Le Déluge (Saint-Saëns)
Le Déluge, op. 45, est un oratorio composé par Camille Saint-Saëns en 1875 pour orchestre symphonique, chœur et quatre solistes (soprano, alto, ténor et basse)[1]. Le livret, un poème biblique de Louis Gallet, s'appuie sur le récit l'épopée de Noé et du Déluge. L'œuvre est créée au Théâtre du Châtelet le , sous la direction d'Édouard Colonne[2] ; elle reçoit un accueil enthousiaste. AnalyseSi l'influence de Berlioz et de Wagner se perçoit notamment à travers les illustrations davantage orchestrales que solistes du récit et l'utilisation de motifs récurrents[3], l'œuvre témoigne également de la maîtrise par Saint-Saëns de l'orchestration (dans la deuxième partie, l'orchestre est renforcé par deux trompettes, deux trombones à six pistons, trois contrebasses de cuivre, d’un tam-tam et de timbales chromatiques[4]) et du contrepoint[5] avec plusieurs passages fugués. Cette partition témoigne des efforts de Saint-Saëns pour « perpétuer l'héritage de Berlioz et de Liszt » dans le domaine de la musique chorale[6]. StructureL'ouvrage se divise en un prélude et trois parties :
Le Prélude est interprété uniquement par les cordes, avec un passage pour violon solo. Il traduit la quiétude du monde avant que l'Homme ne se détourne de Dieu. La première partie fait état du caractère pécheur de l'homme et de la décision de Dieu de détruire le monde ( « J'exterminerai cette race » ). La deuxième partie décrit les pluies torrentielles et la montée dévastatrice des eaux au moyen de va-et-vient de gammes ascendantes et descendantes. La troisième partie illustre l'envol de la colombe et se termine par la promesse de Dieu de ne plus maudire la terre ( « Je ne maudirai plus la terre » ) avant une fugue chorale pleine d'espoir ( « Croissez donc et multipliez » ). PostéritéDans son Traité de l'orchestration, Charles Koechlin fait l'éloge de l'emploi du trombone à pistons, qui « permet des traits impossibles à la coulisse, notamment pour les gammes chromatiques rapides, écrites par Saint-Saëns dans la seconde partie, si impressionnante, de son oratorio Le Déluge[7] ». Louis Aguettant considère également cette « partie descriptive remarquable[8] ». Considéré comme un « chef-d'œuvre composé dans le même élan que le magnifique Concerto pour piano no 4[9] », Le Déluge n'est pas accueilli de manière unanime aux États-Unis. Nicolas Slonimsky cite la critique suivante du New-York Tribune (15 décembre 1879) dans son Lexicon of Musical Invective (Lexique d'invectives musicales), anthologie de critiques négatives appliquées à des œuvres de musique classique reconnues par la suite comme des chefs-d'œuvre[10] :
Malgré « son orchestration brillante et pittoresque, où s'exprime l'art du musicien pour l'évocation[11] », et sa réputation[non neutre][12], Le Déluge est rarement joué et enregistré dans son intégralité. Notamment grâce à son solo de violon, le Prélude seul connait davantage de succès au disque (Barenboim, Kantorow) comme au concert ; il en existe également de nombreuses transcriptions, dont une pour orgue par Alexandre Guilmant. BibliographieOuvrages généraux
Monographies
Notes et références
Liens externes
|
Portal di Ensiklopedia Dunia