée nationale de la IVe République, il est réélu, améliorant sa position, avec 35 985 voix sur 87 534 suffrages exprimés, bien qu'il se soit opposé, resté fidèle à de Gaulle, aux deux projets constitutionnels de 1945 et 1946. Son attitude modérée est bien reçue. Elle lui vaut le , un an après le départ du général de Gaulle, d'être appelé comme ministre de la Marine dans le gouvernement Ramadier, jusqu'au . Deux ans plus tard, il est ministre des Anciens combattants dans le gouvernement Bidault et le reste dans les gouvernements Queuille, Pléven et de nouveau Queuille. Son activité parlementaire, entre ses postes ministériels, est importante, principalement aux commissions de la Défense et des Territoires d'Outre-mer. Il est nommé en 1948 juré de la Haute cour de justice. Il obtient des crédits importants pour la Marine nationale et ses équipements portuaires et logistiques. Il réclame des porte-avions et une nouvelle flotte aéronavale. La marine reconstituée doit pouvoir rester indépendante, pour assurer la sécurité de la France et celle des territoires de l'Union française. Louis Jacquinot défend la proposition de mettre à la disposition de l'ONU une force navale technique. Il argumente pour la poursuite du développement de la flotte contre les positions adverses de Robert Capdeville et Pierre Cot et gagne en obtenant la construction d'un porte-avion, le Clemenceau. Il se réjouit que l'administration de la marine soit désormais confiée à des hauts fonctionnaires issus de l'ENA, de telle sorte que les officiers puissent se consacrer entièrement à leurs tâches militaires. Les crédits maritimes de développement doivent être maintenus et accrus « pour nous donner les instruments de notre puissance ». Au ministère des Anciens combattants, Louis Jacquinot s'active à l'indemnisation des victimes de guerre, à l'augmentation des pensions et au rétablissement des anciens combattants dans la position qu'ils occupaient entre les deux guerres. Il représenta le gouvernement aux obsèques de l'ancien président de la République, Albert Lebrun, en 1950. Aux élections de , Louis Jacquinot se voit opposer dans la Meuse une liste RPF, conduite par le général Auguste Gilliot. Il garde cependant le dessus et obtient deux sièges. En août, il redevient ministre, chargé de la France d'Outre-mer, succédant à François Mitterrand. Il conserve ce portefeuille dans les gouvernements Edgar Faure, René Mayer et Joseph Laniel, mais non dans le gouvernement Pinay. Bien que réputé homosexuel[11],[12],[13],[14], il épouse en Simone Lazard (1899-1991), fille du banquier André Lazard, associé de la banque Lazard, veuve à la fois du marquis Paul de La Fressange (et grand-mère d'Inès de La Fressange) et du ministre des Finances Maurice Petsche[15]. À l'élection présidentielle de 1953, il se présente au onzième tour, après le retrait de Joseph Laniel qui se désiste en sa faveur. Se heurtant à l'hostilité du MRP[16] et d'Antoine Pinay, il n'atteint pas un nombre de voix satisfaisant et se retire aussitôt, soutenant un sénateur non candidat, René Coty, qui frôle la majorité au tour suivant et l'obtient au 13e[17]. Selon Gérard Longuet, « le non-conformisme de sa vie personnelle [allusion à son homosexualité], au regard de ce qui était alors la norme sociale, lui coûta sans doute l’élection, pour une part au moins »[18]. Au ministère de la France d'Outre-mer, Louis Jacquinot prend des décisions et soutient des projets qui vont dans le sens d'une libéralisation modérée et progressive des colonies et préparent le terrain à la loi-cadre Defferre de 1956 et à la politique du général de Gaulle à partir de 1958. En , le député Jacquinot sanctionne d'ailleurs le second gouvernement Faure à qui il reproche sa politique en Afrique du Nord. Une nouvelle carrière ministérielle avec de GaulleAu retour du général de Gaulle, Louis Jacquinot est appelé au gouvernement, dans lequel il est le seul des anciens ministres de 1944. Ministre d'État (gouvernement Charles de Gaulle (3)), il participe à la rédaction du projet constitutionnel, effectue des missions diplomatiques, accompagne le général lors de son premier voyage à Alger le . Il est ensuite ministre d'État chargé de la Recherche scientifique, puis du Sahara et des départements et territoires d'Outre-mer (gouvernement Michel Debré). Il représente la France lors des différentes cérémonies marquant l'accession à l'indépendance du Togo (27 avril 1960), l'indépendance du Dahomey (futur Bénin), du Niger, de la Haute-Volta (futur Burkina Faso) et de la Côte d'Ivoire les 1er, 3, 5 et . Il conserve ce dernier poste dans les premier et second gouvernements Pompidou jusqu'au . Il a alors 67 ans. Modéré, il appartient aux indépendants pendant la IVe République. Il fait partie des Républicains indépendants (1962) de Valéry Giscard d'Estaing puis de l’Union pour la nouvelle République (1968) qui appuie la politique du général de Gaulle. Il reste député de la Meuse jusqu'au . Il a alors 74 ans. Il décède le dans le 10e arrondissement de Paris[19]. Fonctions gouvernementales
Décorations[20]
Bibliographie
Notes et références
Liens externes
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